31.3.06

être soi-même

Ce matin réunion de travail avec mon coach. Pour ceux qui ne suivent pas régulièrement mes petites histoires j'ai un coach pour m'aider à mieux manager mon équipe (que d'anglicismes !). Son intervention touche à sa fin ; je dois dire que ça m'a beaucoup aidé.

Il avait écrit des trucs sur une feuille, des trucs à me dire. Le truc qu'il avait souligné, c'est "Sois toi-même". Marrant. Je réfléchis à ça en ce moment, il y a même un long dialogue avec un lecteur dans les commentaires d'un post récent.

Le coach m'a dit ça en faisant la moue : "est-ce que c'est d'actualité pour toi ?". Tu m'étonnes que c'est d'actualité ! Je lui ai expliqué que justement parmi les fruits de la voie il y a le fait d'aller vers soi-même. Le but est d'aller vers Dieu (je dis ça pour d'éventuels commentateurs...), mais c'est comme ça : on apprend aussi à se connaître, à s'accepter et à être là, tout simplement.

Bon assez de fadaises au boulot ! J'ai une lettre à faire signer par 5 organismes de 5 pays différents, un "non" à répondre à une demande de mon équipe, un rendez-vous avec des gens qui veulent que je les aide, un programme à rédiger pour une table ronde en Algérie, et je crois que j'en oublie.

réunion du jeudi

Hier une petite réunion s'est tenue chez moi. Ca faisait assez longtemps que ça n'était pas arrivé. 6 personnes tout de même ! Il y avait un "nouveau", un monsieur sénégalais tout doux, très timide. Et me voilà en train de lui expliquer les principes de la voie... bref.

Même quand on n'est que peu nombreux, il se passe quelque chose de très spécial lorsqu'on invoque. Couché très content. Et heureux de ma soirée.

30.3.06

woo hooooooo

Dans mon travail, on a souvent des envois de quantités de livres à faire à l'étranger. Ca occasionne des légers stress. Hier soir très tard, j'ai reçu un coup de fil paniqué d'un partenaire sur une opération : 90 % des livres prévus manquaient à l'appel. Glurps.

Je me dois de ranger ça dans ma colonne "je suis un génie du management". Avec un minimum de rigueur j'aurais dû voir venir le coup avant. Mais quoi qu'il en soit je n'en menais pas large. L'opération démarrant aujourd'hui, ça faisait léger...

Ce matin du coup je n'ai pas pu m'empêcher de faire des du'as pour que le problème se règle. Soit Dieu m'a entendu, soit j'ai une veine de pendu. Toujours est-il que ça s'est arrangé. Les livres ont semble-t-il réapparu presque par miracle.

N'empêche que je ne devrais pas pousser ma chance trop loin. Ca fait plusieurs fois que ça passe ric rac, un jour ou l'autre ça va me tomber dessus. Mais là j'ai juste envie de dire Dieu merci.

29.3.06

qu'est-ce que c'est que la voie ?

Ce matin j'ai vu mon ami-médecin qui est "ouvert" à la spiritualité. Je lui racontais mes petites histoires, quand il m'a dit "mais à votre avis c'est quoi la voie soufie, intérieurement ?". Je précise que c'est quelqu'un qui a vécu en Afghanistan et en Iran, et que c'est la ènième fois qu'on parle de soufisme.

J'ai répondu quelque chose comme "c'est se vider intérieurement, c'est aussi la foi"... je savais pas trop quoi ajouter, ni où il voulait en venir. Il m'a dit "mais encore ?". Je séchais, il m'a suggéré "c'est aller vers soi-même non ?".

Ce type me tue. Il a de ces intuitions !

28.3.06

coïncidences

René Guénon a dit (je crois) que le hasard n'est que l'ignorance des causes. Bon sur René Guénon on peut penser plein de choses, ce n'est pas aujourd'hui que j'en parlerai.

En revanche hier j'ai eu un coup de téléphone de la soeur qui avait témoigné juste avant moi samedi. C'est une personne très douce, qui a toujours l'air un peu dans la lune. Sa sincérité me touche beaucoup. Son parcours, pour le peu que j'en connais, est semé de rencontres de "hasard".

