31.5.05

blogs et informations

Bon ce blog n'est pas du tout consacré à l'actualité, il est même plutôt déconnecté. Mais dans les blogs (les autres), il y a quand même un truc assez fort : la diffusion des infos. J'ai appris la mort de Martin Lings quasiment le jour même, en lisant un des 4 ou 5 blogs que je lis souvent.

Naturellement ça dépend des centres d'intérêt qu'on a... la voie spirituelle et l'actualité brûlante ça fait deux. Et puis dans le fond j'aurais pu attendre 3 jours de plus pour avoir ce genre d'info, ça n'aurait pas changé ma vie. Mais pour quelqu'un comme moi qui a un long passé d'addict à l'information c'est intéressant.

Qu'est-ce que ça serait si je m'intéressais de près comme avant à des sujets plus "larges" (l'actualité de l'internet, le sport, la politique, etc...). Il y a sûrement des tas de blogs pour ça. Pas que je ne m'intéresse plus à ces sujets. Mais je suis moins euh... dans l'info immédiate disons.

Peut-être est-ce un effet de la voie : un peu de recul face aux choses. Hum ça c'est à voir. Vu mon humeur certains jours je ferai pas le malin sur ce sujet.

beauté du texte

On va me prendre pour un dingue vu que je parle pas l'Arabe, mais tant pis. J'ai lu et on m'a dit plein de fois que le Coran est un texte qui sur le plan de la langue est magnifique. On dit que des poètes ont été mis au défi d'écrire des textes aussi beaux du temps du prophète. Et à l'époque, on s'y entendait en poésie chez les tribus arabes.

Alors bien sûr je ne peux pas juger de la beauté du texte. Et pourtant... quand j'entends certains passages, même si je ne saisis pas le sens, ça me parle, je trouve ça beau. Et de façon plus directe, il y a des phrases qui sont très belles à l'oreille. La ilaha illa Llah par exemple, c'est joli, il y a une allitération double ou triple (je suis pas spécialiste), on dirait que de l'eau coule sur des pierres.

Une sourate qu'on apprend quasiment en premier (à part la Fatiha, la première sourate que tout musulman apprend pour commencer) c'est celle de l'unicité divine. On a écrit d'elle qu'elle vaut un tiers du Coran (bon vu que Yasin on en a dit que c'était la moitié... ça laisse pas grand chose pour le reste du Coran mais bref c'est des images tout ça).

On l'apprend très vite pour la bonne raison que c'est une des plus employées pour la prière. Et aussi (à mon humble avis) parce que sa beauté et sa simplicité la rend facile à retenir. Marrant au passage : elle s'appelle al Ikhlas... qu'on traduit en général par l'unicité divine mais qui se traduit aussi par sincérité. Un vieux sujet pour moi.

Cette sourate est magnifique à l'oreille. Avec des rimes, des allitérations. Et puis le texte (même traduit) est très beau aussi. Hum ... comment faire partager ça à un non musulman.

Ca dit (le q se prononce comme un h très très aspiré, limite guttural) :
"qoul houwa llahou ahad
allahou ssamad
lam yalid wa lam youlad
wa lam yakoun llahou koufouwan ahad"

Et en français c'est plus ou moins (pardon si la traduction n'est pas bonne) :
"dis : Il est Dieu, l'Unique
Dieu, le seul à être imploré pour ce que nous désirons
Il n'a pas engendré et n'a pas été engendré
et nul n'est égal à Lui"

Voilà... je trouve que le texte en arabe est tout simplement magnifique. Bon j'ai du le dire à haute voix des dizaines et des dizaines de fois mais quand même...

soulagement et prière

Je ne sais pas trop si c'est le cas de tout le monde mais bon... parmi les pratiques en gros il y a trois trucs : la prière, le dhikr seul et les réunions. Les réunions ça dépend des fois, parfois j'ai du mal et parfois je me sens transporté. J'adore quand on chante par exemple. Le dhikr seul c'est cahin caha : par moments j'arrive à me concentrer, par moments c'est plus difficile, mes pensées partent dans tous les sens.

Il y a un truc en revanche qui me bouleverse et qui me réconforte presque toujours, c'est la prière. Quand je prie seul chez moi je me sens vraiment bien. Et je ne parle pas des prières en commun... bon ça c'est autre chose : le frère qui conduit très souvent la prière quand on est en groupe est un ivoirien, avec une voix... j'ai presque les larmes aux yeux à chaque fois qu'il récite. C'est marrant, mais du coup j'ai envie de le remercier après à chaque fois. C'est si beau.

Je repense à ce pote qui m'a dit au bout d'une demi heure d'explications sur la voie "alors si je comprends bien tu pries sur un tapis en direction de la Mecque ?"... eh oui je fais ça.

30.5.05

le monde le plus parfait

Je sais pas si j'en ai pas déjà parlé mais je suis retombé sur cette citation célèbre d'Al Ghazali qui dit en gros que le monde, en cet instant, est le plus parfait de tous les mondes possibles. Tout simplement parce que c'est Dieu qui l'a manifesté.

C'est un peu difficile à avaler bien sûr. Je suis loin de m'y résoudre. Je suis comme tout le monde : je me dis "ah si j'avais fait ci ou ça, peut-être que les choses auraient tourné autrement", sans parler du fait que je vois partout autour de moi des trucs qui tournent pas rond, ni du fait que tout n'est pas rose dans ma vie.

C'est pourtant inattaquable... j'ai repensé aussi à mon histoire de la feuille d'arbre tombée dans mon assiette au moment où je disais "rien ne tombe des arbres". J'ai raconté cette petite histoire samedi au frère qui vit en Angleterre. Il s'est marré et m'a dit "eh oui, tout tombe des arbres !"... bon je vais pas m'engager sur le sujet glissant de la volonté propre, du libre arbitre et toute cette sorte de choses.

Il voulait simplement me dire par là que tout vient de Lui en quelque sorte. Moi j'avais interprété le signe comme "tais toi et arrête de raconter des trucs". L'interprétation de ce frère est beaucoup plus simple et plus juste.

J'ai un ami qui réussit d'une certaine manière à regarder le monde comme s'il était au bord d'une rivière. Où puise-t-il cette capacité de contemplation ? Attention il est affecté par les émotions, les trucs qui arrivent dans la vie, comme tout le monde. Mais il a ce côté intérieur, contemplatif. C'est sans doute ce qui nous rapproche.

visite

Samedi j'ai revu ce frère qui est parti bosser en Angleterre et dont je me sens si proche. C'était vraiment bon de le voir. C'est marrant, quand j'en parle à un autre frère j'ai toujours tendance à expliquer qu'on a commencé le même jour à venir à des réunions, comme si c'était la raison pour laquelle on se sent proches...

En fait il y a certainement un peu de ça. Mais ben... on est tout simplement proches, et c'est tout. Il y a des gens avec qui on sent des affinités très vite, d'autres non. C'est comme ça. Bon avec ce frère j'imagine qu'on a des points communs (âge, type d'études etc...) qui font qu'objectivement on se ressemble.

Mais il y a cette part inexplicable. Bref J'étais super heureux de le voir. Pas grave si on se voit peu. C'est la qualité qui compte.

Parmi les choses qu'on partage il y a (au minimum) la tendance à voir des signes partout, et le fait qu'on apprécie beaucoup les lettres du sheikh Ad Darqawi. Il m'a raconté un truc qui lui est arrivé le premier jour où il a pris son nouveau job en Angleterre.

Il passait dans un couloir, et un homme est arrivé en sens inverse. Ils ont dû se tourner pour se croiser, et en se croisant ils se sont retrouvés dans la position (si familière) où l'on saisit la main d'un frère pour se saluer dans la tariqa. C'est une façon de se saluer qui est un peu particulière, et qui n'est pas propre à la tariqa. Mais là dans cette rencontre qu'il a faite c'était assez bizarre.

Ca m'a fait immédiatement penser à la lettre de Darqawi où il croise un homme qui lui dit "Le Pôle" en le croisant. Pas que je pense que mon ami est le Pôle, ni celui qui l'a croisé. Mais bon c'est assez étrange cette scène. Il y a certainement un sens.

27.5.05

sites

Deux liens qui n'ont rien à voir :
- un site en anglais avec une partie des commentaires d'Ibn Ajiba sur les hikam d'Ibn Ata Allah (pour lecteurs très motivés... en plus c'est écrit en noir sur fond marron foncé... pas facile)
- maniac muslim (en anglais aussi), un type qui a un humour qui me plaît bien, qui parle de sa vie en fac aux US (ou est-ce au Canada ?). Je recommande par exemple le texte sur les "annoying prayer habits", mais tout est drôle (tous publics).

gêne et entremise

Il m'est arrivé un truc assez embarrassant. Quand on est partis au Maroc en avril j'ai rencontré ce type à Roissy, un certain Tareq. On a discuté, échangé nos adresses mail, je lui ai expliqué qu'on partait pour le mawlid etc... Très sympa.

Il m'a contacté il y a 3 semaines, et on a déjeuné ensemble. C'est seulement là que j'ai compris que la seule raison pour laquelle il s'intéressait à moi c'était... qu'il a euh disons été attiré par une soeur de la voie, qui était dans notre petit groupe. Il m'a parlé d'elle, m'a dit que sur le moment il lui a parlé brièvement et lui a laissé son adresse e-mail. Et le voilà qui me demande de jouer les entremetteurs : "est-ce que tu ne peux pas lui parler, lui demander son mail ou son téléphone pour moi ?"

Hum. Un peu gêné, je lui dis que si je la vois, je lui parlerai de ça. Je précise qu'il s'agit d'une soeur que je connais à peine. Je n'aime pas trop jouer les entremetteurs, et là en l'occurence il lui a déjà laissé son mail donc si elle était intéressée je pense qu'elle lui aurait écrit. Et puis ne pas se mêler des affaires des autres c'est non seulement un principe d'éducation mais aussi (il me semble) une recommandation du prophète.

Il se trouve que j'ai pas revu cette soeur depuis. Donc ça m'était plus ou moins sorti de l'esprit. Et là hier il m'appelle. Déjà il commence par dire "salam aleykum" sans rien ajouter. Un mauvais point : musulman ou pas je supporte pas les gens qui se présentent pas au téléphone. Mbref. Il commence à me reparler de ça, me demande où j'en suis etc...

