30.6.05

islam et tradition

Pour les anglophones, un article vraiment intéressant avec des considérations sur qu'est-ce que la tradition. J'ai déjà parlé de tradition vivante, je suis bien trop ignorant pour m'étendre là dessus, mais cet article en parle bien.

annonce dans Libé

Trop fort... mon frère (pas frère au sens de l'islam, mon "vrai" frère) m'a appelé avant-hier, il était surexcité. Il me dit "regarde Libé page 24". Et là dans les "messages personnels" je vois une annonce d'une femme qui cherche à contacter un homme en tongs (sic !) vu à la terrasse d'un certain café.

C'est pas le seul type en tongs de Paris. Donc je lui ai dit de se calmer. Et devinez quoi : c'était bien à lui qu'était adressé le message... ça m'a bien fait marrer. Mon frère est la seule personne de ma famille qui sait pour ma conversion. On en parle assez peu mais ça se passe bien je crois.

Bon là on est plus dans la même catégorie... une annonce dans libé ça le fait passer au rang de star ! Hum... pas très spirituel tout ça. Pas grave. C'est la vie comme elle va.

encore de la colère

Pfff je vais finir par plus parler que de boulot ici mais tant pis. Je suis à nouveau furieux contre quelqu'un de mon équipe qui euh... se moque du monde à mon sens.

Sur un petit truc de rien j'ai senti monter une rage en moi... je dois vraiment pas être bien orienté. Encore que bon... la voie tout ça c'est pas censé supprimer la colère. Le problème c'est si ça m'empêche d'être lucide, ou si ça donne des résultats à l'opposé de ce que je souhaite.

Va falloir que je me calme.

lecture

Hier soir j'ai entamé la lecture de Traces de Lumière. Etrange. C'est rédigé sous la forme suivante : chaque chapitre, très bref, démarre par un paragraphe d'interrogations, puis vient la réponse, sous forme souvent très allusive. Une sorte de dialogue s'installe.

Au passage, l'auteur (Faouzi Skali) cite des hikam de Ibn Ata Allah, et d'autres paroles de sagesses issues de la tradition. Et chaque chapitre devient l'illustration d'un thème.

Ce qui est étrange c'est ce qu'on ressent en lisant. D'une part j'ai le sentiment que ça se lit à petites doses. D'autre part je suis incapable de me souvenir de ce que j'ai lu, mais l'intention de l'auteur doit être de parler au coeur, pas à l'intellect.

En même temps, compte tenu de ma "culture" sur l'islam et sur la spiritualité, c'est à dire les connaissances que j'ai acquises dans ces quelques mois, je ne lis pas ce livre avec l'oeil d'un "débutant". Il y a plein d'idées (sur la relation avec un sheikh, par exemple) qui me sont familières.

Un truc qui m'a particulièrement parlé hier, sans doute parce que c'est un sujet qui à tort ou à raison me tient à coeur, c'est l'idée que Dieu ne se prouve pas. Il y a une sagesse de Ibn Ata Allah très bien à ce sujet, dont j'ai oublié le texte exact. Faudra que je retrouve ça. J'en ai déjà parlé il y a longtemps ici.

Je suis vraiment super mal à l'aise avec l'idée que des gens passent par la raison pour prouver l'existence de Dieu. Des sages ont beaucoup mieux parlé de ça que moi, mais il me semble qu'on est loin de Dieu si on essaie de trouver des preuves rationnelles.

Un autre passage qui m'a beaucoup ému c'est la citation d'un hadith qûdsi (c'est à dire un dit du Prophète où c'est Dieu qui parle par sa bouche), qui dit "Je suis avec ceux dont le coeur est brisé". Je crois que ça illustre le fait que c'est parfois dans la détresse et dans le dénuement qu'on peut avancer sur le chemin. Mais je n'en sais trop rien.

Tout ça pour dire que la lecture de ce livre est un peu spéciale... comme si on était dans une sorte de rêverie. Ca doit être ça qu'on appelle l'état contemplatif. Ou l'amour du vide comme dirait mon ami médecin.

29.6.05

frottements

Dans la voie, mais aussi dans la vie de tous les jours, il y a des gens avec qui on s'entend plus ou moins. Je me dis souvent qu'il y a un mystère dans le fait que notre voie rassemble des gens aussi divers. Et naturellement il y a des gens avec qui j'ai des affinités et d'autres que euh... je sens moins disons.

Parfois il y a même des conflits, des tensions, comme dans toute communauté. Un frère expérimenté m'a expliqué un jour que ça fait partie du travail spirituel : l'éducation par le compagnonnage (un des points centraux d'une voie spirituelle) ne passe pas par le fait d'être assis béatement dans un nuage d'amour.

