31.12.04

coeur et sincérité

Je reviens à cette discussion avec le monsieur de la librairie hier. Il m'a dit "nous n'avons qu'un seul coeur, pas deux, et il est relié directement à Dieu. Il y a les passions, l'intellect, mais l'important c'est de faire ce que dicte votre coeur". Les passions, l'intellect on pourrait traduire ça par la nafs (l'ego dans le lexique soufi/musulman). Je l'avais interrogé sur le soufisme.

Je me pose des questions sur un sujet : je lis beaucoup, je commence à avoir un certain niveau de connaissances sur l'islam, sur le soufisme. Mais dans un sens je me dis que tout ça ne vaut rien si je n'éprouve pas quelque chose avec le coeur. A la rigueur 99 % de ce que je mets dans ce blog n'a peut-être aucun sens, si c'est uniquement répéter des choses que j'ai lues ou entendues.

Je me suis fait la réfléxion suivante : dans 6 mois non seulement je sourirai en lisant tout ce que j'écris en ce moment, mais je n'aurai peut-être plus rien à écrire ! Si je vis les choses de façon plus intérieure, tout ce que j'écris en ce moment me paraîtra peut-être factice.

N'anticipons pas, à chaque jour suffit sa peine comme on dit. Ce matin j'ai prolongé le dhikr assez longtemps ; je crois même que j'aurais pu y passer plus de temps avec plaisir.

30.12.04

la librairie Al Ghazali

Retourné aujourd'hui à la librairie. C'est la librairie que m'a recommandée l'élue de mon coeur. Je ne peux m'empêcher de voir un signe dans le fait que ce soit cette librairie qu'elle aime parmi toutes celles du quartier. Je l'approuve de plus en plus au fur et à mesure que je reviens dans cette librairie.

Là j'ai acheté "l'abandon de la volonté propre" d'Ibn 'Ata Allah. C'est un livre que m'a conseillé le frère qui s'occupe du groupe de Paris. J'ai trouvé que les deux messieurs qui étaient dans la librairie étaient très accueillants, ça m'a donné le sourire. Le patron me reconnaît semble-t-il (quand l'autre a dit "ah c'est un livre dense" il a répondu "oui mais Monsieur est averti" en parlant de moi... je savais pas que j'étais averti mais c'est pas grave).

Pour être barbus, ils sont barbus. J'ai discuté brièvement avec eux, je crois que je reviendrai pour parler de spiritualité. Là on a juste parlé du coeur (c'est déjà pas mal). C'est bizarre, mais alors que depuis ce matin j'étais un peu d'humeur maussade, les 5 minutes que j'ai passées là m'ont regonflé. Comme quoi le spirituel ça commence à compter sérieusement pour moi. Il doit bien se passer quelque chose.

Au passage, plus ça va et plus j'achète de livres... et on m'en conseille de nouveaux chaque semaine !! Je ne sais pas où ça va s'arrêter. Et n'oublions pas que la pratique vaut plus que beaucoup de livres.

mérite, don de soi et salut

J'ai été plongé dans des réflexions suite à une discussion hier soir : il était question de quelqu'un qui donne beaucoup aux autres, spontanément, qui aide son prochain. Cette personne n'est pas religieuse, bien qu'elle vienne d'une famille catholique plutôt pratiquante.

Un des frères présents hier disait en gros : "elle n'en a que plus de mérite (d'être à ce point vouée aux autres) puisque elle n'espère pas une vie future".

Ca m'a beaucoup fait réfléchir : si on prend les textes religieux à la lettre, les athées ou les non croyants sont voués aux enfers, au néant, etc... Et pourtant il y a ces gens qui donnent, qui aiment, bien plus que beaucoup de gens religieux.

Je suis bien ignorant sur les religions (c'est à la fois un avantage et un inconvénient dans ma situation). Mais là je sens confusément quelque chose. Peut être que ces gens qui donnent ont la foi sans le savoir... je ne sais pas trop, mais je crois que Dieu ne peut pas les ignorer. C'est un peu confus, j'y reviendrai certainement (air connu...)

réunion d'hier soir

J'étais impatient d'y aller, j'avais le sourire en marchant. Je n'ai pas été déçu. Je n'arrive toujours pas à expliquer pourquoi j'aime à ce point les réunions, mais ce n'est pas très grave. Il y a cette fraternité, cette énergie qui circule, même quand, comme hier, c'est très calme et en tout petit comité.

A un moment j'ai dit un truc du genre "bon moi je suis pas encore dans la voie hein"... ils se sont marrés comme des baleines. Faut croire que j'y suis plus que je ne veux bien me l'avouer. Et c'est pas de la coquetterie de ma part. J'ai toujours mes doutes.

Mais doutes ou pas, il y a une douceur à se laisser porter, à laisser par moments les questions de côté. Bon faut pas que je m'endorme : j'ai tellement de trucs à faire, je suis seulement au tout début.

29.12.04

comprendre

Déjeuné avec un ami qui n'est pas croyant, mais qui s'intéresse à ma recherche spirituelle. Disons qu'il s'y intéresse en partie parce que c'est moi et en partie parce que lui même est spirituel à sa façon. Attention je ne crois pas du tout qu'il soit attiré par ce que je vis mais bref c'est quelqu'un avec qui je peux échanger sur le sujet.

Il m'a dit sa perplexité (par exemple quand je lui ai soutenu que réciter le Coran en arabe ça faisait une différence), mais m'a accordé qu'au moins je fais de mon mieux pour lui expliquer, sans me réfugier dans des phrases du genre "tu peux pas comprendre".

Et pourtant je crois qu'il y a des choses qui sont difficiles à faire comprendre. D'une part parce que moi même j'ai du mal à me les expliquer, et d'autre part parce que ce sont des choses qu'on ressent, sans forcément être capable de dire pourquoi ni comment.

Il m'a demandé si je croyais en Dieu. Comme toujours j'ai pas su répondre. Mais le seul fait que je sache pas répondre c'est une telle évolution par rapport à il y a 6 mois... on a parlé de la foi.

Voilà un bon exemple de quelque chose qu'on ne peut pas expliquer. La foi ce n'est pas simplement une réponse pour des gens qui vivent des épreuves, ou une réaction face à la mort, au vide. Hum je m'aperçois que je sais mieux dire ce que ça n'est pas que ce que c'est.

se retirer du monde

Je parle une fois de plus d'un sujet que je connais que par mes lectures, mais c'est un sujet important et c'est en particulier un préjugé courant à propos du soufisme : le côté "retraite", détachement du monde, un peu comme les moines.

C'est subtil, mais en fait le soufisme c'est à la fois une tentative de se détacher intérieurement des passions, de ce qui n'est pas durable, et un chemin où on est pleinement dans le monde.

Bien sûr il y a eu des soufis dans le passé qui ont vécu dans la retraite pendant des années pour être plus proches de Dieu. Mais, en tout cas pour ce que j'en comprends aujourd'hui, il n'est pas question d'être en dehors du monde, au contraire. Un truc que j'ai lu disait que ça consiste à apprendre le métier d'être humain. J'aime bien cette formule.

Autre préjugé sur le soufisme : ce serait un monde de hautes pensées philosophiques coupées des réalités terre à terre. Il est vrai que certains écrits sont carrément difficiles à comprendre, pour au moins deux raisons : d'une part parce que c'est parfois de la philo de haut niveau, d'autre part parce que comme toujours les mots ont du mal à décrire ce qui si j'en crois tous les témoignages est une expérience vécue, intérieure. Mais cette expérience c'est ça ce qui caractérise la voie. J'ai déjà dit que plus d'un grand mystique était illettré.

28.12.04

déjà 9 jours

Depuis la dernière réunion à laquelle j'ai assisté. On dirait bien que ça me manque plus que je n'aurais pensé. Pendant le déjeuner, on a parlé de ces réunions.

Deux idées là dessus. D'une part, il est dit que le dhikr individuel et le dhikr en réunion sont comme les deux jambes : il ne faut négliger aucun des deux sinon on boîte. C'est peut-être une façon un peu normative de voir les choses.

Par ailleurs c'est tout simplement par le contact avec les autres qu'on apprend des choses. Je pense que si ça me manque à ce point c'est en grande partie pour ça : il y a une énergie spirituelle lors de ces réunions qui fait du bien. Et c'est le contact avec les autres foqaras qui fait qu'on avance. L'apprentissage ne passe pas par des mots ou des idées mais par ce contact. Hum c'est tellement peu concret ce que je raconte ! Comprenne qui pourra.

Quoi qu'il en soit, je ne me verrais pas passer deux semaines sans réunion en ce moment. C'est marrant. On dirait bien que ça commence à faire partie de ma vie.

Et encore je me freine en quelque sorte. Je pourrais aller à 2 réunions par semaine. Je crois que ce qui m'arrête c'est l'idée que si je passe à 2 puis que je n'ai plus l'envie d'y aller 2 fois par semaine je me sentirai mal. C'est peut-être idiot mais c'est comme ça. C'est la même chose pour les prières je suppose : pour le moment je m'en fais une montagne.

Un membre de la voie à qui j'en ai parlé n'en fait qu'une par jour un an après son entrée dans la voie. Chacun son rythme. De l'avis de tous la voie nous donne le sens intérieur des pratiques extérieures. De la sorte, la prière devient naturelle et n'est pas vécue comme une contrainte. Mais une fois de plus je parle de ce que je n'ai pas expérimenté. Si je relis ça dans 6 mois j'imagine que ça me fera sourire.

à quoi ça sert tout ça

Une grande question. Pourquoi on est là ? Blague à part c'est le genre de questions que je ne me suis jamais vraiment posées. Il aura fallu un long chemin pour que je m'interroge sur tout ça.

J'en ai parlé à un ami. Il m'a répondu "c'est simple ça sert à aimer et à donner". Rien à ajouter. Il n'est pas du tout religieux mais je pense qu'il est spirituel. Je réalise que la vie est courte (c'est marrant c'est un leitmotiv de mon père ça... faudra que j'y revienne).

Je lis en ce moment la Futuwah, c'est un traité sur le "bel agir" soufi, qui date du XIIème siècle je crois. Les qualités qui sont exaltées sont... l'amour, la générosité, le don de soi, le fait d'être désinteressé. Marrant que ça rejoigne à ce point ce que m'a dit cet ami.

l'intention en islam

Déjeuné avec cet ami qui vient de se convertir. On a parlé de sa conversion, de sujets spirituels, comme d'habitude. J'hallucine quand je vois les sujets qui me passionnent en ce moment...

Il m'a dit "je crois qu'une des choses les plus attirantes dans l'islam c'est le fait que l'intention a plus d'importance que l'acte lui-même, sans parler des résultats de l'acte" (je cite - mal - de mémoire). Je n'ai ni sa maturité sur la religion, ni les points de comparaison avec les autres religions. Il a ajouté qu'il trouve cet aspect de l'islam très moderne.

Je vais y réfléchir. Ca fait pas mal de fois que je tombe au détour d'une conversation, d'un livre, sur ce concept d'intention. Comment savoir si on est sincère ? Qu'est-ce que le don ? C'est évidemment une question centrale dans la voie que j'entreprends. Je n'aurai pas la réponse aujourd'hui.

Il m'a rappelé cette définition du soufisme : "abandonne ce que tu as, oublie ce que tu sais, et accepte ce qui t'advient" (je cite encore une fois approximativement et de mémoire). C'est beau.

On a parlé aussi d'un thème assez compliqué : la pudeur. Je vais peut-être passer pour endoctriné pour des lecteurs athées, mais je constate que depuis pas mal de temps (avant même de rencontrer les gens de la voie) je suis de plus en plus mal à l'aise avec l'étalage d'images de chair qu'on voit. Naturellement c'est à double sens : je suis attiré aussi.