Je lui explique que ça n'a pas avancé, mais que si je la vois je lui parlerai, soit la réponse que je lui avais déjà faite. Bon en fait j'aurais mieux fait de l'envoyer balader : parler à cette soeur que je ne connais quasiment pas ça me gêne déjà. Mais la suite est encore meilleure : il se met à me mettre la pression en me disant "oui bon je comprends tu es novice dans la voie tu ne connais pas trop les gens ... tu n'aurais pas le téléphone d'un responsable, un marocain de préférence (sic) ?". Et encore : "vous avez un siège, un QG (re-sic) ? Un endroit où je pourrais la joindre ?". Ca m'a fait penser aux gens qui sont au téléphone avec une boîte et qui disent "ok passez moi votre patron".

J'hallucinais un peu, je me suis retenu de lui dire un truc du genre "patiente, si Dieu te destine cette femme ça se fera" parce que je me suis dit que ça l'énerverait encore plus, mais je lui ai juste dit que je faisais ce que je pouvais et que j'étais un peu gêné par son insistance. Il me répond "oui mais tu comprends toi ce n'est pas sûr, j'ai besoin de quelqu'un qui m'assure un contact direct (re-re-sic), je voudrais lui parler, apprendre à la connaître...".

J'étais assez furieux en fait au fur et à mesure que la discussion avançait. J'ai fini par lui dire que la voie c'était des gens réunis pour une raison spirituelle et religieuse, et que je me voyais pas trop bien l'utiliser comme agence de rencontre, ni lui filer le téléphone de qui que ce soit. J'ai fini par raccrocher, et je pense que je ne le rappellerai pas et que je ne parlerai pas à cette soeur. Non mais.

Hum. Il paraît qu'on marque des gros points quand on facilite un mariage. Mais disons que là je vais pas marquer de points. Vu ce que je me suis dit sur ce type après avoir raccroché il est même possible que je marque des points négatifs.

Mais Dieu est plus savant. Et je suis ok avec ma conscience.

pas de consigne de vote

Je ne donnerai à mes lecteurs aucune consigne de vote pour dimanche. Je garde pour moi ce que je pense de ce référendum.

Un truc assez marrant quand même : hier en zappant je tombe sur l'émission qui clôture la campagne, chez Arlette Chabot avec tous les cadors du oui et du non. Au moment où je zappe l'écran affiche deux chiffres en très gros, je résiste pas au plaisir de vous les livrer :
- indécis : 23 %
- hésitants : 11 %
Ou peut être était-ce le contraire. J'étais pété de rire.

26.5.05

simplicité d'expression

Un truc qu'on m'a dit 50 fois au moins à propos de notre sheikh, mais qui s'avère être le cas pour beaucoup de maîtres du passé, c'est la simplicité dans l'expression. Je n'ai rien contre les textes "difficiles" (mis à part que ça peut faire mal à la tête), mais disons que je pense que pour le moment Ibn Arabi par exemple c'est trop compliqué pour moi. Ibn Arabi du peu que j'en sais c'est assez métaphysique disons.

Quand on lit les paroles de Darqawi en revanche (Darqawi est un maître du 19eme siècle, voir les liens à droite pour plus d'infos), on est frappé par la simplicité de ce qu'il dit. Simplicité apparente naturellement. Il y a certaines choses que je ne suis pas sûr de comprendre un jour. Mais il y a ce côté tellement agréable... pas de grands mots, pas de concepts qui demandent une culture préalable du sujet.

Pendant mes études ce genre de considérations ça m'avait clairement fermé les portes de la philo : faute de faire l'effort suffisant pour apprendre les outils de base, je ne comprenais pas les écrits des grands philosophes. Il y a un peu de fainéantise là dedans bien entendu. Je me récitais (et je continue à le faire) cette phrase célèbre qui dit "ce qui se conçoit aisément s'énonce clairement" (je sais plus de qui c'est).

Depuis, je me suis toujours méfié des grands mots, des phrases compliquées. J'ai l'idée un peu simpliste que sur tous les sujets on devrait pouvoir se faire comprendre par quelqu'un de moins savant, et que le recours aux grands mots est en fait un aveu d'impuissance ou une posture de l'ego. Je suis pas le dernier à tomber dans ce panneau d'ailleurs.

Pour ce qui concerne la voie spirituelle je suis bien ignorant... d'une part il y a des sommes incroyables de connaissances (des centaines d'ouvrages !), d'autre part il y a ce fait : l'essentiel de ce qu'on y apprend ne vient pas des livres (enfin, d'après ce qu'on m'a dit... je n'en ai pas fait l'expérience directement).

Je ne rejette pas la science. Au contraire. Et peut-être que c'est encore une fois de la flemme si je ne fais pas l'effort de comprendre certaines choses. Mais bon... prenons l'exemple de René Guénon (pour ceux qui suivent pas, Guénon a amené pas mal de gens vers la voie spirituelle par ses écrits sur l'ésotérisme). Il a écrit des paquets de livres. Mais à ma connaissance il ne parle pas du tout d'islam ni de soufisme. Pourtant c'était un érudit incroyable. Mais je crois savoir qu'il considérait que la voie ne peut pas se mettre dans un livre.

D'ailleurs, je crois que j'ai déjà parlé ici des frères qui arrivent dans la voie en ayant "tout lu" sur le tasawwuf. C'est à la fois un bien et un mal pour eux. Je me mets dans le lot : je ferais plutôt partie des "intellos".

Hum je mélange pas mal de sujets comme d'habitude (si avec ça j'arrive à énoncer clairement... mbref), mais voilà : les mots tout simples ça me parle plus que les grandes phrases savantes. Les leçons les plus importantes que j'ai entendues dans la voie étaient souvent des trucs tout simples : "fais ton dhikr", "l'amour de Dieu c'est ça qui compte", etc...

satisfait de soi

Discussion l'autre jour avec le responsable du groupe de Paris. J'ai évoqué le fait qu'une des difficultés de la voie, c'est qu'il ne faut jamais se satisfaire de ce qu'on a. Il a souri et m'a plus ou moins répondu que ça c'est la base.

Pour moi ça éveille pas mal d'échos. Bon d'une part je suis quelqu'un d'orgueilleux, parfois à un point dingue. Mais d'autre part j'ai du mal à être content de moi quand je réussis quelque chose, ou quand quelque chose de bien m'arrive. Mais ça c'est pas forcément une prédisposition à cet état qu'on demande au faqir. Hum je m'embrouille.

Ce que je veux dire c'est qu'il me semble qu'il faudrait ne pas être satisfait de soi, se dire toujours qu'on peut faire mieux, tout en étant capable d'apprécier ce que la vie nous donne. Simplement il ne faudrait pas s'attribuer ce qui nous arrive. Hum un peu abstrait tout ça.

Je lui ai posé une question idiote : "mais ça n'empêche pas d'être heureux dans ce monde n'est-ce pas ?"... bien sûr qu'on peut être heureux dans ce monde. Mais il m'a fait un petit rappel : "l'enseignement du sheikh c'est d'apprendre que le bonheur est tout entier dans la ilaha illa Llah". Bon là c'est des sujets si vastes que je sais pas trop comment embrasser tout ça. Faut que ça décante et j'y reviendrai d'une façon ou d'une autre.

signes et ligue des champions

Marrant. Hier soir j'ai retrouvé mon frère après ses vacances au Sénégal. On a parlé de famille etc... Et puis on a regardé le match de foot. Il m'a pas posé trop de questions sur la religion, l'islam tout ça même s'il se moque gentiment de moi (par exemple quand je lui ai raconté l'expédition en monospace du week end dernier).

Sur le foot il y a eu un moment super marrant. Bon pour les gens qui s'intéressent pas à ça je résume : les italiens mènent 3 à 0, le match a l'air plié, les anglais marquent 3 buts, c'est le délire. Prolongation ; rien ne se passe, et à 2 minutes de la fin les italiens ont une double occasion énorme avec un double arrêt pas croyable du gardien anglais (il est polonais en fait mais bref...).

Là mon frère me dit "ah je sens que les italiens vont gagner comme des pourris aux tirs au but". Ce à quoi je réponds "t'es fou ? T'as pas vu les signes ?". Là il a fait "pfff". Bon c'est des signes limite profanes, ça n'a rien de religieux. Mais c'était marrant. Je me suis vraiment dit que c'était impossible après tout ça que les anglais gagnent pas.

Mais bon ça n'a pas grand chose à voir avec Dieu. C'est le genre de raisonnements que je faisais déjà il y a longtemps. Longtemps avant de rencontrer la foi.

25.5.05

j'apprends l'arabe (un tout petit peu)

Il y a pas mal d'expressions en arabe qui sont employées très souvent : alhamdullillah (louange à Dieu), insha allah (si Dieu veut - je crois). Y en a dans le tas dont je ne me rappelle jamais le sens exact, mais je les entends souvent : masha allah par exemple. Ca veut dire plus ou moins la même chose que alhamdullillah, mais avec une nuance de euh remerciement j'ai l'impression. Ou de félicitation. Genre : "tu as fait du grand boulot masha allah". Mais qu'est-ce que j'en sais.

Vendredi j'ai précisé le sens d'une autre expression : subhan allah. Pour autant que je comprenne (j'appelle mes lecteurs au secours pour des précisions), c'est dans la même veine que alhamdullillah et que masha allah. Mais avec une nuance de "waou". Je donne mon exemple de vendredi. J'étais en bagnole sur l'autoroute, et il s'est mis à pleuvoir pas des seaux mais carrément des abreuvoirs. Rarement vu ça. Je me suis dit spontanément "subhan allah quelle pluie !". J'ai demandé à un frère qui était avec moi si c'était "correct" de l'employer dans ce contexte, et apparemment oui.

C'est toujours par le contexte qu'on comprend mieux le sens des mots. Là en plus il y a eu un clin d'oeil. Après que j'ai eu la réponse sur le fait que c'était correct de l'utiliser comme ça, paf : la pluie s'est arrêtée.

Bon en même temps si on voit des clins d'oeil partout... les gens qui étaient avec moi dans la voiture sont (pour certains) comme ça. On s'est marrés parce qu'on passait devant l'aire d'autoroute du Grand Repentir (astaghfiroullah !), etc... j'imagine qu'on est des gentils illuminés.

glurps

Un autre hadith qui m'a parlé... allez savoir pourquoi. Ca parle des gens qui pratiquent en mode "automatique".

