30.11.04

voie vivante

Encore un mini-chapitre de mon vaste recueil "le soufisme pour les nuls" (pardon d'avance pour les erreurs que je pourrais commettre) ; il y a deux sortes de voies dans le soufisme sunnite (pour les voies chiites je ne sais pas trop).

Une voie soufie est une confrérie initiatique, qui transmet une connaissance spirituelle. Les grandes voies ou tariqas remontent au prophète lui-même.

Une voie est dite vivante s'il y a une chaîne ininterrompue de transmission de deux éléments essentiels : le sirr et l'idhn.

Le sirr est le secret spirituel que porte le guide (sheikh) qui dirige une voie. L'idhn est l'autorisation de transmettre ce secret.

Il peut arriver que dans une voie, le sirr se perde, par exemple parce qu'un sheikh meurt sans transmettre ces éléments à un successeur.

La voie devient alors tabarruq ou virtuelle si on veut. Elle continue d'exister (certaines voies de ce type comptent des milliers de fidèles) mais est en quelque sorte figée. Elle peut redevenir une voie vivante si un responsable de cette voie trouve un maître qui lui transmet un sirr ; c'est arrivé à de nombreuses reprises.

Bon tout ça est un peu vite résumé ; je pense qu'il faudra que je revienne en détail sur ces différents éléments.

impatience

J'ai probablement déjà expliqué que la patience n'est pas mon fort. Je suppose que c'est un point sur lequel je vais progresser à l'avenir.

Concrètement (et ça c'est plutôt positif) j'attends avec de plus en plus d'impatience la séance hebdomadaire en groupe. Je ne sais pas si c'est parce que je m'attache de plus en plus aux gens du groupe, ou si c'est parce que j'en attends des "révélations"... toujours est-il que je me fais une joie d'y aller.

En même temps on dit que "Dieu est avec les patients"... il faut sans doute concilier la soif d'apprendre, de progresser, et le fait de ne pas attendre de résultats immédiats.

Ca m'amène à deux sujets très importants (dans le maigre état de mes connaissances) : l'abandon confiant en Dieu ou tawakkul d'une part, et les rapports entre intention et résultats. Comme d'habitude je mélange un peu tout. Il va falloir que je digère ces sujets un minimum avant de pouvoir écrire quelque chose...

Une parenthèse : j'ai l'impression que pour quelqu'un qui ne serait pas un minimum au fait de ce que c'est que le soufisme mes réflexions doivent être de plus en plus obscures...

29.11.04

absolu

Ha en voilà un sujet compliqué. Un peu de contexte sur moi (je sais je parle que de moi ici mais bref) : je vois un psy depuis pas mal de temps. Ce n'est pas incompatible avec une recherche spirituelle ; disons que ça me permet d'identifier certains problèmes, freins, etc...

Un des problèmes que j'ai identifiés pourrait se résumer ainsi : dans pas mal de domaines (travail, sentiments), tout se passe comme si j'étais un adolescent à la recherche d'un absolu (c'est un des reproches que me faisait mon ex-amie). Or l'inconvénient quand on recherche un absolu c'est qu'on risque fort d'être déçu et d'en souffrir. Par ailleurs ça peut (c'est mon cas) empêcher d'avancer, de s'engager. C'est l'impasse.

La recherche spirituelle, pour moi, ne consiste pas à trouver "la" réponse à toutes mes questions. Bien sûr il s'agit d'aller vers quelque chose qui est transcendant, mais je sens confusément que ça va m'aider à remettre à la bonne distance les autres plans de ma vie. Le fait de chercher, d'avancer, va sans doute me permettre de dépasser cette impasse.

fourmi noire

Je reviens à la conférence de Faouzi Skali de l'autre jour. Il a évoqué cette sentence : une fourmi noire sur une pierre noire dans la nuit noire, Dieu la voit.