Mais le fait est que ça me dérange. Et en discutant avec cet ami je réalise qu'on partage la même réserve. Et que c'est un sujet difficile à aborder avec d'autres gens. A la rigueur c'est plus facile d'expliquer pourquoi on ne boit plus que d'expliquer ça. Hum encore un vaste sujet.

sincérité

Une fois encore je me pose la question de ma sincérité. Est-ce pour rejoindre la femme que j'aime, ou est-ce pour Dieu ? Je crois que ça fait 100 fois que je me pose la question sans trouver la réponse.

De son côté elle souffre, elle a l'impression qu'il faut qu'elle m'oublie, qu'elle renonce à moi.

Et moi je crois que je devrais renoncer aussi. Pas forcément pour toujours, mais pour le moment. Si je parviens à ne pas penser trop à elle pour un temps, j'aurai les idées plus claires par rapport à la voie. C'est un engagement trop sérieux pour que je le prenne pour de mauvaises raisons.

Non que l'amour de quelqu'un soit une mauvaise raison ; on a vu bien pire. Mais tout simplement je crois que je dois me déterminer par rapport à moi et à moi seul.

Renoncer ça veut dire placer quelque chose au dessus de tout, de sorte que mes passions ne m'aveuglent plus. C'est un peu abstrait et surtout c'est quelque chose que je n'éprouve pas avec le coeur. Pas encore.

Pendant le dhikr je pense parfois au sheikh. Ca m'aide. Je crois que c'est bon signe. Et d'une certaine manière je crois que j'ai déjà fait pas mal de chemin.

27.12.04

patience, suivre ou pas ses penchants ?

Je suis impatient, je crois que j'ai déjà expliqué ça. Mon aimée me manque. Je sais pourtant que je ne suis pas prêt encore pour elle, et qu'elle non plus n'est pas prête. Alors comment faire ?

Je ne vois pas tout ça comme une épreuve... mais peut-être en est-ce une. Qui sait. Je repense à mes lectures de maîtres soufis : au moyen âge, en des temps disons plus spirituels qu'aujourd'hui, l'épreuve prenait une place très importante dans le cheminement spirituel.

Ainsi il y a plus d'un exemple de gens qui ont passé des années à chercher un maître susceptible de les initier. Et une fois ce maître trouvé, il leur a fallu parfois patienter encore. C'est en gros le cheminement qui commence par le dépouillement avant d'offrir des récompenses.

J'ai déjà évoqué le fait que la tariqa n'est plus comme ça, en partie pour répondre au fait que notre époque ne porte pas au spirituel. Et pourtant le but reste le même : se défaire des passions qui nous contrôlent afin de mieux les maîtriser. Exprimé comme ça c'est un peu violent, mais ça a un vrai sens pour moi.

Pour revenir à ces écrits, je relève une phrase qui dit en gros "face à une décision difficile, considère ce vers quoi te porterait ta nature, et prends-en le contrepied". C'est un peu sévère, et c'est paradoxal en apparence : dans le même temps, je crois profondément que je dois écouter et suivre mon coeur. Comment dépasser ce paradoxe ? Je n'ai pas la réponse.

dhikr et temps

Ce matin j'ai prolongé le dhikr. Je sens plusieurs choses. D'une part, j'ai parfois l'impression que 10 secondes de concentration "valent" plus que 10 minutes de distraction. Je ne sais pas trop comment expliquer ça, mais par moments je ressens très fugitivement que quelque chose se passe, et le reste du temps force est de constater que je ne suis pas très concentré.

Pourtant, et c'est pour ça que je prolonge parfois, je crois bien que ça m'apaise, même si je pense trop à diverses choses. Un regard profane ce serait de me dire que le dhikr me rapproche de mon côté contemplatif, un peu comme si je regardais un feu ou la mer par exemple. Ou comme si je méditais comme le font les bouddhistes.

Je pense qu'il y a plus que la méditation ou l'effet mécanique de la contemplation. A la limite, pourquoi me poser la question ? Qu'il me suffise que le dhikr m'apaise.

Le temps passe bizarrement pendant le dhikr : par moments ça passe très vite, puis très lentement... Une autre chose que je constate, c'est que les réunions me manquent. Ca ne fait qu'une semaine depuis la dernière, et je crois que j'en ai besoin. Peut-être que le dhikr solitaire accumule quelque chose en soi qu'on a besoin de libérer en groupe... tension et résolution ? Je ne sais pas trop.

discussion spirituelle

J'ai vu Ghost in the shell 2 hier avec un ami. Pour ceux qui ne s'intéressent pas trop aux dessins animés japonais, le thème c'est en quelque sorte une interrogation sur l'essence de l'homme. Quelle est la différence entre un homme et une machine ? Qu'est-ce que créer la vie ?

On a discuté assez longuement après (il est athée mais d'une famille catholique et donc connaît mieux que moi pas mal de choses). Pas du film, mais de thèmes à présent assez familiers pour moi : le destin, le hasard, etc... Au cours de la conversation j'apprends ainsi (ignorant que je suis !) que pour les protestants, tout étant écrit et prédestiné, peu importe qu'on fasse le bien ou le mal, ceux qui seront sauvés sont choisis d'avance et on ne peut rien y changer.

C'est une différence fondamentale avec le catholicisme, qui promet plus ou moins le salut à ceux qui sont pieux. Quand à l'islam, je suis toujours un peu dans le brouillard sur le sujet : tout est écrit, "l'encre est sèche, les parchemins sont roulés", mais en même temps il faut faire des efforts.

Pour les catholiques, pas embarassés par le sujet, apparemment Dieu a doté les hommes du libre arbitre, et il faut accepter le paradoxe : c'est le Mystère et puis c'est tout.

Je repense à cette explication que m'avait donnée l'élue de mon coeur sur son choix de l'islam : le catholicisme lui paraissant trop illogique, elle a "trouvé des réponses" dans l'islam. C'est bizarre... sur ce sujet de la prédestination et du libre arbitre, il me semble que l'islam n'est pas si clair que ça.

Et pour moi c'est bien ainsi. Je crois que je ne voudrais pas d'une religion qui a toutes les réponses toutes prêtes. J'ai besoin de spéculation, d'une part de doute. C'est comme sur le sujet de l'unité de l'islam. On entend dire qu'il n'y a qu'un seul islam... c'est à la fois vrai et faux.

Pour revenir à la conversation d'hier, on a parlé du hasard. J'évoquais un truc qui m'est arrivé alors qu'il y avait une chance sur un million (tout le monde a déjà vécu ça). Mon ami m'a dit fort justement que s'il y a une chance sur un million alors ça peut arriver. C'est peut-être le sens de la phrase "jamais un coup de dé n'abolira le hasard". Ce n'est pas parce que ça arrive, aussi improbable que ça soit, que c'est le signe d'un dessein supérieur.

Pour lui, la foi c'est penser qu'il y a autre chose que le hasard. Hum... sur la foi il y aurait tellement à dire : plus j'avance et plus ça me paraît riche. Par ailleurs mes proches doivent vraiment commencer à se poser des questions.

sagesse

J'ai passé un peu de temps ce week end à lire les sapiences d'Ibn Ata Allah (je crois que j'ai déjà parlé de lui). C'est à la fois d'une simplicité incroyable et d'une profondeur redoutable. Je crois que je suis porté à la contemplation : déjà avec un livre "normal", il m'arrive de partir dans une sorte de rêverie au détour d'une phrase.

Là je lis ces petits textes de quelques lignes écrits au XIIème siècle, et certains sont si actuels... bon naturellement je suppose que si ça me parle c'est parce que je suis dans un état d'esprit de recherche, que j'ai besoin d'éclairages. Quoi qu'il en soit je suis charmé par ces textes.

Je me surprends à m'arrêter pendant quelques minutes sur une phrase, et à hocher la tête sans m'en rendre compte. Je n'ai pas d'exemple précis en tête, mais c'est plus comme un bain dans lequel je me plongerais.

J'ai lu aussi des petits textes d'Abd el Kader. Là c'est un peu plus difficile à saisir : les questions traitées sont autant métaphysiques et philosophiques que théologiques. Vu mon niveau dans ces matières, j'ai parfois du mal à suivre. Mais là aussi au détour d'une phrase j'ai l'impression confuse que les choses s'éclairent.

24.12.04

encore l'orientation et l'intention

Je reviens à ce sujet compliqué. J'ai lu quelque part que faute d'orientation, faute d'intention, on peut faire des heures de dhikr sans aucun bénéfice.

J'avoue que ça me fait un peu peur. Je ne sais toujours pas très bien ce qui se joue lors du dhikr, et je suis toujours dans cet entre-deux : je n'arrive ni à me concentrer ni à me laisser aller.

Encore de l'impatience de ma part certainement. Après tout ça ne fait que quelques semaines que je pratique. Et sur le plan de la foi je ne sais pas non plus à quoi m'en tenir. Si j'organise un vote de mon parlement intérieur sur, au choix, l'existence de Dieu, le Jugement Dernier ou un autre élément de ce à quoi croient ceux qui ont la foi, le vote est plutôt non.

Et pourtant il se passe bel et bien quelque chose. Allez y comprendre quelque chose. Et si je renonçais pour un instant à comprendre, moi aussi ? Pas facile.

l'émir Abd el Kader

J'ai profité de mes courses de Noël hier pour acheter un petit recueil de textes d'Abd el Kader, traduits et annotés par Michel Chodkiewicz. Celui-ci est un converti qui se trouve aussi avoir dirigé pendant des années les éditions du Seuil.

Abd el Kader est connu comme une figure de la résistance contre les Français dans les années 1830 en Algérie. Il est aussi connu comme un grand mystique. Il est celui qui a revivifié la pensée akbarienne.

Un petit rappel peut-être... un des plus grands soufis de l'histoire est Ibn Arabi (XIIIeme siècle). Il a été autant célébré que critiqué. Bon je ne suis que trop ignorant sur le sujet donc je ne vais pas faire le malin. Toujours est-il qu'Ibn Arabi a été un tel maître qu'il est surnommé shaikh al akbar, qu'on peut plus ou moins traduire par "le plus grand maître".

Dans une interview intéressante de M. Chodkiewicz que j'ai lue, il oppose l'interprétation pleine de coeur et exprimée dans un langage très simple qu'Abd el Kader fait de certains passages d'une oeuvre d'Ibn Arabi, le Fusus al Hikam (Sagesse des Prophètes) à l'interprétation très érudite, très savante mais en quelque sorte désincarnée qu'en fait un certain ... Khomeiny, dans sa jeunesse.

Il me tarde de lire ce livre pour pouvoir plus en parler. Cet Abd el Kader m'a l'air d'être quelqu'un d'extraordinaire.

Au passage j'achète plein de livres que je lis d'une manière un peu inhabituelle pour moi. Normalement je lis un livre en entier puis je passe au suivant. Là avec tous ces livres spirituels et religieux, j'en ai au moins 4 ou 5 (sans compter le Coran) qui sont en cours. Je suppose que c'est normal.

la prière

Acheté aujourd'hui un petit livre d'initiation à la prière. C'est un livre avec des illustrations, quasiment un livre pour enfants.

C'est exactement ce qu'il me faut. Je ne sais pas encore bien comment je vais m'y prendre, mais on va bien voir. Je vais lire le livre et je déciderai de ce que j'en fais.

Je suis allé dans la librairie où la femme de mes pensées m'a conseillé d'aller pour une édition du Coran. C'est en plein "quartier des barbus", pas loin du métro Couronnes. Mais la librairie s'appelle Al Ghazali (un signe ?). Par ailleurs la traduction du Coran qu'elle m'avait conseillée a été faite par un converti... qui est membre d'une tariqa soufie.

Pour en revenir à la librairie, ils sont effectivement barbus. Ca fait deux fois que j'y vais, et le patron de la boutique est toujours au téléphone avec des gens. Il a l'air d'être de bon conseil.

23.12.04

la mort

Je reviens à ce déjeuner avec cet ami qui vient de prendre le pacte. On a parlé de la mort. Pas sous un angle triste. Mais il m'a dit "je crois profondément que le moment le plus important de la vie d'un homme c'est sa mort".