Plus d'une fois elle m'a raconté des rencontres qu'elle fait comme ça, dans la rue. Là hier elle était dans le bus pour aller à son boulot, quand elle s'est aperçue que son voisin lisait les hikam de Ibn Ata Allah. Tout le monde ne lit pas ça !

Le monsieur lui a alors parlé, et lui a dit "ah mais c'est vous qui parliez samedi lors de l'atelier de présentation ?". Naturellement elle ne se souvenait pas de l'y avoir vu, alors qu'il était face à elle dans le public à 2 mètres.

Quelle est la probabilité de rencontrer deux jours après quelqu'un qu'on a croisé dans des circonstances pareilles ? Tout cela est bien mystérieux...

27.3.06

salon, suites

J'ai envoyé un petit mail à une éditrice pour la féliciter pour son très beau stand qui est même passé en photo dans libé après le salon du livre. Elle m'a répondu en m'envoyant une photo d'elle... avec Delanoë ! Et après on viendra me parler de coïncidences...

témoignage

Samedi il y avait un "atelier" de présentation de la voie. On fait ça de temps en temps, pour permettre aux gens de mieux comprendre ce que c'est qu'une voie soufie aujourd'hui. C'est toujours animé par des foqaras, sur des thèmes qui changent à chaque fois.

Là le thème c'était "Disciples d'une voie soufie, témoignages au pluriel". Il y a une semaine, on m'a demandé si je serais d'accord pour participer aux témoignages. Sans réfléchir, j'ai dit oui.

Heureusement qu'avec le salon du livre j'ai été très pris toute la semaine. Ca m'a évité de gamberger sur l'atelier. Parce que témoigner de quelque chose d'aussi intime, ce n'est pas si facile que ça.

Et me voilà parmi plusieurs frères et soeurs, devant un public d'une vingtaine de personnes, en train de raconter mon histoire. Les détours si inattendus qui m'ont amené à la voie. Ma conversion. Ce qui fait que j'y reste.

En fait ça s'est très bien passé. Une soeur qui parlait juste avant moi est d'origine algérienne. Elle a commencé à parler d'un de ses ancêtres, un grand saint surnommé le Corbeau (je ne sais plus le mot en arabe). Elle parlait de ce passé enfoui, de son enfance baignée dans la spiritualité, c'était très émouvant.

Au moment où elle parlait de cet ancêtre, un corbeau a croassé dehors. Mais c'était peut-être un effet de mon imagination. Ou une corneille. Ou encore un hasard. Quoi qu'il en soit ça m'a pas mal soufflé.

Dans ces ateliers, on propose parfois aux gens de faire un peu de "la ilaha illa Llah" à haute voix. Ca installe un climat serein, il doit y avoir quelque chose qui passe... Après ça, c'est un autre frère qui a parlé. Et là un oiseau s'est mis a chanter dehors, mais ce n'était plus un corbeau. Un très beau chant.

Je n'aime pas parler en public. Mais là ça m'a paru si facile... je ne comprends pas bien pourquoi. Il faut dire que le public était bienveillant, et que ce n'est pas comme si j'avais dû parler une heure seul à une tribune ! Quoi qu'il en soit je suis content d'avoir accepté. Je ne fais pas grand chose pour la voie en ce moment. Si ça a pu apporter un petit peu, tant mieux !

24.3.06

correspondances



Bertrand Delanoë = Benoit Poelvoorde ? Mystère, mystère.

sad news

Un frère du groupe de Paris est hospitalisé, avec une maladie grave. J'ai appris ça aujourd'hui. C'est quelqu'un de si bon, de si généreux... je trouve ça injuste. Mais c'est comme ça je suppose.

Je vais faire des duas pour qu'il se rétablisse.

23.3.06

voitures mystérieuses

Mardi soir c'était la nocturne au salon du livre, du coup je suis rentré chez moi vers 23 h. En passant devant l'Olympia, j'ai vu un truc marrant. En ce moment c'est Raphaël qui passe. Ne comptez pas sur moi pour avoir un avis, je n'ai pas entendu ce qu'il fait, mais apparemment il a pas mal de succès.

Devant l'Olympia, sur le boulevard, il y avait une file d'au moins 50 voitures garées les unes derrière les autres. En passant devant, j'ai vu qu'aucune n'était vide. Il y avait des gens en train de poireauter à l'intérieur.