Ca parle de "ceux qui du jeûne n'ont que la faim, de même que ceux qui du dhikr nocturne n'ont que l'insomnie". Hébé. Pour moi qui ai un peu de mal en ce moment ça m'a filé un coup.

En fait je ne sais pas trop quoi penser... voilà la situation : ce week end (on avait un truc de la voie) on a fait une certaine invocation, très euh "puissante" on va dire. Je ne sais pas si c'est à cause de ça mais depuis je me sens tout remué, comme si des choses travaillaient en moi comme à mon insu. C'est la première fois que je participe à cette invocation spéciale. Du coup je ne sais pas trop.

Plus j'avance, plus mes problèmes me reviennent dans la figure. Mais ça je crois que c'est un effet de la voie.

hadiths

Hier soir petite réunion chez le responsable du groupe de Paris. C'est toujours une telle paix... bref. Après les invocations on a eu un petit cours sur les hadiths (les dits ou actes du Prophète). Je ne savais pas qu'il y en avait eu autant en circulation (Bukhari, un des plus célèbres recenseurs de hadiths, en avait paraît-il entendu 600 000, il n'en a gardé que 2700 je crois).

J'attends avec impatience un recueil de hadiths qui parlent plus précisément de la Voie. Il faut savoir en effet que pas mal de hadiths parlent de façon très concrète du dhikr, des "états", de l'initiation par un sheikh, etc...

Un assez chouette que j'ai entendu hier (je cite approximativement) : "une oeuvre brève mais régulière est préférable". Mieux vaut faire 2 minutes de dhikr mais le faire avec assiduité, avec régularité. C'est marrant c'est très "pratique" comme conseil.

Bon je suis pas bien savant sur le domaine. Ce que j'ai retenu c'est qu'il y a des hadiths "incontestables", et que les savants sont mieux placés pour en juger. Il faut dire qu'à travers l'histoire il y a eu apparemment pas mal d'inventions (!) et plus fréquemment d'interprétations tendancieuses de certains hadiths.

Comme me l'a conseillé un lecteur de mon blog, le plus simple est de poser la question à quelqu'un de confiance quand on a un doute.

Ah si une histoire marrante apprise hier soir : un sheikh d'il y a longtemps était connu non seulement pour sa connaissance "intérieure" mais aussi pour son savoir sur les hadiths, le fiqh (jurisprudence), bref sur l'ensemble des sciences "extérieures". Un savant décida de le provoquer, et pour ça lui cita des dizaines de hadiths dont certains étaient faux, en lui demandant de démêler le faux du vrai.

Le sheikh ne se trompa pas une fois. Quand on lui demanda après coup comment il avait pu aussi facilement clouer le bec du savant venu le provoquer, il répondit "c'est simple : à chaque fois que c'était un vrai hadith, je voyais de la lumière sortir de sa bouche". C'est sûr que vu comme ça... ça paraît facile.

24.5.05

prénom

J'ai déjà raconté comment on m'a donné mon prénom musulman : le frère qui me l'a donné a eu une "inspiration" on va dire. Il m'a dit "Gibril" puis s'est repris : "Gibril seul tu vas t'envoler" (Gibril c'est l'ange Gabriel). Du coup il m'a dit "Mohammed Gibril, comme ça ça va t'ancrer au sol". Puis a réfléchi et m'a dit "ou plutôt Ahmad Gibril, mais on peut aussi bien t'appeler Gibril".

Donc mon prénom complet c'est Ahmad Gibril. La plupart des frères m'appellent Gibril. A Madagh quand j'ai témoigné devant plein de monde on m'a présenté sous mon prénom complet. Tout ça pour dire que c'est pas si simple : je ne suis pas très à l'aise avec le fait d'avoir 2 prénoms (sans compter mon prénom chrétien). Peut-être qu'il faudra que je choisisse, ou que ça se fera tout seul.

C'est assez courant. Je connais un frère qui s'appelle Mohammed Amin mais qu'on appelle parfois juste Amin. Ce qui m'a fait tiquer c'est que quand on m'appelle en disant Gibril je mets parfois 5 secondes à réaliser que c'est à moi qu'on parle. Peut-être parce que je ne suis pas habitué. Ou peut-être parce que je me reconnais plus dans Ahmad Gibril. Hum faut vraiment que j'aie rien à écrire aujourd'hui pour parler de ça...

histoire de hajj

Dans la série "les histoires de la Voie" (faudra faire un recueil un de ces jours... il y a tellement d'histoires qu'on entend !), on m'a raconté une belle histoire sur le hajj.

Sidi El Hajj Abbas, le père de notre sheikh, a fait son pélerinage (comme son nom l'indique), ainsi qu'il incombe à tout musulman qui en a la possibilité. Ca se passait je crois vers 1965 ou 1970. A l'époque la tariqa était quasiment inconnue.

Dans le pélerinage, il y a une étape où (si on peut) on embrasse la fameuse pierre noire. Dans la pratique, c'est impossible d'arriver jusqu'à la pierre noire vu le monde qui se presse. Ce jour là, Sidi El Hajj Abbas se dirigeait tout doucement vers la pierre. A ce moment la police est arrivée et a bouclé tout le quartier : le roi (je pense que c'était Ibn Seoud) était annoncé. Sidi El Hajj Abbas a continué à avancer à petit pas... et le cordon de policiers s'est écarté.

Comme il s'approchait de la pierre, il a croisé... le roi lui même ! Et le roi s'est écarté pour le laisser passer devant lui vers la pierre noire. Je sais c'est incroyable, mais il y a des témoins oculaires de la scène. Personne, et surtout pas le roi, ne savait qui il était. Il faut croire qu'il dégageait quelque chose de spécial.

Et quand on connaît la euh disons popularité de la voie parmi les autorités religieuses officielles de l'Arabie Séoudite, ça fait sourire. Bon il n'avait pas un T-shirt avec marqué "I love Al Ghazali" mais quand même...

mauvaises nouvelles du Sénégal

Mon frère vient de rentrer du Sénégal. J'ai déjà parlé d'un pote de là bas qui s'appelle El Hadj. Il travaille sur des chantiers. Quand je l'ai rencontré il traînait tout le temps avec un type super marrant qui s'appelle Makhtar, qui sourit tout le temps.

Et là j'apprends qu'ils se sont brouillés gravement pour des histoires de sous, que Makhtar a essayé d'étrangler El Hadj, qui lui a filé des coups de couteau dans le bras (!). Glurps. Du coup apparemment El Hadj passe ses journées à fumer et n'est pas au top disons.

Je suis triste d'apprendre ça. Bon c'est la vie, malheureusement les engueulades ça arrive, je suis bien placé pour le savoir. J'espère que ça s'arrangera.

23.5.05

kafir, kufar

Les mots sont très importants. J'ai déjà dit ici à quel point je n'aime pas le mot kafir (pluriel : kufar). Ca veut dire mécréant, i.e. non musulman. C'est un mot employé à tout bout de champ par certains musulmans, qui vivent dans le "nous et eux" si j'ose dire.

Je n'aime pas ce mot. Déjà ça me rappelle un mot identique qui servait aux Boers (c'est donc du néerlandais je suppose) pour désigner les Noirs, de façon insultante. Et par ailleurs je n'aime pas cette idée du "nous et eux", de cette idée qu'il faudrait haïr ou mépriser les autres.

Sans entrer dans des sujets polémiques, il y a par exemple un antisémitisme qui s'exprime parfois chez certains musulmans et qui me met hors de moi. Notre sheikh a répondu une chose très belle là dessus, en disant en gros "quand vous aimerez les Juifs autant que vous m'aimez, vous aurez avancé sur la voie".

En plus même d'un point de vue "strict", critiquer ou parler mal des non musulmans est... contre l'islam : on ne peut pas savoir à l'avance si quelqu'un mourra musulman ou pas. Critiquer un non musulman est donc extrêmement blâmable même du point de vue le plus réducteur. Ca revient à préjuger de ce que seul Dieu sait. Je ne dis pas que tous ceux qui utilisent le mot kafir critiquent les non musulmans, mais je ne suis pas un imbécile non plus.

Sans parler du fait qu'être musulman ça peut avoir plus d'un sens. Est-ce la forme ? Ou le fait de faire le bien ? Je ne vais pas citer encore la fameuse interprétation faite par Abd el Kader d'un verset du Coran, mais c'est ça l'idée.

rencontre étrange

Un frère m'a raconté une rencontre très étrange qu'il a faite récemment. Dans la rue, un type visiblement saoul l'a accosté et lui a pris la main. Il lui a demandé "est-ce que tu sais depuis combien de temps Dieu t'aime ?". Ce frère a répondu "euh... depuis ma naissance sans doute".

Et l'autre a répété sa question : "est-ce que tu sais depuis combien de temps Dieu t'aime ?". Brrr. C'est un peu glaçant. Drôle de rencontre. Je n'aurais pas vraiment su quoi répondre.

nudité, lumière et Beauté

Je reviens sur un commentaire que m'a laissé ici un lecteur anonyme. Ca m'a beaucoup donné à réfléchir. Ca disait "ne se voit nu que celui qui a reçu la lumière de la voie"... et un peu plus loin "ne se couvre de Beauté que celui qui s'est vu nu".

J'ai repensé à ça ce week end. Je discutais avec un frère sur un sujet euh éculé (pour moi), celui de la sincérité, l'ikhlas. Sur le fait que par moments je me sens vraiment désarmé, que je ne sais pas quelle est mon intention. Bon ça doit faire la 15ème personne de la voie à qui je soumets ce problème. Ce frère m'a dit "le seul fait que tu t'interroges là dessus est un signe de ta sincérité", et encore "le doute fait partie du chemin". Bon lui doute beaucoup moins que moi. Mais c'était très réconfortant.

Alors je ne sais pas... peut-être qu'en effet je ne me sentirais pas aussi désemparé si je n'avais pas reçu cette lumière. Une image souvent employée dans la tariqa, mais plutôt dans un autre sens, est celle-ci : "quand on veut nettoyer une pièce, on commence par l'illuminer et ensuite on peut commencer le travail".