Ca m'a fait beaucoup réfléchir. Encore un sujet sur lequel j'ai passé des années à éviter de m'interroger. Je ne sais pas ce qu'il y a après la mort. La mort d'une proche récemment a été l'occasion d'un éveil pour moi ça c'est sûr.

Je ne crois pas qu'il faille y penser tout le temps, même si une phrase (je crois bien que c'est un hadith) dit "travaille pour ce monde comme si tu devais vivre mille ans, et pour l'autre comme si tu devais mourir demain".

J'arrive à l'âge où mes parents pensent pas mal à la mort, tout ça est sans doute un peu lié. Hum je n'ai pas les idées claires (dédidément). Autre indice : ce rêve récent où je mourais dans un accident d'avion. Je ne crois pas avoir déjà rêvé que je mourais, ou pas que je me souvienne. Entre ça et mon premier rêve d'enfant, il se passe certainement des choses en moi.

faire des choix

J'ai toujours eu du mal à m'engager (travail, relations, etc...). Et là lors de ma dernière séance chez mon psy j'ai réalisé quelque chose : quand je suis allé le voir (il y a plusieurs mois) j'ai le sentiment que je n'avais pas le choix.

Paradoxalement, je crois que je suis en train de faire des choix dans ma vie, de prendre des chemins, de m'engager. Et en même temps ces choix me paraissent comme inéluctables, comme si se révélaient peu à peu à moi des choix que j'ai déjà faits il y a longtemps. Ainsi de mon engagement dans la voie, qui me semble chaque jour plus évident (même s'il y a des hauts et des bas, des avancées et des reculs).

La lecture religieuse ce serait de me dire que c'est la vie, donc Dieu, qui m'amène là où elle le souhaite. Ca me ramène au sujet compliqué de la liberté et du libre arbitre. Il me suffit de penser que pour ce qui est de la voie, les choses se font naturellement, sans effort. Et me voilà avec un pied dehors, mais aussi un pied fermement dedans.

Ces choix se font donc comme à mon insu. Et en même temps il est bien que je les fasse : j'ai besoin au fond de moi d'engagement. C'est nouveau, c'est difficile, ça sera peut être douloureux, mais je crois que je serai plus en accord avec moi même en avançant comme ça.

Et la voie, Dieu, ça répond peut être à ce besoin mal formulé. Hum en me relisant je me dis que je dois vraiment passer pour un grand malade !! Pas très grave. Après tout ce blog est aussi (surtout ?) pour moi, pour me permettre de fixer mes idées.

prouver, toujours prouver

J'ai l'impression que pour beaucoup de musulmans (et certainement beaucoup de gens qui ont la foi dans toutes les religions) il y a un besoin de prouver. Combien de fois n'ai-je pas lu "c'est encore une belle preuve de l'existence de Dieu".

Moi ça me gêne. Et c'est quelque chose qui remonte à bien avant mon intérêt pour la voie. J'avais eu une conversation avec cette jeune femme qui me parlait d'un livre qui montrait par a + b que le Coran a décrit certaines choses, et que ça prouve donc que c'est un texte divin.

Je me sentais mal à l'aise avec ça : pour moi, et je n'ai pas vraiment changé d'avis (même si je demande par ailleurs des signes... allez comprendre), la foi c'est justement ne pas avoir besoin de prouver. Raisonner, toujours la raison. Je lui avais dit "quelle est cette foi si fragile qu'il faudrait prouver rationnellement son fondement ?" Je pensais aussi que le fait de savoir si le Coran est à prendre au pied de la lettre n'a pas forcément d'intérêt : c'est l'essence de son message qui compte. Bon sur le Coran c'est un autre sujet c'est assez compliqué.

Mais j'ai lu (je cite de mémoire) un grand soufi qui disait en substance "qu'as tu besoin de prouver l'existence de Dieu ?". Il faudra que je retrouve la phrase exacte, mais ça m'a frappé et ça m'a parlé. C'est difficile à expliquer mais pour moi la foi se passe de preuves ou du moins devrait pouvoir s'en passer.

initiation

J'ai réfléchi un peu sur l'aspect initiatique de la voie. C'est marrant c'est au moment où mon esprit critique, "rationnel" m'assaille le plus que je pense à ce genre de choses.

La question est la suivante : est-ce que le fait qu'il s'agisse d'une voie initiatique compte pour moi ? Initiatique ça veut dire littéralement que je vais apprendre auprès de gens, et plus particulièrement auprès du sheikh de la voie. Je crois avoir déjà dit à quel point je doutais sur mes motivations, mais je crois quand même qu'il y a quelques éléments :
- j'ai sans doute un besoin non formulé de spirituel, de transcendance, depuis longtemps
- le message d'amour porté par les membres de la voie m'a parlé. Je repense à cette réunion publique à laquelle j'avais assisté et où j'avais été si frappé par la paix et la sérénité qui se dégageait des gens présents
- il y a bien sûr cette jeune femme qui m'attire vers l'islam.

Par rapport à tout ça, je crois que j'ai tout simplement besoin d'être guidé. Je ne me verrais pas m'initier tout seul à une religion, quelle qu'elle soit, en lisant des livres par exemple. Par ailleurs, même si pour le moment c'est un peu flou, je comprends intuitivement ce qu'on m'a expliqué sur le fait que l'enseignement se fait principalement à travers le contact avec les autres fôqara. Et à travers la pratique du dhikr bien sûr.

Alors oui j'ai des doutes, oui j'ai en permanence besoin d'être rassuré, mais je crois bien que j'avance. Mon esprit critique se hérisse par moments, mais c'est le jeu.

Ainsi de cette phrase qui dit en gros que l'on peut décrire par des mots la saveur du miel, mais que même si on y consacrait des livres entiers on ne peut pas se faire une vraie idée tant qu'on a pas goûté. C'est le genre de phrase qui m'aurait énervé au plus haut point il y a quelques mois.

22.12.04

discussion sur l'islam en France

Parlé aujourd'hui avec un médecin que je connais bien. Il a travaillé en Afghanistan et en Iran, et du coup il connaît bien le monde musulman. Je suis pas toujours d'accord avec lui sur tout mais c'est intéressant de discuter avec lui.

Premier point : il m'a dit que mon orientation spirituelle se voit comme le nez au milieu de la figure. La façon dont il voit les choses c'est que ça va me rapprocher de moi-même. Il m'a demandé si j'avais des souvenirs d'éveil spirituel, même sur des petites choses, dans mon passé. Je vais y réfléchir. On a évoqué le rôle de la pratique dans cet éveil.

Sur l'islam en France il a une position un peu simpliste : en gros il me dit qu'il suffirait qu'on donne le droit de vote aux immigrés pour que l'islam de France évolue. Je ne sais pas comment prendre ça, et j'en ai parlé trop brièvement pour pouvoir juger ce qu'il m'a dit.

Ca ne fait jamais que le 126ème sujet sur lequel il faudra que je revienne un de ces jours.

responsabilité et espace public

Et moi qui pensais n'avoir rien à dire aujourd'hui !

Un autre sujet me vient à l'esprit. Je repense à ce frère (qui n'est pas dans la voie) rencontré un soir et qui m'avait dit "l'islam de France ce sera vous, c'est aussi à vous de vous engager".

Sujet plus qu'épineux. D'une part je suis un peu gêné par les organisations qui veulent peser politiquement dans le débat public en tant que représentantes des musulmans. Un certain nombre d'associations estiment que les musulmans de France doivent s'affirmer, prendre leur place dans le débat, affirmer leurs droits.

Au premier abord ça me met un peu mal à l'aise : pour moi la religion c'est une affaire privée, qui n'a pas à être mélangée avec la politique. C'est d'ailleurs plus ou moins la position de la tariqa. Ce qu'on vit dans la voie est tellement "intérieur" d'ailleurs que je pense que beaucoup de membres ne se posent pas la question comme moi.

En même temps faut-il rester indifférent ? C'est une question difficile. Il y a tellement de sujets qui se mélangent : dictature et répression dans certains pays musulmans, le terme ambigu d'islamophobie, la tristement fameuse loi sur le voile et ses conséquences, le mélange des genres... la sagesse serait de rester à l'écart de tout ça, mais je ne peux pas.

C'est étonnant comme tout ce qui touche à l'islam est à vif en ce moment en France. Discordes, racisme, peurs, tout semble se cristalliser autour de ça. Et malheureusement je n'entends pas beaucoup de voix qui me rassurent.

Du coup en ce moment être musulman en France c'est pas simple. Pas simple non plus d'être maghrébin, même si on n'est pas musulman pratiquant. J'ai lu un témoignage assez émouvant d'un jeune homme qui racontait qu'il se sent mal depuis quelques années : il n'est pas pratiquant, ses parents sont d'origine algérienne, et pour la peine on lui demande sans arrêt de donner son avis sur au hasard le voile, le 11 septembre, la guerre en Irak, etc... Comme s'il était en quelque sorte comptable de tout ce que les gens peuvent se poser comme questions sur le monde arabo-musulman.

Pour revenir à ma responsabilité, c'est une question à laquelle je ne vais pas répondre en un jour. Un certain nombre de choses me révoltent ou me mettent mal à l'aise, mais je voudrais bien séparer ça de la religion. Pour certains, on est musulman avant d'être citoyen (bon je simplifie à l'excès là...), pour moi le problème ne se pose pas comme ça.

Par exemple je ne dénie à personne le droit d'avoir un avis sur l'islam (un sport répandu dans la communauté musulmane consiste à dire que seuls les musulmans peuvent avoir un avis).

Peut être que je me poserais moins de questions si je n'avais pas par ailleurs ces doutes sur mon cheminement, sur l'élue de mon coeur. Peut-être aussi que je devrais moins m'intéresser à ce qui est extérieur (les polémiques notamment) et plus à ce qui est intérieur (ce que je ressens dans mon coeur vis à vis de la religion).

Le bon point c'est que tous ces sujets me font beaucoup réfléchir. Et à ma manière, je progresse dans le savoir. De façon chaotique certes mais je progresse.

priorités

C'est clair qu'en ce moment je ne devrais pas me focaliser sur cette femme que j'aime : j'ai des priorités très concrètes dans ma vie. Je dois avancer sur le plan professionnel. J'ai des choses à régler avec ma famille aussi (la liste est longue).

Et je dois décider à mon rythme de ce que je fais dans la voie. Et ça il faudrait que je puisse le faire sans penser trop à elle.

Par ailleurs tout ça me renvoie aussi à mes priorités dans la vie : ainsi de mes relations avec les femmes. Ai-je envie d'être un séducteur comme je l'ai été pendant des années, ou alors suis-je capable de passer à autre chose ? Quand je croise des jeunes femmes jolies dans la rue, j'ai toujours ce petit pincement.

Bon là dessus je pense que tout le monde est humain : plus d'un disciple avouerait certainement qu'il est tenté lui aussi. La question pour moi est plutôt de l'ordre de l'engagement : séduire pour séduire c'est refuser de s'engager sérieusement. Je ne sais pas quel sera mon destin, et si c'est avec la femme que j'aime que j'aurai la chance de vivre.

Il y a d'autres possibilités : je peux très bien ne jamais me marier. Ou alors je peux rencontrer une autre femme. A moi de voir ce que je veux. Et à moi aussi (ça c'est beaucoup plus difficile) d'accepter ce que la vie m'offre.

hauts et bas

Aujourd'hui je me pose à nouveau des questions. La femme que j'aime me laisse sans nouvelles. Bon il faut reconnaître que pour elle ça doit être un peu troublant : elle m'a laissé il y a 6 mois athée, plutôt virulent sur certains sujets concernant la foi, pas du tout sur la même longueur d'onde en somme.

Elle me retrouve 6 mois plus tard avec des grandes questions et un intérêt plus que croissant pour le spirituel... j'imagine qu'elle doit se demander ce qui m'est arrivé.

Alors bien sûr je pense que chez elle le problème ne vient pas que de la foi : elle a beaucoup de mal à accepter qu'on l'aime, et s'estime assez peu. Puisse Dieu lui venir en aide.

