31.8.05

c'est dingue la vie

Et voilà... ce matin j'étais sur mon petit nuage, content de moi etc... Et paf en fin de matinée j'apprends que le partenaire informatique avec qui on travaille (il me faudrait 10 pages pour parler de lui mais euh disons que c'est un type compliqué) est fâché contre moi.

Je l'appelle et là... au secours ! Il me traite de tous les noms, me menace, me dit de prendre un avocat, m'explique que je suis un monstre et que je devrais aller aux prudhommes pour le savon que j'ai passé à une des personnes de mon équipe (je rappelle que ce type ne bosse pas chez nous mais bref...).

Après ça il me dit qu'il a enquêté sur mon passé, qu'il va monter un dossier contre moi, et qu'il dit tout le mal qu'il peut à tous les gens qu'il connaît sur moi. Puis il me dit que si jamais il me croise il va me coller la gifle de ma vie...

Wow wow wow on se calme ! Je savais que ce type m'aimait pas trop (en gros il fait ce qu'il veut depuis des années et il ne voit pas mon arrivée d'un bon oeil). Mais de là à en arriver là... subhan allah... Je vais pas entrer dans son jeu. Il a décidé avant même que j'arrive que je n'existais pas.

Mais quand même... j'avoue que j'ai jamais vu ça. En attendant ça m'a bien fait redescendre de mon petit nuage.

Heureusement déjeuner avec mon ami sénégalais qui est en visite en France. Il m'a sagement dit de ne pas entrer dans une guéguerre qui n'aurait aucun sens. En gros on discute pas avec un fou furieux.

J'ai oublié de préciser que naturellement on est pieds et poings liés avec ce partenaire. Bon tout ça n'est pas très euh spirituel, ce sont que les péripéties de ma petite vie de bureau, mais c'est assez dingue.

PS après semblant d'enquête : apparemment de ce que j'ai pu comprendre ce type pense que j'ai commis une terrible malversation dans un ancien job, ruinant au passage un de ses amis. Hébé. Dans un sens je suis rassuré. D'un autre côté c'est pas super marrant. Si seulement je savais de quoi il peut bien s'agir...

Hum c'est de moins en moins soufi mon blog... pas grave.

un aphorisme au hasard

On m'a donné un chouette truc : c'est un petit programme qui permet de lire soit dans l'ordre soit au hasard les aphorismes (hikam) de Ibn Ata Allah. Si ça intéresse un de mes lecteurs d'ailleurs...

Le tirage "au hasard" est rigolo. Pour aujourd'hui ça donne ça :

"Dieu a caché les Lumières du tréfonds des coeurs sour le voile épais des apparences afin de préserver leur splendeur de se commettre par leur apparition, et pour qu'elles ne soient pas vulgarisées."

Bon je démarre pas chaque journée en sortant du chapeau un petit aphorisme pour la route. C'est juste aujourd'hui. On dit souvent que le soufisme ça consiste à enlever les voiles qui obscurcissent notre être. Un peu comme on enlèverait les couches de peau d'un oignon.

Hum je m'embarque dans des trucs parfois... je sais pas trop comment le dire mais l'idée c'est celle d'un retour à quelque chose qu'on a toujours eu en soi. Et il faut creuser pour aller trouver ça.

J'aime bien l'image des peaux d'oignon. Pas parce que l'oignon fait pleurer hein. Mais parce que quand on pèle un oignon il reste en apparence pareil. Et aussi parce que j'aime l'idée qu'on ne gagne pas des choses en cheminant. On se contente (si Dieu le veut bien) de se débarrasser de choses inutiles.

En gros tout est déjà là. Faut juste aller le chercher. Au boulot !

vivant

Je me sens drôlement vivant ce matin. En plus c'est la crise au boulot, c'est assez speed. J'ai du mal à me concentrer pendant le dhikr en ce moment (par moments j'ai l'impression que j'y arrivais mieux il y a 6 mois !), mais bon ce matin c'était bien.

Paris en ce moment... je sais que c'est pas euh... islamiquement correct ce que je vais dire mais bon tant pis ; il y a plein de jolies filles partout, et c'est agréable à voir.

Demain c'est la rentrée pour le groupe "du jeudi" (un tout petit groupe avec qui on se réunit, parfois chez moi, en dehors des "grosses" réunions à la zaouia). Je suis heureux comme tout de revoir les frères que j'ai pas vus depuis un mois et demi.

Bon tout n'est pas parfait. Mais par rapport à il y a un an j'ai l'impression que je goûte plus la beauté de tout ce qui nous entoure (là je parle pas des filles hein). Pourvu que ça dure.

30.8.05

amour filial

Pour les anglophones, un très beau post sur truth&beauty. Je n'ai pas des rapports très simples avec ma mère (même si nous sommes proches). Disons que dans la famille on a du mal à montrer ses sentiments. Elle même est un peu en froid avec sa propre mère.

En lisant ce post je pensais à ma famille, aux idées qu'on se fait, aux reproches qu'on peut nourrir. C'est difficile d'admettre que nos parents sont des gens comme les autres, avec leurs failles, leurs faiblesses. Et ne pas admettre ça empêche aussi d'apprécier leurs qualités, leurs réussites à leur juste valeur.

Je ne sais pas trop... les parents font comme ils peuvent, se débattent, et eux aussi ont eu leurs démêlés avec leurs propres parents. Le post de truth&beauty est émouvant pour ça : il montre à quel point on peut avec le temps changer d'avis, accepter ses proches comme ils sont, et les admirer pour des choses qu'on leur a reprochées pendant des années.

Je n'en suis pas là, faut pas pousser. On m'a dit plein de fois que le fait d'être dans la voie nous rapproche de nos parents. Et quand je constate que certains convertis sont brouillés avec leurs parents à cause de ça, ça me déchire le coeur. Voie ou pas voie d'ailleurs on peut se rapprocher des siens. Mon frère est par certains égards plus avancé que moi sur ce chemin...

Je traîne depuis des années un gros boulet : je me suis fâché avec la famille de ma mère (c'est des Russes, faut reconnaître qu'ils sont assez spéciaux mais bref), et du coup je ne vais plus voir ma grand-mère. Dans ces cas là plus le temps passe et plus on a de mal à renouer. Mais je m'en veux. Elle n'y est pour rien si je ne supporte pas mes oncles.

Pendant pas mal de temps je n'y pensais pas trop, et puis là en ce moment ça me travaille. Je vais pas dire que c'est un effet du dhikr, ce serait présomptueux. Mais c'est là. Et c'est à moi de faire le pas. Personne ne le fera à ma place.

Il y a deux ans j'avais pris 3 résolutions. Je sais ça paraît bête. Voir un psy, c'est fait. Me rapprocher de mon frère, c'est fait (ou en cours... je crois bien en tout cas être plus proche de lui qu'il y a deux ans). Me remettre au sport euh... raté. Mais c'était pas la plus importante des trois.

Je voudrais trouver la force d'aller voir ma grand-mère. C'est marrant : quand j'ai réfléchi à mon enfance sous l'angle spirituel, je me suis rendu compte que c'est chez elle que j'avais entendu parler de Dieu en premier. Les autres branches de ma famille sont athées.

L'autre jour d'ailleurs j'ai dit un truc qui a fait sourire ma mère. Elle pensait pas que j'aie retenu ça de mon enfance. C'est une expression russe qui dit (je le fais en phonétique) "tchiort vazmi". En français ça serait "le diable m'emporte", on dit ça quand on a une petite contrariété. Il y a aussi "boje moï", qui veut dire "mon Dieu".

Hum tout ça me ramène à l'amour des racines... pas simple tout ça. Il y a quelques mois (j'en avais parlé ici) j'avais rêvé que j'avais un fils. Dans le rêve ça se passait dans un paysage très russe (bouleaux, lacs gelés, neige).

Bon en même temps je crois que si ma grand-mère apprenait ma conversion ça lui ferait pas vraiment plaisir. Mon grand-père de son vivant était euh disons pas super tolérant. Je n'ai pas l'impression qu'il était croyant. Mais au fond je n'en sais rien.

29.8.05

pas assez rapide petit scarabée

Bon pour ceux qui connaissent pas la série Kung Fu faut peut-être que j'explique. Dans la série, le héros avait tout le temps des flashbacks (filmés en flou tout pourri façon David Hamilton) sur sa formation loin là bas avec son vieux maître aveugle.