En général cette image est employée pour dire que nous sommes dans une voie de Beauté (Jamal), et qu'on reçoit d'abord beaucoup, ce qui nous permet ensuite d'avancer dans la Majesté, la rigueur (le côté Jalal).

Pour ma part je l'interprète différemment. Cette lumière bien sûr il y a la chaleur, l'amour qu'on ressent à travers les frères. Mais il y a aussi le côté terrible de la lumière : on peut difficilement cacher les choses. Hum. Pas bien sûr d'être très clair là.

Quand à se couvrir de Beauté... je ne sais pas où j'en suis non plus. Il y a une prière sur le prophète très belle qu'on utilise souvent, qui parle de celui (le prophète) dont Dieu a empli le coeur de Majesté et les yeux de Beauté (je crois... je ne suis pas bien sûr de la traduction).

rigueur

Ce week end j'ai discuté avec un frère de Strasbourg. Il était dans un islam très rigoureux avant d'entrer dans la voie. Pas qu'il soit moins rigoureux aujourd'hui, mais disons, pour reprendre ses termes, qu'il était "très charia". On a parlé un peu de cette idée de rigueur.

C'est assez subtil : il y a des gens qui sont d'une rigueur très grande intérieurement, alors qu'extérieurement on ne le penserait pas. Pas qu'ils n'observent pas les formes. Mais la rigueur dans la foi ne se voit pas toujours à l'extérieur. Je prends un exemple : pour certains, plein de choses sont interdites en islam (au hasard, avoir de l'alcool chez soi, fêter les anniversaires etc...).

Mais est-ce que ça c'est si important ? Je ne sais pas trop comment me faire comprendre. Un frère que j'apprécie beaucoup me semble un des plus rigoureux musulmans que j'aie rencontrés. Comme on dit "il ne rigole pas" : il prend la religion plus qu'au sérieux. En même temps on peut plaisanter avec lui sur à peu près tout. Il a énormément d'humour. Et il a (me semble-t-il) le coeur pur.

Pour revenir à ce frère de Strasbourg, c'était impressionnant de l'entendre raconter son histoire. Je n'ai aucun mal à imaginer comment il était avant la voie. Ce n'est pas un "meilleur" musulman aujourd'hui (du moins ce n'est pas à moi d'en juger). Il avait des idées très dures contre le soufisme, le fait de suivre l'enseignement d'un sheikh etc... Et pourtant le voilà. Et heureux d'être là en plus. Je me dis qu'il a fallu qu'il en fasse du chemin vu les préjugés qu'il avait. Ca n'en est que plus impressionnant.

dur lundi

Week end avec des gens de la voie. C'était très chouette mais du coup aujourd'hui je suis mâché. Enfin c'est un peu bizarre : j'ai des sensations et des sentiments un peu mélangés. Il y a cette chaleur qui fait tant de bien. Et en même temps je me suis senti seul par moments.

Je sens que je suis dans une phase un peu délicate, où ça travaille pas mal dans ma tête. Les doutes, le "qu'est-ce que je fais là", mais bon comme d'habitude je m'accroche je fais mon dhikr et c'est tout.

Par ailleurs voir les gens de la voie plus longuement que d'habitude c'est parfois un peu étrange. Ca met vraiment en lumière le fait qu'on est que des êtres humains normaux, qu'il y a des gens avec qui on s'entend et d'autres avec qui ça va moins bien. Se "frotter" à ça c'est paraît-il une partie de l'éducation spirituelle.

J'ai déjà parlé des histoires de contraction et de dilatation. En gros contraction c'est quand on a un peu du mal, notamment avec la pratique. Dilatation c'est quand on se sent des ailes. On va dire que là je suis plutôt contracté.

Tout ça est un peu flou. Ce week end j'ai rencontré des gens de Strasbourg, c'était génial par moments. Mais je crois qu'un truc qui m'a fait un peu peur (c'est récurrent) c'est l'engagement que je vois chez certains. Je suppose que tout le monde a ses doutes. Mais je ne me sens pas toujours à ma place quand je vois ça, comme si j'étais un peu étranger à tout ça.

Bon en même temps de l'extérieur on trouvera sans doute que je suis moi-même très engagé, je suppose que c'est une question de point de vue. Hum tout ça n'est pas bien clair. Je vais faire le tri et essayer d'y revenir.

20.5.05

décompte

J'ai déjà parlé du fait que la miséricorde ne se mesure pas etc... et du fait que je suis toujours un peu gêné par les gens qui comptent leurs péchés et/ou leurs bonnes actions. L'autre jour à un atelier de la voie un frère témoignait, racontait sa jeunesse en Algérie. Il fréquentait à l'époque des gens plutôt euh étroits d'esprit sur le plan religieux on va dire. J'ai adoré son témoignage.

Ca m'a fait marrer il a raconté le déclic qui l'a fait s'éloigner de ces gens et plus tard trouver une voie spirituelle plus riche disons. Il revenait de vacances en France, il a retrouvé ses amis en Algérie. Et la première question qu'on lui a posé, avant même de lui demander comment c'était, ou s'il allait bien, ça a été : "Alors combien de fois tu as péché là bas ?". Les bras m'en tombent.

Je ne devrais pas juger. Après tout ces gens sont peut-être dans le vrai. Mais des gens qui passent des heures à compter et recompter leurs bonnes et mauvaises actions me font sourire. Et qu'y a-t-il dans leurs coeurs ? Dieu seul le sait. Je repense à une lettre de Darqawi ou il parle de ces gens qui multiplient les actes de piété mais dont l'intérieur est orgueil ou volonté de pouvoir sur les autres.

Ca veut pas dire que les gens pieux extérieurement sont à éviter, au contraire. Juste qu'il y a peut-être des choses plus importantes à demander à un frère que "combien de fois tu as péché".

foi, doutes et certitude

Et un post de plus là dessus... en repensant à cet ami qui m'a demandé si je croyais en Dieu, je me suis souvenu de ce vieux monsieur malien avec qui je discutais souvent il y a quelques mois le matin au métro Parmentier. J'en ai parlé (bon seuls mes lecteurs anciens doivent s'en souvenir).

Une fois il m'avait dit un truc très simple : "c'est impossible d'être musulman si vous ne croyez pas en Dieu". Je suis pas en train de ressasser mes doutes une fois de plus, après tout le doute est permis, et je vis avec. Ma foi se développe je crois. Mais c'est vrai qu'il m'arrive de dire à des gens que je suis musulman, sans même me reposer cette question que mon ami ou que ce vieux monsieur m'ont mise sous les yeux si crûment.

Peut-être parce que pour moi maintenant c'est une évidence. Mais pas sûr... j'ai lu quelque part que la voie c'est le chemin vers la certitude. Je ne suis pas sûr d'ailleurs que tous les "croyants" se posent souvent la question de la foi. Certains n'ont pas besoin de se la poser. Mais c'est quelque chose de si subtil, de si mouvant. En tout cas pour moi.

Je n'atteindrai peut-être cette certitude qu'au moment de ma mort. Je n'en sais rien. Ce serait déjà pas mal.

organisation et cuisine interne

Ce week end il y a un truc de la voie qui a nécessité un petit peu d'organisation. Ca m'a valu de m'énerver (moi et mon fichu caractère...), peut-être est-ce le stress du boulot, mais je crois que c'est simplement parce que j'ai un peu trop pris ça au sérieux.

Une soeur que j'ai eue au téléphone m'a rappelé un truc que j'avais déjà entendu plein de fois, et qui semble se vérifier une fois de plus (c'est sans doute vrai pour plein d'autres gens mais chez nous c'est criant) : quand on organise quelque chose c'est toujours le bordel, on a l'impression que ça ne va jamais se faire bien, et puis hop le moment venu tout se passe bien.

Il faut dire que dans la tariqa il n'y a pas une organisation hiérarchique ou ce genre de chose. Certains sont responsables de certains domaines, mais parfois on se marche un peu sur les pieds. Et les prises de décision sont certainement compliquées. Dans un sens c'est rassurant, mais dans un autre c'est parfois un peu confus.

Mais bon comme je le disais tout finit toujours par s'arranger. Marrant.

fanatiques

Discussion hier avec la collègue de travail qui était avec moi à Téhéran. Elle me montre son compte rendu, où elle parle des Moudjahidines du Peuple (un mouvement d'opposition au régime iranien, dont les représentants sont en exil entre autres en France).

Je parle pas souvent d'actualité ici. Pas d'avis sur le référendum ici. Pour revenir à cette collègue, je lui dis "vous savez les Moudjahidines du Peuple c'est pas des enfants de coeur, il y en a qui se sont immolés par le feu il y a deux ans quand Maryam Radjavi (leur chef) a été arrêtée ici"... Je n'ai pas vraiment un grand savoir sur la question mais bon les MdP sont souvent décrits comme une secte quasi stalinienne.

Ma collègue me répond "oui mais de toute façon c'est tous des fanatiques : regardez les gens du Hezbollah qui font des attentats suicide... ces gens là sont tous pareils". Que répondre. C'est sûr qu'à Téhéran ça fait drôle les grands murs peints avec des fresques un peu kitsch qui exaltent le martyre... je ne défends pas le régime de Téhéran, au contraire.

Mais ce qui me gêne c'est qu'on mélange tout. J'ai déjà parlé de ça. Tous des fanatiques. Ca me fait penser à la euh disons à la femme à courte vue rencontrée là bas qui fustigeait les "sectes soufies" et parlait de "prosélytisme vert" (sic) à tout propos, sans parler des "barbus" pour désigner tout ce qui de près ou de loin est musulman.

Bon c'est sûr qu'il y a tellement de pays et d'habitudes culturelles qui donnent une mauvaise image de l'Islam. Y compris avec des pratiques ou des discriminations qui n'ont rien de musulman (vis à vis des femmes par exemple). Mais bon je m'égare. Toujours est-il que parfois je suis obligé de garder pour moi certaines choses pendant les conversations de boulot ou même en famille. Pas facile.

Mais je dois être un fanatique aussi.

19.5.05

petit comptage

Au passage puisque je suis sur le sujet je m'aperçois que j'ai parlé de la voie à ... tous mes amis proches (il y en a 6) ! Y a plus que la famille et ce sera complet.

révélations

Tard hier soir j'ai vu ce très vieux pote à qui j'ai révélé par "erreur" ce qui m'arrive en le prenant pour un frère au téléphone la semaine dernière. C'était plutôt marrant. Comme il n'est pas souvent en France (il travaille en Espagne) on a décidé d'aller dans un bar "mythique" : le Hemingway. Tention... c'est le bar du Ritz (où j'avais jamais mis les pieds). Un luxe un peu limite mais bon on s'est bien marrés.