C'est là que j'ai compris : les voitures étaient pleines de parents en train d'attendre leurs boutonneux(ses) de fil(le)s à la sortie du concert. Croyez moi c'est plutôt rare. En tout cas ça m'a bien fait marrer.

21.3.06

salon du livre

C'est hyper marrant le salon ! J'ai rencontré des dizaines de gens du monde entier, tout le monde est ravi sur notre stand, bref c'est la fête. Le retour aux contingences du bureau risque d'être un peu rude mais c'est un chouette interlude.

Les hôtesses et les trois stagiaires sont très pro, mais aussi très marrantes. Du coup il y a une super ambiance, je me fais mettre en boîte régulièrement mais je joue le jeu, et le plus important c'est que les gens qu'on accueille sur le stand sont contents et ont des rendez-vous productifs.

Si on m'avait dit que j'apprécierais les relations publiques... Je crois que c'est le côté international qui est vraiment génial. Discuter avec une libraire de Tel Aviv, puis un bibliothécaire d'Oran, puis une organisatrice du salon de Séoul, puis un agent littéraire qui travaille sur toute l'Europe, ça a un côté grisant. Ca me passera. Mais pas tout de suite !

J'ai même rencontré une folle qui essaie de vendre "A la recherche du temps perdu" en version abrégée (par elle même !) dans tout le salon. Tout Proust en 200 pages ? Je préfère ne même pas y penser !

17.3.06

rhaaaaa

Un poil fatigant le salon... on a plein de gens du monde entier qui vient boire des cafés chez nous, ça c'est génial, mais qu'est-ce que je suis crevé ! Et dire que ce week end faut que j'y sois à 9 h samedi et dimanche...

La suite lundi sans doute !

16.3.06

tunnel

Le salon du livre commence ce soir, c'est le gros bazar au bureau, avec des gens qui courent dans tous les sens !

Je sais pas trop quand je posterai à nouveau. Je suppose que je passerai pas mon temps là-bas, mais je ne sais pas trop combien de temps je passerai au bureau !

15.3.06

stress

C'est la fête au village... une assistante est partie ce matin en larmes du bureau au moment où j'arrivais, c'est le stress du salon qui monte ! Y a sans arrêt des gens qui entrent et qui sortent du bureau, c'est carrément marrant.

Allez comprendre pourquoi, je suis de plus en plus zen. Occupé mais zen. Ah tiens une libraire du Caire arrive avec ses valises. Scusez moi faut que j'aille dire bonjour !

14.3.06

le blog qui s'efface

Pour les fans de Lewis Trondheim, il a un blog assez marrant : il y a des petites histoires, des tranches de vie, sans archives. Et par un procédé étonnant les histoires s'effacent au fur et à mesure : les plus anciennes sont à peine lisibles !

Je trouve que c'est une façon très subtile d'utiliser un blog. Ca s'appelle d'ailleurs les petits riens. En cherchant il doit bien y avoir une chanson qui parlent de petits riens qui disparaissent sans laisser de traces...

13.3.06

full strike

Quel bon dimanche... déjeuner excellent chez ma maman, qui m'a repris le cadeau que j'aimais pas et m'a filé à la place un duo de petites statuettes africaines magnifiques. Hum j'en connais qui vont dire que je devrais avoir honte de lui avoir dit que j'aimais pas son cadeau, mais finalement tout le monde est content, c'est là l'essentiel.

Mon frangin est venu chez moi regarder "le" match (France-Angleterre en rugby). C'est un rituel depuis des années. Ca commence d'ailleurs toujours pareil ; il y en a un des deux qui dit à l'autre "je le sens pas du tout ce match", et l'autre répond en général "tu m'étonnes". Naturellement les deux espèrent secrètement qu'on va gagner.

Le pire c'est qu'avec les années ça ne s'arrange pas : on est toujours aussi fébriles, toujours autant de mauvaise foi, toujours plus chauvins. Mais ce match c'est comme ça. Perfide Albion, etc... Ha ha... Rule Britannia qu'ils disent...

Alors pardon si c'est pas charitable, mais quand on peut les écrabouiller comme hier, ça fait vraiment bien plaisir.