Le maître posait un caillou dans sa main, et l'élève devait l'attraper. A chaque fois la main du maître se refermait sur le caillou, et le maître disait la phrase culte "tu n'es pas encore assez rapide petit scarabée".

Tout ça pour parler d'un sujet sérieux : la perplexité. Ce n'est sûrement pas unique mais on dit souvent dans la voie qu'alors qu'on croit avoir compris quelque chose, avancé, on se retrouve brutalement ramené en arrière.

Ces derniers temps j'avais l'impression d'avoir gagné en sérénité. Mon chagrin d'amour me paraissait un peu passé, je me disais que je relativisais, que j'allais de l'avant, etc...

Mais (sans même parler de mes colères à répétition qui montrent une grande sérénité) j'ai eu un brutal rappel à l'ordre. Un ami m'a proposé d'assister à une fête ; il m'a montré le plan d'accès pour y aller, et vlan : c'est exactement dans le quartier où habite la jeune femme que ... qui ... enfin bref ça m'a fait drôle.

On croit maîtriser... pfff... la dernière fois (tout récemment) que j'avais cru être aux commandes, un signe m'avait déjà rappelé à quel point on ne contrôle rien du tout. Hum je dois pas être bien clair. Pas grave.

Pour revenir à mon sujet, je suis comme le petit scarabée. Je crois bien que dans la série le message c'était ça : tant qu'il essayait d'attraper le caillou c'était peine perdue. Peut-être qu'un jour on lâche prise. Faut que j'y réfléchisse.

paroles

Le frère que j'aime beaucoup avec qui je suis parti au Maroc est en Mauritanie pour le boulot. Il m'envoie un petit mail, avec une citation de paroles du sheikh de notre voie que je trouve très belles. Voilà ce que ça dit :

"Le dhikr te permet de discerner le hallal du haram. Chacun a un chemin propre et arrive par une porte qui est la sienne. Chacun a un maqam qu'il atteint une fois dans l'au-delà. Chacun a l'ouverture qui lui est propre : celui là voit le sheikh dans chaque disciple, celui là voit le Prophète… Il faut faire son dhikr sans rien chercher, sans comparer, sans chercher à évaluer les résultats."

Un maqam c'est une station spirituelle ; un peu comme une étape dans la progression. Ce frère m'a dit que ces paroles lui faisaient penser à moi. Il doit y avoir un message.

lecture qui fait mal à la tête

J'ai commencé un bouquin qu'on m'a prêté, l'Islam mondialisé d'Olivier Roy. En gros ça traite des mouvements politiques dits islamistes et du renouveau d'un islam qui en quelque sorte s'adapte à la modernité "occidentale". Hum. Je sais pas trop quoi en dire, sinon que ça fait mal à la tête.

Je reviendrai là dessus si j'arrive à capter quelque chose.

dépannage informatique

On voit souvent des bagnoles mal garées avec un écriteau sous le pare-brise qui dit "en livraison" ou "en panne" ou "je reviens de suite" pour éviter de prendre un PV.

Ce matin en arrivant au bureau j'ai vu un truc qui m'a bien fait marrer. Il y a un pressing pas loin du bureau. Une Mercedes vitres fumées, assez luxueuse d'aspect était mal garée pas loin. Avec un écriteau "en dépannage informatique au pressing". Imprimé hein, pas écrit à la main ! N'importe quoi !

L'imagination des gens... je rigolais encore tout seul en arrivant au travail.

samedi avec mes amis

Samedi après midi j'ai passé la journée avec un couple d'amis que je connais depuis... un bon bout de temps. J'ai été le témoin de leur mariage, je suis le parrain d'un de leurs enfants. Ils vivent à l'étranger depuis un an, aussi les voir m'a fait très plaisir.

J'avais parlé de la voie à mon ami lors de sa dernière visite, mais pas à sa femme (alors que c'est une amie très proche) ... C'est lui qui m'avait posé la question qui tue : "mais alors si je comprends bien tu crois en Dieu ?". Naturellement samedi on a parlé (entre plein d'autres choses) de la voie, de mon engagement. Mon amie était très curieuse de savoir, de comprendre.

On s'est baladés assez longtemps, et on a parlé de tout ça. Ca m'a paru tout naturel d'en parler... je n'ai pas échappé aux questions sur le cochon (!), et surtout elle m'a interrogé sur le rapport entre la spiritualité (ou la foi) et le rituel (les formes). Vaste sujet !

On peut bien sûr avoir la foi, vivre une certaine expérience spirituelle, sans le rite. Il se trouve que dans la voie que je suis, il y a un travail spirituel, c'est essentiellement de la pratique (le dhikr). Ce n'est pas très intello, ni théorique ou métaphysique. On invoque, et il se passe quelque chose à l'intérieur. Mais comment expliquer ça avec des mots ?

Après il y a l'autre aspect dans sa question : le rituel de la religion. Les 5 prières, le jeûne etc... J'ai lu ou entendu plein de fois que pour les convertis suivre la charia est quelque chose qu'on met en place petit à petit, non pas parce que c'est une obligation, mais parce qu'on en ressent le besoin intérieurement.

Je suis pas trop à l'aise pour parler de ça : j'éprouve parfois beaucoup de plaisir à prier, mais je suis encore un "très jeune" converti. On dit aussi dans la voie que le respect des formes extérieures permet de protéger le dépôt intérieur qu'on reçoit... là encore je répète ce qu'on m'a dit, mais je ne sais pas comment l'expliquer.

Je ne peux parler que de moi. Le fait est que petit à petit je suis de plus en plus "musulman". Et que je n'ai pas ressenti de difficultés jusqu'ici. Ca viendra forcément.

En tout cas cette amie m'a trouvé "serein". On a parlé du sens de la vie et toute cette sorte de choses. Si seulement j'étais serein tout le temps ! Y a carrément du boulot. Mais je n'ai senti de sa part aucun jugement, juste une curiosité teintée de beaucoup d'affection. C'est cool.

fichu caractère

Moi et mon caractère de cochon... je me suis encore mis en colère contre le même frère que le week end dernier, en discutant avec lui. Je ne sais pas trop pourquoi, c'est plus fort que moi. Je sais que la colère est mauvaise conseillère etc... Je me doute aussi que s'il me met en colère c'est que je dois voir en lui des choses qui me "parlent".

Qu'il me pardonne, mais je crois bien que si je le revois je vais à nouveau me fâcher. J'ai l'impression qu'il me juge, il me donne des conseils sans que je lui demande rien, il a un côté "je sais tout" qui m'énerve, en particulier quand on parle de la voie, etc...

C'est marrant ; ce n'est pas la seule personne au monde ni dans la voie qui m'énerve (Dieu sait que d'autres gens me font sortir de mes gonds), mais dans la voie c'est le seul avec qui je me sois disputé. Il y a sans doute une leçon à en tirer pour moi, mais je ne suis pas fier de moi.

Les "frottements" au sein de la voie arrivent. Et puis il y a un côté un peu particulier : je sais que les gens que je côtoie seront encore là dans 10 ans, dans 15 ans, etc... si de mon côté je suis toujours dans la voie eh bien je verrai ces gens pendant très longtemps. Il faut vivre avec.

Attention : ce qui nous lie c'est qu'on invoque ensemble, et qu'on suit le même enseignement. Ca ne veut pas dire qu'on doit tous s'entendre à merveille.

Il y a quand même un minimum : par adab (l'adab c'est le juste comportement) je devrais m'effacer plutôt que de me fâcher comme hier. Et le fait que je ne sois pas parfait (loin s'en faut !) n'est pas une excuse. D'ailleurs ça vaut évidemment pour tout le monde ; quand je m'énerve contre quelqu'un de ma famille ou contre quelqu'un du boulot ce n'est pas mieux.

On me dira sans doute que rien n'arrive par hasard, et que si ce frère qui m'irrite est sur mon chemin c'est qu'il y a des leçons pour moi, sur mon orgueil, mon arrogance, etc... Hum j'y verrai plus clair avec le temps.

26.8.05

hikam de Ibn Ata Allah et dhikr

Ca fait longtemps que je n'ai pas ouvert une page des hikam... ce livre est considéré comme un des plus importants sinon le plus important dans les oeuvres des maîtres soufis. Je réalise que ça fait longtemps que je ne l'ai pas ouvert, peut-être que les leçons qu'ils contient sont un peu "amères" ou difficiles à entendre pour moi en ce moment.