En fait il évoquait ça pour parler de la subtilité des pièges ou des mirages de l'ego. Je ne suis pas sûr de rendre compte correctement de ce qu'il voulait dire, mais il prenait pour exemple le piège qui guette le croyant qui pratiquerait de façon très assidue, qui connaîtrait plein de livres et qui s'en contenterait ou qui en tirerait de l'orgueil. Ou l'exemple (indépendant de la religion... c'est la nature humaine) de l'humilité qui souvent n'est qu'un masque de l'orgueil. Hum je ne sais pas si c'est très clair ce que j'essaie d'expliquer. J'y reviendrai.

concentration

Pour le moment, et je pense que c'est un peu normal, j'ai beaucoup de mal à me concentrer pendant le dhikr individuel. En fait c'est plus ou moins la même chose à chaque fois : je pense à cette phrase que j'ai lue dont je ne me souviens pas avec précision mais qui dit en gros qu 'il vaut mieux faire le dhikr que ne pas le faire, car on ne sait jamais ce qui nous sera donné d'éprouver en le faisant.

En d'autres termes, ce n'est pas parce qu'on n'est pas concentré qu'il faut se décourager.
Et de fait, il y a à chaque fois un moment ou je me sens moins distrait au bout d'un moment.
J'ai retrouvé la phrase, en fait c'est une sapience de Ibn 'Ata' Allah (un grand mystique mort en 1309) :

N'abandonne pas le dhikr parce que tu n'y es pas présent à Dieu. Car la négligence du dhikr est pire qu'une négligence dans le dhikr. Il se peut que Dieu t'élève d'un dhikr fait avec négligence à un autre fait avec vigilance, et de celui-ci, à un autre où tu Lui deviens présent, et de celui-ci encore, à un autre où tu deviens absent à tout ce qui n'est pas l'objet de ton dhikr : "Et cela pour Dieu n'est point difficile"

Le sens en gros c'est qu'on ne sait jamais et que le dhikr peut nous élever à tout moment. J'en vois qui haussent les sourcils dans le coin... laissez vos commentaires au besoin.

26.11.04

amour et conversion

La raison principale qui m'a amené à m'intéresser au soufisme et à l'islam, c'est que je suis très amoureux depuis pas mal de temps d'une jeune femme qui est convertie à l'islam.

Elle me manque beaucoup : nous avons cessé de nous voir depuis un certain temps parce qu'elle souffrait trop du fait qu'on ne puisse pas s'aimer : elle n'envisage pas de vivre sa vie avec quelqu'un qui n'aurait pas la foi. Plus précisément elle avait l'impression que le fait de m'aimer la détournait de sa foi.

Du coup je me suis posé des questions sur le sens de ma démarche. Est-elle sincère si elle ne consiste qu'à me rapprocher de celle que j'aime ?

J'en ai parlé avec des membres de la voie. En général ça les fait sourire : pour eux l'important c'est que je sois dans cette démarche. L'un d'entre eux m'a même dit "quelle plus belle raison peux-tu trouver que l'amour ?".

Donc je ne me pose pas trop la question.

Hum... je lui ai envoyé un sms aujourd'hui pour la première fois depuis des mois, et le sms est arrivé au moment ou elle m'écrivait un mail pour répondre à un mail que je lui ai envoyé il y a plus d'un mois.

Et moi qui demandais des signes. La probabilité pour qu'on prenne contact l'un avec l'autre après tout ce temps exactement à la même minute est ridicule. Faut croire qu'il y a télépathie, ou alors qu'il y a autre chose...

pauvres en Dieu

Dans les voies soufi (ça y est je suis reparti dans "le soufisme pour les nuls"), le disciple est appelé faqir (pauvre). Les foqara (c'est le même mot au pluriel) sont évidemment appelés comme ça (si je comprends bien) par référence à l'humilité.

Hum ce n'est pas ma qualité première, mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Ca me fait penser à cette phrase célèbrissime du christianisme : "bienheureux les simples d'esprit le royaume des cieux leur est ouvert". C'est une phrase à laquelle je n'avais jamais vraiment fait attention, ou plutôt j'ai l'impression que je l'interprétais de travers. En gros je me disais "voilà il y a des gens très simples, qui vivent leur foi sans se poser de questions, et à la limite moins ils s'en posent et mieux ils se portent". Comme si je faisais un lien entre être un peu neuneu et avoir une foi "innée" en quelque sorte.

Je me dis aujourd'hui que cette simplicité dont parle l'évangile, cette pauvreté, eh bien c'est quelque chose qui n'est pas forcément donné, quelque chose vers quoi on peut tendre. C'est le sens du travail spirituel. C'est un peu confus pour moi.

