28.2.05

air connu ?

Discussion avec un frère ce week end sur la foi, la vie, tout ça... sur la foi il m'a dit un truc très juste : c'est quelque chose qui change tellement que ça ne vaut peut-être pas la peine de se poser plein de questions ou de chercher à la définir. Il me disait juste qu'à un moment on ressent une certitude.

Autre sujet tellement important : la patience. On en revient toujours là. Apprendre à être patient. Ne pas désespérer si les choses ne tournent pas comme on voudrait. Mais se dire que le sheikh nous a fait une promesse : de faire changer nos coeurs. Et ça c'était bien qu'il me le rappelle. Je ne crois pas que je dois pratiquer en fonction de cette promesse. Mais exprimé comme ça c'est vrai que ça m'a réchauffé le coeur.

On a parlé aussi de la nafs... il a utilisé cette image (qui doit être assez classique j'imagine) : tout se passe comme si en nous il y avait une eau plutôt claire (on se voit comme allant plutôt bien), mais avec de la boue au fond. Le travail, le dhikr, ça "touille" tout ça ce qui trouble l'eau (la boue se mélange au reste). Il faut bien en passer par là pour purifier, pour nettoyer : on ne peut enlever la boue que quand elle est à la surface.

Je ne suis pas sûr de bien rendre compte de son image, mais ça m'a beaucoup parlé. Etre patient, accepter l'idée que pour se nettoyer ça peut prendre du temps et surtout nous faire passer par des phases pas simples. C'est pour ça que c'est très important d'être guidé, d'être entouré. Et de savoir qu'on va quelque part. Je ne ressens pas encore cette certitude mais ça viendra.

Hum on voit que c'est lundi j'ai vraiment pas les idées très claires.

j'en ai parlé à mon frère

Ouf je me suis décidé à parler de la tariqa à mon frère. Je ne sais pas si c'était le bon moment, mais je crois que ça devait arriver. Après sur mes raisons... difficile de me faire une idée. Il n'a pas vraiment réagi, sauf pour me dire que je parlais de choses qui lui semblaient "répétées" et pas "vécues" (hum). Pour le reste il ne m'a pas dit s'il trouvait ça bien ou pas, si ça le fait flipper ou pas.

Il s'étonne de ce que ça me pose un problème d'en parler à la famille, il m'a dit "je ne comprends pas tu as besoin de leur approbation ou quoi ?". Il voit peut être juste, je ne sais pas quoi penser. Il semble dire que je pourrais très bien pratiquer sans m'occuper du tout de la famille et à la limite ne jamais leur en parler.

Le meilleur c'est que quand je lui ai dit que c'était pour ça (l'islam) que j'avais arrêté de boire il a été surpris. Il doit me prendre pour un dingue. Il m'a parlé de son ami qui est dans une voie Zen, en me disant "ça fait 15 ans qu'il m'en parle et seulement un an qu'il ne me fait pas peur quand il en parle..." je crois que tout ça lui fait un peu peur, ou qu'il se demande si je suis sincère.

J'imagine que je reviendrai là dessus. Mon frère est un peu une énigme pour moi : il se confie très peu, c'est toujours un peu difficile de savoir ce qu'il a dans la tête. Et dans le coeur. J'imagine qu'il s'inquiète pour moi, qu'il croit comme un de mes amis que je perds le contact avec la réalité en m'engageant dans la voie. J'ai essayé de lui expliquer que c'est le contraire : j'apprends à mieux me connaître, je rencontre des gens nouveaux, je crois que je suis beaucoup plus "dans le réel" qu'il y a un an. Mais bref ça c'est un débat sans fin. Le temps dévoilera les choses.

25.2.05

bonne étoile et boulot

Bizarrement je me suis toujours vu comme "protégé" par une sorte de bonne étoile pour le boulot. Un peu comme si un ange veillait sur moi. Bon c'est à la fois vrai et faux si je repense à ma carrière. Et puis le danger de penser ça c'est que du coup on a tendance à attendre que les choses viennent d'elles mêmes.

En même temps je crois que si quelque chose m'arrive, en l'occurence un nouveau travail, ça ne sera pas par hasard. Bon il y a ce côté "aide toi, le ciel t'aidera" : il faut faire de son mieux. Un frère me disait d'ailleurs à propos du don que faire son travail du mieux qu'on peut fait partie de la voie. C'est dans des choses concrètes et terre à terre qu'on doit s'appliquer, pas seulement dans la pratique et dans la recherche de Dieu.

Hum. Quand il a dit ça je me suis senti moyen. Je n'ai jamais "donné le meilleur de moi-même" dans le travail. Pour des raisons qu'il serait difficile de démêler. C'est peut-être quelque chose que m'apportera la voie. Mais encore une fois je dois me garder d'être un consommateur passif, de me dire "haba voilà c'est simple oriente toi, pratique et tout le reste se passera sans difficulté". Si seulement c'était aussi simple.

Je continue malgré tout à être assez optimiste sur le travail. Je me dis que je vais trouver quelque chose qui me correspond. Je ne sais pas trop comment l'expliquer. C'est peut-être puéril, mais j'ai vraiment ce sentiment. Je ne suis pas sûr de le "mériter" mais je ne crois pas que le mérite ait grand chose à voir là dedans. Hum voilà que je glisse sur un autre sujet. Pour rester sur le travail, je voudrais pouvoir être fier de ce que je fais. Tant pis si ça nourrit mon ego. Je crois qu'il n'y a pas de mal à être fier de quelque chose qu'on fait bien. Mais ça... la route est longue.

Les raisons de fierté après... c'est toujours un peu ambigu. Je vais prendre un exemple : il y a plus d'un an j'avais été candidat à un poste au musée du Louvre. Waou. Prestige etc... Sur le moment j'aurais été très fier d'avoir le job. Ca ne s'est pas fait. Mais c'était sans doute un bien. Pas parce que ça aurait gonflé mon orgueil. Tout simplement parce qu'au delà du côté prestigieux, j'ai senti que c'était un contexte très difficile humainement (beaucoup de politique, certainement des coups en traître etc... tout ce que j'aime).

De toute façon si ça n'est pas arrivé c'est que ça ne devait pas arriver (un peu facile je sais mais bon...). Le boulot idéal n'existe pas, un peu comme la femme idéale ou la vie idéale. J'espère que je ne me trompe pas... là j'ai un pressentiment positif.On verra assez vite ce qu'il en est.

discussion avec un pote

Discuté avec mon ami "spirituel", celui qui est soufi sans le savoir (je sais qu'il va lire ça et protester mais c'est pas grave). Il est amoureux d'une jeune femme, un amour qui pour pas mal de raisons ne peut pas se réaliser pour le moment. Toute ressemblance avec des personnages ou une histoire connue ne serait que coïncidence fortuite. Blague à part c'est une situation qui n'a rien à voir.

Bref. Il s'est pris une baffe hier. Mais ça l'a plutôt libéré. Et le plus beau, c'est qu'il reste persuadé au fond de lui que ça finira bien. Si ça c'est pas de la foi. La foi c'est la confiance. C'est une certitude qu'on éprouve au fond de soi.

Tiens au fait où en suis-je au niveau foi ? C'est étonnant. D'une part je n'arrive pas vraiment à m'abandonner, à simplement faire confiance (ça je l'ai amplement expliqué). D'autre part je crois que ma foi s'enracine de plus en plus. Pas simplement parce que je m'adresse à Dieu, que je lui demande des choses, que je le supplie parfois. Je réalise que ça fait partie de moi. Je repense à cette idée de quelque chose que je retrouverais et que j'ai perdu dans l'enfance. Quand on m'a dit ça (ce médecin que j'aime bien), je n'ai pas fait le rapprochement.

C'est hier soir que j'y ai repensé. Dans les bases du soufisme il y a cette idée qu'on retrouve... Dieu. D'ailleurs dhikr veut dire le souvenir. L'idée c'est qu'on a en soi à la naissance cette connexion avec une vérité universelle (pardon si ça semble bizarre mais tant pis c'est mes mots à moi). Ensuite cette connexion avec Dieu, avec notre nature profonde, se perd et est masquée par la nafs. On croit savoir, maîtriser, etc... tout le travail consiste à retrouver ce trésor enfoui.

Bon là je parle de choses que je ne connais pas de l'intérieur. Mais ce qui est marrant c'est que quand ce médecin m'a parlé de ça j'ai pas percuté alors que j'avais déjà lu et entendu plusieurs fois ce thème du retour, du souvenir dans le soufisme. C'est marrant qu'il ait "senti" ça dans ce que je vis.

Alors renoncer... peut être faut il renoncer au quotidien tout en gardant quelque part ce rêve. Tiens je repense à ce verset... "Dieu a décrété que vous n'adoreriez que Lui".

hauts et bas

Pas très facile aujourd'hui. Je devrais être patient, mais j'ai du mal. Je devrais passer à autre chose, mais j'ai du mal. Je devrais m'en remettre à Dieu, mais j'ai du mal. Je me dis que de tout ça il sortira un bien pour moi, mais la leçon est bigrement difficile.

Du coup, même quand le dhikr se passe bien, que je suis concentré, j'ai l'impression que j'en attends quelque chose au lieu de juste le faire sans me poser de questions. Je ne sais pas trop si j'attends une révélation, une guérison, autre chose... mais j'ai du mal à me dire "fais ton dhikr, oriente toi vers ton sheikh, et ton coeur guérira peu à peu, à ton insu".

Mais bon je vais m'accrocher. L'important, on me l'a dit et répété, c'est la régularité. Pour ça je suis régulier. Après tout ça fait si peu de temps que je suis dans la voie, comment pourrais-je déjà être "guéri" alors que la voie c'est le travail d'une vie ? J'attends sans doute trop. De moi-même, de la vie, de l'amour. On dit souvent qu'il faut faire avec ce qu'on a.

Peut-être que d'ici quelques mois je me dirai que j'avais des illusions, que la voie m'a aidé à y renoncer. Mais comment renoncer à ses rêves ? Est-ce mal d'en avoir ? Hum je m'embrouille. Je mélange sans doute un peu tout. Est-ce de l'orgueil qui m'empêche d'avancer ? Je repense à ce frère qui me disait que son amour pour une femme (amour qui reste virtuel pour le moment) ne cesse de se purifier.

Je ne devrais pas transposer, mon cas est différent. Mais après tout... purifier n'est-ce pas le but de la voie ? Découvrir qui on est aussi. Même si ce n'est pas forcément agréable. Fouya qu'est-ce que je suis confus aujourd'hui. J'y verrai plus clair plus tard j'espère.

24.2.05

exercice pratique

On aura beau dire... entre la théorie et la pratique... Voilà ce qui m'arrive. Je cherche du travail. Un vieux copain m'appelle pour me parler d'une boîte qui cherche quelqu'un. Jusque là tout va bien. Sauf que la boîte en question est dirigée par des gens qui sortent des mêmes études que moi. Mais qui ont presque 10 ans de moins ! Donc le job ça serait de travailler pour eux... Et ça coince un peu dans ma tête.

Pourquoi ça m'arrive juste au moment où je fais tous ces discours sur l'humilité ? Bon j'ai rien à perdre à appeler cette boîte. Sauf que mon orgueil m'en empêche. Je crois plus trop au hasard, alors le fait que cette opportunité surgie de nulle part me tombe dessus en ce moment... c'est un peu troublant. Hum hum. Rien ne dit que je correspond à ce que ces gens cherchent. Mais c'est un cas pratique : faut que je fasse un effort sur moi pour les appeler.

Je sens que c'est pas gagné. Facile de dire "la voie m'enseigne l'humilité". Moins facile d'être humble le moment venu.

PS : ça y est je viens d'appeler. On verra bien mais j'ai rendez vous la semaine prochaine. Je me sens pas plus fier pour autant.

adab

L'adab c'est la politesse spirituelle, parfois appelé le "bel agir". Ca y est je suis reparti dans ma série "le soufisme pour les nuls", mais bon après tout autant que j'écrive le peu que je sais. C'est le comportement vers lequel on est amené par la voie. Enfin pour ma part la route est encore longue mais c'est un des bienfaits qu'apporte la voie.

Sur ce que j'en comprends, c'est à la fois une attitude intérieure et un comportement extérieur. On m'a dit souvent que le travail intérieur par le dhikr finit par se voir à l'extérieur dans le comportement. Je vais certainement oublier plein de choses mais l'adab c'est par exemple ne pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas. C'est fuir les polémiques. C'est traiter les autres comme on voudrait être traité. C'est s'astreindre à ne pas (trop) juger les gens. Hum en listant tout ça je me rends compte que je ne fais pas bien la différence entre l'adab et les qualités humaines vers lesquelles on tend dans l'islam en général. Et pas que dans l'islam : tous les gens "de bien" ou "de coeur" se ressemblent d'où qu'ils viennent.