A un moment a débarqué avec une petite cour... BHL soi-même, en personne et avec F. Taddéi, le type qui fait un émission sur la nuit pour Paris Première (je crois). Au passage je confirme une légende tenace : BHL a bien la chemise déboutonnée quasiment jusqu'à la ceinture. Ca m'a bien fait rire.

Pour revenir à ma conversation avec mon ami, ben je lui ai parlé de la Voie, de l'Islam. Il y connaît carrément rien de rien. Du coup il m'a posé des questions du genre "ah mais alors tu fais des prières orienté vers La Mecque sur un tapis de prière ?". Je fais un aparté : j'ai dit et je répète que la Voie est l'Islam. Je suis toujours bouleversé par ce verset de la sourate "l'ouvrante" ou Fatiha qui dit "guide moi sur la voie droite". En arabe ça sonne d'une façon magnifique. Mbref.

On a pas mal parlé. Je me suis rendu compte que parler de ça à quelqu'un qui ne connaît rien à l'Islam est à la fois difficile et chouette. Bon sur l'essentiel c'est difficile à faire passer : la foi, le goût (pour autant que je l'éprouve). Pour reprendre une formule célèbre comment faire comprendre le goût d'une pomme à quelqu'un qui n'en a jamais mangé ?

A un moment il m'a posé une drôle de question : il m'a dit "mais alors si je comprends bien ça veut dire que tu crois en Dieu ?". Il faut dire que je lui avais surtout parlé d'une part de ce qu'on éprouve au contact des frères (la mahabba tout ça...) et d'autre part de trucs généraux sur les confréries. J'ai répondu "oui". C'est marrant parce que c'est une question que je ne me pose jamais. Je parle de foi, de Dieu, de tout un tas de trucs. Mais je ne me pose jamais cette question si simple.

Bon il y a toujours un petit doute. J'en ai déjà beaucoup parlé ici. Mais c'est vrai que c'est un tel bouleversement par rapport à il y a mettons un an... En parler en termes si simples m'a à la fois mis face à mes doutes et permis de mesurer le chemin parcouru.

Inutile de dire que cet ami était disons assez étonné. Ou plutôt euh... bluffé. "Si on m'avait dit ça... etc...". Pour tout dire ça m'a quand même pas mal soulagé de lui en parler. Il a paru étonné que ça me gêne d'en parler à mes parents. Peut-être qu'il a raison. On verra. C'était chouette comme tout de se voir par ailleurs. Les rares amis "pour la vie" que j'ai je tiens vraiment à eux.

comme par hasard

Hier soir j'ai pris un livre de lettres du sheikh Ad Darqawi et je l'ai ouvert au hasard. Naturellement je suis tombé sur une lettre qui m'a beaucoup parlé. Etonnant non ? Ca commence par "O disciple l'intention est sans aucun doute le véritable Elixir" (!)

Et plus loin sur le renoncement : "En renonçant aux choses, tu leur accordes plus de valeur qu'elles n'en ont, et ce parce que tu es voilé à Son égard" et un peu plus loin : "le jardin des connaissances spirituelles est interdit à celui dont l'âme n'est pas morte à ce monde, à son désir de contrôle, à ses préférences... etc..."

Naturellement ce sont des thèmes assez classiques chez les maîtres de la Voie, mais quand même... une fois encore ça résonne. Et c'est simple il suffit que j'ouvre un livre pour tomber sur une phrase qui me parle. Hum.

J'aime bien la partie sur le renoncement. Renoncer c'est encore être victime de son ego. C'est comme le jugement sur soi. Tant de pièges, si subtils. Bon pour certains c'est très simple. Mais plus j'avance plus j'ai l'impression de pas tout comprendre. Ca doit être la fameuse perplexité dont on m'a souvent parlé.

18.5.05

frère

J'ai déjà parlé de mon frère : c'est la seule personne de ma famille qui sache pour l'islam et pour la voie. Plusieurs amis sont au courant, mais dans la famille disons que je prends mon temps.

J'ai déjà expliqué que je stressais un peu avant de lui en parler, et j'ai été soulagé par sa réaction. Il ne semble pas me juger. On est jumeaux (vrais), donc c'est assez spécial : on est très différents, mais disons qu'il y a un effet miroir assez fort.

Je crois qu'il ne comprend pas tout de mon cheminement. D'ailleurs il a l'adresse de mon blog mais ne le lit jamais. Peut-être qu'il est mal à l'aise avec ça, mais il est aussi proche ou même plus proche de moi qu'avant alors... Je pense pas mal à lui. Je trouve ça beau qu'il ait réagi comme ça à ma conversion. Je crois pas que ça soit juste parce qu'il trouve que je vais bien. C'est plutôt juste un amour gratuit, inconditionnel.

Il y a des gens comme ça... j'ai un pote qui n'est pas très ouvert sur la religion, mais je sais qu'il accepte ce qui m'arrive tout simplement parce que c'est moi. Quelle chance j'ai.

abandon confiant en Dieu

C'est une "station" (ou maqâm) qui fait partie du cheminement. Inutile de dire que j'en suis très loin. Si j'ai bien tout compris, ça consiste à s'en remettre à Dieu quoi qu'il arrive, mais il y a des gens plus savants que moi sur le sujet.

Sans doute que ça doit faire partie de mon éducation spirituelle, mais j'ai du mal à m'y faire. Je reçois des signes (je crois), je devrais être patient, être reconnaissant pour ce qui m'arrive de bien. Et en fait je n'y arrive pas.

J'ai repris hier soir la lecture du Coran. Et naturellement je suis tombé sur des versets là dessus, dans la deuxième sourate. Sur le fait que Dieu est avec les patients. Et sur le fait que Dieu est du côté de ceux qui, touchés par l'épreuve, s'écrient "nous appartenons à Dieu et nous Lui retournons".

Hum. Faut dire aussi que pour le moment j'ai toujours autant de mal avec les idées de paradis, d'enfer, de jugement dernier. Mais par moments je me sens si nu... pas assez apparemment mais si seulement je pouvais suivre ce conseil : "lâche prise et apprends à nager"... c'est si difficile de s'abandonner.

17.5.05

présence et leçon

Samedi lors de la réunion on a eu un petit topo sur le Hajj. Les différentes étapes, les passages obligatoires, recommandés, etc... A un moment le responsable du groupe de Paris a fait une remarque. Ca parlait de la station sur le mont Arafat (qui clôt plus ou moins le pélerinage si j'ai bien suivi). Il a dit à peu près "remarquez qu'il ne s'agit pas d'un acte à accomplir, mais qu'il faut juste être présent dans un lieu géographique".

Sur le moment je n'ai pas fait attention. C'est seulement le lendemain que j'y ai repensé. J'assistais à une conférence où parlait une soeur qui semble irradier de la lumière. J'ai fait la connection : on voit bien que certaines personnes ont cette lumière. Elles actualisent en quelque sorte la présence de Dieu. Hum je sais pas si je suis clair. Ce que je comprends de ça c'est que la station sur le mont Arafat a un sens symbolique : être présent à Dieu, au prophète.

Je me trompe peut-être mais je suis presque sûr que c'était le sens de cette remarque. Et ça résonne... ça résonne naturellement aussi avec la sapience de Ibn Ata Allah sur le dhikr. Hum à force de tout faire résonner faudrait pas que je devienne sourd.

se livrer

C'est un peu spécial de faire un blog sur quelque chose d'aussi intime que la foi. Mais bon j'assume, tant pis si c'est impudique. J'ai rencontré un frère ce week end, qui s'est trouvé tout gêné parce qu'il lisait ce blog avant de savoir que c'était moi ! Comme quoi la pudeur...

Je ne sais pas trop quoi dire là dessus. On m'a dit que depuis Madagh il y a un changement dans ce que j'écris. Comme il se trouve que ça coïncide avec mon nouveau boulot je ne sais pas faire la part des choses mais peut-être bien que le voyage m'a changé. Je ne saurai sans doute ça que plus tard.

Quand au fait de se livrer, j'essaie juste de parler de ce que j'éprouve. Je n'écris pas pour quelqu'un en particulier ; c'est certainement un peu nombriliste, un peu exhibitionniste aussi, mais bon. Quel drôle de sujet aussi... j'ai déjeuné avec le frère australien que j'aime beaucoup. On parlait de l'amour de Dieu, et il a commencé à me chanter "au clair de la lune" ! Où va se nicher la sagesse ou l'amour...

fan de...

Je l'ai déjà signalé mais il y a un blog vraiment beau ; là j'ai été très ému par une citation de Saint-Exupéry sur l'amour qui dit "peut-être que l'amour c'est ce mouvement par lequel je te ramène doucement vers toi-même". Bonne lecture.

alcool encore...

Drôle de situation ! J'ai déjà expliqué que depuis que j'ai arrêté de boire il y a des réactions, notamment dans ma famille. Ainsi mon beau-père me fait régulièrement des réflexions, me dit "mais pourquoi tu bois même pas un verre" etc... Ca a presque un côté pénible. Mais bon je m'y suis fait, en me disant que c'était sans doute parce que je lui tendais un miroir en quelque sorte.

Je croyais pas si bien dire. Vendredi soir il m'appelle et me demande "c'est un peu délicat mais est-ce que c'est un médecin qui t'a demandé d'arrêter de boire ?". Je réponds que non. Et là il me dit qu'un médecin lui a recommandé de se calmer un peu sur l'alcool, et que c'est peut être à cause de ça qu'il dort mal. Hébé. Si seulement le fait d'arrêter de boire le mettait en forme et lui rendait le sommeil.

J'ai été très touché par ce coup de fil. Hum je me suis même dit mentalement "lhamdullillah". Comme quoi alors que je supportais stoïquement ses remarques en me demandant quand il me lâcherait la grappe sur la boisson, ça cheminait dans son esprit.

Il y a parfois des bonnes surprises comme ça. Dieu soit loué. On dit que la voie fait changer et que du coup ça fait aussi changer les proches. Je sais pas si c'est le cas en l'occurence... allez savoir.

poursuivi ?