Mais c'est le jeu en quelque sorte. Tout ça est assez subtil.

C'est d'ailleurs certainement une partie de ce qui m'a attiré vers le soufisme : rien n'est simple, et on dit que certaines choses y sont tellement subtiles qu'on ne peut les exprimer que par allusions.

Par ailleurs la phrase qui m'a décidé disait "une religion qui ne laisserait pas de place au doute est une hérésie". Ce n'est pas un côté "intello" qui m'attire pour autant. Mais en gros je ne cherche pas des réponses toutes faites.

le dhikr en solitaire

Matin et soir je passe un peu de temps à faire mes invocations. Au moins une chose est sûre : ça ne me pèse pas du tout.

Dans cette voie, chacun reçoit sa "dose" individuelle, de sorte qu'on ne doit pas ressentir la pratique comme une contrainte.

Pour prendre une image utilisée par le guide de la voie (le sheikh... je reviendrai évidemment sur lui, sur son rôle, sur son importance etc...), il a dit "vous êtes tous malades, et moi je vous prescris le médicament".

Qu'on ne se méprenne pas, il ne s'agit pas d'un endoctrinement. Aussi difficile à comprendre que ça puisse être vu de l'extérieur, le dhikr apporte une certaine nourriture spirituelle. Je ne suis pas sûr de le ressentir pleinement vu le peu de temps que j'ai derrière moi. Mais quoi qu'il en soit à chaque fois ça me procure un certain bien-être. Pas du tout de l'ordre du devoir accompli. C'est une sensation plus intime.

Et pourtant j'ai un mal fou à me concentrer quand je le fais. Mais ça ça viendra avec le temps.


la foi

J'ai regardé l'autre jour dans le Robert la définition de la foi. Le premier mot qui vient c'est confiance. Hum la confiance (en l'avenir notamment) c'est quelque chose d'assez fluctuant. Je ne peux pas dire que j'ai la foi pour le moment. C'est quelque chose qui viendra peut être avec le temps. C'est quelque chose qui s'entretient, qui se construit aussi j'imagine... encore que... il paraît qu'il y a des gens qui sont comme frappés par la foudre ; ils n'ont plus à se poser de questions. Mais chacun son chemin.

J'envie un peu ceux qui semblent avoir si peu de doutes. Par exemple l'autre soir ce frère de Nice qui m'expliquait qu'il a eu un brusque dégoût de l'alcool et du porc un mois avant de rencontrer la voie, au point qu'il a cru être gravement malade. Il n'a compris que plus tard ce qui était apparemment un signe assez évident.

Je m'aperçois que je viens de parler de frère... alors que je ne fais pas encore partie de la voie, ou alors comme "auditeur libre" en quelque sorte. Mais peu importe.

C'est assez marrant parce qu'à chaque fois que je parle à des membres expérimentés de la voie de mes doutes, du cheminement tortueux qui m'a amené là, leur première réaction est de sourire. Comme s'ils savaient quelque chose que j'ignore encore. C'est assez chouette. Ca me ramène à cette fameuse phrase disant "la vie nous emmène où elle le veut par des chemins qui nous paraissent parfois compliqués etc..."

25.11.04

état hier ?

Hier soir séance de groupe. Je ne sais pas si j'ai précisé que la pratique comprend du dhikr seul et des séances périodiques en groupe.

Il m'est arrivé un truc bizarre. Bon j'y avais pensé avant, donc c'est peut être de l'auto-suggestion. Et puis toujours cette manie de me poser des questions, mais bon on ne se refait pas. Les séances en groupe sont par moments assez intenses (et je suppose que je n'ai encore rien vu). A un moment je me suis mis à trembler. Ca a duré quelques secondes, une minute peut être.

Est-ce un hâl ? Qui sait... c'est assez troublant en tout cas.

famille

Un des problèmes auxquels je fais face (et je pense que ça doit arriver à tous les gens qui sont dans ma situation) c'est qu'à la fois j'aimerais parler de ce qui m'arrive, et qu'à part 2 amis très proches je ne me sens pas trop d'en parler autour de moi.

Il y a plusieurs écoles là dessus : je pense qu'il y a des gens qui se convertissent à l'islam et qui s'empressent de le clamer à la face du monde... et en particulier de leur famille, quels que soient les dégâts que ça peut causer. Pour ma part, je ne sais pas trop si je dois en parler à ma famille. C'est certainement trop tôt.