Peut être un exemple pour illustrer l'adab : quand j'ai eu un hâl l'autre jour, je suppose que plusieurs frères ont dû le remarquer. Mais personne ne m'en a parlé. C'est une sorte de réserve qui fait que l'on aborde pas certains sujets sans y être invité. Après coup j'en ai parlé seul à seul avec un frère, il m'a dit "oui j'ai vu ce qui t'est arrivé". Bon je vais peut être arrêter de parler de cet épisode, mais ce que j'essaie d'expliquer c'est qu'il y a cette réserve que je vois chez les gens de la voie qui m'épate.

Un autre exemple : c'est clair que si quelqu'un me branchait sur certains sujets (la place de l'islam en France, les critiques faites au soufisme, etc...) je partirais au quart de tour. Pas les frères plus expérimentés. Ca ne veut pas dire qu'on ne doit pas expliquer, faire valoir notre point de vue. Mais souvent polémiquer ne sert à rien.

J'ai du mal à cerner le sujet comme souvent. Ca me fait penser à l'intention en fait. L'intention c'est essentiel en islam. En quelque sorte un acte ne vaut que par l'intention. L'adab ce serait tendre vers un comportement où l'intention qui est derrière chacun de nos actes serait positive. Hum y a du boulot. Et puis les gens ne sont pas des saints.

Je crois que c'est un ènième sujet sur lequel il faudra que je revienne plus tard. Sur ce thème, je relis en ce moment la Futuwah, Traité de chevalerie soufie de Sulami. De façon assez normale, j'y lis des tas de choses que je n'avais pas lues la première fois. Et j'imagine que je pourrai le lire 50 fois dans les années qui viennent et y découvrir à chaque fois des nouvelles choses.

Rien à voir mais je repense à une autre chose qu'a dite un frère hier soir : il parlait du dhikr, et a expliqué qu'un des premiers bienfaits qu'il a ressentis c'est le fait que la lecture du Coran est devenue très facile, sans parler de la pratique (les prières etc...). Mais bon ça c'est un autre sujet.

Pour revenir à l'adab, un frère n'appartenant pas à la voie (mais intéressé disons) a posé des questions sur le fait que certains musulmans considèrent le soufisme comme blâmable. Eternel débat. Il y a certainement des voies ou des enseignements dévoyés, mais dans une voie authentique, l'islam pratiqué est ... orthodoxe, je ne vois pas d'autre mot. Bon sur ce débat je ferai peut être une note un jour. A cette question, les frères un peu expérimentés n'ont pas répondu directement. Je crois que c'est parce que la meilleure réponse c'est la façon d'être. Ca ne veut pas dire qu'il y a des sujets tabous. Au contraire. Rhaa plus j'essaie de m'expliquer et plus j'ai l'impression d'être obscur. Disons qu'il y a quelque chose d'intérieur.

D'ailleurs ce qui m'a attiré vers la voie c'est ce que je sentais à l'intérieur des gens que j'y ai vus. Pas ce que j'ai pu en lire ou en entendre. Enfin si en partie. Mais le discours n'aurait pas suffi si je n'avais pas senti quelque chose. On dit souvent que l'enseignement se passe plus de coeur à coeur que par l'esprit.

dhikr et don

Hier soir j'ai discuté avec des frères. J'ai retenu quelque chose qui m'a paru très important sur le dhikr. Je cite : "le dhikr c'est comme si Dieu lui même s'invoquait à travers nous" et encore : "le dhikr c'est simple c'est un don qu'on fait".

Ca paraît simple dit comme ça mais je reconnais que c'est un rappel qui n'est pas inutile. Ce matin en faisant mon dhikr j'y ai repensé. Donner. C'est à la fois simple et compliqué. Peut être que je m'emmêle les pinceaux, mais ce qu'il m'a semblé comprendre, c'est que nous ne devons pas attendre quelque chose en échange. Bon c'est un peu bateau, et c'est quelque chose que j'ai déjà dit ou entendu de plein de façons différentes.

Mais comme souvent ce sont les leçons les plus simples qui sont les plus difficiles à comprendre. Ca paraît bête de se dire que si on invoque en vue d'obtenir quelque chose (une élévation, des ouvertures, un renforcement de la foi, que sais-je encore), on fait en quelque sorte fausse route.

Ca ne veut pas dire qu'on a pas un but ou du moins une orientation, mais qu'il faut séparer les choses. C'est dingue ça me fait penser naturellement à la parabole de l'ouvrier de la onzième heure (pour le fait que ce n'est pas à l'aune de nos oeuvres qu'on sera rétribué), mais aussi à ce hikam auquel je pensais l'autre jour et qui dit "l'effort que tu déploies pour obtenir ce qui t'es garanti, et ta négligence à t'acquitter de ce qui t'est demandé, montrent l'obscurcissement de ta clairvoyance". Ca me fait penser aussi à cette phrase d'un frère me disant "je fais ce que j'ai à faire et pour le reste je m'en remets à mon sheikh (et donc à Dieu)".

Je coupe pas les cheveux en quatre en parlant de tout ça. C'est assez concret je crois. J'ai l'impression que si je ne pense qu'à donner quand j'invoque, ça sera beaucoup plus simple. On m'a aussi rappelé que dans notre voie c'est vraiment l'invocation qui est l'instrument essentiel. Faire le dhikr nous transforme petit à petit. C'est aussi simple que ça.

En même temps ne rien attendre en retour c'est tellement difficile. C'est comme ça que devrait être l'amour il paraît. Donner. Et remercier pour ce qu'on reçoit. Ca paraît creux mais c'est tellement vivant chez certains frères.

23.2.05

livre de base

Dans la série de mes achats de livres, du lourd : un livre de hadiths (dits du Prophète) rassemblés par un grand savant du 13eme siècle, Nawawi. Il y a des tas de hadiths, les sources en sont plus ou moins fiables, et, comme pour le Coran, la lecture est parfois déroutante. Et dire que pour bien faire faudra un jour que j'achète des commentaires sur les hadiths...

C'est classé de façon thématique, et surtout on m'a donné un bon conseil : ne pas m'attarder pour le moment sur ceux qui ne me "parleraient" pas. Un peu comme pour pas mal de trucs que je lis, je crois que le seul fait de m'imprégner est bon en soi. Et puis là... c'est quand même de paroles du Prophète qu'on parle. C'est pas rien.

Un peu comme pour le Coran, j'imagine qu'il y a parfois des sens supplémentaires en plus du sens "premier". Bon ça c'est un livre "durable" ou de référence disons.

signes et illusions

Encore un sujet pas facile. Fouya je sais pas comment je vais expliquer ce que je veux dire. Je demande des signes. Pour m'encourager. Mais quand je crois en voir, est-ce que ce sont vraiment des signes ?

Faudrait que je prenne un exemple. J'ai récemment demandé un signe pour savoir si je dois encore y croire sur euh l'élue de mon coeur. Paf 10 minutes après je vois quelque chose qui me fait immanquablement penser à elle. Mais la question c'est est-ce que tout me fait penser à elle ? En d'autres termes est-ce que je ne vois pas des signes partout tout bêtement parce que mon esprit (mon coeur ?) est pris par elle ? En l'occurence le signe c'était quelque chose d'assez particulier et d'inhabituel, mais je reste perplexe.

Par ailleurs les signes à supposer qu'on les reconnaisse encore faudrait-il savoir les interpréter. Si j'interprète systématiquement selon mes désirs c'est plus des signes c'est une projection de ce que je désire. Bon je suis incorrigible je continue à ne voir que ce qui me convient. On n'écoute que ce qu'on veut. Alors est-ce un piège de mon ego ces signes que je crois voir ? C'est qu'il est rusé. Est-ce Shaytan ? Trop de questions, pas assez de réponses aujourd'hui.

Hum la route est longue. On dit (c'est un hadith) que "qui se connaît connaît son Seigneur". Eh bien moi je dis qu'il y a du boulot.

lettre d'Ad Darqawi

C'est celle que m'a conseillée ce frère hier dans son sms. Je ne suis pas sûr d'y voir tout ce qu'il y voit. Et je ne sais pas s'il me l'a signalée pour me faire passer un message. C'est comme toujours un océan où l'on peut se noyer. Ou juste rester à la surface. Se regarder ? Hum. J'en sais trop rien.

Je la cite en entier (elle n'est pas trop longue)... j'espère que je ne viole aucun copyright. C'est extrait de ça.

"Ne nourris pas tout ce qui naît de ton coeur, mais rejette-le loin de toi et ne t'occupe pas à l'élever en oubliant ton Seigneur, comme le font la plupart des gens, de sorte qu'ils divaguent et errent et se perdent dans un mirage ; s'ils comprenaient, ils diraient : quelle chose étonnante que le coeur ; en un instant, il enfante des fils innombrables, les uns légitimes, les autres illégitimes et encore d'autres dont on ne sait pas comment ils sont... Comment donc quelqu'un qui s'occupe de nourrir tous ces fils pourrait-il être disponible pour son Seigneur ? Quelle pitié ce fils d'Adam qui efface le cosmos jusqu'à ce qu'il n'en reste plus de trace, et que le cosmos effacera à son tour jusqu'à ce quil n'en reste pas de trace, sauf un peu d'odeur s'évanouissant en un bref laps de temps..."

Hum hum. A méditer on va dire. J'ai cette double impression : je n'en comprends que très peu (ignorant que je suis !) mais en même temps ça m'ouvre quelque chose. Et ça c'est exaltant.

alcool, réflexe

Marrant un autre truc sur le dîner d'hier. Mon père est un peu épaté que j'aie arrêté de boire. Pas à la manière de mon beau père qui le prend presque comme une agression. Au contraire. Il est bluffé, il doit se dire "bravo".

Lui même a pas mal bu à une époque. Et puis sur un plan plus prosaïque il m'a dit "c'est bien comme ça tu n'as pas grossi depuis que tu as arrêté de fumer". Bon là en plus à la table voisine il y avait un type très sympa qui a insisté pour nous offrir des digestifs. Grand sourire de mon côté. Le type a demandé "comment se fait il que vous soyez frères et si différents" en parlant du fait que l'un boit et pas l'autre (ou en parlant d'autre chose allez savoir... on croise parfois des gens d'une clairvoyance...).

Mon frère lui a juste dit "c'est une différence bien mince le fait de boire ou pas". Ca m'a plu. Bon il faut dire que le type sympa avait carrément 3 verres avec trois alcools différents devant lui.

Hum je m'aperçois que je suis en train de raconter tout mon dîner. Pas grave. Un autre moment m'a fait marrer. Mon frère expliquait à mon père "tu l'as échappée belle", lui disait qu'il s'en sortait plutôt bien de certaines galères. Et mon père en a convenu. Il est entouré d'amour, c'est chouette. Quand il a dit ça, j'ai dit en moi même sans y réfléchir "alhamdulillah". Le fait que des choses tournent bien pour les gens ça doit provoquer ce réflexe chez moi maintenant j'imagine.

dîner et pétage de plombs

Gros dîner hier avec mon frère et mon père... dans la famille taiseux je demande etc... sauf que c'est pas le jeu des 7 familles. Ils ont un point commun, je suppose que moi aussi j'ai ça en moi : ils sont incapables d'aimer quelqu'un sans se faire du souci pour lui. Et par ailleurs un autre trait familial c'est un côté colérique (ça étonne toujours les gens quand je dis que j'ai ça en moi... je dois bien le cacher). Et aussi du mal à dire les choses, et du mal à les entendre. Bon ça doit correspondre au portrait robot de beaucoup de gens mais c'est ainsi. Et puis ils sont capables tous les deux d'en prendre beaucoup sur les épaules avant de dire stop.

Comme souvent c'est à partir du moment ou mon père a dit "bon on va demander l'addition" que la vraie discussion a commencé. C'est la première fois qu'on dîne tous les trois depuis assez longtemps. J'ai un peu laissé faire hier. Mon frère avait besoin de dire pas mal de choses, de façon un peu virulente. Je me suis tenu à l'écart. Oh pas par souci de concilier, au contraire : mes rares interventions ont plutôt jeté de l'huile sur le feu. Bon c'était pas une boucherie mais on a parlé de pas mal de sujets "profonds".

Faudra que je parle un jour ici de l'adab ou politesse spirituelle. C'est un modèle de comportement vers lequel on doit tendre. Ce n'est pas gagné pour moi, mais au moins quand je me surprends à faire quelque chose qui n'est pas conforme à l'adab c'est toujours ça de pris. Difficile de dire ce qu'on a sur le coeur en s'attachant à ne pas blesser, et difficile d'être sûr de ses intentions quand on lâche des choses.

Pour pas mal de raisons mon frère et moi on a besoin de se serrer les coudes en ce moment. Hier j'ai eu un peu le sentiment pas très agréable qu'on était en train de faire le procès du padre. Mais bon il vaut mieux dire les choses que les garder pour soi j'imagine. Mon frère était en colère comme souvent en ce moment. Je lui envie cette colère d'une certaine manière : je me dis que si j'étais plus en colère ça me ferait du bien. Ca doit soulager. Péter les plombs un bon coup.