10.3.06

il va pleuvoir

Hébé... une des nanas de mon équipe qui me fait presque toujours la tronche m'a fait un sourire ce matin quand je lui ai dit bonjour... Il va pleuvoir si ça continue.

Bon faut dire qu'hier soir j'ai passé près d'une heure à parler avec elle, de son boulot, de ce qu'elle aime bien, de lecture aussi, bref on a un tout petit peu brisé la glace. Faut croire que si je suis moins con avec les gens le résultat arrive.

Tout n'est pas rose, mais l'atmosphère est beaucoup moins irrespirable en ce moment au bureau. Et le mieux, c'est que je crois que j'y suis un tout petit peu pour quelque chose ! Bon s'agirait pas que je m'endorme sur mes lauriers, mais y a du mieux.

Dimanche il y a une "conversation spirituelle" à la zaouia. C'est une initiative vraiment chouette de certains frères et soeurs : discuter autour d'un thème lié à la voie et au cheminement. Il y a deux ou trois personnes qui préparent le thème, et on en discute.

La première "session" c'était autour de l'écologie. Je n'y ai pas assisté mais ils ont recensé tous les versets du Coran qui parlent de protéger la nature, et je crois que ça a été très riche.

Ce dimanche le thème c'est "comment concilier l'engagement professionnel et l'engagement spirituel". Tout un programme. Ca a l'air un peu austère comme ça, mais il y a plein de questions derrière. Comment ne pas se laisser bouffer par le boulot, par les luttes, les chocs d'egos inévitables dans certains postes.

Un de mes amis les plus proches dans la voie est très préoccupé par ça. Dans son travail, il fait beaucoup de "politique". Comment ne pas se laisser polluer par ça ? Vaste sujet.

On sait que l'une des bases du cheminement dans une voie soufie, c'est d'être dans le monde et d'y tenir pleinement sa place. Pas simple. Disons que dans un sens, le fait de faire son travail, de vivre sa vie, font partie du chemin.

Je repense à une histoire que j'ai entendue. Un faqir marocain, qui était postier, avait très souvent des visions, je crois qu'il rêvait toutes les nuits du prophète. Transporté par la force de ces visions, il a décidé de laisser tomber son boulot pour se consacrer entièrement au dhikr. Je vous laisse deviner ce qui est arrivé : ses visions ont cessé.

Je ne sais plus la fin de l'histoire, mais elle résume bien l'idée que ce n'est pas en s'excluant du monde qu'on chemine. Enfin du moins pas dans ce que je comprends de la voie. En même temps il faudrait être présent à Dieu à chaque instant, ce qui est une autre paire de manches.

Un autre histoire que j'ai déjà racontée ici est celle des deux frères dont l'un est ermite et l'autre cordonnier. Je pense qu'il y a plein d'illustrations ce cet apparent paradoxe.

Tout ça pour dire que la conversation spirituelle de dimanche devrait être riche. Hum. Vous savez quoi ? Je n'y assisterai pas, il y a France-Angleterre en rugby !

8.3.06

proverbe

Vu mon coach aujourd'hui. Il m'a sorti un proverbe qui est tibétain je crois, mais qui pourrait être soufi. En tout cas ça m'a fait bien rire, et ça m'a tout de suite fait penser à des tas de choses de la tariqa.

Ca dit ça : "quand l'élève est prêt, le maître se présente". Pas mal non ?

7.3.06

seul dans mon salon

Ca y est, le copain qui habitait chez moi est parti. Il est resté 2 mois et demi, j'avoue que je suis soulagé. Ca m'a fait un peu drôle, mais c'est vraiment agréable d'être à nouveau seul chez moi.

Depuis quelques jours, il m'arrive un drôle de truc quand je fais mes invocations. Je souris bêtement en faisant mes "la ilaha illa Llah". Rien à voir avec le départ de mon ami : ça m'a pris avant. Et ce n'est pas tous les jours.

Je me sens moins engagé qu'à une époque dans le fonctionnement concret de la tariqa, je suis moins au service de la voie. Mais je me sens plus apaisé aussi. Peut-être suis-je à bonne distance.