En même temps mon frère qui est loin d'être idiot se doute peut être de quelque chose : il sait que j'ai fréquenté quelqu'un qui est converti à l'islam, je lui ai dit récemment que je me posais des questions "spirituelles". Il m'a demandé "tu deviens musulman ?" ; j'ai nié énergiquement. Par ailleurs ça fait deux mercredis de suite que je lui dis que je suis pris le soir... hier il m'a dit "ah un rendez vous mystère"... je pense qu'il est curieux de savoir. Mais pour moi il est clair que je ne peux pas encore lui parler de tout ça.

Pour le reste de la famille c'est encore plus difficile. Je pense que certains ne comprendraient pas du tout ma démarche. A la fois parce que c'est une démarche spirituelle et parce qu'elle s'inscrit dans une tradition, l'islam, qui fait peur.

On verra bien, pour le moment ça ne m'empêche vraiment pas de dormir.

24.11.04

savoir et connaissance

Encore un sujet riche... (au passage mon blog commence à ressembler à "le soufisme pour les nuls" c'est marrant...)

L'enseignement qu'on reçoit ne passe pas forcément par les livres. Rien n'empêche d'apprendre tout ce qu'on veut dans les livres, et évidemment dans les textes religieux de référence. Mais une formule que j'ai retenue est qu'on essaie de transformer le savoir en connaissance.

Je vais essayer de m'expliquer (je ne suis même pas sûr de comprendre très bien moi même) : le savoir qu'on peut apprendre avec l'intellect n'est qu'une dimension. La connaissance c'est ce qu'on éprouve avec le coeur. C'est un peu abstrait j'imagine pour qui ne s'est jamais intéressé au problème, mais j'avoue que je n'ai pas d'image ou d'analogie sous la main pour l'expliquer mieux.
Il y a des choses qu'on ressent, et qui sont au delà ou en deça des mots. Une image me revient (pêchée dans un livre) : quand on aime quelqu'un, on ne sait pas toujours forcément dire pourquoi, c'est juste une évidence.

Une autre analogie m'est venue sur le sujet : quand on entreprend un travail avec un psy (une analyse), on peut comprendre avec l'intellect énormément de choses, mais ça ne prend du sens ou du moins ça n'opère sur soi que si l'on ressent des émotions qui sont reliées à ce qu'on peut comprendre rationnellement.

Tout ça est un peu confus naturellement. Je réalise que mon ou mes hypothétiques lecteurs vont trouver des redites, des trucs vagues... mais c'est le jeu ! J'écris tout ça surtout pour moi je pense. Encore que... si ce n'était que pour moi un carnet ferait l'affaire.

les états spirituels

Un sujet délicat... d'autant plus délicat que je ne peux en parler que par ce qu'on m'en a raconté. Pendant la pratique du dhikr, il arrive que l'on éprouve des états appelés hâls. Ces états sont des instants où l'on s'oublie complètement et où l'on éprouve des manifestations physiques (rire, pleurs, tremblements,...). D'après ce que j'ai pu lire, ces états sont des moments privilégiés où l'on est en quelque sorte ouvert à la présence de Dieu.

Je reconnais que j'attends avec un peu d'impatience d'éprouver ça. Je sais bien que cette sensation ne doit pas être recherchée pour elle même ; je sais également qu'on peut pratiquer pendant très longtemps sans jamais en éprouver... question de personnes.

En fait il y a pas mal de pratiques spirituelles qui conduisent à ce genre d'états, ce n'est pas un monopole du soufisme. Là encore je confesse mon ignorance... pas mal de choses à apprendre encore.

changements ?

Je crois que le fait de m'engager dans cette voie (hum toujours ces doutes ces précautions oratoires...) va me faire changer en profondeur. Pas seulement dans mon comportement, mais surtout dans mon approche de la vie.

C'est tout le sens de cette recherche.

En même temps, je ne dois pas m'attendre à un coup de baguette magique : ce changement ne va pas s'opérer du jour au lendemain, et ma vie par ailleurs (famille, travail, amour) n'en sera pas bouleversée sans que j'aie aucun effort à faire.