Le sujet principal de la discussion résonne avec des choses qui me parlent en ce moment : parler ou pas à des gens quand on traverse une épreuve. Il se trouve que mon père a gardé pour lui des trucs qu'il aurait dû confier à quelqu'un pendant de longues années. Et lui n'a pas Dieu. Du coup mon frère trouve ça dingue et le lui a dit.

Je repense à ce que m'a dit un ami sur la famille quand je lui parlais des frères de la tariqa : un endroit ou on laisse les armes de côté, ou on peut être soi même sans avoir peur d'être jugé, sans avoir rien à prouver. Naturellement dans ma famille c'est pas trop ça.

A un moment ils ont parlé de foi. Hum. No comment de mon côté de la table. C'est drôle comme le discours de mon père sur la foi ressemble à celui que j'avais avant : "je respecte profondément la foi, même si ça m'échappe". Il a cité l'exemple d'un homme très pieux qu'il connaît, en nous disant qu'en même temps cet homme est terrifié par la mort. Mais à mon humble avis ce sont des choses différentes (et puis ça prouve quoi ?). C'est chouette d'avoir des avis extérieurs ça m'aide à y voir plus clair. Ainsi mon père confond peur de la mort et culpabilité, repentir. Pour moi ce sont deux sujets très différents. Quand à la foi... que dire.

A la sortie du resto, j'avais un sms de ce frère très proche qui est parti en Angleterre. Ca m'a filé la banane. Il me signalait juste une lettre du sheikh Ad Darqawi qui l'a marqué. Du coup après dans la voiture de mon père (mon frère était reparti de son côté) j'ai un tout petit peu parlé de la foi, de Dieu, de la recherche de sens. Sans donner de détails. Et sans parler ni d'islam ni de soufisme. J'espère que ça ne va pas l'inquiéter. C'est si difficile d'expliquer que la foi (pour ce que j'en comprends) c'est quelque chose qui se goûte et pas quelque chose qu'on choisit pour ne plus avoir peur... Si en plus je me mets à lui expliquer que c'est Dieu qui nous choisit et pas l'inverse...

Très bon dhikr après du coup. Je suis toujours un peu distrait, mais j'ai l'impression que désormais ça fait partie de ma vie pour de bon. Hum ce billet est un peu impudique j'ai l'impression. Peut être que c'est ma façon de mettre les choses à distance.

22.2.05

bel effort

Depuis le temps que j'en parle... j'ai enfin mis mes gros doigts au travail pour ajouter une sélection de liens sur la voie, le soufisme et le reste. Bonne lecture ! Et n'hésitez pas à m'envoyer d'autres liens.

clin d'oeil

La dernière fois que j'ai mangé chez ma mère et mon beau-père, je suis tombé sur... "La crise du monde moderne" de René Guénon. C'est le seul livre de Guénon que j'ai lu (sur les conseils de mon libraire favori... hop encore un peu de pub). C'est un peu curieux de retrouver un livre pareil chez eux...

En fait mon beau-père s'ennuie pas mal, il a acheté ça d'occasion avec d'autres livres, sur le double critère suivant : c'est relativement bref et c'est un essai (il lit des essais et de la poésie, pas de romans). Je lui ai demandé son avis sur le livre, il me repond juste "c'est vachement réac". Hum. C'est vrai que Guénon n'est pas trop euh disons dans la pensée de "progrès". Mais bon, ça parle à chacun selon ce qu'il ressent.

Un truc marrant sur mon beau-père : l'autre jour on parlait d'achat de fringues (!), il m'a dit "il ne faut pas chercher les fringues, ce sont elles qui viennent à toi". Bon il disait ça pour faire un bon mot et pour manifester le fait qu'il se moque de la façon dont il s'habille, mais ça m'a fait sourire : on dirait un adage soufi.

non jugement

Je dois me répéter mais on m'a dit récemment que dans la voie l'injonction de non jugement s'applique aussi à nous-mêmes. Vaste sujet. J'ai tendance à juger les gens très vite, souvent à tort. J'ai aussi tendance à me juger naturellement. Je suppose que ça me bloque parfois. Dans un sens je comprends donc bien cette injonction.

Et en même temps je suis perplexe : il faut bien que je prenne conscience de certains défauts, de certains manques si je veux avancer. Comment faire ça sans se juger ? Il y a sans doute une subtilité qui m'échappe comme souvent. Prenons un exemple : j'ai souvent l'impression de plus prendre que je ne donne avec les gens. Bon ça c'est mes petits trucs perso, c'est ainsi. Ca voudrait dire quoi de ne pas me juger dans ce contexte ? Profiter des gens sans vergogne ?

Hum que tout cela est délicat. Je reviens à ce que m'a dit un frère, je voudrais me faire moins de noeuds au cerveau et être comme lui : "je fais ce que j'ai à faire, et pour mon ego (ma nafs) je laisse mon sheikh s'en occuper".

Au passage c'est difficile d'admettre que l'influence spirituelle du sheikh a déjà commencé à agir sur moi, qu'il me guide en quelque sorte alors que je ne l'ai jamais rencontré. Bon ça c'est un autre sujet. Difficile à admettre et pourtant quand on me le dit je sais que c'est vrai. Allez comprendre. En quelque sorte (moi même j'ai du mal à y croire mais bon...) ce n'est pas moi qui m'oriente vers lui et à travers lui vers Dieu, c'est lui qui fait le travail. Hum je ne suis pas sûr d'être bien clair.

Hier soir bizarrement j'ai pour la première fois éprouvé un manque à l'idée que je n'avais pas fait toutes mes prières dans la journée. A ce niveau j'en suis loin : je fais 2 prières par jour. Je me dis que je ne dois pas trop me "charger" ou me donner d'obligations tant que je n'en ressens pas le besoin intérieur. Si c'est pour "redescendre" après j'ai un peu peur d'aller trop vite. C'est comme pour le fait de rencontrer le sheikh, il faut peut être que je laisse monter l'envie ou le besoin en moi. Et puis je repense à ce qu'on m'a dit : la voie me donnera exactement ce dont j'ai besoin (même si ça doit passer par des phases pas confortables du tout). Quel confort dans un sens... encore un paradoxe.

radar

Encore un point que j'ai abordé hier à déjeuner : le fait que je suis un peu effrayé par la distance entre ce vers quoi je tends et ce qu'a été ma vie jusqu'ici. Attention je ne vais pas changer du tout au tout. Mais bon... c'est clair qu'il y a des gens que je trouvais intéressants sur qui mon opinion va changer. Intéressants n'est pas le mot. Disons que les centres d'intérêt de certains potes me semblent de plus en plus distants.

Du coup ça fait un peu peur. Le responsable du groupe m'a dit tout simplement "ne t'en fais pas, tu vas sentir en toi comme un radar". En somme je vais (insha allah) m'orienter de plus en plus vers des gens qui sont beaux intérieurement, qui ont du coeur, et de moins en moins vers les autres. Vaste programme. Hébé je me relis... si avec tout ça je ne passe pas pour un illuminé.

Je vais peut être avoir des surprises : découvrir sous un jour nouveau des proches. Comprendre des choses qui m'étaient voilées sur eux. Etre plus proche. On verra. Le changement ne se traduira pas que par du "ménage" dans mes relations. Il y aura aussi un enrichissement avec pas mal de gens je crois. J'aime bien cette idée de radar, du fait que petit à petit je vais spontanément m'orienter. Et peut être éviter les relations fondées sur des illusions. Hum un peu abstrait tout ça.

Tiens on a aussi parlé de ce blog. J'ai très peu de lecteurs, parfois je me dis que je m'en sers comme d'un défouloir pour des choses que je devrais garder pour moi. Là encore il m'a rassuré : on ne sait pas ce qui adviendra.

anecdote sur le sheikh et médisance

Encore une anecdote (le responsable du groupe de Paris me l'a racontée hier). Ca illustre sans doute le fait qu'on ne doit pas dire du mal ou penser du mal des frères. Des autres gens non plus d'ailleurs. Mais ça m'a impressionné. Au passage il m'a dit aussi que quand on va au Maroc pour un des rassemblements de la voie on rencontre des gens qui ont 30 ans, 40 ans de voie et plus... il paraît qu'on entend des histoires pas croyables. Mais revenons à nos moutons.

Ca se passe il y a quelques années : lors d'une séance de dhikr en présence du sheikh, un "novice" a eu un hâl assez puissant (j'ai déjà dit et répété que les hâls ne sont pas grand chose même si ça peut étonner). Du coup ce novice a involontairement donné un coup à un frère beaucoup plus ancien dans la voie. Celui-ci l'a mal pris. Très mal apparemment. Le novice s'est confondu en excuses, mais ça n'a pas suffi, et l'histoire a duré plusieurs jours, l'ancien allant assez loin dans les critiques.

Au bout de quelques jours le sheikh a fait un rêve. Hum j'espère que ma mémoire ne me trompe pas sur cette histoire. Dans ce rêve, le sheikh est dans une assemblée de saints. La question qui est débattue est de savoir si le frère "ancien" a sa place au paradis (c'est là dessus que je ne suis pas bien sûr, j'espère ne pas me tromper). Tout le monde est d'accord. Et là, alors que normalement il ne ferait jamais ça, le sheikh prend la parole et dit "je ne suis pas d'accord, il s'est mal comporté".

Le sheikh n'a rien montré dans les jours qui ont suivi, mais très peu de temps après, le frère "ancien" a quitté la voie, et on ne l'a jamais revu. Il y a apparemment des hadith très importants qui disent juste qu'il ne faut pas dire de mal des gens. Je suis bien ignorant sur le sujet, et le sens de cette anecdote m'échappe sans doute en partie. Je suis impressionné par la puissance du songe que le sheikh a fait. Et par ses conséquences pratiques. A la limite j'en parle ici presque pour mémoire, j'en comprendrai le sens plus tard.

21.2.05

dosage

Déjeuner avec le responsable du groupe de Paris... j'ai évoqué le sujet du "dosage" (est-ce que je n'en fais pas trop en ce moment). Il m'a rassuré : tant que je n'ai pas de hâls "non sollicités", tant que je ne suis pas disons "déconnecté" au niveau des sensations physiques pas de raison de m'inquiéter. Hum on va vraiment me prendre pour un frappé grave.

Au contraire il a eu une belle image : il m'a dit que là je suis comme sous serre, la petite plante se développe et s'enracine. Et c'est bien. On a parlé aussi du fait que ce n'est pas un sprint mais une course de fond : le sheykh Sidi Boumedienne (je crois) disait que la voie c'est s'enraciner (hum j'espère que ma mémoire ne me trahit pas).

L'idée c'est que si en ce moment je passe du temps avec les foqaras, c'est que je le sens et je n'ai pas à me tracasser pour ça. Après tout je ne passe pas tout mon temps libre dans la tariqa. En revanche il m'a dit de me consacrer plus à la vie professionnelle... naturellement il a raison.

Comme d'habitude je ressens une grande paix quand on déjeune ensemble. Bon c'est l'occasion de faire le point sur tout un tas de sujets spirituels ou autres, mais c'est plutôt la présence qui fait du bien. Pas que les échanges soient vides au contraire. Mais, un peu comme lors de la conférence de l'autre jour, il se passe quelque chose en plus des paroles.

Un peu comme avec certaines lectures, j'ai parfois l'impression que je ne retiens pas les choses (je suis incapable de dire de quoi parlent certains passages qui m'ont marqué), mais que je m'imprègne. Je suis sûr que ça s'imprime quelque part.

Un autre sujet ; je lui ai parlé d'un de mes dadas : les doutes sur ma sincérité. Comme d'habitude ça l'a fait sourire. Peut-être qu'il sait quelque chose que je ne sais pas. Il m'a prévenu : mon ego risque d'utiliser toutes les ruses disponibles pour se défendre. C'est qu'il ne veut pas changer l'animal ! On verra dans quelques mois.

explication de texte

Hier j'ai discuté avec un frère sur ce thème qui m'a un peu laissé perplexe chez Ad Darqawi : le fait qu'il affirme que dans l'épreuve il faut parfois rester seul, seul face à Dieu, plutôt que de chercher de l'aide auprès des autres.

Ce frère m'a rappelé qu'Ad Darqawi avait son propre "style" d'enseignement, plutôt dans la rigueur. A cette époque devenir disciple d'un grand maître supposait de passer par des longues épreuves. Notre voie est disons plus adaptée aux conditions de l'époque. En tout cas on recommande de chercher le soutien des frères. Ce que je fais en ce moment. Ca ne veut pas dire qu'on n'est pas seul face aux grandes décisions de sa vie. Ca c'est universel. Mais la voie est faite pour faciliter les choses. J'ai déjà parlé des voies de la Majesté et des voies de la Beauté.