Je suis tombé "par hasard" deux fois à nouveau sur ce hadith célèbre qui dit que qui émigrera pour Dieu trouvera Dieu, qui le fera pour ce monde aura ce monde, qui le fera pour une femme l'épousera. Nous sommes récompensés en fonction de nos intentions.

Selon certaines versions, le hadith se complète par "qui émigrera pour Dieu aura Dieu... et le reste (ce monde, l'épouse, etc...)". C'est marrant j'ai l'impression d'être poursuivi par ce hadith.

Ca me renvoie bien sûr à la sincérité. A l'intention. Et donc à mes doutes sur ma foi. Bon il y a aussi ce thème qui revient chez beaucoup de maîtres (je crois que j'ai lu ça chez Darqawi) : si tu renonces à la dictature de ton nafs, et si tu t'en remets à Dieu, tu seras le maître de ce monde au lieu qu'il soit ton maître. Hum je suis pas sûr que ça me parle "à l'intérieur".

Le hadith sur l'intention, lui, me parle. Enormément.

13.5.05

erreur ?

Un très vieux pote m'a appelé. C'est étonnant : j'ai pensé à lui il y a peu, et je me disais que ce serait un peu compliqué de lui parler de la voie, de l'islam. Et là catastrophe quand il a appelé je me suis trompé : j'ai cru que c'était le frère que j'aime beaucoup qui est parti bosser en Angleterre au bout du fil !

Du coup me voilà en train de lui parler de tel frère, de pacte, de trucs comme ça, jusqu'au moment où j'ai réalisé mon erreur... glurps. Bon dans un sens comme ça je vais devoir lui en parler (on se voit la semaine prochaine). Mais sur le moment je me suis carrément senti mal : sans préparation comme ça en entendant ce que je disais il a dû croire que j'avais fumé.

C'est déjà gênant de se tromper d'interlocuteur au téléphone, mais alors en plus révéler tout ça... hum. Je ne sais pas si je suis plus gêné de ne pas avoir reconnu un ami proche ou bien d'avoir à lui parler de la voie alors que je ne comptais pas le faire tout de suite.

Ce qui est bizarre c'est qu'autant j'en parle volontiers avec certains proches, autant avec cet ami en particulier je ne suis pas à l'aise. Je ne sais pas dire pourquoi. Peut-être que j'ai peur de son jugement. Mais bon si cette confusion a eu lieu c'est certainement que ça devait arriver. Ou qu'inconsciemment j'avais envie d'en parler.

Ainsi avec ma famille mon frère remarque que je laisse traîner des cailloux comme le petit poucet. Des indices. Comme si je préparais le terrain pour le jour où je leur dirai. Et le fait que ça soit arrivé aujourd'hui avec cet ami on va dire que c'est comme ma shahada qui m'est tombée dessus sans que j'aie rien prémédité.

alcool

Déjeuner avec mon pote "spirituel". Il a arrêté de boire pour quelques temps. Pour se purifier disons. Et puis parce qu'il picolait sans doute un poil trop ces derniers temps. Du coup il me dit "c'est pas croyable le nombre d'occasions où on te propose de boire... je suis obligé de refuser plusieurs fois par jour".

Pas pu m'empêcher de me marrer. C'est clair (et j'en ai déjà parlé ici) qu'on passe un peu pour un extra-terrestre ici quand on ne boit rien. Alors mon pote me dit "oui mais toi c'est pas pareil tu as une raison plus élevée pour ne pas boire". Hum. Raison élevée ou pas c'est vrai que c'est plutôt rare.

Pas que je le vive comme un combat. C'est très rare que j'aie envie d'un petit verre comme dans ma vie "d'avant". Et en fait je n'y pense presque plus. Si l'autre soir mon père m'a dit "tu ne bois toujours pas ?". Marrant c'est moi qui ne suis pas normal on dirait.

Je tire pas de fierté du fait d'avoir arrêté de boire. C'est comme ça c'est tout. C'est un peu coq à l'âne mais ça me fait penser à un dîner à Téhéran, où il y avait une iranienne et 8 ou 9 français. Platitudes, idées reçues, grandes phrases sur tout... à un moment l'iranienne a pu en placer une et a dit "vous savez le foulard obligatoire ou l'interdiction de l'alcool ce n'est rien nos vrais problèmes ne sont pas là". Mais il faut croire que pour les français qui étaient là c'était ça l'essentiel.

Bon ça n'a aucun rapport, et renoncer à l'alcool est un choix volontaire pour moi. Mais ce que je veux dire c'est que c'est tellement accessoire par rapport au reste, à la foi, à ce truc un peu bizarre que je découvre tous les jours... Mbref je m'embrouille.

triste nouvelle

Martin Lings est mort. J'apprends ça par ce blog... Dans les tourouq, et au delà, je crois que beaucoup de gens dans le monde ont lu un ou plusieurs livres de lui. On m'a dit qu'il passait encore beaucoup de temps à donner des conférences à travers le monde à 95 ou 96 ans...

C'est étonnant : j'ai vraiment été touché par cette nouvelle. Bon il faut dire que sa vie du Prophète est un des plus beaux livres que j'ai lus depuis que je m'intéresse à l'islam. Faites des duas pour lui.

encore le retour à l'enfance

Petite réunion hier soir avec des frères. Ca fait chaud au coeur de les revoir après deux semaines. On a un peu discuté après les invocations. C'est marrant : il y a un frère algérien, plutôt nouveau dans la voie, qui a des connaissances très vastes sur l'islam et sur le soufisme (par les livres). Il m'a demandé d'où sortaient toutes les histoires qu'il entend à chaque fois qu'on est entre frères.

Et c'est vrai qu'il y a des tas d'histoires qui circulent. Et ça on ne le trouve pas dans les livres. C'est une source d'enrichissement pas croyable. D'ailleurs le plus souvent je ne me souviens pas en détail de ce qu'on me raconte, mais disons que je m'imprègne.

Pour revenir à hier il y avait un frère qui est entré dans la voie depuis deux ans. Son frère en fait partie depuis beaucoup plus longtemps. Il nous a raconté un peu comment il a tourné autour de la voie pendant longtemps avant de finalement y entrer. C'est marrant : petit, il rêvait d'être curé (!!) alors que dans sa famille ils ne sont pas croyants.

Encore cette idée de quelque chose qu'on a porté en soi depuis toujours... C'est chouette.

12.5.05

patience

Pfff y a des collègues en train de jacasser comme des pies. Je devrais être plus patient, mais rien à faire : ça m'énerve. C'est pas gagné l'apaisement, la sérénité tout ça. Par moments je suis très irritable.

On parlait de ça avec un frère récemment : il ne faut pas croire que le fait d'être dans une voie, de goûter la douceur de la foi, va tout régler et faire de nous des saints ou des gens parfaits. Quand je pense que le dhikr a vraiment de l'effet je me dis que c'est génial. Et en même temps cet effet peut être inattendu : il peut nous montrer des côtés de nous qui sont pas trop chouettes.

Je parlais à ce frère de la façon dont j'ai abordé mon nouveau boulot, en me préparant à être assez seul (je ne suis pas trop là pour me faire des amis ça ne serait pas bon pour ma mission), en étant assez distant. Il m'a dit "je crois que c'est un effet de la voie". Pas le fait d'être seul. Plutôt le fait de garder les gens un peu à distance.

Dans un sens c'est très bien : c'est plus facile de raccourcir la distance, de devenir plus familier, que de faire le contraire. Et peut-être est-ce en effet un premier résultat visible de la voie que je ne mette pas autant d'affect dans le boulot qu'avant. Je ne sais pas trop.

En attendant ça m'énerve toujours autant ces jacasseries dans le couloir. Pas zen du tout moi.

l'ermite et le cordonnier

Hier soir un frère m'a raconté une histoire que j'avais déjà entendue mais dont je ne me souvenais pas en détail. C'est l'histoire de deux frères ; l'un d'entre eux décide, pour se rapprocher de Dieu, de partir dans la montagne et d'y vivre en ermite. Son frère décide plutôt de vivre dans ce monde. Il devient cordonnier, prend femme, fait des enfants.

Les années passent, et au bout de 20 ans, l'ermite se dit qu'il devrait rendre visite à son frère. Les années loin du monde lui ont donné des pouvoirs incroyables : il dompte les animaux par exemple. Il arrive ainsi en ville pour voir son frère monté sur un lion. Tout le monde s'enfuit à son approche, mais le lion est docile comme tout.

L'ermite arrive enfin à la boutique de son frère. Ils sont très heureux de se revoir, se racontent leurs vies, prennent des nouvelles. L'ermite explique les merveilles qu'il a obtenues de Dieu grâce à son isolement. Le lion est sagement assis dans un coin de la boutique de son frère. L'ermite fait un geste, et une jarre d'eau se soulève en l'air et se retourne sans que l'eau ne s'en échappe.

Le cordonnier est tout épaté. Il demande à son frère de lui garder la boutique en lui expliquant qu'il a une course à faire en ville. En fait il reste dans le coin pour observer. Une femme entre alors dans la boutique, et n'y voyant que l'ermite s'adresse à lui pour réclamer une paire de chaussures qu'elle a données à réparer.

L'ermite s'éxécute. La femme demande alors à essayer les chaussures. L'ermite, en lui passant une chaussure au pied, aperçoit un morceau de cheville. Et là patatras, le lion se met à rugir et toute l'eau tombe de la jarre qui tombe aussi et se brise par terre !

Je vous laisse tirer la morale de tout ça. Dieu n'a pas voulu qu'on vive à l'écart du monde. Hum je suis de plus en plus donneur de leçons va falloir que je me calme. Disons que cette histoire m'a fait marrer.

11.5.05

istighfar

L'istighfar c'est le repentir en Dieu. Dans plein d'invocations on dit "astaghfirullah" ce qui veut dire "je me repens en Dieu". Je crois qu'il doit y avoir un hadith qui dit qu'il faut se repentir en Dieu 70 fois par jour. J'ai même lu que la poitrine du Prophète faisait un drôle de bruit tellement sa crainte et son repentir étaient grands.

En même temps (dans ma compréhension des choses à moi), repentir n'est pas la bonne traduction. Hum je sais pas trop comment démarrer mon explication. Voilà : en Islam, il n'y a pas de péché originel. Pas que la culpabilité n'existe pas, mais pas au sens judéo-chrétien disons (fouya je me mets à parler en pontifiant...).