Peut être que j'ai déjà changé, même si je ne m'en rends pas encore compte.

Je repense à une conversation avec une amie qui est très intéressée par la psychanalyse (je pense qu'elle a probablement pas loin de 10 ans d'analyse derrière elle). A un moment elle m'a dit "dans le fond le but c'est de s'accepter, et à un moment on s'aperçoit qu'il n'y a rien d'autre, qu'il n'y a que soi." C'est difficile à faire partager, mais je suis à la fois d'accord et pas d'accord avec elle. Elle dit à sa manière qu'il n'y a pas de miracle, pas de baguette magique, que quand on chemine on ne rencontre que soi et qu'on apprend juste à se connaître et à s'accepter.

C'est là naturellement que j'attends plus d'une voie spirituelle. Je ne sais pas trop comment l'exprimer, mais j'ai l'impression qu'il y a autre chose.

J'essaierai de préciser ça plus tard c'est encore un peu confus pour moi.

23.11.04

parabole du dernier ouvrier

Assisté hier à une conférence de Faouzi Skali sur la place de Jésus dans la tradition soufie... (une parenthèse sur Faouzi Skali : il est assez connu et c'est un conférencier fascinant... l'air de rien il installe une sorte de bien être chez l'auditeur qui fait que ce qu'il explique coule de source... j'en reparlerai.)

Je suis relativement ignare en religion, et le fait de savoir sur quels points la vie de Jésus diffère dans la tradition chrétienne et dans l'islam me laisse un peu froid pour le moment. Mais au détour de la conférence, M. Skali a évoqué la parabole du dernier ouvrier.

Je résume ce que j'en ai compris : sur un chantier, un ouvrier arrive à la fin alors que tout est quasiment fini... il se fait payer comme les autres. A première vue c'est un peu injuste.

Mais il y a un sens : la miséricorde divine est infinie, incommensurable, et le salut n'est pas réservé à ceux qui seraient les plus "méritants". Pour citer M. Skali, "on ne gagne pas le paradis à la force du poignet". Dieu est seul juge (si j'ai bien compris).

Ca m'a beaucoup touché, je ne saurais pas trop dire pourquoi. Bon déjà si on m'avait dit il y a quelques mois que je m'interrogerais sur le sens d'une parabole religieuse je ne suis pas sûr que j'y aurais cru, mais en plus là ça m'a semblé comment dire... très concret.

doutes ?

Naturellement j'ai des doutes sur mon engagement, sur cette voie, sur les raisons qui m'amènent ici. D'une manière générale, je suis en quête d'amour... peut être est-ce ça qui m'amène vers la spiritualité, mais (comme j'ai l'esprit compliqué) je ne peux m'empêcher de me demander si ce n'est pas une façon de me mettre dans une dépendance.

Chercher l'amour et chercher à se rendre dépendant sont deux choses différentes... difficile de faire la part des choses. Je reviens à ce qui m'avait décidé au tout début à contacter des membres de cette voie : j'avais de gros doutes sur mes raisons, sur ma sincérité, et quelqu'un m'a dit "la vie nous amène où elle veut par des chemins qui paraissent parfois compliqués, mais l'important c'est la quête du sens"... naturellement on peut remplacer "la vie" par "Dieu" dans cette phrase. C'est, formulé autrement, "les voies du Seigneur sont impénétrables". Ce que j'en tire, c'est que je ne dois peut être pas me poser trop de questions et simplement avancer. On verra bien.

Je me connais : je suis du genre à m'enflammer pour quelque chose et à me lasser au bout de quelques mois... sera-ce le cas dans cette recherche ? Bizarrement j'ai l'impression que non : je n'ai pas de réponses à mes questions, mais je sens que ma vie commence à trouver un nouvel équilibre (hum je suis peut être un poil pressé en disant ça... qui vivra verra).

musique

Sans entrer dans le détail des raisons qui m'ont amené vers cette voie, il y a pas mal de choses qui prennent une perspective nouvelle à la lumière de ce qui m'arrive aujourd'hui. J'ai toujours été athée, mais je me rends compte que certaines choses qui m'attiraient sont sans doute de l'ordre du spirituel.