Il y a de nombreux hadith qui disent plus ou moins que Dieu ne veut pas qu'on se rende les choses difficiles. On a parlé aussi de cette phrase qui dit "ce qui t'advient ne l'esquive pas" et du hikam qui dit "face à un choix prends le parti le plus contraire à ce que tu désires" (je cite approximativement). C'est un peu subtil, je crois qu'il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre.

D'une part ces sagesses, ces écrits, même s'ils nous parlent de façon très actuelle, sont l'expression de leur époque. D'autre part, les maîtres sont d'un tel niveau d'élévation spirituelle que ce qu'ils disent ne correspond pas forcément à ce qu'on peut en comprendre. Entre la vie d'un saint qui se voue entièrement à Dieu et à ses disciples et la vie de quelqu'un comme moi il y a un monde.

Reste quand même cette idée universelle : même si ce n'est pas toujours agréable, il faut regarder les choses qui nous arrivent en face. Hum pas facile. Pas facile du tout même. Ce qui t'advient ne l'esquive pas. Fuir la réalité ce serait plus facile, mais pas forcément la chose à faire. Pour le hikam il y a plein de façons de le comprendre. Prenons un exemple : supposons qu'on me propose un travail prestigieux et deux fois mieux payé mais qui m'éloigne de la tariqah, des frères. Suivre ses désirs, sa nafs, ce serait prendre le travail en question.

Le choix de renoncer à la gloire et à l'argent n'est donc pas forcément difficile. Hum je m'embrouille un peu je ne sais pas si mon exemple est bien choisi. J'essaie de dire que derrière la rigueur apparente du hikam il y a aussi quelque chose qui parle au coeur. Encore un sujet sur lequel il faudra que je revienne.

un hâl

Hier j'ai participé à une assez longue séance à la zaouia. Recueillement. C'est assez étrange : j'ai du mal à me concentrer, mais le temps passe d'une façon très bizarre. Le fait d'invoquer en groupe, dans le silence et dans l'obscurité... il y a quelque chose qui se passe. Je suis incapable de mettre des mots là dessus.

Après une assez longue phase d'invocation silencieuse, on est passés à une phase plus euh... extériorisée on va dire. Et là boum. J'ai eu un hâl (état) assez violent. J'avais déjà ressenti des trucs un peu bizarres plusieurs fois, mais là c'était beaucoup plus fort. Bon je rappelle que les hâls c'est pas quelque chose de très important. Quelqu'un m'a dit que c'est comme des bonbons pour les enfants : ça nous gratifie pour nous aider à avancer.

En même temps c'est une des choses un peu difficiles à expliquer "à l'extérieur". Un ami à qui j'en ai parlé m'a dit "ah oui c'est des trucs de transe c'est normal rien de bien mystérieux". Peut-être. Ou pas. Quoi qu'il en soit je crois que l'important n'est pas là. On sait qu'il y a des frères qui sont très avancés sur la voie sans avoir jamais éprouvé de hâls.

Comme me l'a dit un frère, l'essentiel c'est ce qu'on ressent dans le coeur. Que ça se manifeste physiquement c'est un peu accessoire. Ce frère m'a fait rire il m'a rappelé les trois choses les plus importantes de la voie : "l'orientation, l'orientation et l'orientation".

c'est pas gagné

Dîner vendredi soir chez ma mère... on a parlé de l'Irak, elle me dit "c'est affreux ils vont mettre en place la shari'a". Et moi naturellement au lieu de changer de sujet je réponds "ça ne veut rien dire mettre en place la shari'a ça n'a aucun sens". Bref je sens que le moment n'est pas encore venu de parler de ce qui m'arrive à la famille.

Attention faut pas tout mélanger : les musulmans qui disent "on va faire un état islamique appliquer la shari'a" ça me met tout aussi mal à l'aise que les non musulmans qui agitent ça comme un repoussoir. Le frère qui faisait la conférence l'autre jour saurait certainement mieux en parler que moi. J'ai peur de dire des bêtises sur tout ça.

Pour ma mère la religion c'est quelque chose d'impensable, elle a plus que des préjugés. Il faut dire qu'elle vient d'une famille assez religieuse, qu'elle a un peu rejetée. Et puis sur le cas particulier de l'islam, elle est comme tous les gens qui lisent Le Monde : éclairée mais pas forcément sur tout. Hum je n'ai pas le droit de dire ça... rien ne me donne le droit de me croire supérieur en connaissance aux non musulmans sous prétexte que j'ai quelques mois de pratique du soufisme derrière moi.

Le point important c'est que je ne me vois pas trop parler de spiritualité chez eux pour le moment. Bon en plus dans la famille il y a les petits jeux inconscients, les rôles qu'on joue depuis des années sans même s'en rendre compte. Mon frère m'a dit (très justement) qu'il me trouvait négatif (on parlait politique). Ce n'est pas la première personne à me dire ça. C'est vrai que parfois je crache un peu sur tout, sans proposer de choses positives ou constructives.

Il faut que je me garde de ça. C'est en quelque sorte un côté obscur, ou une sale habitude que j'ai prise. Mélange de cynisme et d'un côté un peu désabusé. Et pourtant... je crois que mon coeur ne demande au fond qu'à s'émerveiller.

J'ai déjà parlé de la distance qu'il y a entre ce que je veux être ou plutôt ce que je sens intérieurement et ce que j'ai eu l'habitude d'être dans ma vie. Ca ne veut pas dire que je vais changer du tout au tout. Mais déjà ça fait du bien d'avoir compris ça. Il est possible qu'au passage je perde certains potes... je n'en sais rien. Je crois que j'ai plus à gagner qu'à perdre. Et de toute façon ai-je le choix ? C'est la voie qui choisit les gens dit-on.

18.2.05

coeur et plénitude

Discussion cet aprème avec ce médecin que j'aime bien, celui qui m'a dit que je suis amoureux du vide. Je lui ai parlé de cette conférence qui m'avait tant impressionné, de ce frère qui "actualise" la présence du sheykh, qui est à la fois plein et vide. Je ne sais pas si mes rares lecteurs comprendront ça mais lui ça lui a parlé, il voit parfaitement ce que je veux dire.

Il a résumé ça en me disant "oui c'est un homme de coeur". C'est exactement ça. J'ai compris en parlant avec lui que je voudrais ressembler à ce frère, et donc sans doute au sheykh. Spontanément je lui ai dit "en même temps c'est tellement loin des gens que je suis habitué à fréquenter !", et là il a souri... la conclusion s'impose : j'ai du chemin à faire pour rapprocher ce que je suis intérieurement ou ce que je veux être intérieurement et ce que je montre aux autres, ce que je fais dans ma vie.

Vaste programme. Mais j'ai tout de suite pensé au fait que dans la voie je retrouve quelque chose qui est à moi et que j'aurais perdu. Ce quelque chose c'est peut être moi. Hum ça part dans tous les sens mes élucubrations. Bref.

On a parlé aussi de plénitude. Pas dans le sens "je suis comblé", plutôt dans le sens de synthèse. Je lui parlais d'un plan boulot, et pour lui en parler je lui ai dit que c'était un peu la synthèse entre l'univers professionnel de mon père et celui de ma mère (Dieu sait pourtant qu'ils sont sur des planètes différentes !). C'est un peu pour prendre une image comme faire la synthèse entre son cerveau gauche et son cerveau droit.

La plénitude dont on parlait c'est ça : trouver quelque chose qui n'est qu'à moi, et qui fasse se rejoindre les choses contradictoires que j'ai en moi. La voie peut m'apporter ça je crois. C'est difficile : plénitude dans ce sens ne veut pas dire bonheur. Etre soi ça peut réserver des surprises désagréables aussi j'imagine. Hum hum j'ai de plus en plus l'impression de ne parler que de choses que je suis seul à comprendre. Et dire que certains m'ont dit se reconnaître dans ce que je dis...

vide et solitude

J'ai déjà parlé de cette idée d'amoureux du vide (l'expression n'est pas de moi). Je tourne autour du sujet sans trouver le point d'entrée, comme souvent avec ces sujets à moitié personnels et à moitié spirituels. Plusieurs idées se mélangent. Quelqu'un m'a dit il y a longtemps que je faisais partie de cette étrange secte. Un frère m'a dit il n'y a pas longtemps que la voie c'est chercher l'équilibre entre le plein et le vide.

Je vais prendre un exemple : ma mère, quasiment avant de se lever, sait ce qu'elle va faire de sa journée presque dans les détails. Mon père ne supporte pas de rester sans rien faire quand il arrive quelque part. Une chose que j'ai comprise là dessus c'est qu'ils ont peur du vide. Ca a du bon dans plein de domaines. Et bon... je fais peut être de la psychologie de bazar en expliquant ça. Mais ce que ça a de bon a un prix : on se coupe d'une dimension intérieure je crois.

Il me semble que je n'ai pas peur du vide, au contraire. Quelque chose à voir avec un côté contemplatif. Hum je suis de plus en plus abstrait j'ai l'impression. Il faut dire que c'est un sujet difficile à expliquer.

En ce moment j'ai un peu peur d'être seul, d'être face à moi-même, j'ai tendance à prévoir des trucs pour occuper mes soirées, mes week-ends. Et pourtant quand je suis seul c'est presque toujours bénéfique... encore cette idée que face aux épreuves il ne faut pas forcément chercher à voir des gens : c'est dans le dénuement que l'on s'approche de Dieu. Hum on va me prendre pour un psychopathe. Un peu du mal à exprimer mes idées aujourd'hui.

hikam très beau

Discussion hier soir avec un frère. Il m'a parlé d'un hikam (que j'avais lu mais dont le sens m'avait échappé sur le moment, comme c'est très souvent le cas). Ca dit plus ou moins : "ne cherches pas ce qui t'est garanti, mais fais plutôt ce qui t'est demandé".

Bon ça nécessite des explications. Pour ce frère, et ça m'a vraiment parlé quand il m'a expliqué ça, on court après plein de choses dans la vie : réussite, amour, satisfactions diverses et variées. Or courir après tout ça c'est illusoire. Et Dieu a décidé de ce qu'il adviendrait de nous, d'où le sens de ce qui nous est garanti. En quelque sorte c'est comme la blague sur les chiens belges qui ont le museau aplati parce qu'ils courent après les voitures en stationnement. Hum je ne sais pas si cette image éclaire ce que j'essaie d'expliquer.

Fais ce qui t'est demandé : ça veut dire qu'il faut pratiquer, suivre la voie. Et que Dieu s'occupe du reste. C'est dit en islam de pleins de façons différentes (on dit par exemple qu'il faut s'occuper des causes secondes mais que le résultat ne nous appartient pas), et même hors de l'islam (aide toi, le ciel t'aidera par exemple).

Ca c'est facile à dire naturellement. C'est un peu comme quand je lis ou que j'entends que nous n'avons qu'un seul coeur, et que tout ce qui le rapproche de Dieu l'éloigne du monde sensible et vice versa. C'est difficile à intégrer, à mettre en oeuvre pour soi.

Pour revenir à ce frère, il m'a parlé de son début dans la voie. L'année ou il est entré dans la voie a été la plus difficile de sa vie. Attention ce n'est pas parce qu'il traversait une passe difficile qu'il est entré dans la voie. C'est au contraire le fait d'entrer dans la voie qui a été difficile. Parce qu'il a fallu qu'il remette en question plein de choses, d'illusions peut être. J'ai trouvé ça très émouvant.

On dit qu'il y a autant de chemins que de cheminants. C'est un peu bateau bien sûr, mais je me rends compte qu'à chaque fois que je discute avec quelqu'un sur la voie j'apprends des choses différentes. Reste à savoir si les leçons me profiteront.

17.2.05

et le hasard alors ?

Encore un truc bizarre. Il y a près d'un an et demi je me suis séparé d'une femme avec qui j'avais vécu pendant longtemps. J'avais alors été très troublé par le fait que quelques jours après j'avais rencontré son père de façon très improbable (une chance sur un million à vue de nez). Dans la série hasards j'avais trouvé ça gros. C'est sans doute un des épisodes qui ont ébranlé mes certitudes d'athée (bon il y a plein de raisons c'est plus compliqué que ça ...).

Là à l'instant mon téléphone sonne... personne, juste des bruits, un numéro inconnu. Ca arrive souvent que le téléphone de quelqu'un se déclenche tout seul. Mais pourquoi m'appeler moi ? Je rappelle... et je tombe sur la boîte vocale de la mère de mon ex... hum. Elle a dû garder mon numéro dans son répertoire. Mais pourquoi le téléphone en se déclenchant au fond de son sac "tombe-t-il" sur mon numéro et pas sur un autre ? Pourquoi aujourd'hui ?

Le problème avec les signes je suppose c'est que leur interprétation est difficile. De plus en plus de mal avec l'idée de hasard moi.

dîner pas marrant

Après le concert, on a dîné avec mon frère, son meilleur ami (qui est aussi un proche) et un autre pote. En ce moment mon frère est assez colérique. C'est dans sa nature, mais pour pas mal de raisons et notamment ce qu'il qualifie de "champ de ruines" dans la famille il est sur les nerfs ces temps ci.