Il y a aussi des frottements, des chocs. C'est aussi comme ça qu'on apprend des choses sur soi-même et sur les autres. Après tout un des fruits de cet enseignement c'est de mieux se connaître. Et nos réactions face à quelqu'un qui nous énerve en disent beaucoup sur nous.

Dans le boulot j'essaie de faire attention à ça, même si c'est difficile. Avec mes amis et dans ma famille aussi. Pas simple non plus. Mais dans la voie j'observe des choses parfois très étonnantes.
Un seul exemple. Un frère que j'apprécie beaucoup a eu des tensions avec un autre membre de la tariqa. Celui-ci se trouve être malade. Et qui se préoccupe le plus de lui, qui l'entoure le plus ? Le frère qui s'était un peu fâché contre lui. Comme si je m'occupais avec sollicitude de quelqu'un qui m'énerve.

J'ai trouvé ça très beau.

déjeuner

Mon moral remonte ! Marrant comme il faut peu de choses. J'ai déjeuné avec une amie de longue date qui a besoin de conseils pour ses recherches de boulot. J'ai fait ce que j'ai pu pour l'aider et pour lui remonter un peu les bretelles.

Elle m'a dit un truc très étrange. Ca faisait peut-être 6 ou 8 mois qu'on ne s'était pas vus ; elle m'a dit que j'avais bien meilleure mine que la dernière fois, où je lui avais paru "très tiré"... comme on dit de quelqu'un qu'il a les traits tirés. Elle ne voulait pas dire tendu, ni fatigué, ni usé, peut-être un mélange de tout ça.

Naturellement elle pense que c'est le fait d'avoir retrouvé un boulot qui m'a métamorphosé. Il y a certainement de ça. Mais je crois bien qu'il y a aussi la voie. Avoir un regard extérieur comme ça m'a fait tout drôle. C'est quelqu'un qui "sent" les choses, qui a beaucoup d'intuition. Aussi ça m'a fait très plaisir d'entendre ça.

Je souhaite maintenant qu'elle trouve un boulot qui lui aille. Elle a tendance à se dénigrer, comme on le fait toujours quand on cherche. Facile à dire pour moi mais je comprends si bien ce qu'elle peut ressentir. Je redoutais un peu ce déjeuner : la dernière fois qu'on s'était vus moi j'étais pas en forme et elle était très speed, assez tendue aussi. Et ça a été un très bon moment. Masha Allah.

idées sombres

Pas trop le moral aujourd'hui. Ca va ça vient on va dire. Comme me l'a dit un frère "accroche toi de toutes tes forces à ton chapelet". Le fait de m'en remettre à Dieu, d'avancer dans la voie et dans la foi ne règlera pas tous mes problèmes. Mais je sens que j'ai besoin d'enraciner ça.

Par moments je joue avec l'idée que ce n'est qu'en touchant le fond que je pourrai enfin lâcher prise. Mais bon c'est des idées abstraites ça... le fameux "lâcher prise" c'est pas quelque chose qui vient comme une révélation, d'un coup. Enfin pas chez moi.

Il y a longtemps le peu que je savais de Paul Claudel c'est qu'il avait eu la révélation de la foi derrière un pilier de Notre Dame. Ca me faisait marrer, j'imaginais un monsieur derrière un pilier et quelqu'un s'approchant à pas de loup derrière lui pour lui filer un coup de massue. Je n'en sais pas plus sur Claudel. Mais en revanche j'en sais plus sur la foi. Pas beaucoup plus mais un peu.

28.6.05

blog

Un frère réunionnais a ouvert un blog ; je lui souhaite tout plein de bonnes choses. Je mets le lien à droite.

traces de lumière... re-suite

J'ai profité de mon passage à la zaouia (l'endroit où se tiennent les réunions d'invocation) hier soir pour emprunter Traces de Lumière. J'en ai lu 3 pages mais déjà j'avais une boule dans la gorge. Pourquoi ça m'émeut comme ça ? Je serais incapable de le dire.

Faudra que j'y revienne quand j'aurai tout lu.

réunion

Hier soir je suis allé pour la première fois à une réunion "du lundi". Bon sans entrer dans la cuisine du groupe auquel je suis rattaché, il y a des réunions, plusieurs fois par semaine. Et le lundi je n'y étais jamais allé.

Dieu sait que j'étais fatigué hier soir, j'ai du me botter les fesses pour y aller. Je n'ai pu y arriver qu'après 9 heures, c'était déjà commencé etc... Masochisme ? Pas du tout : simplement je ne sais pas si je pourrai participer à la réunion du week end prochain, et je n'y suis pas allé ce week end. Mbref j'avais une petite voix intérieure qui me disait que ce serait bien de voir les frères.

J'ai bien fait. Je ne sais pas ce que me réserve l'avenir, et peut-être que je passerai par des périodes de sécheresse spirituelle, des moments où je n'aurai pas envie du tout de faire des réunions. Alors pour le moment je prends ce qui vient.