La chute d'Adam est vue par l'islam comme une grâce que Dieu a faite à l'homme : comment l'homme pourrait-il s'élever s'il n'avait pas chuté ? Adam était bien au chaud près de Dieu, et il n'a pas pu chuter sans que Dieu provoque sa chute puisque Dieu est tout-puissant. D'où cette idée de grâce ; l'homme peut ainsi s'élever, cheminer vers Dieu.

Naturellement il y a un côté injuste : on était si bien, pourquoi nous infliger ça ? C'est ainsi. Et mon point c'est surtout d'insister sur le fait qu'il n'y a pas le péché originel. Bon j'entre pas dans un débat théologique qui me dépasserait sur la responsabilité, le libre arbitre et tout ça. On est responsable de nos mauvaises actions même si Dieu a tout écrit.

Tout ce long préambule pour en arriver à ça : pour moi l'istighfar c'est le rappel, le retour à Dieu. Ce n'est pas simplement la repentance au sens "oh mon Dieu pardonne moi j'ai péché", c'est quelque chose de beaucoup plus euh profond. Je suis pas forcément bien savant pour parler de ça, mais c'est ce que je pense. En quelque sorte ça consiste à se rappeler que tout vient de Lui et que tout y retourne comme le dit le Coran. C'est comme qui dirait une autre forme de dhikr.

Hum comprenne qui pourra...

travail

Je m'y attendais mais depuis que je retravaille j'ai moins de temps pour la contemplation. Pas facile. Je suis très peu seul, et quand j'invoque j'ai du mal à me concentrer (bon ça c'était déjà le cas avant).

A Téhéran j'avais emmené les Hikam de Ibn Ata Allah et un livre d'Abd al Qadir al Jilani, mais je n'ai quasiment pas eu une minute à moi. Donc j'ai très peu lu. En fait il faudrait que je prenne du temps pour juste méditer un peu. Mais bon pas de panique je suppose que je vais me faire à mon nouveau rythme de vie.

C'est paradoxal : j'ai un peu peur d'être seul, je cherche à remplir mes soirées, mon temps libre, et pourtant... c'est quand on est un peu seul qu'on peut prendre le temps de se vider. Hum pas très clair ce que j'essaie d'expliquer. Disons que j'ai besoin de trouver un équilibre entre le monde concret et le temps pour Dieu. C'est pas top de penser à quelle cravate je vais mettre pendant que je fais mes invocations le matin. On verra bien, ça fait si peu de temps que j'ai repris le boulot...

nouveau blog

J'ai ajouté dans les liens un blog d'un frère (je crois qu'il est du Sénégal) : skylight. Il cite notre sheikh dans son blog, donc c'est au minimum un sympathisant !

Marrant comme on croise sur internet des gens du monde entier qui cheminent.

shi'ites

Qu'on ne se méprenne pas : j'ai eu un choc en voyant à quel point l'atmosphère était peu spirituelle du peu que j'en ai vu à Téhéran, mais ça ne veut rien dire concernant ce que je pense du shi'isme. D'une part je connais pas trop le sujet. D'autre part je suis mal placé pour juger.

J'ai déjeuné hier avec un frère qui n'est pas dans la voie. Il me parlait du paradis, de l'enfer... j'ai repensé à ça : pour moi seul Dieu jugera. Je suis malheureux quand j'entends des musulmans dire que seuls les "vrais" croyants iront au paradis. Bon déjà le paradis j'ai du mal à visualiser ce que ça peut être. C'est tellement au delà de notre compréhension...

Et puis j'ai repensé à ces paroles d'une chanson de Marvin Gaye, qui disent "who are they to judge us, for only love can conquer hate". Bon ça parlera pas à tout le monde mais moi ça me parle. Le "love" en question c'est évidemment l'amour divin. Enfin à mon avis.

Pour revenir aux shi'ites, je ne sais pas trop quoi dire sinon que ce sont des frères. A vrai dire mon seul regret sur Téhéran c'est de ne pas avoir pris le temps d'aller dans une mosquée.

10.5.05

religion soufie ?

Pfff... l'autre jour j'ai discuté avec un frère ; il s'était fait donner un prospectus euh disons salafiste et m'en a traduit un bout. Bon les salafistes pour des raisons qui m'échappent critiquent énormément les voies spirituelles. Et puis sur le mot soufisme vu qu'il est utilisé à tort et à travers faut faire attention.

Mais bref : dans ce prospectus, on parlait de "religion soufie". On les voit venir avec leurs gros sabots : en gros ce serait une religion à part. Bon si ça peut convaincre des gens qui sont déjà convaincus que voie spirituelle = enfer assuré après tout c'est leur problème. Dieu guide qui il veut comme il veut. Mais s'ils savaient... une voie soufie c'est avant tout l'Islam. Sur le plan spirituel je suis musulman avant toute chose. Ma religion c'est l'Islam, il se trouve que je la pratique dans une voie soufie. Voilà.

Hum d'habitude je polémique pas sur ce sujet, mais là ça m'est revenu en mémoire et d'un coup ça m'a énervé.

l'effet magique du chapelet

Je sais c'est pas forcément très bien pour les gens à qui je fais ça mais tant qu'ils ne se rendent compte de rien... Voilà : depuis quelques temps, quand je discute avec quelqu'un et que ce qu'il me raconte me saoule, je mets ma main dans ma poche et je commence à faire un peu de dhikr.

Bon ça veut pas dire que je peux pas être attentif : il m'arrive de faire du dhikr en discutant avec quelqu'un d'un sujet qui m'intéresse. Mais si c'est un raseur (et il y en a) ou si c'est comme hier soir mon père qui m'explique une manip obscure qu'il a faite avec des actions de son ancienne boîte ben le chapelet et le dhikr c'est assez magique.

décadence ?

J'ai parlé de ce frère canadien qui tenait un stand de livres spirituels en anglais. Comme je lui parlais du fait que je ne sentais pas vraiment souffler la foi à Téhéran, il m'a dit "oui ici c'est décadent mais à Qom (la grande ville sainte d'Iran) c'est différent".

C'est pas tellement en termes de décadence que je raisonnerais. Je crois bien que la foi ça ne s'impose pas de l'extérieur. C'est compliqué bien sûr. Mais je constate que le régime iranien n'a pas mis les jeunes à l'abri des tentations matérialistes, au contraire. Ironie de l'histoire ? Je sais pas trop.

En fait ça m'a fait penser à l'Algérie : une révolution confisquée par une oligarchie. La dimension religieuse n'a pas vraiment d'importance je crois. On pourrait comparer à la Chine aussi. Se méfier des comparaisons bien sûr mais ce que j'essaie de dire c'est que le régime islamique ne me semble pas religieux au sens où je comprends la religion.

C'est toujours ce vieux débat sur la tradition, sur le fait qu'on peut dans la voie être "le fils de l'instant" c'est à dire adapté au monde moderne, tout en étant proche de l'esprit des origines de l'islam, et donc de la tradition dans ce qu'elle a de plus pur. Mais ça c'est un autre sujet.

dîner et préjugés

Samedi soir avant de prendre l'avion on a dîné chez euh on va dire un membre de la représentation diplomatique française là bas. C'est incroyable comme chez des gens qui vivent sur place il y a des préjugés sur l'islam. Comme je buvais pas j'ai eu droit à une vanne : "aha monsieur est islamique (sic) c'est pour ça qu'on nous l'a envoyé ! hahaha". Pfff. Quel naze.

Mais c'est surtout d'autres choses. Une femme qui vit là bas m'a parlé à un moment avec horreur des "sectes soufies" (sic... pas que le tasawwuf soit si présent là bas d'ailleurs). J'ai pas pu m'empêcher de sourire. Ou alors j'ai entendu parler de "propagande verte" ou de "prosélytes islamistes" à propos de gens qui vendent des livres religieux comme le Coran.

Bon c'est sûr que l'Iran fait pas forcément une super pub à l'islam. Me sont revenus ces mots de je ne sais plus quel converti célèbre qui disait "heureusement que j'ai connu l'islam avant de connaître les musulmans". Autre discours que j'ai entendu : tout ce qui consiste à opposer une civilisation perse "supérieure" à une dégradation qui aurait eu lieu depuis l'islam et les arabes. Pfff. Que répondre... C'est sûr que la Perse c'est une civilisation pas croyable, mais pourquoi opposer ça et l'islam ? C'est un peu bizarre.

origines

J'ai parlé de cette femme iranienne avec qui j'ai pas mal discuté dans l'avion. Elle m'a énormément touché. Je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais j'ai trouvé qu'elle avait une sorte de grâce.

A un moment je me suis demandé pourquoi son visage m'était aussi familier, et puis j'ai compris : elle ressemble à ma grand-mère lorsque celle-ci était jeune. La mère de ma mère. Glurps. Les mêmes grands yeux tendres et un peu tristes. La même couleur de cheveux. Le même visage. Pas étonnant que je pense à mes origines.

image non souhaitée

Ca a beaucoup fait rire quelqu'un à qui j'ai raconté ça, mais voilà : ça date d'avant l'Iran, de longtemps en fait. Il m'arrive, lorsque j'essaie de penser au visage du sheikh, d'avoir à la place le visage de... Khomeiny !! La honte. Je me demande ce que j'ai fait pour mériter ça.

Encore que... Khomeiny, dans sa jeunesse, était plutôt mystique. Il a même je crois fait un mémoire sur Ibn Arabi il me semble. Faudra que je retrouve l'info. C'est sûr que sa révolution ça a été moins spirituel on va dire.

Pour revenir à moi c'est quand même bizarre que j'aie son image qui m'apparaît. Faut que je m'oriente mieux.

manque

Les frères me manquent. Déjà 10 jours que je ne les ai pas vus, et du coup je m'impatiente. Qu'est-ce que ce serait si je partais 3 semaines !

Je ne sais pas trop quand ni comment j'aurai le temps de parler plus de Téhéran, vu comment ça a l'air de mal marcher pour moi le site de blog... on verra, à la grâce de Dieu.

décidément

Je ne sais pas trop pourquoi mais depuis quelques temps j'ai décidément beaucoup de mal à mettre en ligne. Je m'en excuse auprès de mes lecteurs. Je ne sais pas pourquoi ça marche aussi mal... peut-être la connexion du boulot.