Par ailleurs ses relations avec son meilleur ami sont parfois très passionnelles. Je les ai déjà vus s'engueuler pour des conneries ; hier ça a tourné très mal. A cause de moi indirectement en plus. Enfin à cause de moi... je n'ai été qu'un prétexte à un règlement de comptes qu'ils devaient faire de toute façon j'imagine. C'est bizarre ça avait très bien commencé dans la suite du concert, on était tous de bonne humeur...

Mais du coup la soirée a fini plus qu'en eau de boudin. Tout le monde en est sorti malheureux je crois. Et chacun a des choses à balayer devant sa porte. Hum j'imagine que c'est difficile à suivre pour un lecteur je m'en excuse : je ne veux pas raconter trop en détail.

J'ai repensé plus tard à quelque chose de très important qu'on m'a dit dans la voie : l'injonction de non-jugement s'applique aussi à soi-même. Je voudrais dire ça à l'élue de mon coeur naturellement. Mais aussi à mon frère. Sa colère est dirigée contre l'extérieur mais aussi contre moi, contre lui même. Et c'est douloureux.

Alors ne pas se juger c'est si difficile. Et c'est un peu paradoxal : il faut dompter son ego, mais sans trop se juger. Subtil. Comme presque tous les enseignements de la voie. Bon et puis sur le non jugement avant de suggérer ça aux autres j'ai moi même fort à faire !

J'ai rêvé de la voie (ou de religion) pour la première fois cette nuit. Mais impossible de me souvenir de mon rêve. Dommage. J'ai beaucoup de mal à me souvenir de mes rêves, mais là ça m'embête plus que d'habitude. Bon ça reviendra.

concert

Mon frère chante dans une chorale. Hier soir il y avait un concert de son ensemble. J'y suis allé, j'étais censé l'aider pour enregistrer avec un magnéto. En fait il n'a pas eu besoin de moi, et du coup j'ai failli repartir chez moi : j'avais froid, mal au crâne et je me sentais fiévreux. Et puis j'ai décidé de rester... je n'ai jamais eu l'occasion de l'entendre chanter dans sa chorale.

Ca se passait dans une église. Décidément j'ai du mal avec les ors et les pompes des églises catholiques. Mais c'est un bel endroit. J'ai passé le temps en attendant le début du concert en invoquant. C'était un peu étrange de dire tout bas "la ilaha illa Llah" dans cet endroit, mais après tout... j'ai senti que je "m'orientais" plutôt facilement.

Très beau concert. Beethoven et Brahms. Je n'écoute presque jamais de musique classique. Là c'était émouvant. Et émouvant de voir mon frère dans cet univers là. Ca fait 3 ans qu'il est dans cette chorale et je n'ai jamais été fichu de m'y intéresser. Ou plutôt la pudeur qu'il y a entre nous fait qu'on n'a jamais partagé de choses là dessus.

Bon en plus juste avant le concert j'avais eu des nouvelles moyennes de mon père... drôle de soirée. Il y a toujours quelque chose d'extraordinaire à découvrir quelqu'un qu'on aime dans un environnement différent. Je suppose que si mon frère venait à une réunion dans la tariqa il aurait le même sentiment.

invoquer la nuit

Je reviens plus tard sur les raisons, mais hier je me suis couché tard. J'ai fait ma prière et mon dhikr vers 1 h 30 du matin. C'était un peu bizarre parce que j'étais un peu troublé par ma soirée, mais en même temps je confirme ce qu'on lit dans le Coran et dans plein de textes : la nuit est vraiment un bon moment pour s'adresser à Dieu.

Je n'ai pas eu l'impression d'être concentré à 100 %, comme toujours en ce moment. Mais j'ai senti un calme, un isolement très apaisant. Il y a un moment dans les invocations où on se repent. J'ai pensé à tout ce qui m'était arrivé dans la journée... je me suis même dit "Dieu voit tout à quoi bon cacher des choses" et je crois que j'étais vraiment en état de repentir. Tant pis si je me trompe. Et tant pis si je passe pour un illuminé.

Je sentais que j'avais le temps. J'aurais pu, vu l'heure, me presser pour m'en débarrasser et aller me coucher. Mais j'ai plutôt goûté et profité de cet état un peu vaseux qui aide à se concentrer. C'est marrant : en rentrant chez moi, je me suis littéralement précipité pour faire mes ablutions. Mais après j'ai essayé de prendre mon temps.

J'imagine que le jeûne produit des effets du même genre. On verra ça l'an prochain lors du ramadan.

16.2.05

sagesse d'Ata 'Allah

Me revient en mémoire (je vais une fois encore citer vaguement) un hikam très beau : "si l'état de quelqu'un ne t'élève pas, et si ses mots ne te conduisent pas à Dieu, alors abandonne sa compagnie".

On peut l'entendre de bien des manières j'imagine... en fonction de son propre état. Ca ne veut pas dire qu'il faut ne fréquenter que des gens qui ont la foi, qui pratiquent. Plutôt qu'il faut se garder des gens qui en quelque sorte éveillent des mauvaises pensées chez nous. Je sais pas si c'est très parlant ce que je dis là mais bon je me comprends.

C'est bizarre je n'arrive pas trop à exprimer ce que ce hikam éveille en moi, mais ça fait vibrer quelque chose. Par ailleurs ça me fait penser à un autre truc que j'ai lu (sheikh Ad Darqawi). En gros ça disait que quand on vit des épreuves il faut parfois ne pas en parler, ne pas les décrire, ne pas chercher de refuge auprès des gens (soit l'inverse de ce que je fais !!). Le but étant de ne pouvoir s'en remettre qu'à Dieu. Encore une leçon un peu rude. Mais les soufis de cette époque étaient souvent assez rudes dans leur enseignement.

Moi je fais ce que je peux. Je reviendrai sans doute un de ces jours sur la dualité jamal/jalal c'est à dire Majesté et Beauté. C'est un vaste sujet, au coeur de la pensée et de la pratique soufie. Je ne peux pas m'empêcher de voir une parenté avec la dualité ivresse/sobriété (peut être à tort), et aussi bien sûr avec la dualité masculin/féminin. Mais bon là dessus mes idées sont loin d'être claires.

signe au citron

Dans la rue tout à l'heure je pensais à... à quelqu'un. Comme ça m'arrive (trop) souvent j'ai demandé un signe. Et paf je lève les yeux je tombe sur un magnifique citronnier devant un marchand de plantes.

Encore un signe mais bon j'en vois partout faut pas s'affoler.

déjeuner avec ma mère

Aujourd'hui j'ai déjeuné avec ma mère. Elle a très bien senti la dernière fois que j'ai dîné chez eux que je me sentais mal à l'aise (mon beau-père est disons spécial en ce moment). Elle a dû se dire que ce serait mieux qu'on se parle juste tous les deux. De fait j'ai passé un très bon moment. Bon ma mère est un peu spéciale, elle est sur sa planète, mais c'était chouette quand même.

J'ai senti un écho d'une pensée très récente : on parlait de mon beau-père et du fait qu'il a du mal à accepter de ne plus avoir le pouvoir qu'il avait naguère sur les gens, sur le monde. Ca m'a naturellement fait penser à cette idée que quand on dénude l'égo, la dernière chose qui reste, la plus difficile à extirper, c'est la volonté de pouvoir.

C'est troublant que ce qui m'a tant marqué dans la conférence de samedi trouve un écho aussi vite dans mes histoires de famille. Hum est-ce si troublant que ça ? C'est plutôt normal j'imagine. Je me rends compte que cet homme que j'ai beaucoup admiré est construit sur des choses qui sont fugaces (le pouvoir, la séduction) et donc que j'ai ça en moi aussi. Or ce sont des choses dont la perte est difficile à supporter.

La voie c'est sans doute aussi ça : apprendre à être moi même en gardant le meilleur de ce que j'ai reçu, mais en me déprenant de ces choses un peu illusoires. Hum je ne veux pas qu'on pense que je suis un saint. Et je ne devrais peut être pas juger ainsi quelqu'un qui m'a beaucoup donné. Ne mélangeons pas tout. Mais peut être que je reviendrai vers lui d'une façon plus vraie une fois que j'aurai avancé.

Je repense à ce frère avec qui j'avais discuté il y a plus d'un mois qui me parlait de l'amour qu'il éprouvait pour une femme, amour qui s'est en quelque sorte purifié avec le temps grâce à la voie. Il ne savait pas si un jour il vivrait son amour avec elle, mais il a insisté sur la beauté de ce sentiment de plus en plus pur. Ca m'avait énormément ému. Après tout dans la recherche de Dieu il y a forcément une quête d'amour.

Un peu coq à l'âne mais au passage je me dis que je ne crains sans doute pas assez Dieu. J'ai déjà dit que je ne m'imagine pas le jour du jugement etc... tout l'aspect "crainte révérentielle" me semble quelque chose que je n'éprouve pas. Le frère qui faisait la conférence l'autre jour a fait en souriant une allusion au fait que c'est humain : on ne voudrait que les caresses (la miséricorde et l'amour) et pas les réprimandes.

du mal à apprendre

Décidément j'ai du mal à accepter l'idée que les "épreuves" que je traverse sont destinées à me donner une leçon. Je dois être trop orgueilleux. C'est marrant je pensais par exemple au fait que j'ai arrêté de fumer il y a quelques mois et que je n'ai (pour le moment) aucun mal à ne pas replonger. La raison principale il me semble c'est mon orgueil : recommencer à fumer me serait insupportable de ce point de vue.

De l'orgueil à la nafs il n'y a qu'un pas. Si je dois (c'est plus ou moins ce que je comprends de ce qui m'attend sur la voie), si je dois donc "briser" ma nafs il va y avoir des dégâts. C'est que j'ai la tête dure. Mais je m'en fais sans doute pour rien : on dit que chacun trouve dans la voie l'enseignement qui lui est exactement adapté. Et pour revenir à la nafs, on dit aussi qu'il faut la caresser dans le sens du poil plutôt que l'écrabouiller. De la sorte on peut la dompter, avec beaucoup de travail et de temps.

Je repense à une discussion récente avec un frère : il m'a dit "ne t'en fais pas pour ça ! Ma nafs c'est le sheykh qui s'en occupe je m'en remets à lui et c'est tout". Comme je voudrais voir les choses de façon aussi simple !

Quoi qu'il en soit, j'ai par moments l'impression que je n'apprends pas. Je ne me sens pas trop bien, mais je n'en tire rien. Enfin ça on verra. Au moins je me sens bien quand je prie. Pendant le dhikr c'est différent, toujours cette impression que je le fais sans me concentrer.

Sur la concentration... je suppose que tout le monde dans la voie traverse ce genre de choses. On m'a dit que c'est Lui et Lui seul qui peut tourner notre coeur, nous élever ; on doit faire des efforts bien sûr, mais encore une fois (c'est sans doute ce que j'ai le plus de mal à faire) il faut s'en remettre à Lui.

15.2.05

déjeuner

Mangé aujourd'hui avec une amie. Enfin amie... c'est la femme d'un ancien pote avec qui je suis fâché. On a évité les sujets qui fâchent et on a parlé de tout et de rien... un peu bizarre mais bon.

On a même parlé blogs... elle m'a dit "tiens tu devrais en faire un"... encore une fois je me rends compte que je garde pour moi des choses qui me sont devenues essentielles. Pas le blog hein, mais la voie. Du coup j'imagine que les gens doivent me trouver un peu bizarre. Changé ? Je ne sais pas trop. Là en l'occurence c'est quelqu'un que j'aime bien mais sans plus donc ça m'est plutôt égal.

En revanche avec ma famille ça me démange de plus en plus. Ca viendra quand ça viendra. Voilà ce qui me trouble : les moments où je prends conscience du chemin que j'ai parcouru (même si je n'en suis qu'au tout début). Le problème du coup c'est que certains trucs ne m'intéressent plus du tout. L'autre jour j'ai discuté avec quelqu'un de ma famille qui s'intéresse en gros aux bateaux et aux ordinateurs. D'habitude même si ça ne me passionne pas j'en discute volontiers avec lui. Là je m'en foutais royalement.

Alors peut être qu'il faut que je fasse plus attention : la voie ne doit pas m'écarter du monde, des gens. Et je n'ai aucune raison de prendre de haut les gens qui ne se posent pas de questions... d'autant que pour ce qui est de ma foi je ne fais pas le malin. En fait j'ai peur que les gens de ma famille se disent "il a l'air lointain, il doit pas trop bien aller" alors que j'ai l'impression d'avoir commencé un chemin pas croyable.