Les hikam sont de très courts textes (4 ou 5 lignes en général), avec un sens très profond. Je repense à ça à cause d'un commentaire d'un lecteur ici qui parle de la citation que j'ai mise en exergue du blog (sur le dhikr).

Je repense souvent à cette citation quand j'ai du mal à me concentrer pendant mon dhikr. En quelque sorte ça me "soutient". Je me dis qu'à tout moment il est possible que je parvienne à me concentrer mieux.

La concentration est un sujet un peu difficile : dans l'idée que je m'en fais il ne s'agit pas juste de penser à quelque chose en particulier, ni de chasser les pensées parasites : elles auraient tôt fait de revenir. Il y a aussi une sorte d'abandon... mais c'est difficile de décrire ça. Il n'est pas question de se "forcer" en quelque sorte.

C'est pour ça que cette citation de Ibn Ata Allah me parle autant... laisser les choses se faire. Il est beaucoup question dans ses paroles de se contenter de faire ce qui est demandé, et de laisser le reste à Dieu. Facile à dire. Quelque chose à voir avec le fameux "lâcher prise" ?

Une autre citation qui me revient (je cite de mémoire) : "L'inconscient est celui qui se demande ce qu'il va faire de sa journée, le sage se demande ce que Dieu va faire de lui".

25.8.05

ça fait toujours rire

Dictator Princess m'a fait l'honneur de me citer dans son blog. Du coup il y a quelqu'un aux Etats Unis qui a lu un de mes billets, en utilisant babelfish pour la traduction. Voilà le résultat.

Bon c'est super marrant à lire, mais dans le fond ça marche pas si mal. Quoique.

dîner marrant

J'ai dîné hier chez ma mère, y avait mon frangin, un ami sénégalais en visite en France et mon pote "spirituel" que j'avais invité à la dernière minute.

A un moment ma mère est partie dans un couplet (à l'usage de l'ami sénégalais) sur le thème : "tu sais, ce qu'on voit dans, par exemple (sic), les sociétés musulmanes traditionnelles, comme les filles battues par leurs frères si elles sortent avec un garçon, ou bien les femmes qui restent à la cuisine pendant que les hommes mangent dans la salle à manger, tout ça existait dans les pays de tradition chrétienne il n'y a pas si longtemps ! Donc ça va changer, ce n'est qu'une question de temps".

Bon y a plein de choses là dedans, je vais pas m'embarquer dans des débats sur l'histoire, le machisme de certaines sociétés, etc... il me semble que c'est assez compliqué. Ma mère a complété en disant à notre ami sénégalais "toi c'est pas pareil tu es un urbain évolué !" (re-sic). Je suis pas sûr que ça soit très adroit de dire ce genre de choses mais bref... ma mère a tout un tas de qualités mais parfois pas trop de tact.

Attention je dis pas qu'elle considère les autres gens comme "arriérés", mais bon... Son point c'était en gros de dire que la situation faite aux femmes change avec le progrès. Pas grand chose à redire là dessus, si ce n'est que je ne suis pas sûr d'être d'accord sur le rôle de la religion dans tout ça. Religion et aspects culturels... c'est difficile à démêler.

Là où je me suis marré c'est que moi je disais rien pendant ce speech. Mon frère (qui sait que mon pote "sait" mais qui n'en a pas parlé avec lui) et mon pote (qui est dans la même situation) se sont quasiment mis (avec beaucoup de modération bien sûr) à la contredire, en disant en gros "ça n'a pas forcément grand chose à voir avec la religion". Moi je regardais mon assiette en me marrant.

Je ne dis pas que mon frangin et mon pote m'ont "défendu" ou ont défendu mes idées là dessus, ils sont assez grands pour savoir ce qu'ils pensent. Mais c'était super marrant de sentir qu'ils se disaient forcément que je n'entendais pas le discours de ma mère d'une oreille "neutre". Il y avait comme une sorte de complicité un peu gênée chez eux.

Peut-être que c'est moi qui me fais des idées. Par ailleurs à côté de ça le dîner était très chouette, très animé. Bon c'est sûr que je vais encore attendre pour parler de l'islam à ma mère. Mais là je me suis demandé si elle ne se doute pas de quelque chose. Il y a deux semaines j'étais sûr que non, aujourd'hui je ne sais plus trop.

Je ne suis pas pressé là dessus. Je me dis que ce sera plus simple si un jour je dis à mes parents "voilà ça fait 3 ans (ou 5) que je suis musulman", et si je les prépare petit à petit de sorte qu'ils sauront avant de l'avoir réalisé. Ils verront bien que je vis une vie tout à fait normale. Mais qui sait, ça arrivera peut-être plus vite, on verra bien. Hum l'outing c'est encore un autre sujet.

24.8.05

tracas du boulot

C'est vraiment Trafalgar ! Je pensais pouvoir souffler : la nana un peu manipulatrice est en congés longue durée, et les deux autres un peu chiantes qui forment un groupe avec elle sont en mission pour 15 jours.

Et paf ! Celle que je préfère dans toute mon équipe, avec qui je m'entends vraiment bien, me fait un caca nerveux. On se sent petit parfois.

Un de mes amis bien intentionnés m'a offert un petit livre qui s'appelle "coacher avec succès" ou un titre à la noix comme ça. C'est assez marrant il y a plein de formules creuses et des photos hilarantes de manager avec telle ou telle posture qui indique qu'il est positif et/ou ouvert, bref c'est archi nul mais poilant.

Je me demande s'il aurait pas dû m'offrir "coacher comme un gland" ou un truc du genre. Enfin... ça s'arrangera j'imagine.

50 fatihas pour ma grand-mère

Il y a près de 9 mois déjà, j'ai perdu ma grand-mère. A l'époque j'avais demandé à un frère de la voie si je pouvais faire quelque chose, prier pour elle. Je n'étais pas encore converti à ce moment, mais ce frère m'avait dit "tu peux dire 50 fatihas pour elle". Pour les non musulmans la fatiha est la première sourate du Coran.

Quelques jours après l'enterrement, j'avais passé du temps à me recueillir chez moi et j'avais (difficilement) récité les 50. C'était une façon de lui dire au revoir je crois.

Lors de mon récent séjour au Maroc, j'ai sympathisé avec un frère qui nous a donné un cours de fiqh. C'est un monsieur très doux, d'une gentillesse pas croyable, plein d'amour. Rien que de penser à lui me donne le sourire. Naturellement il est très savant sur les sciences islamiques.

A déjeuner, à un moment, j'étais assis à sa table et je lui ai raconté pour ma grand-mère et les 50 fatihas. Il m'a alors dit "ah mais non ça n'est pas possible on ne peut faire ça que si la personne qui est morte est musulmane". Il m'a dit ça avec beaucoup de gentillesse mais ça m'a troublé. D'autant que la personne qui m'avait conseillé de faire ça à la mort de ma grand-mère est quelqu'un qui connaît vraiment bien la religion.

Puis un frère français euh... disons expérimenté est venu me parler à part. Il m'a dit de ne pas m'en faire, et que ce que j'avais fait était tout à fait conforme à l'esprit de la religion. Apparemment il y a une contradiction. En fait pas forcément.

Pour le frère marocain, il faut comprendre le contexte : tout le monde ou presque est musulman au Maroc, donc un non-musulman est (je suppose) forcément un apostat. D'autre part il se place sans doute sur le terrain strict du droit.

Hum je vais pas m'embarquer avec mon maigre bagage sur la léicité de ce que j'ai fait. Mon point, et ce que m'a dit le frère français qui m'en a parlé, c'est que c'est surtout l'intention que j'avais eue qui "validait" ça (je sais pas si valider est le bon mot). Ca paraît bien sec pour parler d'un truc plutôt émotionnel, et je m'embrouille un peu.

On sait qu'en islam l'intention est essentielle. Ca ne veut pas dire qu'avec une bonne intention on peut faire n'importe quoi. Mais en l'espèce prier pour un être cher qui est mort même s'il n'est pas musulman je trouve ça bien. Et je le referai le cas échéant.

Alors que penser de ce frère marocain ? Qu'il est plus royaliste que le roi ? Je ne crois pas. Il voit les choses à sa manière. Je lui garde toute mon estime. Et Dieu est plus savant selon la formule consacrée.

23.8.05

amour

J'ai vu mon ami médecin (médecin ami ?) qui connaît bien la spiritualité. J'ai parlé de lui souvent dans ce blog. Je crois qu'il est athée. Mais il m'a sorti un truc qui m'a vraiment frappé. Il m'a dit "vous êtes plein d'amour, vous n'y pouvez rien, c'est un don divin".