Ainsi de la musique : j'ai écouté pas mal de styles de musique différents, et il y a plein de morceaux que j'aime qui sont tout sauf spirituels, mais certains artistes que j'adore dégagent une grande spiritualité : Marvin Gaye, Curtis Mayfield par exemple. D'ailleurs ne parle-t-on pas de musique soul ?

Un autre exemple : j'en pleure presque quand j'écoute les 4 derniers Lieder de Richard Strauss (et pourtant je n'écoute presque pas de musique classique). Ce n'est pas de la musique sacrée au sens musique d'église, mais je trouve qu'il s'en dégage quelque chose qui parle au coeur et qui est magnifique. Un extrait ici, je recommande le début de Im Abendrot.

22.11.04

soufisme et islam

Voilà un sujet qui pourrait justifier des milliers de pages... commençons par ça : la plupart (la quasi-totalité) des voies soufies s'inscrivent dans l'islam. Le soufisme a été décrit par beaucoup de gens dans l'histoire comme une "saveur" qui permet de goûter de l'intérieur la spiritualité. Par ailleurs de façon très concrète les confréries ont très souvent contribué au développement de l'islam.

Il y a pas mal de débats sur le sujet... j'évite de rentrer là dedans mais apparemment du peu que j'en comprends un certain nombre de musulmans critiquent le soufisme pour des raisons variées... La plus grave accusation est celle d'idolâtrie (oh horreur !) ; je m'explique : à la source de l'islam il y a l'affirmation de l'unicité divine. Or (sans entrer dans des débats théologiques élevés) dans la pratique soufie il y a un guide, le sheikh. Certains accusent donc les soufis d'adorer quelqu'un d'autre que Dieu en quelque sorte... je reviendrai certainement là dessus aussi, notamment quand j'en saurai plus. Mais a priori il n'y a pas d'ambiguité, et ces critiques adressées au soufisme semblent l'être pour des raisons de pouvoir plus que de théologie.

En même temps qu'on ne s'y trompe pas : pas mal de gens (les medias notamment) auraient tendance à présenter le soufisme comme une version tolérante de l'islam... je crois que ce n'est pas la bonne façon de poser le problème. Que les soufis soient "tolérants" c'est plus que probable, mais ça n'empêche pas une observance stricte des règles de l'islam. Il ne s'agit pas d'opposer des "radicaux" ou des "intégristes" à des "tolérants" ; du moins je ne crois pas que ça soit intelligent. Sur ce que je comprends le soufisme est une façon de vivre l'expérience religieuse en profondeur, rien de plus et rien de moins.

Mais là encore il faudra certainement que je revienne là dessus c'est à la fois compliqué et très riche comme sujet.

l'ego

Encore une fois il y a plein de gens beaucoup plus savants que moi dans le domaine, et d'ailleurs il y a des très bons livres sur le sujet, mais pour un lecteur non averti un des concepts de base de la voie tourne autour de l'ego, ou nafs. Le nafs c'est tout ce qu'on a comme désirs, comme passions, comme volonté de pouvoir, etc... le but c'est de se débarasser de ces désirs et de ces passions. Ca ne veut pas dire qu'on ne doit éprouver aucun désir (hum je sens que ça devient compliqué mes explications...).

En fait sur ce que j'en comprends, l'objectif c'est de se vider afin de laisser la place... à Dieu. C'est difficile à comprendre et encore plus à expliquer sans passer pour un fou, mais c'est comme ça. Par rapport à tout ce qui est psy, je n'arrive pas très bien à faire le lien (le moi, l'inconscient etc...), mais ce que j'en retiens c'est qu'on est invité à essayer de se détacher des voiles qui obscurcissent la conscience. Tout cela n'a pas encore vraiment de sens concret pour moi pour le moment, mais en même temps ça me parle... Je reviendrai certainement là dessus.

le souvenir

Une des bases de la pratique soufie c'est ce qu'on appelle le dhikr. Le dhikr c'est littéralement (si je ne me trompe pas) se souvenir ... se souvenir de l'existence de Dieu.

Pour un athée ça paraît bizarre de penser dans ces termes... mais bon. Chaque jour, je pratique le dhikr. Concrètement ça consiste à méditer, à se concentrer en répétant une invocation.

Evidemment il m'arrive, très souvent, de me demander ce que je fais là, de me dire "mais est-ce que tu te vois faire ça tous les jours de ta vie ?"... Un autre soufi me dirait certainement que c'est mon ego qui se défend (je reparlerai de ça c'est un des concepts de base de la voie).