Le temps dévoilera les choses comme on me l'a souvent dit. Et si je dois en passer par une phase un peu centrée sur moi qu'il en soit ainsi. Je ne sais plus qui était ce croisé qui a sorti la fameuse phrase "tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens". C'est une phrase épouvantable mais qui me fait rire. Et puis ça résume un peu le fait que coûte que coûte je vais avancer, je vais certainement chuter, me relever, mais je m'y ferai.

transparence

Quelqu'un qui connaît Abd el Haq (le frère qui a fait cette conférence que j'ai tellement appréciée) me dit qu'il est en quelque sorte transparent. C'est exactement ça. Je cherchais à exprimer ça sans y arriver.

Je cite toujours : il actualise la présence du sheykh. En quelque sorte en le voyant on a l'impression qu'il s'efface et nous aspire vers ... Dieu. Le sheykh lui même actualise la présence du prophète, et de Dieu (hum j'espère que je blasphème pas). Ce que j'ai ressenti en voyant ce frère c'était ça : il semble arrivé à une telle humilité... pas très étonnant que ça ait redoublé mon désir de rencontrer le sheykh. C'est comme s'il y avait un vide qui nous aspire. Ca rejoint ce que m'a dit un frère sur le sheykh.

Hier soir j'ai passé la soirée avec mon ami qui est disons "ouvert" sur le spirituel. Il m'a demandé de lui expliquer pourquoi je veux rencontrer le sheykh, à quoi il sert etc... J'ai fait de mon mieux mais je ne suis pas sûr d'y être parvenu. En revanche quand je lui ai parlé des réunions, de la diversité des gens qu'il y a dans la voie, de la simplicité des rapports ça l'a touché.

Au passage un truc marrant au sujet de cet ami : il s'est esclaffé à l'idée que j'aie arrêté de manger du porc !! Ca m'a fait rire... ça a tellement peu d'importance par rapport au reste. Mais bref pour l'essentiel il écoute ce que je dis avec beaucoup d'intérêt et sans me juger (je crois). Bon en plus j'ai déjà dit mais je répète ici que cet ami est soufi sans le savoir ! On parle de signes...

Il m'a dit "c'est marrant la façon dont tu en parles (de la voie) on dirait que tu parles d'une famille : rien à se prouver, on s'y sent bien et c'est tout". Bon dans ma famille ça marche pas tout à fait comme ça mais sur le fond il a tout juste. C'est vrai qu'on se sent "au chaud". Bon je n'idéalise pas : chacun a sa vie, et c'est un peu "chacun pour soi" comme partout. Et pourtant...

Je repense à cette idée de quelque chose que je retrouve et que j'aurais perdu tout petit. Faudra que je revienne là dessus c'est très flou pour le moment pour moi.

compliment

Quelqu'un m'a dit que dans ce blog on aperçoit mon âme qui brille... c'est un joli compliment. C'est l'âme non pas au sens de l'ego (nafs) mais de l'Esprit (rûh)... hum c'est un peu technique moi même j'ai du mal à m'y retrouver.

Ca m'a quand même fait plaisir. Peut-être que ce sont des satisfactions un peu bêtes, ou des "bonbons pour les enfants", et puis j'ai toujours ces doutes sur ma sincérité (un peu comme face à un psy). Mais je ne dois pas bouder ça. J'ai très, très peu de lecteurs pour le moment... il faut dire que le sujet est un peu particulier.

Même si deux ou trois lecteurs se retrouvent dans ce que je dis, est-ce que ça n'est pas une récompense suffisante ? J'ai l'impression de faire ça pour moi. Peut être y a-t-il plus de partage que je ne l'imagine. Les gens qui se retrouvent dans ce que je dis projettent peut être leur propre vécu... je ne sais pas trop.

Bon le résumé c'est qu'il y a des gens, même très peu nombreux, qui trouvent ce blog agréable à lire. C'est déjà énorme. Ca fait plaisir. Et c'est tout.

signe ? en tout cas ça fait plaisir

Nuit difficile, j'ai fait pas mal de rêves pas très agréables. Je me pose des questions : ces rêves sont ils la manifestation de ma nafs qui se débat ?

Je n'en sais trop rien. Quoi qu'il en soit, j'étais inquiet depuis quelques temps de ne plus voir le vieux monsieur africain qui travaille son arabe dans le métro le matin. Ce matin j'ai regardé en descendant... toujours pas là. Et si ! Il était dans le même métro que moi. J'ai vu ça comme un bon signe (je sais je devrais pas voir des signes partout).

J'avais peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose, je ne sais pas pourquoi... ça paraît fou, je ne le connais pas. Du coup j'ai discuté un peu avec lui... il n'avait pas du tout disparu, il était juste un peu en retard ces derniers temps. Non seulement il apprend l'arabe à son âge, mais en plus il vient de loin pour le faire (train puis métro !).

Il vient du Mali, je lui ai dit que j'admirais le fait qu'il apprenne comme ça, il m'a dit "oui pour vous c'est plus facile"... j'ai mis un moment à comprendre : en fait il n'est jamais allé à l'école, il est illettré. Pour nous qui maîtrisons le français écrit c'est clair que c'est certainement plus facile.

Je suis reparti avec le sourire. Et là j'entends un oiseau chanter... hum je devrais pas voir des "bons" signes partout. Des signes de quoi d'ailleurs ?

14.2.05

rapprochements

Je viens de réaliser quelque chose : une partie du plaisir que j'ai pris samedi lors de la conférence vient du fait que le frère qui parlait a une maîtrise parfaite du français (je vais passer pour un vieux con mais tant pis), et ça c'est très agréable. Je réalise que je suis amoureux de la langue. Peut être que c'est de famille.

Alors je fais un rapprochement : tout ce qu'il a dit sur la langue arabe, sur la place de cette langue dans la société de l'époque, comment ça pourrait ne pas me parler ? Il y a aussi ce rapprochement qu'il a fait entre le texte du Coran (geste comme pour englober avec ses mains) et l'univers.

Un autre éclair qui me revient de ce qu'il a dit, c'est le fait que le texte du Coran nous parle dans le corps... pour illustrer ça il nous a dit "si je faisais devant vous la prière de l'après midi, vous ne verriez que des mouvements" (la prière de l'après midi est silencieuse). D'ailleurs dans la pratique du dhikr on sent très bien que ça passe autant par le corps que par l'esprit... ou alors ça passe entre les deux, par le coeur.

Pour résumer ce que j'avais ressenti samedi, je me suis rendu compte que ça m'avait parlé à la fois à l'esprit et au coeur. Hum je dois avoir l'air de planer à 5000 pieds. Mais bon comme me l'a dit un ami à qui je disais "tu vas me prendre pour un dingue", "tu l'es déjà pas de problème pour moi".

témoignage

Samedi après la conférence j'ai discuté en rentrant à pied avec un frère. Il est depuis plus de 10 ans dans la voie, il y est entré très jeune. Je l'ai interrogé sur sa vocation, sur comment il est venu à l'islam et à la voie. C'était très touchant. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de parler un peu de son témoignage.

Il m'a dit qu'il a fait un rêve à 16 ans (!) qui l'a empli de bien-être. Pour retrouver ce bien être il s'est d'abord tourné vers l'église catholique, mais il y avait quelque chose qui n'allait pas. Il a alors lu le Coran (je résume assez vite), et s'est senti "comme si ça avait été écrit pour lui". Ce que j'ai trouvé très intéressant c'est qu'il m'en a parlé d'une façon très peu intellectuelle. Il a pour ainsi dire été guidé par la sensation que lui a laissée ce rêve. Un peu comme dans le jeu qu'on fait enfant où on dit "tu brûles" ou "oula non c'est froid" pour indiquer si on est dans la bonne direction ou pas.

Après sa conversion, il a commencé à aller à la mosquée. Et la sensation de bien être rappelant son rêve a commencé à diminuer. Il cherchait autre chose, ou bien cette mosquée n'était pas la bonne pour lui. Toujours est-il que c'est seulement quand il a rencontré quelqu'un de la voie qu'il a senti qu'il était bien orienté si j'ose dire. Et voilà, tout simplement.

En l'écoutant je lui enviais un peu cette simplicité dans le chemin, même si comme tout le monde je suppose qu'il a vécu des épreuves. Mais cet appel intérieur... quand je lui ai raconté mon parcours, il m'a dit "tu verras, dans quelques temps, tu auras l'impression que toute ta vie t'a amené là". Pas de hasard. On verra bien, mais il a certainement raison.

actualité

Une fois n'est pas coutume une petite note sur l'actualité. Résultats des "élections" irakiennes publiés un peu partout. Je trouve un truc pas croyable : aucun media ne semble (mais je me trompe peut être) donner le décompte en voix.

C'est peut être du coupage de cheveux en quatre, mais il me semble qu'il y a 58 % de participation, mais on ne sait pas vraiment quel proportion des gens se sont inscrits sur les listes. En d'autre termes si ça se trouve seuls 30 % des gens susceptibles de voter l'on fait, ou même moins. Et ça il me semble que ça serait une vraie info.

Un lecteur de libé avait levé ce lièvre il y a quelques temps mais je n'ai pas vu de suite.

Oups autant pour moi je viens de trouver le décompte en voix. Il y a eu à peu près 8 millions de suffrages exprimés. Je crois mais je ne suis pas sûr que l'Irak compte 24 millions d'habitants, dont probablement pas plus de 15 en âge de voter. Ca veut dire que j'ai médit : il y a plus d'inscrits que je ne pensais. Ca m'apprendra à vérifier.

conférence

Et dire que j'ai failli ne pas aller à la conférence de samedi... La tariqa organise régulièrement des "ateliers" c'est à dire des conférences publiques pour présenter certains aspects du soufisme. Le thème ce samedi me paraissait un peu aride : "la descente du Coran". Je pensais que j'allais rester au chaud chez moi à regarder des matches de rugby à la télé.

Et puis j'ai changé d'avis, j'ai décidé d'y aller. Boum. J'ai pris une claque énorme. Le frère qui donnait la conférence s'appelle Abd el Haqq (serviteur de la Vérité... un très beau nom). C'est un monsieur d'une cinquantaine d'années, qui est (je crois) un des premiers occidentaux à être entré dans la tariqa, il y a très longtemps (au moins 20 ans).

C'est quelqu'un de très calme, qui s'exprime de façon très précise, très doucement, mais on entend les mouches voler. Il ne mâche pas ses mots sur certains sujets, fait des apartés, des digressions, mais quel bonheur de l'écouter.

Le descente du Coran c'est comment le texte sacré a été révélé. C'est marrant c'est un thème qui semble rébarbatif mais je crois que j'aurais pu l'écouter pendant 24 heures sans voir le temps passer. A chaque thème qu'il abordait il disait "bon on a pas le temps d'en parler en détail malheureusement"... en plus certains spectateurs lui ont posé des questions loin du sujet ce qui a gaspillé pas mal de temps.

Ainsi il n'a pas eu le temps de parler de la recension du texte, de la façon dont après la mort du prophète le texte a été écrit et en quelque sorte figé. En fait j'ai du mal à organiser mes idées, je suis un peu comme un spectateur qui regarderait un tableau et qui serait submergé par des impressions mélangées. Peut être que je reviendrai sur certains aspects de la conférence dans les jours qui viennent.

Et dire que selon ses proches c'est quelqu'un qui lit très peu... il semble pourtant d'une érudition extraordinaire. Peut être que très peu n'est pas à prendre au pied de la lettre. En fait j'ai du mal à séparer le contenu de son discours de l'impression que j'en ai tirée. L'impression littéralement que ça m'est allé droit au coeur.

Tant pis je vais parler de tout ça en désordre, j'ai du mal à faire un plan. J'espère ne pas dire trop de bêtises. Il a expliqué par exemple l'importance de la langue. Chez les bédouins, la langue était la valeur la plus importante. Même si l'écriture arabe n'est apparue que très peu de temps avant la révélation dans la péninsule arabique, la culture des tribus bédouines plaçait la maîtrise de la langue au dessus de tout. Les poètes étaient vénérés.

Dans le contexte coranique, deux choses : d'une part il est clair qu'il n'y avait pas d'ambiguïté pour le prophète, on peut être certain qu'il maîtrisait parfaitement la langue et que la révélation (si sujette à interprétation et si difficile à traduire... je m'embrouille j'espère ne pas dire de bêtises) est claire pour le prophète. Par ailleurs dans une telle culture il faut réfléchir sur le fait que le Coran soit écrit dans une langue décrite comme parfaite. A plusieurs reprises d'ailleurs on met des incroyants au défi de rédiger une sourate, défi impossible à relever, même par les plus grands poètes de ce temps.

De même que Moïse face au Pharaon a apporté son message en ridiculisant les magiciens de la cour, de même le Coran se devait en quelque sorte d'être dans une langue sublime vu le contexte de la société où il a été révélé. Et au commencement était le verbe disent les évangiles.