C'est vrai que ce qui m'a attiré dans la voie c'est avant tout l'amour. Donner, recevoir, c'est difficile, mais cette conversation m'a beaucoup touché. Comme souvent je ne suis pas sûr d'avoir tout compris à ce qu'il m'a dit.

Tant pis si je suis impudique... il a ajouté : "votre problème c'est d'accepter ça". Accepter que je suis empli d'amour ? Hum. Ca m'a fait penser à un des fruits de la voie dont on parle souvent, et qui est le fait qu'on accepte mieux qui on est (j'en suis pas là, je rassure le lecteur). En attendant me voilà bien.

22.8.05

musulmans et convertis

C'est un sujet qui mériterait des pages et des pages, et je ne peux parler que du haut de ma maigre expérience, mais bon... Dictator Princess insiste pour que je donne mon point de vue sur la question, je vais faire de mon mieux.

Il se trouve justement que ce week end je me suis énervé contre un frère (qu'il me pardonne !) qui est né dans une famille musulmane. Et une partie de mon énervement vient de ce que quand je parle il réplique souvent "ah oui mais toi c'est différent".

Différent dans deux sens bizarrement. D'une part il me dit des trucs qui m'énervent du genre "ah oui mais toi tu ne parles pas l'arabe tu ne peux pas saisir toute la finesse de tel ou tel texte". Ce que ça peut me mettre en boule !

D'autre part il pense que c'est "différent" parce que comme je "découvre", tout serait tout beau pour moi, en quelque sorte je suis un peu aveuglé. Du moins c'est ce que j'entends dans son discours. En fait c'est certainement en grande partie dans ma tête, je ne pense pas qu'il ait l'intention de me rabaisser. Ca a à voir avec l'orgueil, avec le fait que les frères sont des miroirs pour nous et toute cette sorte de choses que je ne développerai pas aujourd'hui.

Mais d'où vient alors que ça n'arrive pas avec les autres frères de familles musulmanes ? Je n'en sais trop rien. Et c'est là que mon expérience est "courte". DP raconte très bien sur son blog qu'il lui arrive des tas d'histoires avec des soeurs qui ne l'acceptent pas vraiment (qu'elle me pardonne si je trahis sa pensée).

Pour moi qui ne connais que très peu de musulmans en dehors de la voie, je ne sais pas trop quoi dire. En fait les choses se mélangent un peu dans ma tête (voilà pourquoi je ne voulais pas parler de ce sujet je crois).

Je pense (tant pis pour mon éducation féministe) que d'une façon générale les femmes sont plus "pestes" que les hommes ; les mésaventures de DP avec la headscarf mafia (j'adore cette expression) s'expliquent peut-être par ça.

Par ailleurs il y a des éléments antagonistes : d'un côté un musulman "de souche" sera souvent fasciné et parfois admiratif qu'un converti ait fait tout ce chemin, et d'un autre côté il y a parfois une sorte de condescendance... je ne sais pas trop. Dans la voie je n'ai quasiment jamais senti ça.

Il y a naturellement des différences culturelles. Et puis il y a le contexte très particulier de la voie. J'ai déjà dit à quel point on y trouve des gens différents. Et qui (tant pis si ça fait neuneu) s'enrichissent de ces différences. Quelque chose à voir avec l'amour qui circule (et qui n'est pas du chiqué, faut que j'y revienne aussi dans un billet).

Enfin il y a ce fait tout bête : pour beaucoup de gens qui sont issus d'une famille musulmane ou qui baignent dans un milieu musulman le fait de s'intéresser à une voie soufie peut être mal ou même très mal vu. C'est parfois plus "facile" pour un non musulman de s'approcher de la voie.

Mais je ne sais pas si ça suffit à expliquer que je n'aie quasiment jamais senti autre chose qu'un accueil chaleureux de la part des musulmans de souche. Il y a des gens avec qui je m'entends plus ou moins bien dans la voie, mais je ne crois pas que ça soit fonction de leurs origines.

Hum tout ce billet pour en arriver là... je n'ai pas encore assez de vécu pour en dire plus là dessus. Peut-être que certains ne peuvent pas me blairer mais ne disent rien par adab. Bon ça m'étonnerait beaucoup mais on ne sait pas.

Fouya qu'est-ce que c'est embrouillé ce sujet ! DP a sans doute aussi vécu des choses qui sont de l'ordre des différences culturelles. Un ami sénégalais avec qui je dînais hier soir me disait qu'au Sénégal il est très mal vu de refuser la viande et le poisson. Ma petite soeur qui est végétarienne doit passer pour très impolie, ou au moins susciter l'incompréhension, quand elle est invitée chez des amis là bas.

Faudra que je revienne sur tout ça selon la formule consacrée.

la porte, épisode XXVII

Pour les fidèles de mon blog ça les fera rire : la bataille de la porte est toujours en cours à mon bureau. Ca commence à ressembler à la guerre de 14. Chacun campe sur ses positions et fait sécher ses chaussettes dans sa tranchée.

élus ?

Discussion très intéressante l'autre jour avec une soeur de la voie. On a parlé de ces gens (musulmans ou autres) qui s'estiment "élus", en excluant le reste de l'humanité. Je ne nomme personne, mais bon chacun peut imaginer ce que je veux dire.

Cette soeur m'a dit un truc que j'ai trouvé très juste : "si c'est ça la religion, si c'est croire que Dieu ne s'occupe que d'un groupe et oublie les autres, alors autant être témoins de jéhovah !". Je ne me place même pas du point de vue euh... théologique disons, et pourtant il y aurait à dire. Je n'ai rien en particulier contre les témoins de jéhovah. Elle aurait pu dire scientologues ou tout autre groupe sectaire.

Le point qui m'a marqué c'est ça : il y a effectivement des gens qui croient que Dieu ne s'occupe que d'eux et déteste les autres. Je sais pas quoi dire. Je suis sûr que je me fais comprendre.

tous des malades

On m'a répété à plusieurs reprises depuis que je suis dans la voie une parole du sheikh qui dit à peu près : "vous êtes tous malades, et moi je vous soigne". Bon déjà pour couper court à tout malentendu il s'agit de spirituel. La voie ne soigne pas le corps (enfin disons qu'il y a d'abord les médecins pour ça), et ne soigne pas non plus tous les maux de l'âme ou de l'esprit. On peut avoir des problèmes psychologiques que la voie ne soignera jamais.

Pour revenir à ce "tous malades", j'ai saisi récemment un sens que je n'avais pas du tout compris. Au Maroc, pendant notre bref séjour de début août, j'ai eu l'occasion d'assister à une drôle de conversation.

Il y avait là un "vieux faqir marocain", c'est à dire un homme qui baigne dans la voie depuis des dizaines d'années. A priori quand il ouvre la bouche j'aurais tendance à me taire et à écouter tout ce qu'il dit quasiment comme paroles d'évangile.

Sur le sujet délicat d'Israël et de la Palestine, ce vieux faqir s'est mis à dire des trucs que j'ai trouvés un peu "limite". J'ai repensé à une phrase du sheikh qui dit (je crois) "lorsque vous aimerez les Juifs autant que vous m'aimez, votre foi sera très belle". Sa position est donc sans équivoque, et je pense qu'il a répété ça de nombreuses fois.

D'où mon malaise devant les propos du vieux faqir. Je ne le juge pas, je ne lui reproche rien. Mais ça m'a laissé rêveur. Si un homme qui est imprégné par l'amour qui règne dans la voie depuis 40 ou 50 ans peut dire des conneries grosses comme lui sur les Juifs, ça donne à réfléchir. Je ne vaux pas mieux que lui, et là n'est pas le problème.

Je suis mal à l'aise avec tout ça... disons que je me suis dit qu'effectivement la voie ne nous met pas à l'abri des faiblesses, des préjugés, des idées qu'on peut construire. Pour moi ce serait peut-être sur un autre sujet.

Attention je ne dis pas que le sheikh est un être parfait. Il éduque spirituellement les gens. Disons que je garderai mon esprit critique quand à ce que j'entends de la part de gens qui me semblent très expérimentés. Mais c'est une des beautés de cette voie : pas de pensée unique, pas d'uniformité. Je condamne sans réserve ce que j'ai entendu de la part de ce frère. Et pourtant sur d'autres sujets j'ai certainement à apprendre de lui. Allez comprendre.