Sur un autre sujet, les jours qui viennent vont être chargés. Le salon du livre de Paris approche, et donc pour bibi ça veut dire de longues journées en perspective. Je mets la dernière main au choix des hôtesses (choix sur photos, je me fais honte !), on a commandé des plantes vertes et des tas de bouteilles de champagne, la stagiaire bosse hyper bien, donc de ce côté ça roule.

Bon jeudi il y a bien un rendez-vous qui se profile avec le Vil Informaticien Psychopathe, mais je pense que ça va aller.

6.3.06

Luxembourg

20 minutes après déjeuner au jardin du Luxembourg, avec un grand soleil qui réchauffe, quelques canards (grippés ?), une ou deux mouettes, et plein de gens à qui le soleil file le sourire... elle est pas belle la vie ?

3.3.06

voyage

Bien envie de retourner au Sénégal moi... je vais peut-être bien me laisser tenter par un petit séjour en avril. Voici une photo prise pas loin de la maison de ma maman là bas. Ca donne envie non ?

Bon le Sénégal c'est aussi et surtout les gens, mais cette photo rend bien compte d'un endroit où le temps semble s'écouler plus lentement, dans une grande paix.

Les trois mois qui viennent vont être assez speed. Rien qu'en mai je vais faire 3 voyages assez crevants pour le boulot. Du coup une petite respiration d'une semaine je n'aurais rien contre.

métro et musique

Je ne sais pas si vous prenez le métro à Paris, mais il y a très souvent des musiciens dans les couloirs (ahh... le chanteur chinois d'opéra à la station Réaumur Sébastopol...) ou dans les rames. Dans les rames 99 fois sur 100 c'est plus déplaisant qu'autre chose, il m'arrive même de changer de wagon pour échapper au massacre.

Et puis hier soir pendant mon trajet de retour un type s'est installé, a mis un petit accompagnement sur un ampli et a branché sa guitare. Il s'est mis à jouer un instrumental archi connu de Santana. Je sais pas comment ça s'appelle mais c'est quasiment son morceau le plus joué.

Le type avait l'air de rien, jouait doucement. La qualité qui me touche énormément chez Santana (le vrai !), c'est la douceur de son toucher quand il joue. On dirait qu'il caresse les cordes avec une plume. J'ai eu un pote qui était le plus mauvais guitariste du monde pour ce qui est du rythme, de l'oreille, de la connaissance musicale, de tout en fait, sauf qu'il avait cette qualité de toucher. C'est un peu inexplicable.

Le musicien du métro avait cette qualité, il jouait tout tranquille, sans forcer. Du coup au bout de 3 stations à peu près tout le monde dans le wagon avait plus ou moins le sourire. Un vieux monsieur Arabe avait même le pied qui battait discrètement la mesure. Bon il m'en faut peu pour être content. Mais quand même c'était un petit moment de plaisir et de bonheur.

Comme je connais le morceau presque par coeur, j'attendais quasiment chaque note avec un plaisir gourmand. J'étais déçu qu'il arrête pour récolter des sous, j'avais envie de lui dire "hep hep il est pas fini le morceau". Mais de toute façon j'arrivais à ma station.

Quand je lui ai filé une pièce, il m'a dit merci. Mais c'est moi qui avais envie de le remercier.

2.3.06

le wird de la Boutchichiyya

Dans un commentaire, un lecteur me demande quel est le contenu exact du wird qu'on pratique dans la tariqa. Ma fidèle lectrice du Sénégal appuie cette demande. Tiens je pense que ce billet va rejoindre ma rubrique "pour les nuls par un nul".

Je crois qu'à un moment le site anglais de la voie avait mis en ligne le wird, mais je n'en suis pas sûr. En cherchant bien on trouve juste un lien permettant d'envoyer un mail "je voudrais connaître le wird de la Boutchichiyya". Mais je ne sais pas ce qui est répondu aux gens.

Pour mes lecteurs non musulmans, le wird c'est un ensemble d'invocations qu'on fait individuellement matin et soir. Chaque confrérie a son propre wird.

Il y a d'ailleurs dans "Vie et enseignement de Tierno Bokar" de Amadou Hampâté Ba une description tragi-comique d'une célèbre et longue controverse qui a secoué la Tijaniya il y a à peu près un siècle. Je ne me souviens plus des détails, mais ça a tourné vinaigre pour des raisons de rivalités de personnes.