Pour moi ça me ramène à mon intention, à la sincérité de mon chemin : si c'est juste pour elle que je me tourne vers la foi, quel sens ça a ? Encore une fois, même si ce sont des doutes douloureux et de mauvais moments à passer, je crois qu'il faut que j'accepte le fait qu'il n'y a probablement pas de réponse à cette question.

En fait c'est un peu étrange mais si j'essaie d'être "sage" je me dis qu'un jour ou l'autre cette question ne se posera plus, ou du moins plus de la même manière. J'ai déjà beaucoup changé d'idées sur pas mal de sujets. Et je crois que ma demande va plus loin que l'amour que j'éprouve pour cette femme.

Que j'éprouve des sentiments c'est normal ; mais je crois que les grandes questions que je me pose de façon un peu confuse remontent à bien plus loin. C'est très difficile d'être serein, je me sens par moments comme dans une machine à laver. D'ailleurs en ce moment j'ai plus de mal que jamais à me concentrer pour le dhikr. Je suppose que c'est normal qu'il y ait des hauts et des bas, des moments où on a l'impression de reculer.

Mais du coup je pense à ces paroles : "si cette voie ne te fait pas de bien, quitte la", et plus généralement je me pose (encore) des questions. Je ne dis pas que ça ne me fait pas de bien, au contraire.

Si seulement j'avais la patience de ne penser qu'à avancer, au moins pour quelques semaines, quelques mois. Et puis je réalise d'où je viens et où je me dirige peut être : la voie est exigeante, même si elle porte en elle des récompenses. Hier soir je me suis à nouveau demandé si je me verrais un jour annoncer à des proches que je suis musulman. Pas simple.

Le temps dévoile les choses paraît-il.

21.12.04

prière, voie et ivresse

Déjeuné aujourd'hui avec cet ami qui vient de "prendre le pacte". On a passé une partie du déjeuner à parler de ... la prière.

On est tous les deux disons "grands débutants" dans l'islam, du coup c'était assez marrant. C'est moi qui ai mis le sujet sur le tapis : je commence à avoir envie de faire des prières. C'est peut être prématuré, mais c'est comme ça que je le sens.

Pour lui, les débuts sont laborieux, mais il m'a l'air de prendre ça avec bonne humeur. On a parlé aussi de ce fameux concept d'intention, si important. Et puis on a parlé de la foi. Je me rappelle que quand je parlais de foi il y a quelques mois je voyais ça comme un truc qu'on a ou qu'on n'a pas.

Pas du tout comme quelque chose de vivant, quelque chose qu'on nourrit, qui vous enveloppe, etc... et encore je ne suis qu'au début de mes découvertes. La foi c'est tellement difficile à expliquer... et tellement simple aussi j'imagine. Pour le moment j'en parle mais c'est comme si j'avais un pied dedans et un pied dehors. Ce n'est pas très confortable d'ailleurs.

Autre décalage avec mes conceptions "d'avant" : on a parlé de tout ce qui est interdictions (le porc, l'alcool notamment). Je ne sais pas comment l'expliquer, mais il me semble que ce sont des choses accessoires. A partir du moment où on choisit de pratiquer, on est tout à fait libre de suivre ou pas ces interdictions. Mais par exemple pour l'alcool ça ne me fait ni chaud ni froid.

De l'extérieur (et je suis bien placé pour en parler) toutes ces interdictions peuvent paraître ridicules. Reste à vivre tout simplement en accord avec sa conscience, avec son coeur. Et à essayer d'être meilleur. Par moments je suis plein de doutes, et par moments je suis comme aspiré par la voie. C'est difficile à exprimer.

On a parlé aussi d'un livre qui vient de sortir, Orient : mille ans de poésie et de peinture. Le livre est chroniqué par un journaliste dans libé, d'une façon qui m'a fait sourire : il semble prendre au premier degré des poètes soufis qui parlent de vin, d'ivresse (thème central s'il en est !). En gros on le voit venir à nous expliquer "hep hep regardez dans l'islam il y a aussi eu des gens qui picolaient".

Loin de moi l'idée de me prétendre plus savant que ce journaliste qui connaît certainement l'orient et le monde musulman beaucoup mieux que moi, mais dans ma tête j'ai immédiatement pensé "il n'a pas capté le côté allégorique de la référence à l'ivresse". Pour le peu que j'en comprenne, les poètes soufis parlent du vin et de l'ivresse pour parler de leur extase spirituelle. Mais je parle peut-être de sujets que je comprends mal.

Ca me ramène à cette interrogation : est-ce que ça a un sens d'opposer un soufisme qui serait "soft" ou "libéral" au reste de l'islam ? Je ne pense pas. D'ailleurs tous les gens que je croise dans la voie observent les formes extérieures de la religion (la shari'a) de façon scrupuleuse, même si rien n'est imposé. Bon là ça m'entraîne loin, je reviendrai sur les rapports entre l'extérieur et l'intérieur, ça mérite plus qu'un paragraphe.

demander de l'aide

C'est bizarre. D'un côté je ne sais pas encore dire si "j'ai la foi". Bon avoir la foi c'est pas comme un interrupteur qu'on allume ou qu'on éteint il y a tellement de nuances... mais toujours est-il que presque chaque jour en ce moment je demande de l'aide.

Je ne sais toujours pas si je suis sincère, je suis toujours aussi troublé par le fait que j'aime une femme qui n'a pas l'air prête pour moi. Alors je demande à Dieu de me donner de la patience. De m'aider à accepter les choses. De m'aider à renoncer peut-être.

Peut-être que ça n'a pas de sens de demander ça alors que je ne suis pas sûr de croire. Et puis je ne demande pas que ça naturellement. Je Lui demande aussi de me permettre un jour d'être heureux avec la femme que j'aime. Hum tout ça est un peu contradictoire. Je demande tout et son contraire. Et naturellement dans les moments pas faciles je me demande si ces demandes sont sincères.

Je crois bien que pour le moment il faudrait que j'arrête de m'occuper d'elle (facile à dire...) et que je me consacre au reste. Je me sens tellement perplexe... est-ce que tout ça est une épreuve dont je comprendrai le sens plus tard ?

Un de mes amis pense que cet amour que j'éprouve m'aura amené à la voie, à Dieu, mais qu'au passage je vais renoncer à elle, comme si elle me servait en quelque sorte de marche pied. Je ne sais pas quoi en penser. Encore des hauts et des bas... pas étonnant que j'aie appelé ce blog cahin caha.

C'est peut-être le moment de demander un signe... j'ai pourtant l'impression d'en avoir reçu quelques uns. Mais je n'arrive ni à les interpréter (ce n'est pas dans mes capacités) ni à leur faire vraiment confiance.

Je crois que la réponse est dans la pratique. Le dhikr m'apaise. C'est en pratiquant que je vais approfondir tout ça. Après tout si je regarde où j'en étais il y a 6 mois j'ai déjà parcouru du chemin. Bon plus j'avance plus je réalise que le chemin devant moi est infini, mais il faut quand même prendre un peu de recul.

Je le vois bien en faisant le dhikr : pas que je me concentre plus ou mieux qu'au début, mais je n'éprouve pas la même chose. C'est impossible à décrire. Et pourtant je ne suis qu'au début du début du commencement.

Un frère m'a dit dimanche qu'un moment viendrait où je commencerais à éprouver le goût du dhikr. Sans vraiment comprendre concrètement ce qu'il veut dire, je crois que j'ai saisi intuitivement ce que ça peut être. Je suis impatient.

Par ailleurs, j'ai éprouvé l'envie de faire une prière ce matin. Ne précipitons pas les choses.

20.12.04

je vais rater la réunion de cette semaine

Des raisons familiales m'obligent à zapper la réunion de marcredi, et du coup je ne me sens pas très bien. Peut être que c'est une sorte de manque... d'après Sidi Hamza je rappelle qu'on est "tous malades" et que la voie est "notre médicament" (pour un lecteur non informé, c'est à prendre dans le contexte hein...).

Je ne crois pas que ça soit une question de dépendance. Simplement j'apprécie beaucoup ces réunions. Ou alors s'il s'agit de dépendance, si j'ai besoin de ma dose en quelque sorte, où est le problème ? C'est une dose d'amour je crois bien.

Je sens de plus en plus que la voie me fait du bien, que le dhikr me fait du bien. C'est marrant mais je me verrais mal ne pas le faire. Bon une fois de plus je me prends la tête pour pas grand chose. Attendons et on verra.

foi et racines

Bon encore un vaste sujet que je sais pas trop comment aborder. Je suis toujours pas au clair avec ma "foi". Je crois bien que la pratique, la fréquentation de la voie me font du bien. Et c'est déjà pas mal.

J'ai eu une sorte d'intuition : c'est un peu confus pour moi, mais j'ai l'impression que ce chemin que je commence va peut être me rapprocher de mes racines. Je viens d'une famille athée et même assez anti-cléricale. Mais la famille de ma mère est assez pratiquante (ce sont des Russes orthodoxes).

J'ai plutôt été élevé dans le rejet de cette tradition, et de fait pour un certain nombre de raisons je ne fréquente pas ma famille russe. Mais ça fait quand même partie de mes racines. Et peut-être que la voie va m'amener à mieux comprendre ces racines.

Pour le moment c'est juste une intuition, il est possible que je me trompe complètement. On verra. Quand je dis rapprocher ça veut pas dire redécouvrir la foi orthodoxe, mais peut être mieux accepter cette partie de moi.

Par ailleurs j'ai fait un rêve très étrange et très beau il y a quelques jours. J'étais quelque part en Sibérie. A un moment un enfant marchait sur un lac gelé. C'était mon fils. Je crois bien que c'est la première fois de ma vie que je rêve que j'ai un enfant (je n'en ai pas dans la vraie vie).

Ce rêve m'a beaucoup fait réfléchir : c'est comme s'il m'indiquait la possibilité de m'inscrire dans une filiation. D'où un rapport très clair avec ce sentiment que la voie me permet de mieux accepter mes racines. Je crois que je vais rêver à nouveau de tout ça. Hum y en a encore qui me prendraient pour un dingue s'ils lisaient ça.

émotion et pacte

Hier j'ai assisté à une séance assez longue à la zawiyya (l'endroit où les membres de la voie se réunissent régulièrement). Il y avait pas mal de monde (une vingtaine de personnes). Il y a un côté frappant, c'est le mélange de gens de tous milieux et de toutes origines.

Je ne vais pas raconter ici le déroulement de la réunion d'hier. J'ai senti beaucoup d'energie spirituelle, avec (comme lors de la réunion du 4) des aspects déroutants. Et toujours cette impression de fraternité par croyable.

Un ami dont j'ai déjà parlé (il part très prochainement en Angleterre, on a commencé à fréquenter la voie en même temps) est arrivé en cours de réunion. Pour lui, ça fait longtemps qu'il tourne autour de la voie. Un de ses amis proches en fait partie, et il se sent comme happé par une demande spirituelle.

En même temps pour tout un tas de raisons il a beaucoup hésité avant de se lancer. Je me sens très proche de lui même si nous n'avons pas du tout le même degré de maturité dans nos démarches respectives. A ce propos c'est marrant mais j'ai entendu plus d'une fois que chaque faqir a une histoire unique.

Je crois que je m'y attendais plus ou moins, mais j'ai quand même été surpris : à la fin de la réunion, cet ami a pris le pacte et en même temps s'est converti. Le pacte c'est ce qui formalise l'entrée dans la voie ; rien de bien spectaculaire.

En revanche, juste après, j'ai ressenti une émotion très profonde. Tous les membres l'ont chaleureusement félicité, et je me suis senti heureux pour lui d'une façon que j'ai du mal à décrire. A la fois fier de lui et heureux.

Chacun son chemin, pour ma part je ne me sens pas encore prêt. Mais je ne pensais pas que ce serait aussi touchant d'assister à ça. J'ai bien vu que lui même en avait presque les larmes aux yeux.

17.12.04

outing ?