J'ai déjà assisté sur des sujets beaucoup moins délicats à des discussions entre gens de la voie qui n'étaient pas du tout d'accord sur plein de choses. Et pourtant ça marche.

journal intime

Marrant... le frère avec qui j'ai passé du temps à discuter hier est né au Maghreb, il a toujours vécu dans l'islam. Du coup à tort ou à raison il est étonné par le parcours de gens comme moi qui se convertissent. Bon les rapports entre musulmans "de souche" et convertis c'est encore tout un sujet, je vais pas m'embarquer là dedans.

Ce qui m'a fait rire c'est qu'à un moment alors je lui parlais de mon "parcours" et des difficultés, des doutes que j'éprouve il m'a dit : "tu devrais peut-être écrire un journal de bord, comme ça dans un ou deux ans en te relisant tu mesureras mieux le chemin parcouru". Puis il a ajouté "en plus pour des gens qui découvrent la voie ce serait peut-être bien de pouvoir lire ça" (!)

Du coup ben... je lui ai parlé du blog. Je ne sais pas si ça correspond à ce qu'il imaginait en me parlant d'un journal de bord. D'une part parce que je ne relis pas ce que j'ai écrit il y a 6 mois. D'autre part parce que je garde pas mal de choses pour moi.

Mais c'est vrai que si quelqu'un qui ne connaît pas la voie, ou même quelqu'un qui en fait partie depuis longtemps, trouve un profit à lire mes hauts et bas, ça sera très bien.

C'est marrant que ce frère ait pensé à ça... il y a parfois des intuitions mystérieuses comme ça.

colère

Hum. On dit que l'un des effets du dhikr est de révéler ce qu'on a en nous. C'est la fameuse histoire du disciple qui a dit à son sheikh "C'est affreux depuis que je suis dans la voie j'ai envie de tuer les gens !", et le sheikh de répondre "tu avais envie avant, mais simplement tu ne le savais pas".

Je n'ai envie de tuer personne Dieu merci, mais vendredi j'ai eu une montée de colère contre une nana du bureau (particulièrement énervante il faut le reconnaître). C'était pas joli joli. Je m'en veux : quand on se met en colère on donne du pouvoir à la personne contre qui on exerce cette colère.

Et puis je ne sais pas si c'est un effet du dhikr. Mon frère aussi est très colérique, mon père aussi, et mon grand-père l'était. Peut-être que je réprimais trop de choses ces derniers mois et que ça sort un peu en vrac. Qui sait. En attendant j'ai un vrai problème de euh ... management sur les bras.

Samedi je me suis à nouveau énervé, contre un frère cette fois. Mais bon on a pu en rediscuter après, j'ai passé pas mal de temps à discuter avec lui dimanche, et tout ça s'est aplani. Mais dans le cadre du bureau c'est plus compliqué. A moi de faire avec. S'il suffisait de penser au sheikh quand la colère monte ça irait, mais visiblement ça ne suffit pas toujours.

Les gens qui me voient pensent souvent que je suis très posé, très calme. D'où leur étonnement quand je me mets en colère : je crois que je fais peur dans ces cas là. Je vais pas tarder à avoir une réputation de psychopathe au bureau à ce rythme.

Mais bon... je suppose que personne n'est parfait. Faudra que je parle à l'occasion d'un truc assez édifiant que j'ai vu au Maroc à cet égard.

19.8.05

lâcher prise ?

Un des enseignements de la voie est (à ce qu'on dit) d'apprendre à lâcher prise. Accepter ce qui nous advient. C'est le fameux "détends toi et apprends à nager". Inutile de dire que j'ai un mal fou à le faire.

Pendant les quelques jours en famille, j'ai eu en plus un effet "miroir" très troublant : mon frère, qui est plutôt du genre à se faire des noeuds au cerveau, était super en forme, positif, souriant, et je me suis dit "tiens c'est lui qui semble avoir lâché prise sur certains sujets".

Je ne suis pas sûr d'être bien clair, mais ça a ajouté à mes questions vis-à-vis de mon chemin : si lui qui n'est pas dans la voie semble avoir laissé de côté plein de choses qui le freinaient, d'où vient que moi je n'y arrive pas ?

En même temps ces questions font peut-être partie du chemin. Il est bien possible que je goûte à la fameuse perplexité qui, dit-on, jalonne l'enseignement spirituel. Peut-être aussi qu'après m'être engagé à fond dans la voie il est bon que je reprenne un peu de distance.

En tout cas j'ai dîné avec mon ami "spirituel" hier soir, et c'était vraiment chouette de passer du temps avec lui. Il m'a trouvé "rayonnant", ce qui ne gâche rien. Le bronzage y est pour quelque chose, mais aussi sans doute une certaine paix intérieure que je commence à éprouver.

Hum ne nous reposons pas sur nos lauriers, la dernière fois que j'ai fait ça j'ai reçu un signe en pleine figure pour me ramener à ma petite condition.

18.8.05

voie et amour des frères

Un frère avec qui j'ai discuté hier soir sur tous mes doutes m'a rappelé cette très belle histoire. Un faqir (un membre de la voie) est allé voir le sheikh un jour pour demander à renouveler son pacte.

Hum un bref rappel : dans la voie comme dans toutes les voies soufies il y a une prise de pacte, qui en quelque sorte concrétise l'engagement qu'on prend de suivre l'enseignement spirituel de la voie. Naturellement l'engagement se concrétise surtout par le fait qu'on invoque, qu'on se réunit, et qu'on s'efforce de cheminer. Mais bon il y a cette petite cérémonie (très simple d'ailleurs) qui fait qu'on entre formellement dans la tariqa.

Le pacte ne se prend pas forcément avec le sheikh d'ailleurs (heureusement... il n'aurait pas le temps). Mais revenons à mon histoire. Le sheikh a demandé au faqir pourquoi il voulait renouveler son pacte. Celui-ci a répondu "je me suis éloigné, j'ai cessé de prier, j'ai même cessé d'invoquer, j'ai péché, etc...".

Le sheikh a alors demandé "est-ce que tu as cessé d'aimer tes frères ?". Comme le faqir répondait non, le sheikh lui a dit "dans ce cas tu n'as pas besoin de renouveler le pacte".

Ca résume bien ce qui fait la beauté de cette voie. Pas d'obligations, et surtout c'est une voie de l'amour. Hum tout ça ne me dit toujours pas où j'en serai demain, mais j'ai bien aimé cette histoire. Ca m'a fait du bien de parler de ça avec ce frère : il traverse les mêmes doutes que moi, notamment vis-à-vis de la famille.

Eh oui il arrive qu'on se dise "mais qu'est-ce que je fous là".

17.8.05

a l'ail

Un souvenir marrant du départ au Maroc (ça date déjà...). Mon voisin de vol, ami et frère dans la voie a demandé à l'hôtesse si le repas qu'on servait dans l'avion était halal. L'hôtesse a commencé à s'embarquer dans une explication sur le fait "qu'il y a du poivre et du sel mais qu'il n'y a pas d'assaisonnement spécial"... le dialogue de sourd a continué 3 minutes avant que je me rende compte que la nana avait compris "à l'ail".

On devait pas avoir l'air de musulmans il faut croire. Ou alors les hôtesses de la RAM ne sont pas habituées à ce qu'on leur demande si les repas sont halal. Quoiqu'il en soit ça m'a bien fait rire.

retour difficile

Je vais y revenir mais j'ai un retour de vacances un peu difficile. Je n'ai jamais autant eu l'impression d'être sur le point de perdre la foi. Enfin je ne sais pas trop. Mais alors que j'étais en famille j'ai eu le sentiment d'être loin de tout, loin des gens et loin de Dieu. Drôle de sentiment.

Ma mère n'en rate pas une... elle est étrangement fière du fait que j'aie arrêté de boire (même du cidre ! En Bretagne !), je pense qu'elle voit ça comme une preuve de volonté... il y avait un ami sénégalais de la famille qui était là. Lui c'est "normal" qu'il ne boive pas.

Et ma mère qui, à table, fait remarquer en parlant de moi "Il ne boit pas, alors qu'il n'est pas musulman !". Glurps. Elle a dit ça avec une pointe de fierté. Si elle savait. Du coup je me suis dit que mon "outing" attendrait.