Quoi qu'il en soit, je commence, et même si évidemment j'ai beaucoup de mal à me concentrer, à chaque fois je suis bien, et à chaque fois je sors de là apaisé et détendu.

La question des doutes sur ma vocation, sur le sens de tout ça, sur "ai-je la foi ou pas" n'est peut être pas pertinente à ce stade. Peut être qu'il suffit simplement que je pratique à mon rythme, sans regarder trop loin devant.

19.11.04

déjeuner

J'ai déjeuné aujourd'hui avec le responsable du groupe que je fréquente. J'avais plein de questions à lui poser, à la fois sur la voie, sur la pratique, et sur des doutes ou des interrogations que j'ai.

Ca m'a fait beaucoup de bien de pouvoir en parler. Il y a tout le temps des points qui me chiffonnent, comme par exemple celui-ci : sachant que je ne pense pas croire en Dieu pour le moment, quel sens ça a de m'adresser à lui ? Puis-je lui demander des choses pour moi, pour ma vie ? (J'en vois dans le coin qui me prennent pour un fou... c'est pas grave je continue). En gros la réponse c'est "ne te pose pas trop de questions, suis ce que te dit ton coeur"... ça a l'air pas très précis dit comme ça mais moi ça me va très bien comme réponse.

Pour le contexte il va peut être falloir qu'à un moment je prenne un peu de place ici pour expliquer ce que je sais du soufisme, en quoi ça consiste et quelles sont les pratiques.

Il va falloir aussi que je parle de moi, et de comment je suis arrivé à m'intéresser à cette voie. Mais chaque chose en son temps. Je suis sorti du déjeuner avec une impression de sérénité pas croyable. Il faut croire que cette personne véhicule quelque chose qui me parle...

18.11.04

deuil

Récemment j'ai perdu quelqu'un de très cher de ma famille. C'est quelqu'un qui n'était pas religieux du tout, et l'enterrement a été l'occasion de se retrouver en famille. J'en avais parlé auparavant aux membres du groupe soufi que je fréquente.

L'un d'entre eux m'a conseillé, si je me sentais de le faire, de passer un peu de temps seul à dire une sorte de prière pour la personne que j'ai perdue. En l'occurence, j'ai suivi ses indications et me voilà seul chez moi à répéter 50 fois de suite la fatiha (c'est la première sourate du Coran).

Ce qui paraît bizarre et qu'en tout cas j'aurais du mal à expliquer, c'est que j'ai dit cette "prière" (je ne sais pas comment l'appeler autrement) en arabe, alors que je n'en parle pas un mot et que quand j'ai répété cette sourate je n'en connaissais même pas le sens !

Et pourtant ça m'a apporté un sentiment d'apaisement très sensible.

a la recherche de moi

Je sais ça paraît égotiste mais bon... si ça se trouve personne ne lira ce blog donc ça n'est pas très important. Je suis engagé dans cette démarche depuis quelques mois. C'est une recherche très intime, très personnelle. Pourquoi tenter de la partager ? Parce que c'est quelque chose que j'ai du mal à garder pour moi. Je reviendrai certainement dans ce journal sur les raisons qui me poussent vers la spiritualité en général et vers le soufisme en particulier.

Cette voie se caractérise par un enseignement qu'on ne trouve pas dans les livres. Cela n'empêche pas d'apprendre, notamment sur l'islam, la sunnah etc... , mais il y a une partie de ce qu'on apprend qui s'adresse au coeur, et plus d'un grand soufi dans l'histoire était illettré et pas spécialement savant en matière de droit et de sunnah.

Mais je m'emmêle les pinceaux ; je m'aperçois que je parle de plein de sujets à la fois.

17.11.04

avec tout mon respect

Ce blog parle de ma recherche personnelle dans le domaine spirituel, à travers le Soufisme. Je souhaite manifester mon profond respect pour toutes les opinions à ce sujet.

Je suis assez ignorant sur la religion en général, et sur la voie que j'entreprends en particulier.

Que ceux (ils sont nombreux) qui connaissent beaucoup mieux que moi la religion et l'islam me pardonnent par avance mes erreurs éventuelles.

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