Autre thème abordé ; le fait que le Coran n'est pas un récit historique (contrairement aux évangiles par exemple). L'image qu'a utilisée le frère est la suivante : c'est un peu comme si Dieu réunissait en cercle autour de lui tous les prophètes les plus importants, et les appelait à tour de rôle à témoigner. D'où ce côté si déroutant du Coran ou une histoire peut s'interrompre et n'être reprise que plusieurs sourates plus loin, où il semble y avoir des redites, etc...

Encore un thème (décidément je ressors tout un peu en vrac) : le fait que dans le Coran (un verset dit ça) rien n'est omis. Aha. Très important ça. Je ne sais pas trop ce que j'ai compris de ça mais incidemment le frère a donné une réponse à une des questions que je me posais depuis longtemps : celle des "preuves". Il a parlé de ces recherches qui s'appuient sur des découvertes très récentes de la science et les mettent en parallèle avec des révélations. J'ai déjà dit que je suis mal à l'aise avec ça.

La réponse de ce frère était de dire que ces recherches peuvent confirmer que rien n'est omis dans le texte divin, mais que bien entendu on ne saurait s'en servir comme preuves pour la foi. Là ça m'a parlé. Ce qui me mettait mal à l'aise dans tout ça, c'était l'idée que des gens aient besoin de "prouver" leur foi ou l'existence de Dieu scientifiquement. Pour moi la foi c'est autre chose. Et là (bon faut suivre hein je suis même pas sûr de comprendre tout ce que j'écris) ça m'a parlé.

A un moment il a aussi laissé parler son agacement contre un ministre (je ne sais pas si c'était Sarkozy ou Villepin mais c'est l'un des deux) qui lors d'un débat télévisé a dit "j'ai lu le Coran je sais ce qu'il y a dedans". Le frère a eu un moment de silence pour appuyer son propos... c'est vrai que c'est le genre de phrase que j'aurais laissé passer sans y faire attention. Pour lui qu'un ministre chargé des relations avec les religions se permettre de dire une chose pareille est très grave.

C'est grave parce que, et là il nous a parlé de son expérience personnelle, on peut lire le Coran toute sa vie et en découvrir de nouveaux sens en permanence. Sans même parler du fait qu'une traduction est forcément imparfaite (hum faut aussi que je parle à un moment du Coran en Arabe), prétendre qu'on a "lu" et qu'on "sait ce qu'il y a dedans" c'est vrai que c'est pas croyable. D'autant que ça vient de quelqu'un qui a fait des études de très haut niveau.

Je me suis marré j'ai pas pu m'empêcher d'imaginer le ministre se faisant faire une note de synthèse comme on apprend à les faire à l'ENA. Note en trois parties sur les thèmes du Coran. Naturellement tout le monde a le droit d'avoir un avis sur le Coran. Mais de là à dire "je sais ce qu'il y a dedans"... le frère nous racontait qu'il a étudié dans sa jeunesse une sourate qui ne fait que 5 ou 6 versets avec un savant palestinien (je crois), et que celui-ci lui disait "c'est incroyable ça fait 30 ans que j'étudie ce verset et en l'étudiant avec toi je comprends plein de choses que je n'avais jamais vues." Une sourate de 5 ou 6 versets.

Sur le Coran en Arabe... apparemment certains (dont les Frères Musulmans, ce que j'ignorais) ont voulu "réserver" la lecture du Coran aux arabophones. Là ça a donné l'occasion à notre conférencier de parler du fait que la lecture est une illumination. Cette illumination précède la compréhension au sens rationnel (c'est moi qui vais passer pour un illuminé)... Il nous parlait de musulmans pakistanais qui lisent le Coran en Arabe sans comprendre le sens, mais qui sont transformés par la lecture. C'est difficile à admettre, mais c'est ainsi. On peut utilement lire des traductions naturellement. C'est même recommandé. Mais la lecture en Arabe a une vertu sacrée. Hum je ne suis pas sûr de bien rendre compte de ce que je veux dire. Le texte parle au coeur.

Autre élément très intéressant que j'ai relevé, et qui m'a fait sourire parce que j'ai lu le soir même littéralement la même chose dans une lettre du sheikh Ad Darqawi ; je cite de mémoire (je crois que c'était à l'occasion d'un aparté sur les religieux qui s'approprient le sens du Coran à des fins personnelles) : "la dernière chose qui quitte l'ego (la nafs) c'est la volonté de pouvoir". Même si on avance loin dans le travail spirituel (des années lumière pour moi), l'humilité est une des stations les plus élevées. Et ceux qui sont les plus pieux sont parfois les plus en danger face à ça. Du moins est-ce ce que j'en comprends.

Je reviendrai sur tout ça je suppose. J'ai beau savoir qu'il ne faut pas "idéaliser" les gens, je suis vraiment extrêmement impressionné par ce frère. Un des spectateurs l'a interrompu plusieurs fois pour lui poser des questions. Mais ses questions étaient plus destinées à montrer ses connaissances qu'à vraiment apprendre du conférencier. Quel contraste. Quel contraste.

renard sans pattes

Vendredi un frère m'a raconté une histoire qui m'a touché. Je crois que c'est un conte taoïste mais je n'en suis pas bien sûr. Je ne me rappelle pas les détails. C'est un renard sans pattes, quelqu'un le voit et se demande comment il fait pour se nourrir.

En fait la réponse vient assez vite : un lion dévore une proie, et le renard se nourrit des restes qui tombent de la bouche du lion. Ce que le frère qui m'a raconté ça comprenait de cette histoire (on peut lui donner plusieurs sens j'imagine) c'est que dans la vie on peut choisir. D'être un lion ou d'être ce renard sans pattes. Le renard sans pattes n'a pas à se battre pour sa subsistance, mais il est dépendant.

En fait c'est assez compliqué. Il y a peut être ce sens : le renard sans pattes symboliserait le sage qui s'en remet entièrement à Dieu pour sa subsistance de sorte qu'il peut se consacrer à sa vie spirituelle. Mais ce que j'en ai entendu c'est qu'on doit utiliser les talents qu'on a reçus. Evidemment ça prend un sens très personnel pour moi quand je vois que je n'arrive pas à trouver ma voie dans le travail. Et pourtant je crois que je peux moi aussi être un lion. N'est-ce pas mal de gâcher tout ça ? Hum vaste sujet.

11.2.05

curiosité ?

C'est bizarre un proche de ma famille m'a dit qu'en ce moment je semble loin, un peu lugubre... hum. Il faut dire que j'ai toujours été un peu le zébulon dans la famille, qui s'intéresse à plein de sujets etc...

Là je dois reconnaître que je suis un peu euh... monomaniaque on va dire. Je repense à un ami à qui j'ai parlé il y a pas très longtemps. Je lui ai dit que "je m'intéressais au soufisme" sans en dire plus, et il m'a trouvé tout animé d'un coup, passionné.

C'est clair qu'avec mes proches c'est un peu délicat... ne pas pouvoir leur parler de ce qui m'intéresse le plus en ce moment c'est pas forcément simple. Je sais bien que je pourrais m'intéresser à plein de choses tout en me lançant dans la voie... en principe l'être humain est capable de faire plusieurs choses à la fois.

Mais disons que vu la "baffe" que je me prends et tout ce que je découvre (bon et puis il y a mes peines de coeur naturellement) j'ai un peu de mal à trouver la bonne distance. C'est la première fois depuis des années que je me lance avec autant de force dans quelque chose. Je me dis que Dieu reconnaîtra les siens (je veux dire que le temps remettra les choses à leur place).

Je ne peux pas dire que je suis émerveillé chaque jour par la découverte de la foi. Ca non. Mais toute ma curiosité, tout ce que j'ai reçu comme "dons" intellectuels, tout ça est un peu (trop ?) consacré à la spiritualité pour le moment. Alors c'est vrai que les gens que je connais doivent me trouver un peu bizarre. Je me dis que d'ici quelques temps tout ça changera. Mais moi j'aurai changé. Chouette.

livre et signe

Retourné cet après midi à ma librairie préférée. Je cherchais un livre mais sans avoir d'idée précise. Comme toujours je reste un bon moment dans la librairie, le temps que le patron s'occupe de ses clients. Je préfère prendre le temps de discuter un peu avec lui.

Là je lui ai demandé conseil ; il ne voyait pas trop quoi me dire. Je lui ai dit "bon peut être que ce n'est pas le jour pour moi pour acheter un livre". Il y avait un frère assez âgé dans la librairie, avec qui j'ai aussi échangé deux mots. Ce frère a pris dans ses mains le recueil de lettres du sheikh Ad Darqawi qu'on m'a prêté et qui m'accompagne ces jours ci. Je lui ai dit "ah ça c'est vraiment un bon livre" (comme s'il avait besoin de moi pour ça mais bref).

Il me répond "ah oui mais il y en a un encore meilleur qui est édité ici, vous ne l'avez pas ?". Et le frère qui tient la librairie m'a souri et m'a dit "subhanallah vous avez trouvé... il ne m'en reste qu'un en plus". Et me voilà avec un autre recueil de lettres du sheikh (qui traduit d'autres lettres).

J'ai apprécié ce petit moment de grâce (je ne vois pas d'autre mot) qui fait que le livre est venu à moi alors que je cherchais. Bon ça n'est qu'un livre, j'aimerais bien pouvoir m'en remettre à Dieu pour des choses plus importantes mais c'est marrant. Je pensais justement à cette phrase lue hier soir avant de m'endormir et qui dit (je cite de mémoire) : "si tu te détournes des choses elles viendront à toi".

Peut être qu'on pourrait voir toute cette scène comme un épisode très banal (j'aurais pu vivre la même chose en achetant un roman dans une librairie "normale"). Mais il me plaît d'y voir autre chose. Tant pis si je passe pour un illuminé.

mécanique ?

Ce matin je me suis surpris à me dire lors de la prière puis de mon dhikr "tu fais ça comme un robot". Pas la première fois que je me dis ça (et certainement pas la dernière). Mais il y a toujours cette idée que je "n'y arrive pas" ou plutôt que je suis distrait, que je pense à autre chose.

Alors bien sûr je me réconforte en pensant au fameux hikam sur le dhikr que j'ai déjà cité (celui qui dit qu'un dhikr fait avec distraction est mieux que pas de dhikr etc...). Mais là je me suis vu en train de faire ça tous les jours sans en tirer profit. C'est très bizarre. J'ai parfois l'impression que 2 minutes "bien orienté" valent des heures "distrait".

Et puis il y a autre chose qui me fait du souci : je vois ça comme un consommateur en quelque sorte. Je consomme une sorte de thérapie qui s'appelle soufisme (bon je force le trait en disant ça je sais bien qu'il y a autre chose). Or et ce n'est certainement pas un hasard j'ai justement lu quelque chose hier qui disait en gros : "si tu fais des oeuvres pour Dieu et pour lui seul alors Dieu te donnera ce que tu recherches".

Je ne suis pas très au clair là dessus mais l'idée c'est que la juste approche ce n'est pas de prier pour soi. Ce n'est pas un supermarché, on n'est pas là pour acheter quelque chose en échange de bonnes oeuvres. Hum je m'aperçois en écrivant ça que je reviens une fois de plus sur le sujet de la foi, sur qu'est-ce que c'est que cette chose si étrange que je goûte peut-être.

Une fois de plus, me poser moins de questions et avancer. Je repense encore une fois à cette anecdote d'un disciple qui demandait à un maître "mais enfin ça fait 10 ans que j'invoque et je n'ai pas du tout changé"... et le maître de répondre "si je t'avais donné d'un coup ce que tu as reçu en 10 ans tu serais mort sur le coup". Après tout je ne suis sans doute pas bien placé pour juger de si je change ou pas. Et en tout cas tout ce que je peux faire c'est pratiquer en essayant d'y mettre tout mon coeur.

leçon subtile ?

Discussion hier lors d'une petite réunion avec le moqaddem du groupe de Paris. Ce n'était pas trop prévu au programme mais on s'est mis à parler du sheikh (à ma demande je dois l'avouer). Comme il a vu le sheikh il y a très peu de temps c'était assez frais.

Après coup je n'ai pu m'empêcher de me demander s'il n'y avait pas une leçon cachée dans ce qu'il nous a dit du sheikh. Un aparté peut-être : dans l'enseignement de la voie, l'exemple est important. La "politesse spirituelle" (ou ce que j'en comprends) fait que parfois les messages passent de façon subtile ou détournée, afin de ne pas choquer.

Là hier soir je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu l'impression qu'il y avait un message pour chacun des foqaras présents. En tout cas j'y ai vu un message à mon adresse. Le moqaddem, en évoquant le sheikh, a insisté sur le fait que même s'il est plein d'amour, il n'en reste pas moins capable de s'informer et de gérer les aspects les plus triviaux de la vie matérielle. J'ai certainement déjà parlé de cette capacité à "être" dans plusieurs niveaux simultanément.

