31.1.05

déformation soufie ?

Toujours en pleine lecture de la vie du Prophète par Martin Lings. D'une part c'est très enrichissant de lire ça et le Coran en parallèle (je n'ai toujours pas fini ma première lecture du Coran, mais j'avance petit à petit). On comprend beaucoup mieux certains versets en comprenant qu'ils ont été révélés en réponse à des problèmes très concrets qu'affrontait le prophète.

D'autre part je me rends compte que plus j'avance plus je lis différemment. Je m'explique : il y a bien sûr dans la vie de Muhammad et des compagnons un exemple à prendre au premier degré, de même que le Coran a un sens littéral. D'ailleurs pour beaucoup de musulmans l'exemple du Prophète est insurpassable non seulement sur le plan spirituel mais aussi sur des plans très concrets (mariages, conduite des affaires de tous les jours, etc...).

Ce que m'apporte (peut-être) la voie, c'est le fait que quand je lis tout ça je pense immédiatement qu'il y a un sens ou des sens cachés à trouver... un exemple pour éclairer : la vie de Muhammad, de même que le Coran, sont remplis de violence : batailles contre les Qurayshites notamment. Les compagnons n'espèrent qu'une chose : avoir le privilège de mourir en martyres afin de gagner le paradis. L'époque était ainsi. De même on comprend mieux l'Hégire et le début de l'Islam une fois qu'on s'est fait une idée des liens de clans si complexes qui traversent les tribus arabes.

Là où j'ai sans doute une déformation soufie, c'est que sur les violences par exemple, je transpose en lutte intérieure ce qui semble n'être qu'un compte rendu de batailles farouches entre musulmans et infidèles. Je suis encore bien ignorant sur le sujet, mais un thème très courant dans le soufisme est le "jihad majeur" recommandé par le Prophète à ses compagnons après une campagne victorieuse.

Le jihad majeur, c'est celui qu'on conduit contre son ego. Je me rends compte que pour certains musulmans des concepts comme Shaytan (Satan) ou les anges sont ... très concrets. Pour moi je ne me représente pas Shaytan comme une entité qui "existe" (hum j'espère que je ne suis pas en train de blasphémer). Je me le représente comme le symbole des passions qui nous gouvernent.

A ce sujet une discussion avec mon aimée où on a eu du mal à se comprendre : je lui disais que (euh ça je ne l'ai pas inventé j'ai lu ça quelque part mais bon il faut toujours que j'étale ma science dirait-on), je lui disais donc que Shaytan est plus dangereux dans l'obéissance que dans la désobéissance.

Pour elle le sens c'est que quand on pratique et donc qu'on obéit, on court le risque sans s'en rendre compte de glisser sur une savonnette appelée innovation. Il faut savoir qu'en Islam l'innovation blâmable (i.e. non approuvée par le consensus des savants) est le pire péché imaginable. En quelque sorte Shaytan serait là aux aguêts prêt à nous faire faire une pratique qu'on croit bonne mais qui ne serait que chemin vers la perdition. Je ne sais pas très bien quoi répondre à ça : l'innovation est tellement souvent reprochée aux soufis par les censeurs...

Pour moi le sens est bien différent (j'ai eu du mal à lui expliquer...) : dans l'obéissance (l'observance des commandemants), l'ego risque plus de se gonfler d'orgueil, de se croire arrivé en quelque sorte, que dans la désobéissance, où il est aisé de voir qu'on fait fausse route. Hum je parle encore une fois de sujets où j'ai de bien maigres connaissances, mais ça illustre la différence entre de nos conceptions. Hébé, si on m'avait dit que j'aurais des débats théologiques un jour...

Et je ne parle pas de sujets plus épineux tels que l'Unicité divine. Peut-être aussi que je prends tout ça beaucoup trop avec le cerveau. C'est bien joli de faire l'intello, mais il faut que je revienne aux trois bases : la pratique, la pratique et la pratique.

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