C'est très bizarre. La maison où on se retrouve en famille l'été est très importante pour moi et pour les autres gens de la famille. Et ces jours ci je me sentais comme un étranger dans ma propre famille. Je crois pas que ça soit à cause de l'islam, ça a sans doute plus à voir avec mon état d'esprit euh... lié aux épreuves que je traverse.

Mais ce qui m'a vraiment fait drôle, c'est de me sentir aussi loin des frères, de la voie. J'ai eu l'impression que le séjour au Maroc faisait partie d'un passé lointain, alors que j'en suis rentré il y a 10 jours ! Heureusement j'ai réussi à m'accrocher au dhikr tant bien que mal, mais je l'ai rarement aussi "mal" fait depuis mes débuts dans la voie.

Bon... le fait d'être au milieu de 15 personnes dans une maison de vacances n'incite pas forcément au recueillement spirituel. Mais quand même. Je partageais la chambre de mon frère, mais on n'a pas du tout parlé. D'ailleurs (est-ce parce qu'il est mal à l'aise avec tout ça ?), j'ai eu l'impression qu'il n'avait pas du tout envie de parler, de ça ou d'autre chose. Ca a certainement contribué à ce sentiment d'être un étranger. Mais je ne lui en veux pas, chacun sa croix.

Un soir, alors que je faisais mon dhikr dans la chambre, il est entré (je pensais qu'il rentrerait plus tard). Me voyant assis avec mon chapelet, il a dit "pardon". Je pense que ça le met très mal à l'aise en fait, de me voir pratiquer. J'ai fait mon possible pour être invisible, à part ce jour là. Mon propre frère me demande pardon pour ça... ça fait mal.

On verra. Hier soir en rentrant je me disais que je n'étais pas à ma place dans la voie. Et puis ce matin le dhikr m'a fait beaucoup de bien, je crois que je devrais juste me laisser aller et ne pas trop réfléchir.

Hum... je précise quand même que ces vacances m'ont apporté plein de très bons moments et un bon coup de soleil sur le nez ! A me relire je donne l'impression que c'était sinistre alors que pas du tout.

10.8.05

cours de fiqh

Parmi les activités à Madagh, on a eu des "cours". Je mets les guillemets parce que ça ne ressemble pas à l'idée qu'on peut se faire d'un cours, même si les sujets sont très sérieux. On a eu des cours qui étaient plus sous la forme de discussions à bâtons rompus, et un autre où l'orateur était dans un tel état spirituel que je n'ai quasiment aucun souvenir de ce qui s'est dit, juste une chaleur dans la poitrine.

Le premier cours qui nous a été donné portait sur le fiqh, c'est à dire la jurisprudence islamique. Je renvoie à wikipedia pour une définition plus savante. Un domaine plutôt aride donc, qui concerne en grande partie la manière de vivre. Il y a quatre grandes écoles de fiqh (pardon d'avance si je dis des bêtises), dont l'école malékite que suivent les gens de la tariqa.

Le cours en question portait sur les ablutions et sur l'état de pureté rituelle. Je ne vais pas le retranscrire ici, d'une part parce que je n'ai pas pris de notes et d'autre part parce que je crois bien que l'enseignement, quelque soit le sujet, ne passe pas que par le cerveau.

Attention je ne dis pas qu'il ne fait pas apprendre les règles, savoir quoi faire ou quoi dire, ce qui est licite, obligatoire, recommandé. Disons simplement que les cours à Madagh baignent dans une telle atmosphère qu'on a plus l'impression de s'imprégner que d'apprendre une leçon.

Pour revenir au cours, j'ai retenu (entre autres) que dans le domaine du fiqh on a vite fait de couper les cheveux en quatre. Si on cherche vraiment la petite bête on peut n'en plus sortir. Par exemple en principe il ne faudrait pas porter de ceinture en cuir si la vache n'a pas été tuée dans les règles... je n'incite pas à ne pas suivre les règles bien entendu.

Je dis juste qu'on peut vite se perdre. D'ailleurs dans le livre d'Abd el Malik qui tout compte fait est le premier petit caillou de la piste qui m'a mené à la tariqa, il parle de sa période euh "littéraliste" disons, avec des soirées entières passées à discuter de ce qui est halal et de ce qui est haram. Hum. Bon courage.

Le soir même, visite chez le sheikh. Apprenant qu'on avait eu un cours de fiqh, il s'est franchement marré et nous a dit (en substance) : "attention à ne pas vous faire piéger". Soit exactement l'idée qu'il ne faut pas trop creuser, pas trop se compliquer la vie. Il a ajouté "marchez au bord du fossé mais ne tombez pas dedans".

Je suppose que ça veut dire qu'il faut éviter de devenir l'esclave de cette tendance à couper les cheveux en quatre, ou a épiler les chenilles comme dit notre ministre. Après tout c'est peut-être encore une autre forme d'esclavage de l'ego que de vouloir tout savoir. Hum. Je ne sais pas trop quoi dire.

Je reviens à ce que j'avais fait quand mon père m'avait servi de la choucroute. J'avait mangé un peu, même si ça ne m'avait pas fait plaisir, mais j'assume. Je vais sonner un peu bateau mais je crois que c'est la niyah (l'intention) qui compte avant tout. Bien sûr une bonne intention n'empêche pas de chuter mais bon.

Fouya je m'aperçois que je me suis embarqué dans des trucs bien compliqués. Il y a un équilibre à trouver entre la rigueur et la simplicité.

Je parlais de ça avec un frère lundi soir, il m'a dit un truc assez marrant : chacun de nous est comme une corde de guitare qu'il faut accorder. Avant de trouver la note juste il faut tourner la petite poignée qui tend ou détend la corde. Pour l'un ce sera un certain niveau de rigueur dans la pratique, pour un autre ce sera différent. Et tout ça change avec le temps. Les guitaristes savent qu'il faut réaccorder tout le temps son instrument. Hum j'ai peur que ça parle qu'à moi cette image de la guitare.

D'ailleurs la rigueur n'est pas forcément là où on le croit. Un des musulmans les plus observants que je connaisse ne se lève pas la nuit pour faire la prière de l'aube par exemple. Pour certains, ce serait vu comme un manque. Pour moi ce frère est l'exemple même de la rigueur (je parle de pratique ; par ailleurs c'est un bon vivant). Mais bon tout ça n'est que mon avis.

avoir la foi ?

Hum... un sujet sur lequel je me suis déjà pas mal étendu ici mais bon... à la question "est-ce que tu crois en Dieu ?" j'ai toujours du mal à répondre. Je me suis retrouvé un peu con quand un ami m'a demandé ça il y a quelques mois. Je n'ai pas pu répondre "oui".

Faut dire que "croire en Dieu" c'est pas si simple que ça. Pour moi en tout cas. Je parlais de ça à Madagh avec un frère, et il m'a filé un sacré coup de main. Il m'a dit un truc tout simple : "retourne la question ; est-ce que tu peux répondre non ?". Et là j'ai compris que j'ai changé. Je ne sais pas si je peux répondre "oui", mais je sais que je ne peux plus répondre "non".

Si on m'avait dit ça il y a quelques années... Comment expliquer aux gens ce que c'est que la foi ? Que ce n'est pas de la méthode Coué mais que ça se construit, que ça s'entretient ? Vastes questions. J'y reviendrai.

en famille

Une des choses que le sheikh nous a dites pendant mon séjour, c'est de veiller sur nos liens familiaux, de rester le plus possible en accord avec ce qui fait notre vie dans ce monde. Pour pas mal de raisons j'ai eu du mal ces derniers temps avec mon père, et avec mon beau-père (le mari de ma mère).

Pour mon père je ne sais pas trop quoi faire, on verra avec le temps mais je crois bien que la balle est dans mon camp. Peut-être qu'un effet de la voie sera d'aplanir les choses. Je me faisais la réflexion l'autre jour qu'on n'arrive pas du tout à se parler lui et moi, et qu'on en souffre tous les deux. Aucun des deux ne sait quoi dire.

Pour mon beau-père c'est différent. Je pars quelques jours en vacances avec la famille "élargie", il sera là, ma mère aussi, ma petite soeur, mon frère, etc... A la fois ça me fait plaisir et ça me stresse un peu. Mais bon... je sens que ça va bien se passer.

Du coup pas de blog avant une semaine, et pas de réunion avant 10 jours.

incrédulité...