Cette capacité n'exclut pas la ruse pour arriver à ses fins. Pas d'angélisme. Ce que j'en ai entendu pour ce qui me concerne (mais si ça se trouve ça ne m'était pas adressé spécifiquement), c'est d'une part que je dois faire attention, et surtout que je ne dois pas négliger mes devoirs envers le monde matériel. Bizarrement chacun à sa manière a semblé prendre ça pour lui... c'est pour ça que je parle de leçon.

Peut être qu'il faut aussi que je comprenne que je ne dois pas "idéaliser" la voie. Ce n'est pas parce que j'y trouve une fraternité, une chaleur, et par moments un grand réconfort, que je dois croire que c'est un paradis. D'une part c'est moi et moi seul qui suis en charge de ma vie, et d'autre part les frères sont des gens comme les autres, avec des défauts, des qualités.

A l'appui de ce thème, il nous a rappelé une petite histoire : le lion, le saint et le renard. Un lion est enfermé, un saint vient à passer. Le lion se plaint, gémit tant et si bien que le saint le libère. Le lion lui dit alors "grand merci, et comme ça fait longtemps que je n'ai rien mangé je vais m'empresser de te dévorer". Le saint est naturellement outré. Un renard passe alors, et les voyant en désaccord, leur demande ce qui leur arrive.

Chacun explique ce qui s'est passé, et le renard "joue au con" : il dit au lion "je ne comprends pas bien, tu parles de quelle cage... oui mais tu étais enfermé comment exactement" et ainsi de suite jusqu'à ce que le lion pour mieux se faire comprendre rentre dans la cage. Le renard en profite alors pour l'enfermer de nouveau. L'attitude du saint (trop confiant) s'oppose à celle du renard.

Il faudrait, tout en donnant de l'amour, ne pas se livrer inconsidérément, ne pas accorder sa confiance à n'importe qui. Je suis peut être dingue, mais cette histoire m'a fait immédiatement penser au rêve où un forcené est dans le même train que moi. Là aussi c'est la ruse qui peut me permettre d'enfermer pour de bon ce forcené dangereux. Si en plus j'ajoute que le renard est un animal qui résonne pour moi depuis... depuis toujours, ça fait encore un signe.

Mais bon à force de voir des signes partout je vais peut être finir par souffrir de double vue.

10.2.05

encore un rêve violent

Il y a deux jours j'ai fait un rêve étrange : je suis dans un train avec 2 ou 3 personnes (des femmes ?). Il y a une porte vitrée qui nous sépare de l'autre partie du wagon, et derrière la porte un forcené armé d'une hache essaie de casser la porte pour nous attaquer. C'est quelqu'un qui m'est familier (si ça se trouve c'est moi... glurps).

A un moment je décide que ce n'est plus tenable : je ne vais pas passer le reste du voyage à vivre sous cette menace. Je décide d'ouvrir la porte en profitant d'un moment de répit. Apparemment dans ma tête j'ai un plan pour faire entrer le forcené dans notre partie du wagon pendant qu'il est calme, peut être de l'amadouer, afin de le piéger et de l'enfermer pour de bon.

C'est là que je me suis réveillé. Je ne sais pas du tout quoi tirer de ce rêve, sinon la perception d'un danger, de quelque chose (peut être en moi-même) qu'il faut que j'affronte en mettant en jeu toutes les ressources que j'ai, y compris la ruse. Ce n'est pas par la force que je vais venir à bout de ce danger. Mais je ne peux pas non plus continuer à vivre sous sa menace.

Hum je laisse mes (rares) lecteurs interpréter ça à leur guise. Si ça se trouve je comprendrai le sens de ce rêve d'ici quelques temps. On dit que dans le soufisme les rêves sont très importants. Bon on dit aussi en islam que les rêves viennent du diable, et les songes de Dieu, alors je n'insisterai pas sur ce vaste sujet pour le moment, je crois que ça m'entrainerait un peu loin.

Maroc et sheikh

Depuis quelques temps l'idée me trotte dans la tête... je ne sais pas trop quand, mais je crois que je ne vais pas tarder à aller au Maroc. Je voudrais rencontrer le sheikh. Naturellement je ne dois pas en attendre une "révélation", un frère qui m'en a parlé m'a dit que ce qui l'avait le plus frappé... c'était justement d'avoir eu l'impression que rien ne s'était passé lors de sa rencontre !

Bon je fais le malin mais au fond je crois que j'attends pas mal de choses de cette rencontre, de ce voyage. C'est bizarre : ma mère vient (enfin) de terminer le chantier de sa maison au Sénégal, je devrais être super content à l'idée de cette maison où je peux aller désormais quand je veux, et quand elle m'a annoncé ça j'ai surtout été content pour elle. D'abord parce que c'est son projet à elle, son "nid". Et surtout parce que j'ai réalisé à ce moment que dans ma tête là c'est le Maroc et pas ailleurs.

Un frère à qui j'en ai parlé m'a dit "ne réfléchis pas vas y". Et me voilà sur mon blog en train de soupeser tout ça au lieu de courir chez Royal Air Maroc. On ne se refait pas. Et encore, si j'étais comme mon frère ce serait pire. Il met un temps fou à se décider quand il veut faire quelque chose (là je parle de mon "vrai" frère).

C'est un peu délicat de faire comprendre à quelqu'un d'extérieur l'attirance qu'on peut éprouver pour le sheikh... surtout alors que pour le moment je ne l'ai jamais rencontré ! Il faut croire que ce que je reçois à travers la voie, que ce soit au contact des frères ou dans ma pratique, vient quelque part de lui. Je n'en fais pas une idole (fouya si un musulman anti-soufi lit ça... pas grave), c'est plus compliqué que ça.

Disons pour faire simple et pour ce que j'ai pu en comprendre (ce n'est pas une connaissance que je sens en moi, plutôt des choses que je répète), que le sheikh sert en quelque sorte d'intermédiaire. Il nous aide à aller vers Dieu. D'où l'importance de ce fameux concept d'orientation dont j'ai déjà parlé. Une chose très belle qu'on m'a dite sur lui, c'est qu'il n'existe pas (au sens ou il a renoncé depuis longtemps à son ego), on entend même dire qu'il est mort depuis longtemps. Mort au sens du soufisme (cet anéantissement en Dieu qui est suivi d'un retour parmi les hommes).

Aie, aie, je vais passer pour un illuminé. Bref. Pour ce que j'en comprends, et exprimé avec mes mots à moi, ça donne à peu près ça : il s'est vidé de lui-même, de sorte qu'on peut se diriger vers lui, en lui pour atteindre Dieu. Toujours pas plus clair mes explications. Qu'il suffise que je dise qu'il est au service des foqaras. Hum je suppose qu'avec un peu de pratique et après quelques mois tout ce que je dis là me semblera bien naïf ou simpliste.

Sans savoir pourquoi, je crois sans discussion qu'on est en danger si on n'est pas guidé sur un chemin spirituel (les avertissements de grands maîtres sur le sujet abondent). Je n'ai pas besoin d'y réfléchir pour me dire que c'est vrai. Je sais qu'il y a des "faux" maîtres, et seul le temps me dira si cette voie me convient, mais quand je vois les frères et ce qui se dégage d'eux je suis plutôt confiant.

contradictions à dépasser

Sujet complexe... dans ce que je lis, il est souvent question de renoncer, de se soumettre. Un hikam dit par exemple que face à une décision difficile, il faut faire le contraire de ce vers quoi nous porterait notre ego...

Et pourtant comment faire en pratique dans la vie ? On ne peut quand même pas toujours renoncer ? Je ne sais pas comment poser le problème. Je pense aussi à ce verset qui dit (pardon si je cite mal) que dans l'epreuve l'homme se tourne vers Dieu et que dès que l'épreuve est passée il s'en détourne. Ca c'est sans doute encore autre chose.

Mais comment dépasser ça ? Je conçois bien qu'il faille renoncer à certaines choses, qu'en échange on reçoive des grâces divines. Mais est-ce que ça veut dire se priver de tout ? Evidemment que non. Pour l'amour par exemple quel est le sens de l'amour quand on va vers Dieu ? Hum ce sont là des grandes questions, je ne trouverai pas la réponse aujourd'hui.

L'épreuve est un apprentissage. Mais comment apprendre de tout ça ? Hum que tout ça est confus.

famille

Dîner chez ma mère et mon beau-père hier soir... C'est étrange, mon beau-père me relance sans arrêt sur le sujet de l'alcool. Je lui ai dit qu'il était la seule personne à s'en inquiéter, que visiblement c'est peut être lui qui a un problème avec ça. Je ne sais pas trop. Quand il me demande "mais il y a une raison précise pour que tu aies arrêté" je me dis qu'il devine confusément quelque chose. Il m'a encore dit "la clope, l'alcool... tu tournes à l'ermite !!".

En même temps c'est quelqu'un qui a beaucoup d'intuition. Je pense qu'il a plus ou moins perçu ce qui se passe. En attendant c'est un peu pénible, il me propose 5 fois par repas de me servir du vin, il insiste. Je m'y ferai.

Quand à ma mère... c'est très étrange. Elle m'a dit quand j'allais partir "c'est bien tu as l'air en forme". J'ai eu un blanc. Pas que je me sente au fond du trou, loin de là. Mais disons que je ne suis pas sûr d'aller très bien. Peut être que je donne bien le change. Ou qu'elle ne fait vraiment pas attention. Ou un peu des deux.

Ou alors peut être que je vais mieux que je ne l'imagine. C'était si bon en rentrant chez moi après de faire ma prière, d'être seul et de faire mon dhikr. Rien de particulier en tête, pas de grandes théories. J'ai encore trop besoin du regard des autres. Et en particulier besoin de savoir si j'ai avancé ces derniers mois.

Mais paradoxalement hier soir je n'étais pas pressé. L'espace d'un moment je me suis dit "profite, prends ton temps, tu as tout le reste de ta vie pour avancer sur la voie". C'est quelque chose que je ne dis pas si souvent.

9.2.05

attention

Je me rends compte que je dois faire attention à quelque chose : il y a quelques mois, je trouvais honteux que des musulmans disent "les non-musulmans ne devraient pas donner leur avis sur l'islam, ils n'y connaissent rien". Je pense toujours la même chose. Mais dans un sens si je dois être honnête je dois bien reconnaître que j'ai un peu bougé là dessus.

Le pire c'est que c'est sans doute de l'orgueil : je "sais" des choses que d'autres ne savent pas. Ca me rappelle le sentiment ambigu que j'ai eu après ma conversion : quelqu'un m'a dit "bienvenue dans la religion de la vérité". Je ne suis pas trop à l'aise avec tout ça. D'un côté je voudrais ne juger personne (difficile...). D'un autre côté c'est clair que je suis beaucoup plus sensible qu'avant aux erreurs que les gens font sur l'islam.

Pas que je me sente comptable de l'ensemble des musulmans. Dans mes actes je ne suis pas vraiment plus solidaire des autres et encore moins des musulmans qu'avant. A la limite je devrais me désintéresser de tout ça, ne pas écouter les polémiques... mais comment faire ? D'une part ma nature me porte à ça (et ça changera pas vite), et d'autre part c'est vrai que certains font leur fond de commerce sur l'islam dans le petit cirque médiatique (je ne cite personne en particulier).

Bon sur le côté médiatique il faut reconnaître qu'il y a aussi des musulmans qui se servent de certains thèmes pour se faire entendre. C'est bizarre... le sujet est brûlant, plein de gens donnent leur avis (voir le débat sur la Turquie par exemple)... et on parle si peu de foi !

Je pense d'ailleurs qu'une partie de ce qui fait peur dans l'islam c'est la foi. J'ai déjà dit que pour ma mère ce serait certainement le fait que j'aie la foi qui serait le plus difficile à avaler. Bon sur la peur de l'islam je pourrais écrire des pages, il y a des mélanges en tout genre. Même certains musulmans disent des trucs du genre "ah oui mais en Afrique noire c'est pas pareil ils ont des coutumes c'est pas vraiment ça l'islam"... que dire (gros soupir) ?

Pour revenir à moi faut que je me surveille. On peut pas dire que j'aie des leçons à donner y compris aux plus réducteurs des "islamologues" médiatiques, qui après tout connaissent certainement plein de choses que j'ignore. Peut être une chose : la foi ce n'est pas une appartenance politique. Je m'exprime mal, preuve que c'est un sujet sensible pour moi tout ça.

Je repense à ce que j'ai lu hier soir : un des premiers pas dans la voie du sheikh Ad Darqawi consiste à s'humilier publiquement : son maître, pour lui montrer ce que c'est que l'ego, lui fait traverser le marché avec des paniers de pruneaux sur les épaules alors qu'il est lettré et d'une bonne famille. La colère et la frustration qu'il éprouve sont les meilleurs auxiliaires du maître en quelque sorte. Mais je m'égare là j'arrive sur un tout autre sujet. J'y pense parce que je me dis que quand quelque chose me fait sur-réagir c'est qu'il doit y avoir une leçon à en tirer. On verra.

This page is powered by Blogger. Isn't yours?