Et pour donner un prétexte à cette rivalité, il y a eu une très longue dispute entre certains qui étaient "pour les onze grains" et d'autres "pour les douze grains". La plupart des wird commencent (à ma connaissance) par l'invocation "audhu billahi mina chaytani rajim", c'est à dire "je demande la protection de Dieu contre Satan le lapidé", récité onze ou douze fois dans le cas de cette controverse historique. On compte les onze ou douze fois sur les grains du chapelet. A l'époque cette controverse a conduit à un conflit très grave.

Pour revenir au wird, je crois bien que c'est un peu pareil dans toutes les voies : il y a un certain nombre de "audhu billahi", puis un certain nombre de "astarfighullah" (je me repens, me réfugie en Dieu), puis un certain nombre de prières sur le prophète, le tout avec quelques versets.

Quand on décide d'entrer dans une voie, on reçoit un wird. Je crois bien que chez les Tijanes on appelle justement ça "prendre le wird". Chez nous on parle de "prendre le pacte", mais c'est pareil.

Pour revenir à la question de mes lecteurs, je ne me sens pas de donner le contenu de notre wird ici. Je sais que dans d'autres confréries c'est public, mais disons que je ne me sens pas "habilité" à le donner. On va dire qu'il est structuré comme indiqué plus haut.

Je ne veux pas qu'on pense que c'est un grand secret, mais en quelque sorte le secret est ailleurs. Il me revient une histoire : un frère de la voie, avant d'arriver chez nous, s'était fait son propre wird en prenant des morceaux à droite et à gauche et en les compilant.

Quand il a approché la voie, la première chose que le moqaddem (le responsable du groupe, qui représente le sheikh) lui a dit c'est "Oula ! Arrête tout, contente toi pendant quelques temps de faire du dhikr et on verra après". Plus tard il est entré dans la voie et a reçu le fameux wird.

En soi, la suite de récitations qui constituent le wird n'a pas de valeur particulière. Je sais que c'est difficile à comprendre, mais ce qui lui donne sa valeur, c'est l'énergie spirituelle qui circule dans la tariqa, ce qu'on appelle le sirr ou secret spirituel. C'est ce qui transforme ces phrases mortes en quelque chose de vivant.

Tout ça pour dire que même si je donnais le contenu du wird à quelqu'un, il serait bien avancé. Hum. On va encore me prendre pour un dingue. Par ailleurs il y a certainement parmi mes lecteurs des gens qui en savent beaucoup plus long que moi sur le sujet !

1.3.06

entre deux îles

C'est bizarre. On dit que le soufisme, ou du moins le chemin spirituel, permet d'arriver à un état où l'on est présent à Dieu à chaque instant. Bon c'est plus simple et plus compliqué que ça. Mais en gros c'est l'idée.

J'avais discuté une fois à Madagh (le "coeur" de notre confrérie) avec un vieux faqir, qui m'avait dit en substance "maintenant que je ne travaille plus, je peux enfin invoquer (faire du dhikr) toute la journée."

Ne confondons pas : on peut invoquer avec le coeur en permanence tout en menant une vie normale (travail, famille, etc...). Enfin du moins certains y parviennent. Et si je n'avais que ça à faire je suis bien certain que je ne passerais pas mon temps à invoquer.

Mais peut-être que je mélange des choses un peu différentes. Et puis je parle d'états que je n'ai pas éprouvés, ou alors fugacement, et c'est sans doute difficile à décrire. Qu'est-ce qu'être "présent à Dieu" ? Qu'est-ce que l'orientation ?

Toujours est-il qu'en ce moment c'est un peu bizarre. Pendant mes pratiques le matin et le soir je me sens à la fois un peu distrait et dans un état assez profond. Ca passe à toute vitesse, c'est un moment où je me sens bien, très bien même. C'est paradoxal : c'est comme si je m'en débarrassais, je le fais presque en pilote automatique, et en même temps je me sens si bien pendant...

Mais le reste de la journée, ces temps-ci, j'avoue que je pense surtout à mes histoires, à tout sauf à Dieu et à ma foi. Comme si j'étais entre deux îles, entre mes deux petites séances de pratiques.

Un frère que je connais bien me dirait sans doute le fameux adage soufi "détends toi et apprends à nager !"

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