Hier soir j'ai dîné avec un ami très proche qui est plus que sceptique quand à la religion. Je lui ai raconté un peu mon séjour au Maroc, et notamment le "hasard" si étrange de ce jeune homme qui a débarqué le dernier jour et que j'avais justement croisé une semaine avant à la grande mosquée (hasard d'autant plus troublant que c'était hors des horaires de prière et donc qu'il n'y avait presque personne).

La réaction de mon ami m'a fait marrer : il m'a instantanément dit "ça doit être un type des renseignements généraux". Il trouve lui aussi la coïncidence "énorme", mais du coup il cherche une explication disons rationnelle. Ce qui m'a fait rire c'est que c'est si improbable que les RG se fatiguent à me suivre à la mosquée le seul jour où j'y vais (je n'y vais presque jamais), puis à Madagh... que le simple hasard me semblerait plus plausible !

Mais rien à faire ; mon ami préfère trouver une explication plutôt que d'envisager un signe ou un truc de ce genre. Après tout c'est peut-être lui qui a raison. On verra bien.

9.8.05

mejdhoub, dhikr et chèvre

Une petite histoire de Madagh qui m'a bien fait rire. Il y a là bas ce qu'on appelle des mejdhoub, c'est-à-dire des gens qui ont été "ravis en Dieu", ou plus simplement qui ont décollé et n'ont jamais atterri. L'un d'entre eux est super marrant, il a une tête à jouer les pirates dans Peter Pan, et pourtant c'est dans un sens un enfant.

On passe tout aux mejdhoub, ou presque. Lors de mon premier voyage en Avril, j'avais eu une rencontre assez impressionnante... dommage que je ne comprenne pas l'Arabe. Un frère qui m'accompagnait ce jour là avait cru entendre le mot mokhtar (l'élu)... mais je serais bien présomptueux de prendre ça pour moi.

Là j'étais avec le frère qui habite en Angleterre, on achetait des chapelets dans la mosquée, et le mejdhoub nous a vus. Il nous a regardé avec son air terrible de pirate d'opérette, et nous a fait un signe en frottant le pouce et l'index l'un contre l'autre.

Dieu nous pardonne je crois qu'on s'est tous les deux dit qu'il faisait le signe quasi universel qui désigne l'argent, pensant sans doute qu'il nous réclamait quelque chose. Ce n'est qu'après qu'on a compris : le signe avec le pouce et l'index voulait dire tout simplement "faites du dhikr" !! Quand on invoque avec un chapelet on a les doigts qui bougent exactement de cette manière.

Quelques jours après le même mejdhoub était assis avec une tablée de frères en train de déjeuner, dont un frère du groupe de Paris. Il a promené son regard sur tout le monde et a crié à ce frère de Paris "achète une chèvre !". J'étais mort de rire quand il m'a raconté ça. En attendant, le frère de Paris a pris ça très au sérieux et a donné de l'argent pour offrir une chèvre lors d'un repas.

On dit en effet que ces gens disent toujours la vérité.

retour sur terre

Hier je faisais le malin sur le sujet de la fatigue, moralité ce matin j'ai eu une panne de réveil et je suis arrivé une heure en retard au boulot. Ca m'apprendra. Il faut dire que je me suis endormi assez tard, j'ai continué à lire un peu.

Réunion avec les frères de Paris hier soir... ça m'a permis d'atterrir en douceur. Même en plein mois d'août, il reste quelques courageux pour invoquer. J'ai raconté un peu le séjour au Maroc, ce que nous a dit le sheikh, les rencontres faites là bas.

Quand je pense qu'il y a quelques années quand je pensais aux gens qui font des retraites spirituelles je me disais "ils sont pas comme nous", je voyais ça comme quelque chose de très austère... mais bon la retraite spirituelle à Madagh c'est un peu particulier. On ne peut pas dire que ça soit austère, même si c'est très intense et très sérieux.

Un frère m'a trouvé très "lumineux" hier soir... c'est flatteur mais je sais bien que cette lumière ne vient pas de moi... à supposer qu'elle soit bien là. Et moi qui me demande si j'en ai suffisamment profité, si je me suis suffisamment "donné"... questions vaines je crois.

Il paraît qu'avec les années on se pose moins de questions inutiles. On verra bien.

8.8.05

encore un hasard ?

Et un de plus ! Dimanche matin un type a débarqué à Madagh, deux heures avant qu'on en parte donc. C'est assez rare : il a fait le voyage sans faire partie de la tariqa, simplement parce qu'il voulait rencontrer le sheikh. J'ai eu une impression bizarre : celle de l'avoir déjà rencontré.

On a un peu discuté, il m'a dit qu'il avait déjà rencontré des gens de la voie, dont un par hasard dans la rue (!), puis il a envoyé un mail à quelqu'un du groupe de Paris, puis ça s'est perdu dans les tuyaux. Quoiqu'il en soit il est allé là bas. J'espère pour lui qu'il s'y trouvera bien.

Là il y a quelques minutes ça m'est revenu : je sais où je l'ai déjà vu. La semaine dernière quand je suis allé à la grande mosquée de Paris avec le frère d'Angleterre qui était de passage avant notre départ pour le Maroc, un jeune homme nous a salués courtoisement devant la salle d'eau. C'était lui.

Le monde est petit. C'est la deuxième fois de ma vie que j'allais dans cette mosquée, avec ce frère que j'aime beaucoup, sans avoir du tout prémédité d'y aller, on a traîné en chemin, on est arrivés là bas deux bonnes heures après l'heure de la prière, à un moment où il n'y avait presque personne, et la seule personne qu'on croise en allant faire les ablutions se trouve arriver à Madagh au moment où on en part !

Je me doute que je vais le revoir. Comme on dit il y a dans tout ceci des signes etc...

fatigue

A Madagh le programme est disons assez chargé. Et pourtant on prend un rythme super agréable au bout de quelques jours. Le fait que la journée soit scandée par les prières est déjà en soi apaisant. Prier et manger comme me l'a dit un frère espagnol.

Du coup on dort souvent 5 heures par jour. Lors de mon premier séjour j'étais rentré à la fois reposé et épuisé (je sais ça paraît étrange). Il m'avait fallu dormir tout un après midi pour récupérer. Samedi je me suis couché vers 5 h, et levé à 9 h hier. Je ne suis pas en forme olympique mais je n'ai pas eu un baillement depuis ce matin.

Et les séances d'invocation sont souvent fatigantes physiquement. Mais allez comprendre comment, on trouve l'énergie sans aucun problème. Bon en revanche c'est vrai que le retour au monde réel (si j'ose dire) est un peu troublant. Attention : ce n'est pas un échappatoire, la vie c'est ici et maintenant. Mais le fait d'aller là bas quelques jours c'est... hum je crois pas que j'arrive à trouver les mots pour le moment.

peace and love

Je suis rentré en avion avec le frère exilé en Angleterre qui m'a convaincu de venir avec lui au Maroc. Bon il n'a pas eu à me pousser beaucoup il faut dire. On parlait de cette atmosphère si particulière qu'il y a à Madagh.

Il y a un côté un peu "peace and love"... je sais que ça va faire sourire mais ça m'a donné à réfléchir. Tout le monde fait le petit geste pour aider son voisin, il y a une fraternité pas croyable. Je pensais à cet esprit qui a animé les années "flower power"... J'ai l'impression que ce qui partait super bien, avec une aspiration à l'amour, à l'unité, est parti en vrille et s'est effondré comme chacun sait.

Il y a un bouquin marrant de TC Boyle à ce sujet, Drop City (je ne sais pas si c'est traduit en français). Ca raconte comment une communauté hippie part s'installer en Alaska et comment la rudesse de la vie sauvage fait voler en éclats toutes les "belles" intentions du départ.

Attention je ne juge pas du tout cet élan qu'il y a eu à l'époque, j'aurais même tendance à trouver ça chouette. Mais ce n'est pas le sujet. En en parlant on se disait que si ça n'a pas marché c'est peut-être que c'était un mouvement plus individualiste qu'il n'y paraît, et aussi qu'il n'y avait pas de barrières, pas de garde-fou.

Je me trompe peut-être, et d'ailleurs la comparaison est assez farfelue, mais je crois que si ça "marche" à ce point dans la tariqa (et Dieu sait qu'on baigne dans cette harmonie à Madagh), c'est parce qu'il y a des règles, et une guidance. Peut-être qu'il a manqué aux hippies des maîtres authentiques. Peut-être que le fait que la tariqa s'inscrive dans une tradition a son importance aussi.