Le sujet de parler ou pas de la voie à mes proches, à mes parents, est assez épineux. Je sais que l'élue de mon coeur est dans une situation très douloureuse avec ses parents depuis sa conversion (elle n'est pas dans la voie). D'autres convertis choisissent de garder leur conversion secrète vis-à-vis de leurs proches, parfois pendant des années.

C'est une question très personnelle. Je suppose que je dois simplement être prudent de façon à ne pas blesser inutilement des gens que j'aime, et que je dois laisser les choses se faire naturellement.

En même temps, si par exemple j'épousais une femme qui porte le voile (ce n'est pas une hypothèse absurde ça pourrait arriver), le fait de la présenter à ma famille me désignerait ipso facto comme musulman.

Tout ça est bien prématuré : je ne sais toujours pas où j'en suis par rapport à la foi et une conversion est encore incertaine pour moi. Mais je suis ainsi fait que j'ai cette tendance regrettable à imaginer des difficultés qui pourraient survenir loin dans l'avenir, au lieu de me contenter de prendre les choses une par une.

rêve cette nuit

Ce matin j'ai fait un rêve assez étrange. J'étais avec mon frère et un copain d'enfance qu'on voit très peu souvent. On est dans le métro. Mon frère regarde ailleurs, et pendant ce temps mon copain est abordé par un type dont je comprends tout de suite qu'il le connaît pour avoir fait du sport avec lui.

Finalement ce sont deux hommes qui discutent avec mon copain. Mon frère se retourne alors et voit qu'un de ces hommes a la main posée sur l'épaule de ce copain. Il prend à partie l'homme en lui disant "ne touche pas à mon copain ok ?". Il n'a pas compris que la scène est cordiale, il prend ça pour une sorte d'agression.

Je regarde alors les deux hommes. Je ne sais pas comment mais je sais que l'un d'entre eux (celui que mon frère prend à partie) est marocain. Il se tourne vers moi et me dit "salam" avec le sourire. Il sait sans que je sache comment que je suis musulman (dans mon rêve hein... en vrai je ne le suis pas... ou pas encore). Du coup la tension retombe immédiatement.

Ce rêve me fait penser à ce que m'a dit le frère avec qui j'ai déjeuné hier : il pense qu'après ces quelques semaines, la seule pratique du dhikr a forcément commencé à modifier des choses de sorte que certaines personnes le "sentent" en m'approchant. En quelque sorte il est impossible de faire le dhikr ne serait-ce qu'une fois sans qu'il y ait aucun effet.



16.12.04

l'orientation - suite

Déjeuné avec le moqaddem de Paris. C'est toujours un moment où j'ai l'impression de me "recharger les batteries" spirituellement. Allez comprendre pourquoi. On dirait que j'ai besoin d'être rassuré (est-ce que j'ai changé, est-ce que la voie me fait du bien etc...). Quoi qu'il en soit j'ai apprécié le déjeuner.

On a parlé de ce fameux concept d'orientation. Il m'a cité le sheikh qui compare ça (pour expliquer à quel point c'est pointu) à une parabole satellite : il suffit qu'on la déplace d'un demi degré pour que l'image se trouble.

Je l'ai fait rire en lui disant qu'au moins une parabole une fois réglée plus la peine d'y toucher, alors que là c'est plutôt comme si la parabole était sur le dos d'un chameau et qu'on devait sans cesse la régler.

Je ne suis pas spécialement pudique ; je me confie assez volontiers. Mais je suis quand même étonné par l'impression de confiance que je sens avec les gens de la voie. Je leur parle de ma vie comme si on se connaissait de longue date.

destin et libre arbitre

Un autre sujet inépuisable ! Voyons voir... comment aborder la question... je suppose que pour quelqu'un qui a un peu de culture religieuse c'est une question assez basique, mais je me suis demandé hier à peu de chose près "si Dieu décide de tout et si tout est écrit, quelle est la place pour nos décisions ? Pourquoi serions nous responsables de nos actes ?"

Il y a deux questions là dedans : celle de la liberté et celle de la responsabilité (au secours j'ai l'impression d'être retourné en cours de philo !!). Aussi bizarre que ça paraisse c'est une vraie question avec du sens pour moi.

Dans un mail, l'élue de mon coeur m'a dit "je demande à Dieu de me donner la force de ne m'en remettre qu'à lui, il m'a créée et sait mieux que moi ce qui est bon pour moi" (je cite de mémoire). Ca m'a fait réfléchir, et ça m'a évidemment amené à cette question sur le destin.

On pourrait aussi parler du hasard... c'est encore une autre manière d'aborder le même problème.

Je crois qu'avec le temps certaines questions que je me pose tomberont d'elles mêmes. Non que j'y trouve une réponse définitive, mais plutôt (je crois) parce qu'elles ne se poseront plus dans les mêmes termes.

De la même façon, j'ai été marqué par une conversation hier soir : on parlait des sens du Coran. Il y a bien sûr le sens "littéral". Ce sens peut être complété par des sens supplémentaires qu'on perçoit avec le temps. Cela n'annule pas le sens premier, mais il y a un enrichissement du sens. Ce n'est pas très clair et ça fait un sujet de plus sur lequel il faudra que je revienne je crois.

l'orientation

Hier j'ai interrogé notre moqaddem sur un sujet qui est très important : l'orientation.

Bon j'ai pas les idées très claires sur le sujet (penser un de ces jours à faire un petit glossaire des termes soufis/musulmans...). L'orientation fait référence naturellement au niveau le plus basique à l'orientation vers Dieu. A l'orientation vers la Mecque pour la prière aussi.

Mais dans le contexte soufi l'orientation c'est encore autre chose. Ce qui n'enlève rien aux autres sens. L'orientation c'est quelque chose d'abstrait pour moi. J'aurai peut être l'occasion de comprendre avec mon coeur ce que ça veut dire.

Apparemment c'est le fait de "rassembler ce qui est épars", de concentrer tout son être dans une direction : celle de Dieu. Pour s'orienter, les membres de la voie ont la chance d'avoir un guide : le sheikh.

En quelque sorte il s'agit de se tourner de tout son coeur vers ce guide. Bon je sais ça n'a pas l'air bien concret. Mais c'est le mieux que je puisse faire à ce stade.

15.12.04

un regard sans concession

Un de mes plus proches amis (je n'ai parlé qu'à deux amis de la voie) est à la fois très intéressé par ce que je vis et très sceptique.

Je dîne très souvent avec lui. Il sait à peu près tout de ma vie (sauf l'adresse de ce blog...). Sur le plan religieux, il a eu une éducation protestante mais il est assez hostile aux religions, qu'il juge intolérantes, moralisatrices, culpabilisantes, prosélytes, et facteurs de divisions entre les hommes. Ouf ! N'en jetez plus ! Et pourtant c'est très intéressant de discuter avec lui.

Naturellement il a (comme moi) des doutes sur ma motivation pour la voie (il sait que j'aime une jeune musulmane). Mais malgré son hostilité envers la religion, il m'écoute et discute avec moi.

Il y a des choses que je n'arrive pas à lui faire comprendre ou partager. C'est plutôt normal. Je suppose qu'en son for intérieur il trouve plutôt ridicule que j'aie quasiment arrêté de boire. Et pourtant on arrive à se parler.

Il m'a remis en cause en me parlant de la grosse soirée du samedi 4. Quand je lui en avais parlé je lui avais dit que je m'étais senti un peu à part parce que j'étais peut être la seule personne présente à ne pas croire en Dieu. Il m'a ressorti ça hier soir, sans hostilité, mais comme s'il voulait me placer face à moi-même.

En fait je n'ai pas su quoi lui répondre. J'ai l'impression que je commence presque à mon insu à croire, mais je n'en suis pas bien sûr. Je m'adresse à Dieu pour lui demander des choses, mais ça ne veut pas dire que je crois... pour revenir à cet ami, on dirait presque qu'il m'a parlé de ça comme pour se rassurer.

Je ne sais pas si ça lui poserait un problème que je lui annonce que j'ai la foi. On verra. Peut-être qu'il ne comprendra pas. Mais c'est quelqu'un de généreux. S'il ne comprend pas il fera de son mieux pour accepter j'espère. Qui sait si j'ai bien fait de lui en parler.

dhikr de ce matin

Ce matin de façon étonnante j'ai été très concentré lors de mon dhikr. Les problèmes, doutes et autres interrogations subistent, mais pour une fois j'ai réussi pendant les invocations à me concentrer.

C'est marrant mais cette phrase d'Ibn Ata Allah que j'avais déjà citée me sert souvent quand j'ai du mal à me concentrer (la phrase qui dit qu'on ne sait jamais si on aura pas la chance ou la grâce d'être élevé à un dhikr supérieur). Je me la récite mentalement et ça m'aide à me concentrer, à ne plus penser à toutes ces choses qui me passent par la tête.

C'est difficile à décrire mais ce matin j'ai senti par instants que j'étais vraiment absorbé par l'invocation. C'est très difficile de s'absenter de soi-même, de laisser la place. Je rappelle que l'objectif du dhikr (en théorie) c'est de s'effacer complètement de sorte qu'on ne laisse plus de place qu'à Dieu.

C'est un peu vertigineux. Il ne s'agit pas pour autant de quitter définitivement ce monde, au contraire. Le dhikr n'est pas fait pour ça.

14.12.04

polémiquer pour polémiquer

Un autre truc sur lequel la voie va me faire tout drôle : la polémique. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis toujours j'adore polémiquer. Si quelqu'un soutient une opinion je vais systématiquement prendre le contre-pied. Ce n'est pas forcément du mauvais esprit (quoique...) mais plutôt une disposition naturelle chez moi.

Le résultat c'est que parfois en famille ça chauffe un peu ... je me souviens d'une discussion assez animée sur la loi sur le voile il y a près d'un an. Il y avait ma mère, des amis, et en gros j'étais le seul à être contre la loi. Pour tout un tas de (bonnes je crois) raisons. Là en ce moment c'est l'adhésion de la Turquie.

Et je ne m'embarque pas dans des polémiques uniquement sur des sujets qui touchent de près ou de loin l'islam. Tout est bon. D'ailleurs certains de mes plus proches amis sont eux aussi des maîtres en polémique.

Tout ça pour dire que quand j'interroge des membres expérimentés de la voie au lieu de les interroger sur des choses positives ça m'arrive de penser à des sujets qui fâchent (en vrac : que penser de Tariq Ramadan, pourquoi certains critiquent-ils le soufisme, etc...).

Je devrais pourtant comprendre que la bonne attitude (en tout cas pour ce qui concerne la voie) c'est d'éviter les polémiques. Je sens (orgueil ?) qu'au contraire je cherche des gens opposés au soufisme pour les convaincre, que ce soit des musulmans mal informés ou des gens à qui l'islam fait peur.

Or qu'est-ce que ça m'apporte ces polémiques... vaste question. Je pense qu'à part nourrir ce petit monstre en moi ça n'amène pas grand chose. Je vais avoir du mal à me corriger, mais je pense à ces débats à la télé où chacun reste sur ses positions sans que la discussion n'apporte rien.

Mais il vaut mieux que je me concentre sur moi, sur le bien que je peux faire et sur le bien que peut m'apporter ma recherche. Facile à dire mais un rappel de temps en temps n'est pas inutile je suppose.

sérénité, pardon

Je me demande comment font les gens qui atteignent à la sérénité. C'est tellement difficile. Je voudrais avoir la patience.

Et pardonner alors... j'ai du mal à pardonner à ceux qui m'ont fait du mal. J'ai du mal aussi parce que l'élue de mon coeur n'arrive pas à se pardonner des choses qu'elle a faites. Je me sens très embrouillé en ce moment. Je ne sais pas comment lui parler du soufisme. On n'arrive pas à se parler en toute confiance.

Faut croire que c'est pas gagné pour ce qui est de me délivrer de mes passions. C'est un objectif à très long terme il est vrai. Puis-je vivre autrement que dans l'urgence, la passion, la quête d'absolu ? Un ami a moi a un problème similaire, même si nos situations sont très différentes. Il adore tomber amoureux, l'incertitude et le frémissement qu'on éprouve au début.