9.5.05

mahabba encore...

Je reçois à l'instant un mail du frère d'Afrique du Sud dont j'ai déjà parlé. Ca m'a beaucoup ému : c'est quelqu'un de si gentil, de si doux... quand je pense qu'il va peut-être un jour y avoir un groupe de frères là bas grâce à lui !

C'est marrant je pensais à lui ce matin. J'espère avoir l'occasion de le revoir. Comme il me le dit dans son mail, la distance ne compte pas dans les relations entre Amoureux de Dieu. Hum ça sonne mieux en anglais. Pas grave.

rien ne tombe des arbres ?

Il y a plein d'adages sur le sujet. C'est un peu comme le "aide toi le ciel t'aidera". Je crois bien que c'était l'imam Omar qui disait que les choses ne tombent pas des arbres. Ca veut dire que même si tout est écrit, il faut quand même se bouger.

Il y a quelques jours, j'étais à une terrasse en train de parler de ça. Au moment où j'ai dit "rien ne tombe des arbres" une feuille s'est posée dans mon assiette. Si c'est pas joli ça. C'est un signe ou je n'y connais rien. Un signe qui me dit "ferme la avec tes grandes phrases" ?

Ou peut-être que c'est un signe qui dit "prends ce que tu as sous les yeux et profite de ce que la vie te donne". Je sais pas trop.

6.5.05

live from Tehran

Ouf enfin un moment libre pour poster. Va y avoir du compte rendu au retour. Euh comment on va dire... terre de contrastes ? C'est difficile de se faire une idee en si peu de temps mais c'est quand meme un choc (salete de clavier anglais sans accents...).

Ca ne vaut surement que pour le peu que j'ai vu, mais voila : je m'attendais pas a voir un pays aussi peu religieux, aussi peu spirituel. On a l'impression que c'est encore plus materialiste que chez nous. Je reviendrai la dessus, c'est assez trouble dans ma petite tete. J'ai vu personne prier. Au salon auquel je participe il y a des centaines de milliers de visiteurs, surtout des jeunes. Je fais pas de dessin. A vouloir obliger les gens, je crois qu'on les eloigne de Dieu. Bon je dis ca avec toutes les reserves liees a mon peu de savoir, c'est juste un feeling.

Bon c'est d'une banalite affligeante ce que je raconte mais quelle baffe... Bon par ailleurs c'est un pays qui a l'air genial, les gens sont incroyablement accueillants, et si je ne passais pas autant de temps avec des francais qui ont la bouche pleine d'idees recues sur tout je serais super content.

Reste que je me sens presque physiquement loin de Dieu. Peut etre est-ce la solitude, je ne sais pas trop. Marrant j'ai discute avec des freres canadiens qui vendent des livres sur le soufisme... Tout ca se bouscule. Je pense beaucoup a ce hadith si beau qui dit que l'amour pour ses origines est une des bases de l'Iman. Je pense aussi a celui qui dit que le paradis est sous les pieds de la mere. Hum je melange tout. Faut dire que j'ai des journees tres tres longues ici.

Dans l'avion j'ai discute avec ma voisine : irritante au premier abord, avec plein de tics de californien, et puis en fait une femme adorable avec un coeur enorme. Du coup le vol est passe tres vite. On a parle de foi (elle ne pratique pas vraiment mais elle a Dieu dans le coeur et c'est beau)... je lui ai cite un truc d'Ibn Ata Allah qui lui a mis les larmes aux yeux, elle m'a predit deux enfants... bizarre les rencontres : comment croire au hasard ? Mais bon ca c'est encore un autre sujet. Je detaillerai cette rencontre aussi au retour.

Ah pour l'anecdote un truc marrant : j'ai encore ete interviewe par la tele. Decidement... bon la c'etait pas pour parler de la tariqa c'etait pour le boulot mais c'etait drole. Tention a mon nafs.

2.5.05

départ en Iran

Si tout se passe bien (visa) demain je pars. Retour en ligne lundi prochain en principe insha Allah.

vengeance divine ?

J'ai parlé ici de ce pote avec qui je me suis engueulé après avoir travaillé pour lui euh disons sans rémunération. Bref. Une histoire qui m'a apporté et coûté aussi. Il n'a pas été trop cool avec moi sur la fin, même si ça a été un mal pour un bien puisque je suis dans une situation meilleure aujourd'hui.

Là il m'appelle il a besoin d'infos il a crashé un ordinateur de sa boite et s'est fait voler l'autre. Vu comment il m'a parlé la dernière fois qu'on s'est vus j'avoue (je sais c'est mal) que je me suis dit que c'était pas volé. Presque comme si Dieu m'avait vengé.

Mais je devrais pas faire le malin. Et ce sentiment de "vengeance" montre bien que j'ai un long, très long chemin à faire. Qui m'a dit que dans cette voie à chaque fois qu'on croit avoir avancé un évènement vient nous rendre à notre état de débutant ?

retraite

Hier on a eu un truc qu'on fait de temps en temps : i'tikaf. Ca veut dire une retraite. Concrètement on invoque en silence pendant plusieurs heures. J'avoue que j'ai eu du mal à me concentrer. Ca viendra avec le temps j'imagine. J'ai même trouvé le temps long à un moment.

Quand on fait du dhikr longtemps, c'est assez bizarre. Par moments le temps passe très vite, par moments on réalise qu'on est là alors que l'esprit voguait depuis un moment. C'est difficile à décrire. Ca doit être pareil dans la méditation zen j'imagine. Pas facile de faire le vide. Et puis il y a cette histoire d'orientation, si délicate à sentir.

En fait sur la concentration je suis partagé : par moments je suis en colère contre moi-même, je me dis que je ne fais pas assez d'efforts pour chasser les pensées parasites, que je fais mes pratiques "en automatique" sans vraiment me donner. Et puis à d'autres moments je me dis que la concentration viendra d'elle même, que si je regarde le chemin parcouru depuis le début j'ai avancé.

Je dois me répéter mais il faut de la patience. Et si par moments je me demande ce que je fais là eh bien c'est pas grave. Si je suis là c'est qu'il y a une raison.

travail

J'en parlerai pas trop ici : c'est pas le sujet de ce blog. Mais voilà : nouveau travail depuis une semaine. Ca fait bizarre de retravailler, et par ailleurs c'est un peu le bronx ici comme je le pressentais.

Mais bon... ça doit faire partie de l'éducation que Dieu m'envoie. Régler des conflits, faire le diplomate, être ferme si nécessaire... tout un programme. En réunion il m'est déjà arrivé de réciter mentalement "la ilaha illa Llâh"... d'ici à ce que je dise aux gens d'ici de faire du dhikr pour se calmer !

Demain je pars à Téhéran pour 4 jours. Pas de blog pendant ce temps (sauf miracle). Mon visa n'est toujours pas prêt, mais je prends ça avec décontraction.

Au passage le fait que je tombe justement sur ce boulot, et le fait qu'on me demande immédiatement de partir à Téhéran, ça vous semble pas bizarre ? Y aurait une intervention de là haut que ça ne m'étonnerait pas.

Effet de la voie ? Les tensions qu'il y a ici me touchent peu pour le moment. J'ai l'impression que les plaintes que j'entends ici sont euh... un peu exagérées. Des trucs d'enfants gâtés. Mais faut les entendre quand même et les prendre très au sérieux. Disons qu'il y a plus malheureux que les gens qui travaillent ici.

subha

La subha c'est le chapelet. Dans la tariqa on utilise un chapelet particulier, mais énormément de musulmans en ont un. Aujourd'hui je l'ai pris avec moi. Pas sans raison. D'habitude je le laisse à la maison. Ca sert essentiellement à compter les centaines de "la ilaha illa Llâh".

Et puis là vendredi j'ai discuté avec un frère ivoirien, un "papa" en quelque sorte. Il est si simple et si solide en même temps ! Il m'a dit "ah mais il faut avoir son chapelet toujours toujours avec soi ! Un homme sans son chapelet c'est comme un guerrier sans fusil !".

Alors voilà. J'ai ma subha avec moi.

l'amour de chez soi

J'espère qu'il va y avoir un érudit parmi mes lecteurs pour m'aider là. J'ai parlé de ce frère anglais que j'ai rencontré à Mdagh, qui est dans la voie depuis 1971. A un moment on a eu une discussion fascinante sur pas mal de sujets, et notamment sur les "racines".

Pas les "racines" dans un sens étriqué. Il m'a cité un hadith qui dit plus ou moins : "l'amour de chez soi est une des bases de l'Iman". L'Iman c'est la foi. L'amour de chez soi peut se comprendre comme l'endroit d'où l'on vient, et plus généralement ses origines. Etrangement ça me rappelle cette idée de retour à l'enfance, à la source, qu'il me semble éprouver dans la voie.

Ca veut dire aussi qu'il n'y a pas de vraie foi sans fondations, sans point d'appui. Naturellement dans la communauté il y a des déracinés, soit des gens originaires de pays musulmans qui vivent ici, soit des convertis qui se détournent de leur famille, de leur culture. Or ce hadith le dit bien : Il n'y a pas de raison de renier qui on est. Hum c'est un vaste sujet je ne sais pas trop comment en parler.

dîner vendredi

Vendredi soir le frère australien que j'aime beaucoup a offert un dîner chez lui. Un festin devrais-je dire. On était 8 ou 9, et j'ai cru un instant qu'on était revenus à Madagh.

Comme d'habitude quand on discute entre frères je ne me rappelle pas du détail des discussions. Un hadith me reviendra sans doute à l'occasion. Ce n'est pas juste la chaleur humaine qui m'emplit, c'est autre chose. Si on m'avait dit il y a un an que je me sentirais chez moi, à ma place, au milieu d'un groupe de frères en train de parler de religion...

Je crois bien que c'est dans la Futuwah qu'il y a des passages très beau sur le fait que le beau comportement, le bel agir, c'est aussi d'aimer ses frères, au point de se sentir déchiré quand on les quitte.

blogger...

Ca marche pas bien cette histoire... 10 jours que j'ai un mal fou à poster. Peut-être est-ce un signe de Dieu pour me dire "au boulot, on arrête de blogger" ? Allez savoir.

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