Bon il faut dire que dans l'avion du retour puis en dînant hier soir on était encore dans un drôle d'état. D'où les conversation de dingues qu'on a eues. Hum je raconte un peu n'importe quoi. Mon point c'est que l'amour ne suffit pas.

PS j'ai trouvé Drop City en français, ça s'appelle D'amour et d'eau fraîche.

espagnols

Comme quand j'étais parti en Avril, je ne sais vraiment pas par où commencer pour décrire mon voyage à Madagh (le petit village marocain où se situe le "coeur" de la tariqa). Le retour à la vie de tous les jours fait tout drôle.

Comme je sais pas par quel bout prendre tout ça, autant que je commence par ça : j'ai rencontré là bas des frères du groupe de Barcelone. C'est un groupe qui se développe assez vite, et d'ailleurs 4 de ceux qui étaient là sont très jeunes. Ca m'a fait très plaisir de pouvoir parler espagnol.

Et puis il y a ce truc qui marche avec tous les gens de la voie d'où qu'ils viennent : on se parle d'emblée comme si on se connaissait depuis longtemps, on se livre très facilement, il y a un amour (je ne vois pas d'autre mot) immédiat qui circule.

J'en ai déjà parlé, mais le fait qu'on reçoive de l'amour dès le premier jour sans conditions et sans être jugé fait partie de ce qui rend la voie extraordinaire. L'amour inconditionnel... n'est-ce pas ce après quoi on court depuis l'enfance ?

Alors bien sûr, cet amour vient de Dieu, transite par le guide spirituel, mais ce qu'on sent en premier c'est un amour qui vient de gens très différents. Je dois avouer que le côté divin m'a échappé au début, et qu'il m'échappe toujours. Mais cette chaleur qu'on sent... je ne sais pas trop comment en parler.

Pour revenir aux Espagnols, ça m'a fait vraiment plaisir de les rencontrer. Quel beau groupe. J'ai parlé avec l'un d'eux de ce sentiment si étrange qu'on éprouve lorsqu'on quitte les frères (et que j'avais déjà éprouvé après mon premier séjour). Ce n'est pas de la tristesse. C'est plutôt une sorte de mélancolie.

Hum on va me prendre pour un malade. Mais c'est vrai que quand on se sépare c'est assez déchirant. Avec des gens qu'on ne connaît que depuis quelques jours. Allez comprendre. Ce que je dis vaut pour les autres frères naturellement. J'ai passé pas mal de temps avec les Espagnols mais cet amour circule partout.

Mbref faut que je digère tout ça. Je suis rentré avec le frère qui habite en Angleterre et que j'aime beaucoup... qu'est-ce que je suis content qu'on soit partis ensemble ! Mais j'y reviendrai.

retour

Retour hier soir du Maroc. Fouyayayaya. J'ai une réunion de boulot dans 10 minutes, je me sens légèrement décalé. Faut que ça décante un peu, j'ai l'impression d'arriver d'une autre planète.

1.8.05

outing

Marrant je lisais l'autre jour un post sur un blog américain exhortant les musulmans "showbizz" à se déclarer... ça m'a ramené à la question d'en parler ou pas au boulot, en famille. Pas que je travaille dans le showbizz ni que je sois célèbre hein...

Hier midi ça a fait une partie de notre conversation avec le frère qui habite en Angleterre et qui part avec moi au Maroc. Lui voudrait en parler le plus vite possible à sa famille. Et il se pose aussi le problème vis-à-vis de sa boîte. En Angleterre les gens s'en foutent un peu, on peut "afficher" beaucoup plus simplement les choses. Il y a une salle de prière dans sa boîte... d'où la question : y aller ou pas pour prier ?

Je ne peux pas me mettre à sa place, ni pour la famille ni pour le boulot. C'est vrai que quand on a des parents qui vieillissent on se dit que c'est peut-être mieux de leur en parler, qu'après un possible choc initial au moins ça fera bouger les choses. Je crois que ce frère a l'impression qu'il parlera plus avec ses parents en général s'il leur parle de ce sujet en particulier.

Pour ma part j'imagine que j'ai peur. Bon pour le boulot c'est clair : j'en parle pas. Mais pour la famille... seul mon frère est au courant. Je suis un peu en froid avec mon père en ce moment (pour des raisons qui n'ont rien à voir avec mon chemin). Alors peut-être que lui en parler nous rapprocherait, mais je ne sais pas... j'hésite vraiment.

D'un côté rien ne presse, d'un autre côté quand j'imagine toutes les choses que mon père aurait aimé dire à ma grand-mère avant qu'elle ne meure... mais il est si anxieux... je crains de l'angoisser. C'est marrant : quand je lui ai parlé de façon très vague de la spiritualité, de la foi (sans citer l'islam évidemment) il m'a dit "je respecte profondément la foi, mais je ne comprends pas vraiment".

C'est exactement ce que je disais "avant". Mais dans mon cas c'était du pipeau : je refusais la foi. Je ne "respectais" qu'en façade je crois. Je ne fais pas ce procès d'intention à mon père. Si ça se trouve il a une soif lui aussi. Hum je m'égare. Si je devais définir la foi je serais bien ennuyé.

Ma mère c'est encore autre chose : elle connaît bien la civilisation musulmane, mais elle est euh disons athée militante. Et elle est allergique à ce qu'on appelle le communitarisme (quoi que ça veuille dire), elle a vécu dans son enfance dans une communauté plutôt refermée sur elle même.

Hum le sujet est si vaste qu'il faudra que j'y revienne. Mais en revanche j'ai réalisé un truc : j'ai parlé de la voie quasiment à tous mes "proches". Et vis à vis de ma famille, comme dit mon frère je sème des cailloux... comme le petit poucet. Je laisse peut-être bien des indices. Pour préparer le terrain ? On verra bien.

voyage

Pas de billets sur le blog avant lundi 8... en revanche j'aurai certainement beaucoup de choses à raconter en revenant. Enfin... beaucoup de choses c'est certain. Je ne sais pas pour autant si ça sera racontable.

Pas que ça soit secret ou confidentiel. Mais je pense que je vais surtout avoir des choses dans le coeur plus que dans le cerveau. Quand je pense à tout ce qui m'a amené là ça file un peu le vertige. Je ne suis même pas sûr de savoir ce que je cherche dans la voie ! Le frère avec qui j'ai passé une partie du week end me dit que c'est un gage de sincérité... je ne sais pas trop.

En parlant de frère on m'a signalé que quand je parle ici de mon frère jumeau je dis "mon vrai frère", et que ça peut être vexant pour les autres frères... c'est vrai que ce sont aussi de vrais frères, même si nous n'avons pas de lien de sang. En même temps si je disais "mon frère biologique" pour parler de mon frangin, ce serait moyen. Hum. Pas non plus de quoi fouetter un âne.

transmission de pensée

Je pars demain au Maroc. Samedi après la réunion je suis allé parler à un frère qui n'a pas la chance de pouvoir y aller. Ca faisait quelques temps que ça me trottait dans la tête : je lui ai proposé de lui ramener un chapelet de là bas. Pas pour faire une B.A. (d'ailleurs j'en parle pas ici pour me euh... flatter). C'est juste un chapelet.

Là où ça m'a carrément assis, c'est que quand je lui ai dit ça il m'a dit qu'il pensait justement me demander de lui en ramener un. Je ne suis pas le seul à partir là bas. Il aurait pu demander à quelqu'un d'autre. J'ai juste trouvé ça un peu magique. Hum je sais que je vais (encore) passer pour un illuminé, mais je me suis vraiment dit que parfois les choses sont bien faites.

nouveaux livres

Hier j'ai passé une journée géniale avec un frère avec qui je pars demain au Maroc. On s'est pas mal baladés, on est allés prier ensemble à la grande mosquée, et on a acheté quelques livres dans une librairie "amie" du quartier latin.

Il y a quelques jours on m'avait conseillé Paroles d'or du sheikh al Dabbagh, un maître illettré qui vécut à Fès à la fin du XVIIème siècle. Un frère qui m'en a parlé m'a dit que ça l'avait tenu éveillé toute la nuit !

Et moi qui me disais que j'allais acheter moins de livres, que j'en ai plein en retard à lire... il faut croire que c'est difficile de résister.

J'ai aussi la vie du prophète par Maxime Rodinson. Un regard d'un grand orientaliste, marxiste et athée. C'est marrant de lire ça maintenant. Je n'aurai certainement pas le même regard que si je l'avais lu il y a un an.

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