Je suis peut être trop centré sur moi, peut être que si j'avais moins de temps ou que je consacrais plus de temps aux autres ça me ferait du bien. Se regarder le nombril n'apporte pas forcément grand chose. C'est l'avis de mon père par exemple.

Je trouve un apaisement dans le dhikr, mais par moments ça ne suffit pas. Peut-être que j'y verrai plus clair dans quelques semaines.

Quand à la voie, à l'engagement, j'aimerais être un peu moins troublé. Notre moqaddem m'a dit que rien ne pressait, que je pourrais m'engager quand j'aurais réduit le doute à un minimum "syndical". D'où me vient cette impatience alors ? Peut-être que je suis en train de changer. Le changement ne se fait jamais tout seul, et peut parfois être douloureux ou pénible.

On verra... à la grâce de Dieu comme on dit.

spiritualité et famille

Marrant je crois qu'il se passe des choses. Bon j'ai commencé à faire passer le message disons en douceur auprès d'une partie de ma famille : j'évoque le fait que je me pose des questions sur le sens de la vie, sur des "grandes questions" mais sans entrer dans les détails.

Je crois que mon frère n'est pas vraiment dupe. Mais il ne m'en parlera jamais de lui même. En revanche c'est étonnant : il m'a dit hier que peut être que la femme avec qui il voulait vivre a refusé parce qu'il ne serait pas catholique. Elle même n'est pas pratiquante, mais faute d'explication il se dit que c'est peut être une des raisons.

Là où j'ai vraiment été surpris c'est dimanche. J'ai déjeuné chez mon père. D'habitude c'est assez froid, on a du mal à être ensemble. Là non seulement on a passé pas mal de temps à discuter (de famille, de tous les sujets en fait) avec lui et ma belle-mère, mais à un moment à table on parlait de ... religion. Si je me transporte des mois en arrière je n'aurais jamais imaginé avoir ce genre de discussion. Mon père est athée. Et nous voilà en train de parler de la parabole des talents, puis de la parabole de l'ouvrier de la 11ème heure... j'hallucinais un peu. Lui aussi doit un peu halluciner. Je ne sais pas comment il voit tout ça.

Pour une raison qui m'échappe (peut être suis-je beaucoup plus transparent que je ne le pense) il prend bien soin en ce moment de ne pas dire du mal de l'islam. Il a même un peu changé d'avis sur l'adhésion de la Turquie (même si pour moi Turquie dans l'Europe et Islam sont des sujets assez différents). En gros quand il me dit "il y a telle chose qui est belle dans la religion chrétienne" (par exemple, la miséricorde, le pardon,...) il prend bien soin de compléter en disant "je ne sais pas ce qu'il en est des autres religions comme l'islam par exemple".

Il faut dire que récemment à un déjeuner de famille un cousin partait en vrille en accusant l'islam de tous les maux suite à un voyage au Cameroun qui s'était mal passé et que je m'étais permis de le remettre gentiment à sa place en expliquant qu'à mon sens l'islam n'avait rien à voir avec ce qu'il décrivait.

Je reparlerai de cette peur de l'islam qu'il y a en France. Peur des Arabes aussi (ça c'est encore un autre débat).

Récemment j'ai discuté avec un frère (il n'est pas dans la voie) d'origine malienne. Il me disait "l'islam de France ce sera à vous de le prendre en main". Vaste sujet sur lequel j'aurai certainement l'occasion de revenir (décidément c'est une manie !!)

Pour revenir à la famille je suis très partagé. Je voudrais être "vrai". En même temps je ne me sens pas trop de leur dire "salut je suis musulman". D'une part parce que pour le moment je ne le suis pas encore. Et d'autre part parce que ce n'est pas forcément le moment.

Il paraît qu'un compagnon du prophète a dit en parlant de ce que celui-ci lui avait confié : "il y a une partie que je ne pourrais jamais révéler car on me tuerait aussitôt". Le sens est bien plus riche, mais un des sens c'est qu'on ne peut pas forcément tout dire même si on en sent l'envie.

Heureusement qu'il y a les blogs !!



vivement demain

Encore une fois, j'attends avec impatience la réunion du mercredi. Je ne sais pas si c'est parce que je suis devenu dépendant. C'est peut être tout simplement parce que ces réunions me font du bien.

C'est aussi certainement parce que ça me fait plaisir de voir les différents membres de la voie qui sont en général présents. Je ne sais pas trop comment faire : il y a des sujets que j'aimerais aborder avec le responsable (ou moqaddem) mais je ne sais pas trop comment m'y prendre. Je suppose que le plus simple serait de déjeuner avec lui pour en parler.

Je me demande par exemple comment faire pour peut être commencer à intégrer une prière à ma pratique quotidienne. Je ne suis pas encore bien décidé sur le sujet. Je voudrais l'interroger aussi sur ce fameux concept d'orientation. Mais ça je pense que je pourrai le faire dès demain.

13.12.04

l'engagement dans la voie

Quand je vois le temps que donnent certains frères, je suis estomaqué. En plus de leur temps de dhikr et de prière, ils participent à 2 ou 3 réunions par semaine, parfois en venant de loin. Quand je lis la vie de Tierno Bokar c'est encore plus dingue (bon lui a voué sa vie à Dieu et à l'enseignement).

Je ne sais pas si je serai capable un jour du quart d'un tel engagement. En même temps c'est bizarre, j'ai envie de passer plus de temps, de pratiquer en somme. Alors bien sûr si j'avais un boulot une femme et des enfants je ne verrais peut être pas les choses de la même manière...

On m'a rapporté que le sheikh avait dit un jour (j'ai un souvenir approximatif mais en gros c'est ça) "la voie est comme un sac de riz et le faqir comme un oiseau. Si je pose le sac sur l'oiseau il ne s'envolera jamais. En revanche s'il apprend à voler avec un grain de riz, puis avec un deuxième, etc..."

C'est avec le temps que je déterminerai ça. Après tout la voie c'est une pratique adaptée à chacun, une orientation (pour ça c'est encore un peu obscur pour moi), et la route est longue. J'ai déjà expliqué que le changement apporté à la voie par Sidi Hamza et son père Sidi Habbas est essentiellement que tout le côté rigoureux (épreuves, etc...) du passé a été un peu gommé.

Pas pour "ratisser plus large", mais je pense tout simplement parce qu'on est à une époque ou le spirituel ne va pas de soi du tout, et qu'il ne faut pas décourager ceux qui entreprennent de s'en approcher.

Je ne crois pas que ça rende la voie plus ou moins "facile". Au premier abord certainement, mais à plus long terme je ne pense pas.

Autre paradoxe : je fais ça pour moi, pour mieux me connaître, et en même temps il faudrait que ça soit surtout... pour Dieu. Je crois qu'une phrase dit "Connais toi, et tu connaîtras ton Seigneur". Faut que je retrouve où j'ai lu ça.

encore un signe ?

J'ai demandé conseil à un membre de la voie sur quelle édition du Coran je pourrais acheter (eh oui je me suis décidé à l'acheter... il fallait bien que ça arrive un jour).

Il m'a suggéré une version en livre de poche et une édition chez la Pléiade. Je n'ai pas trouvé en Pléiade à la Fnac donc j'ai acheté une édition basique en poche.

Et voilà qu'hier je vais déjeuner chez mon père. Il tient de ma grand-mère une collection de plusieurs centaines de titres en Pléiade. Du coup j'ai jeté un coup d'oeil à tout hasard. La collection est dans un grand vaisselier. Là j'en connais qui souriraient s'ils lisaient ça, mais mon oeil est tombé immédiatement tout en bas à gauche sur un volume qui dépassait dans un coin sombre, comme s'il attendait d'être sorti. Je vous le donne en mille, c'était le Coran.

Bon je suis pas habilité à interpréter les signes ni même capable de dire si c'en est un mais sur le moment ça m'a carrément fait sourire.



petit livre

Sur les conseils d'un ami j'ai acheté "Vie et enseignement de Tierno Bokar", un petit livre d'Amadou Hampaté Bâ. J'ai déjà lu plusieurs livres de lui. Je recommande fortement d'ailleurs, qu'on s'intéresse ou pas à l'islam, à l'Afrique.

Dès les premières pages, je retrouve la magie de cette façon si particulière de raconter. Je vais pas faire l'article sur "ces fabuleux conteurs africains" mais il y a un rythme, une façon toute simple de raconter qui me touche beaucoup.

Bon et puis tout ça se passe dans la première moitié du 20ème siècle dans une région que je connais un tout petit peu, entre Ségou et Tombouctou sur le fleuve Niger (dans l'actuel Mali).

Tierno Bokar a été un homme (pour le peu que j'en ai lu) qui a été un guide spirituel très important dans cette région. On l'appelait le Sage de Bandiagara. Il appartenait à une confrérie soufie très présente en Afrique sub-sahélienne, la Tidjaniyya.

Un truc m'a marqué : Amadou Hampaté Bâ décrit l'enfance de Tierno Bokar, et notamment la façon dont sa mère lui enseigne la religion ; elle lui explique que les deux bases en sont l'amour et la charité. Bon ça va faire sourire les athées, mais ça m'a touché.

Je ne suis toujours pas sûr de ce que je ressens vis-à-vis de l'islam. Mais quand je lis ça je me sens bien, voilà un message qui me parle.

Pas d'angélisme ; j'ai toujours autant de mal à savoir où je vais, il y a des tentations partout, etc... mais je crois que j'avance.

10.12.04

colère

Je me rends compte que je suis très irritable par moments.

Bon j'ai quelques excuses : par exemple le fait que j'ai arrêté de fumer il y a 2-3 mois. Mais il n'en demeure pas moins que je m'énerve contre des gens qui ne m'ont rien fait (une amie à midi, un brave type qui écrit un blog cet après midi, mon avocate). Alors bien sûr je ne vais pas devenir "peace and love" du jour au lendemain.

Il faut aussi que ça sorte. Et je pense à cette anecdote à propos du sheikh qu'un faqir était venu voir : "c'est affreux ! depuis que je suis dans la voie j'ai envie de tuer les gens", et le sheikh de répondre "tu avais envie avant mais tu ne le savais pas".

En somme la voie nous montre (paraît-il) par moments nos défauts comme grossis, pour nous amener à changer. Est-ce le cas pour moi ? Je n'en sais rien. Je me sens un peu largué.

La femme que j'aime m'affirme qu'il ne faut pas trop demander de choses pour soi car alors on est guidé par ses passions et pas par sa raison, et qu'ensuite il faut en payer les conséquences. J'ai du mal à comprendre ce qu'elle veut dire mais ça aussi ça m'énerve. Une fois de plus, être patient, prendre les choses comme elles viennent et ne pas trop me poser de questions.

sourate Al-'ala

J'ai échangé quelques mails ces derniers temps avec l'élue de mon coeur. Elle m'a reparlé d'une sourate qu'elle m'avait lue il y a longtemps, et qui la touche beaucoup. Sur le moment j'avais assez mal réagi, je lui avais répondu "oui d'accord c'est fait pour faire culpabiliser les gens".

C'est la sourate 87 (qui s'appelle Le très haut). Bon j'avoue que j'ai jamais lu le Coran ; tout ce que j'en comprends c'est qu'on peut lire et relire sans en épuiser le sens, qu'on peut y voir et y comprendre des choses nouvelles à chaque lecture.

En l'occurence c'est clair que je ne la lis pas de la même manière. J'ai toujours du mal à comprendre qu'on dise que cette vie ne doit pas être préférée à l'au delà. Mais là encore je suppose que mon regard aura amplement l'occasion de changer.

Et puis y a des choses qu'il faut prendre de façon symbolique. Je m'embrouille un peu. Et la question de la foi n'est toujours pas tranchée.

Mais je suis surpris de voir à quel point mon regard a changé sur ce texte. J'y reviendrai.

la patience à l'épreuve

J'ai déjà eu l'occasion de dire que la patience n'est pas mon fort. Un truc m'inquiète un peu : il paraît que quand on avance dans cette voie il y a des moments où les défauts sont amplifiés (de sorte qu'on les voit mieux et qu'on peut lutter contre eux si j'ai bien compris).

Là j'ai un exemple concret qui met ma patience à rude épreuve. Ca fait 2 ans et demi que je suis dans une procédure aux prud'hommes. Je voudrais bien que ça soit derrière moi, afin de ne plus y penser. Le jugement a eu lieu hier... et y a pas eu de jugement ; c'est renvoyé à juin 2005. Ca fait déjà la deuxième fois que c'est renvoyé. J'aimerais avoir la patience de prendre ça "zen", mais ce matin je suis un peu énervé.

Hum tout ça n'est pas très spirituel. Encore une fois je devrais me dire que ce n'est plus entre mes mains (pas simplement parce que ce serait dans les mains de Dieu mais tout bêtement parce que je ne peux plus rien y faire). C'est plus mon impatience qui me navre.

Bon y a des choses tellement plus importantes que cette procédure dans ma vie... je n'y penserai plus dès demain je pense.

9.12.04

amour, gloire et beauté

Je pense que le point commun entre l'élue de mon coeur et la voie c'est pas seulement l'islam.

C'est surtout l'amour. Je crois que si je me suis intéressé à la voie c'est parce que ce que j'ai lu dessus ça parle d'amour, de fraternité. C'est aussi parce que j'ai ressenti de l'amour chez les gens que j'y ai rencontrés que je suis allé plus loin.

Alors on me dira que toutes les religions et même toutes les spiritualités sont plus ou moins basées sur l'amour, mais là je trouve quelque chose qui irradie.

Tout à l'heure je me promenais dans la rue et d'un seul coup je me suis senti très bien. Je pensais à ça et ça m'a rendu pour un moment une capacité à m'émerveiller que je croyais perdue depuis longtemps. A ce moment là j'ai entendu un oiseau chanter. J'ai pensé à mon déjeuner d'hier avec ce frère dont je me sens si proche et qui m'a parlé d'un chant d'oiseau qu'il avait entendu en faisant son dhikr dans sa voiture dans la forêt. Je ne sais pas comment prolonger cette sensation mais pour un instant j'ai eu l'impression que tout était beau autour de moi (non je n'avais pas bu).

Hum pour qui n'est pas versé dans ces sujets je dois paraître de plus en plus dingue. Pas grave.

encore un hâl ?

Hier soir à nouveau des tremblements, du bras gauche puis quasiment de tout le corps. Pas facile de dire si c'est provoqué par une sorte de volonté inconsciente. En tout cas c'est assez marrant.

Bon je rappelle que l'on peut très bien ne jamais en éprouver sans que ça veuille dire quoi que ce soit, et qu'il ne faut pas rechercher un hâl pour lui même. Et puis par rapport à ce à quoi j'ai assisté samedi, ce qui m'arrive est bien discret.

Je ne suis pas certain, mais il paraît qu'il n'y a que dans cette voie qu'on observe ça. J'imagine que vu de l'extérieur ça doit être assez bizarre, mais tant pis. Et puis encore une fois c'est plutôt anecdotique. L'essentiel de ce qu'on apprend et de ce qu'on reçoit est ailleurs.

changer oui mais changer quoi ?

En fait ça fait très longtemps que je veux changer je crois. Je me suis toujours senti un peu en décalage. En décalage par exemple avec le matérialisme de notre époque. Bon c'est facile à dire qu'on est pas matérialiste... quand on n'a jamais vraiment eu de problèmes matériels ! Mais le fait est que par rapport aux gens avec qui j'ai fait mes études je me sens très différent... Il y a quelques années j'étais allé à un dîner pour les 10 ans de ma promotion... je me sentais vraiment pas en phase avec les préoccupations de pas mal de gens (voitures, maisons, boulots, etc...).

Par ailleurs j'ai un passé de fêtard (alcool etc...), j'ai eu des relations sans lendemain et sans amour avec plein de femmes, alors j'ai peut être passé l'âge de tout ça mais c'est surtout que j'aspire à autre chose aujourd'hui.

Changer... encore faut-il savoir vers quoi on veut aller. Je voudrais être meilleur dans mes rapports avec ma famille ; je voudrais avoir une attitude plus constante avec le travail ; je voudrais être plus serein tout simplement.

Je m'aperçois que tout ça est très confus. La seule chose dont je sois à peu près sûr, c'est que pour le moment la voie me fait du bien. J'ai déjà dit que je ne dois pas en attendre de miracles. Mais je pense que ça va me permettre entre autres de mieux me connaître, de mieux m'accepter, de mettre certaines choses à la bonne distance (les affects par exemple).

Déjeuné hier avec un frère (je le connais depuis très peu et j'en parle comme d'un frère... marrant). Pour lui la voie, l'interrogation spirituelle c'est quelque chose qui s'impose à lui comme une évidence. Pas que pour moi ça soit simplement utilitaire (la voie pour aller mieux, ou pour d'autres raisons), mais je lui envie cet espèce de feu qui brûle en lui.

Les gens de la voie qui ont plus de recul que moi m'ont bien répété de ne pas me mettre martel en tête, de prendre les choses comme elles viennent. Ils pensent aussi que si je suis là c'est que je cherche quelque chose, et que je ne suis pas arrivé là par hasard. Leur sérénité me fait du bien. Il faut dire que j'ai tellement tendance à douter de tout. Et puis à chercher à tout expliquer !!

D'après eux les changements qu'on éprouve ne s'expliquent pas par des mots. C'est l'être qui change de l'intérieur. Il me tarde de voir ça. C'est cette dimension au delà de la raison qui est à la fois la plus difficile à accepter et la plus attirante.

Je suppose que c'est dans le regard des gens qui me connaissent que je me rendrai compte que j'ai changé. Je repense à ce frère avec qui j'ai déjeuné : la phrase qui le poursuit en ce moment c'est qu'il faut "lâcher prise et apprendre à nager". Lui même a du mal. Puissé-je m'appliquer ce conseil !

8.12.04

pratique, dosage

En ce moment j'alterne les crises (cf mon texte précédent) où en gros je me demande ce que je fous là, et les moments où au contraire j'ai envie d'aller plus loin. Ce n'est peut être pas contradictoire d'ailleurs.

Aller plus loin ça veut dire que par moments je sens une sorte de soif d'en faire plus. Alors évidemment il faut que je me méfie de ce zèle du débutant, mais par exemple je me dis parfois que je devrais aller à 2 séances de groupe au lieu d'une par semaine, que je devrais acheter le Coran, me mettre à faire des prières etc... Rien ne presse naturellement. Je pense qu'il est beaucoup plus sage de m'en remettre à des gens qui on plus d'expérience que moi. Et "augmenter les doses" en quelque sorte n'est pas forcément ce que j'ai de mieux à faire.

Ai-je déjà dit que la patience n'est pas mon fort ? C'est pas croyable : je suis au début d'un chemin qui peut durer des années ou des dizaines d'années, et je voudrais des résultats du jour au lendemain ! On m'a prévenu que la perplexité peut faire partie des phases à traverser, et plutôt deux fois qu'une. Sans doute est-ce un passage obligé. Et puis le fond du problème c'est sans doute aussi que la foi est quelque chose qui n'est pas donné, il faut en quelque sorte le vouloir, s'abandonner. Vaste sujet.

crise ?

Tout petit moral aujourd'hui... je vais avoir bien besoin du soutien des frères que je vois ce soir.

J'ai toujours ce manque vis à vis de l'élue de mon coeur, et toujours ces doutes sur ma vocation. Ce matin, le dhikr m'a fait du bien temporairement, mais par la suite je me suis senti moyen... j'ai tellement peur que cette jeune femme veuille pas de moi !! Et surtout j'ai peur de découvrir que je n'ai approché la voie que pour me rapprocher d'elle... j'ai beau me dire que le temps répondra à tout ça, il y a des moments où je ne me sens pas bien. Du coup je suis irritable, un rien m'énerve.

Il faut dire que par ailleurs j'ai beaucoup de choses qui bougent autour de moi. Et que j'ai fait des rêves étranges ces derniers jours. Toujours du mal à simplement avoir confiance, à "lâcher prise et nager" tout simplement.

Du coup je retombe dans un vieux mécanisme qui consiste à regarder avec peur mais aussi avec répulsion tout ce qui traduit un islam "dur", notamment les salafistes, les wahabbites, etc... J'ai besoin qu'on me montre un visage plus spirituel de cette religion !

Mais là je mélange un peu tout. Il faut croire que tout ça n'est pas de tout repos, et que je remue des choses profondes en moi.

7.12.04

bonne étoile ?

Un truc que je me dis depuis longtemps ... sauf que c'est seulement depuis peu que je vois ça comme peut être une manifestation de foi, c'est que j'ai semble-t-il une bonne étoile qui veille sur moi.

Il m'est arrivé plusieurs fois dans ma vie d'être dans une situation difficile (par exemple plus de boulot et plus de sous). Et à chaque fois je m'en suis sorti, sans pour autant avoir l'impression de "m'arracher" pour m'en sortir. D'où cette impression persistante d'une bonne étoile, un peu comme Gontran Bonheur (le cousin de Donald qui a un bol monstre).

A présent je me demande si le terme "bonne étoile" n'est pas autre chose. En fait j'ai des atouts pour m'en sortir, ça c'est indéniable. Il y a quelques mois l'élue de mon coeur m'avait dit qu'elle ne s'en faisait pas pour moi au niveau du boulot... elle a confiance en mes capacités, mais peut être aussi est-ce simplement une manifestation de foi. J'en reviens à cette équivalence foi= confiance.

Alors je ne sais pas trop ce que j'en pense ; j'ai toujours autant de doutes. Mais le fait est que je crois depuis très longtemps un peu confusément que je suis comme "protégé"... acceptons-en l'augure. Concrètement je sors d'un entretien pour un job, et l'entretien s'est très bien passé. Rien n'est fait, il y a d'autres candidats, mais disons que ça tomberait à pic.

réalité

J'ai souvent tendance à construire des illusions (dans beaucoup de domaines)... une des vertus de la journée de samedi c'est qu'elle me met face à la réalité de l'engagement que suppose la voie. Je ne sais pas encore quoi faire de tout ça, mais ce n'est pas simple.

De manière plus générale, il est toujours un peu difficile de se confronter au réel pour quelqu'un d'un peu "rêveur" comme moi. Je pense ici naturellement à l'amour par exemple : qui me dit que dans la réalité la femme que j'aime est celle avec qui je pourrai vraiment construire ?

Bon il faut reconnaître que la semaine que je traverse est particulièrement stressante : recherche de boulot, échéances financières, problèmes dans ma famille, doutes sur moi-même et sur la voie, et par dessus le marché j'ai rêvé il y a quelques jours que je mourais. J'étais dans un avion qui s'écrasait, et au moment du crash je me suis dit "alors c'est ça il n'y a que ça ?" et je me suis réveillé... bon je ne vais pas jouer à interpréter ce rêve même s'il y aurait certainement matière à le faire. Le point c'est que je suis un peu troublé.

Du coup ce n'est pas si facile d'être patient, de m'en remettre à l'avenir sans me poser de questions. Je suppose aussi que pour utiliser les termes techniques soufis c'est mon nafs qui se défend. Il faut que je le ménage si je veux l'amener à changer.

6.12.04

grosse journée

Samedi j'ai passé une journée ... disons très intense. Atelier sur le chant soufi dans l'après midi. La jeune femme qui animait l'atelier s'est mise à chanter à un moment... au secours ! J'en avais la gorge serrée. J'ai rencontré la première personne avec qui j'avais échangé des mails sur le soufisme... curieusement j'ai deviné que c'était lui sans le connaître.

Le soir je me suis rendu à une grosse réunion où il y avait des gens venus d'un peu partout. Au programme, dhikr, lectures, chants... je sais pas encore quoi en dire mais ça m'a carrément secoué. Couché à 4 heures du matin... et depuis j'y repense.

Il y avait une atmosphère de fraternité pas croyable. En même temps (bon là dessus j'étais prévenu) l'ambiance était très "musulmane". Et puis y a certaines choses qui se passent qui seraient difficiles à expliquer sorties de leur contexte (du hâl en veux tu en voilà notamment).
Peut être que vu ma relative nouveauté dans cette voie c'était un menu un peu copieux pour moi... quoi qu'il en soit j'ai passé une soirée étonnante.

Alors bien sûr il y a ces doutes : je ne suis toujours pas sûr d'avoir la foi, je ne suis pas encore sûr de vouloir m'engager dans la voie, tout ça me tourmente un peu. Ce n'est pas que je me sois senti de trop ou déplacé dans cette soirée. C'est plutôt que ça me place face à moi-même, face à la réalité.

Il faut sans doute que je ne me torture pas trop avec ça : le temps fera le tri, et on verra bien comment j'évoluerai. Mon côté "athée rationnel" est mis un peu à rude épreuve. Pas facile de lâcher prise. D'ailleurs comme par hasard j'ai encore plus de mal à me concentrer dans le dhikr chez moi depuis samedi. Je ne regrette pourtant pas une seconde d'y être allé. Il faut juste que je digère, que je prenne le temps.

Je pense beaucoup à l'élue de mon coeur en ce moment. Je crois qu'elle ne va pas très bien même si elle pratique beaucoup (on a juste échangé un ou deux mails ces derniers temps). Je voudrais qu'elle connaisse cette douceur, cette joie simple qui irradie des gens de la voie. Mais ça c'est un autre sujet j'espère pouvoir en reparler bientôt. De toute façon il faudra bien que je lui parle du soufisme à un moment.

Une des personnes avec qui j'ai parlé samedi soir m'a dit quelque chose qui m'a touché : il trouve tout simplement plus facile et plus naturel de pratiquer depuis qu'il est dans la confrérie. Il m'a aussi dit qu'un de ses amis qui était un peu "chaud" a changé de comportement, est devenu quelqu'un de meilleur en l'espace de quelques mois. C'est sans doute par ce changement qui vient de l'intérieur qu'on peut montrer à l'extérieur ce qu'apporte cette recherche.

Cette personne est un garçon très rationnel, scientifique et assez pragmatique. En gros il n'est pas du tout "illuminé" ou mystique. Il considère simplement qu'il y a des gens qui peuvent le guider efficacement. Chacun voit la voie différemment je suppose. Mais j'ai apprécié sa façon de voir les choses.

3.12.04

pourquoi le soufisme ?

Alors là, je dois dire que c'est difficile de répondre. Il est clair que je me suis renseigné un peu tous azimuts sur l'islam parce que j'aime une musulmane. Je crois bien que (comme beaucoup de gens) j'ai lu le livre d'Abd al Malik où il parle du soufisme. C'était il y a 6 ou 9 mois.

Ensuite j'ai acheté "la voie soufie" de Faouzi Skali... c'est carrément aride voire même incompréhensible (je suis retombé dessus ces jours-ci en rangeant chez moi... je capte un peu mieux le contenu mais ça reste très difficile à comprendre). Et puis plus rien pendant assez longtemps... ça m'avait sans doute calmé. Mais le fait que le soufisme laisse une part au doute, ne prétende pas détenir "la" vérité, tout ça m'a parlé. Le fait que certaines choses se passent dans le coeur et ne puissent pas s'exprimer par les mots aussi (même si pour le moment c'est quelque chose qui n'a pas de sens concret pour moi).

Il faut dire que le soufisme et cette voie en particulier ne font pas vraiment du prosélytisme. Pour les rencontrer, il faut vraiment chercher. Et plusieurs mois plus tard, me voilà à rencontrer un membre de la voie lors d'une conférence, puis les choses sont allées assez vite. Je ne considère évidemment pas que je fais partie de la voie aujourd'hui, disons que je m'en approche.

Alors évidemment quand j'ai parlé de ça à certains membres de la voie, ils m'ont plus ou moins dit que je n'étais pas arrivé là par hasard (sous entendu : c'est Dieu qui m'a amené là ou qui m'a appelé). C'est certainement une période de ma vie où je suis en recherche ; on m'a dit il y a quelques mois que j'étais un peu à la croisée des chemins. Ca me va.

zen ?

Déjeuné aujourd'hui avec un ami proche. Il trouve que je suis beaucoup plus zen qu'il y a un an. Je ne sais pas quelle est la part de ma rencontre avec le soufisme dans ce changement, mais ça m'a fait plaisir qu'il me dise ça.

Le fait est que je me sens en plein changement. Par rapport à la jeune femme que j'aime ça va lui faire drôle quand on se verra (ça fait assez longtemps qu'on ne s'est plus vus). Je suis convaincu que ce qui arrive à l'intérieur se voit à l'extérieur.

Quand à cet ami, c'est marrant : il n'est pas à proprement parler religieux, mais c'est la seule personne dans mon entourage proche avec qui je peux parler de spiritualité. Il me prend peut être pour un dingue par moments, mais, pour ne prendre qu'un exemple, on a parlé ensemble du hasard... et il n'y croit pas. Par ailleurs il n'a pas été étonné du tout quand je lui ai expliqué que je cherchais un sens à ma vie dans une voie spirituelle.

2.12.04

alcool

Un sujet léger pour changer. Depuis quelques temps je ne bois quasiment plus, au grand étonnement des gens qui me connaissent (mon passé est il faut le dire assez chargé en la matière). En termes de santé c'est préférable, aucun doute là dessus. Mais parfois je sens comme... un reproche. Comme si je gâchais l'ambiance en ne buvant pas. Un proche m'a dit textuellement "halala mais enfin faut te faire plaisir ! Tu vas pas te priver des bonnes choses comme ça non ?"

Léger malaise. Déjà que j'ai arrêté la cigarette... et que je suis strictement célibataire en ce moment... je passe pour un puritain !!

Pas que ça me pose un problème, mais c'est marrant. Quand j'ai parlé de ça avec un des membres de la voie à notre première rencontre il m'a dit "quelle est l'importance de l'alcool pour vous ?" Bonne façon de poser le problème. Bon pour le moment je ne suis pas totalement abstinent, et je ne sais pas où j'en serai d'ici quelques mois. Mais je ne pensais pas que ça me coûtertait aussi peu de couper l'alcool. Je ne le vis pas comme une privation d'ailleurs. Je me sens privé dans d'autres domaines (pas dur de deviner lesquels) mais pas dans celui là.

En revanche c'est marrant cette pression sociale. Les très rares amis qui savent la démarche que j'entreprends se moquent de moi plutôt gentiment. Et c'est vrai que si je me mets à la place des autres ils doivent se dire "à quoi bon ne pas boire ? qu'est-ce que ça change par rapport à la foi ou à ce genre de choses". C'est sans doute ce que je me serais dit il y a quelques mois.
Alors quoi ? Je suis endoctriné ? Je ne crois pas. C'est juste que je trouve ça mieux ainsi. Comprenne qui pourra.

polémiques

J'ai passé une heure aujourd'hui à chercher sur internet... j'hallucine sur les déchaînements de violence qu'il peut y avoir sur certains forums.

Bon qu'il y ait des disputes entre musulmans c'est pas un scoop. Que sur internet on entende plus ceux qui font du bruit que ceux qui sont sages c'est une évidence aussi. Mais c'est assez incroyable. En fait il y a beaucoup de musulmans dit "réformistes" qui se réfèrent à un islam assez littéral. Bon je vais pas faire un exposé ici sur les réformes dans l'islam entre le 17eme et le 20eme, mais, sans mettre tout le monde dans le même panier, force est de constater qu'on reproche encore aujourd'hui au soufisme des trucs aussi graves que polythéisme ou idolâtrie. Ca ferait sourire si ce n'était pas si sérieux.

On reproche ainsi aux soufis le fait que le Coran ne mentionne nulle part le soufisme. Mais le plus étonnant c'est que les arguments utilisés sont ceux d'une polémique qui date du 14eme siècle. Aie je m'aperçois que j'ai carrément pas tous les éléments pour en parler (c'est peu de le dire), et notamment pour parler d'Ibn Taymiyya, un grand théologien qui est à la fois invoqué par les adversaires (notamment les salafistes) et par les défenseurs du soufisme. Quand je mets un doigt dans cet océan, je constate à quel point il y a des siècles et des sommes de connaissance que j'ignore totalement.

y revenir ?

On me signale que la moitié de mes petits textes finissent par "j'y reviendrai"... c'est clair que j'écris un peu au fil de l'eau, et que très souvent une pensée en amène une autre et que faute d'avoir les idées claires sur un sujet je renonce souvent à détailler.

Du coup un petit récapitulatif de tous les sujets sur lesquels j'ai promis de revenir :
- les raisons qui m'ont amené vers la voie (recherche spirituelle en général et cette voie en particulier)
- l'ego, l'orgueil, les voiles qui obscurcissent le moi et les pièges subtils dans lesquels on ne manque pas de tomber
- des concepts disons liés à la foi (la confiance, l'abandon)
- des questions plus propres à l'islam (notamment le rapport entre intention et résultats)
- ce que je sais sur la voie
- la place du soufisme dans l'islam (vaste sujet) et notamment les reproches faits au soufisme par certains.

Le sourire me prend : je m'aperçois que ce récapitulatif n'éclaire pas du tout les choses. Bon c'est un jour un peu difficile pour moi. Conflits dans ma famille ; sentiments troublés (moi et ma grande bouche... par moments je ferais mieux de la fermer).



1.12.04

majesté et beauté

D'après ce que j'ai pu lire, il y a deux façons d'amener le disciple à progresser, et partant de là deux "types" de voies : les voies de la Majesté (Jalal) et celles de la Beauté (Jamal).

Les deux voies mènent au même but.

Une voie de la majesté (si j'ai bien compris, encore une fois je résume le peu que je sais) consiste à proposer des épreuves au disciple, à lui montrer ses défauts, à le "dénuder" de ses défauts avant de lui faire goûter la douceur de la beauté (la récompense en quelque sorte).

Une voie de la beauté est plus facile d'accès au premier abord : elle offre tout de suite des récompenses, des satisfactions. Ce n'est pas forcément plus facile à long terme : ce n'est pas parce qu'on avance au début sans effort que le travail sur soi et sur ses défauts est plus facile (enfin pour ça on en reparlera dans quelques mois ou années j'en suis loin).

Dans le cas de la voie que je fréquente, la Tariqa Qadiriyya Boutchichiyya, le fait de passer d'une voie de la majesté à une voie de la beauté a permis de rendre l'enseignement plus accessible, et sans doute moins "élitiste". Je reviendrai certainement sur les raisons de ce changement, qui sont nombreuses mais qui tiennent essentiellement au besoin d'adapter le soufisme à son époque. Un adage dit que "le soufisme est fils de son temps". Il faudra certainement aussi que je revienne sur les rapports entre soufisme et islam, et sur les reproches faits au soufisme par certains musulmans. Mais ça c'est un autre sujet, très vaste au demeurant.

Sur les changements apportés à la voie, on peut lire ça (c'est certainement plus complet que ce que je peux en dire) ou bien sûr se procurer par exemple "Le face à face des coeurs" de Faouzi Skali.


orgueil

Grosse discussion hier avec un proche de la famille. Je lui ai fait la leçon sur un certain nombre de sujets (il pédale dans le yaourt en ce moment), je lui ai fait des reproches.

Après coup, j'ai réfléchi au fait que je donne volontiers des leçons, mais que j'ai beaucoup de mal à écouter les autres. Y compris les gens qui me veulent du bien. Je suis certainement trop orgueilleux. La voie me permettra-t-elle de corriger ça ? Il y a du boulot !

L'orgueil n'est pas forcément toujours mauvais : par exemple j'ai arrêté récemment de fumer ; je pense que l'orgueil est un des moteurs qui font que je résiste à la tentation de reprendre.

Mais le fait est que j'ai vraiment du mal à écouter.

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