Je ne fais pas tout ce que je pourrais faire. Faut y aller en douceur. Un frère m'a dit très justement que chacun doit trouver son rythme pour avancer. Ne pas se charger trop, avancer doucement, et ne pas perdre de vue le fait que c'est une course de fond, pas un sprint.

Pour revenir à hier, ce fut bref mais je suis rentré apaisé. Et ce matin je me sentais très bien. J'ai pourtant peu dormi.

Pour me décider à y aller, je m'étais dit "si tu ne le fais pas pour toi fais le pour les frères". C'est un peu bizarre comme argument (je vais aux réunions beaucoup pour moi je crois), mais il y a quelque chose là. Le fait d'aller aux réunions c'est pas seulement quelque chose qu'on reçoit. C'est aussi un don qu'on fait.

sincérité et force

J'ai discuté hier avec un frère qui revenait d'un week end avec des gens de la voie. Il m'a cité ce qu'avait dit un faqir très expérimenté, je ne suis pas sûr de le citer de façon correcte mais ça disait à peu près ceci : "l'islam n'a pas besoin de force extérieure, toute sa force réside dans la sincérité".

Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que veut dire cette phrase. J'y réfléchirai. Mais c'est sûr que le message de l'islam est d'une puissance pas croyable. C'est difficile à expliquer. Je ne sais pas si c'est la pureté ou la simplicité... c'est un peu embrouillé pour moi.

Il me semble que dans la voie on expérimente quelque chose de très rare. Plus d'un frère me l'a dit, et je ne sais pas si je ressens ça ou si je ne fais que répéter, mais on dirait qu'un certain nombre de choses qu'on lit dans le Coran, mais aussi dans les Evangiles (je ne connais pas du tout la Torah ni d'autres textes sacrés) sont présentes aujourd'hui.

Plein de gens expliquent ça beaucoup mieux que moi ; il s'agit d'une tradition vivante. Il y a aujourd'hui, ici et maintenant, des saints, des miracles, et surtout (parce que bon les miracles c'est pas si important que ça) un esprit qui circule.

J'ai peur encore une fois de parler de sujets que je ne comprends pas bien, mais comment expliquer par exemple la diversité des gens de la voie ? Ca n'existe quasiment nulle part ailleurs. Comment expliquer cet amour ? Le fait qu'on puisse rencontrer ces gens et qu'ils vous acceptent avec vos différences, sans vous juger ?

Un frère m'a dit que quand il a lu les écrits des grands maîtres soufis du passé, il se disait "bon ok c'est bien joli mais tout ça c'est du passé". Il ne pensait pas qu'on pouvait vivre ça aujourd'hui, dans les conditions du monde actuel. Les saints ne se limitent évidemment pas aux tariqas ; le soufisme n'est qu'une voie intérieure, spirituelle à l'intérieur de l'islam, mais historiquement il y a un siècle une grande majorité des musulmans étaient plus ou moins rattachés à des confréries ; ce n'est donc pas un phénomène "marginal".

Je crois qu'il y a un hadith où le prophète explique à ses compagnons (je cite très approximativement) que les croyants des siècles futurs seront plus "méritants" qu'eux, justement parce qu'ils n'auront pas la chance d'être baignés dans sa compagnie.

D'une certaine manière, le fait de suivre une voie rend les choses plus faciles. On dit que les grands sheikhs actualisent la présence mohammedienne. Bon je mélange un peu tout, et je ne dis pas qu'ils sont comparables au prophète. Juste qu'ils rendent son message vivant pour nous aujourd'hui.

Hum je donne dans le lyrisme aujourd'hui. Pas grave.

faut que je me surveille

Ce matin un collègue m'a dit qu'il allait sans doute pleuvoir dans la journée... j'ai failli répondre "insha Allah". Ca passerait, on se dirait que je suis un original ou je ne sais quoi. Mais bon faut que je fasse attention.

Mon frère m'a dit il y a quelques temps que je "laisse des petits cailloux derrière moi". Il voulait dire qu'en famille je laisse des indices, comme si ça me démangeait de faire mon "coming out". Je ne sais pas trop... peut-être que s'il n'était pas au courant il ne s'en rendrait pas compte. Difficile à dire.

27.6.05

génie du management

Je dois être une sorte de génie, je devrais écrire des livres de management : depuis quelques temps, les personnes qui travaillent sous ma responsabilité m'ont l'air de travailler... encore moins que d'habitude. Faut croire que j'ai réussi à les remotiver.

Subhan Allah... la route est longue.

frère lointain

J'ai reçu un mail très émouvant du frère que j'aime beaucoup qui est parti vivre en Angleterre. Pour lui c'est difficile : pas de groupe de la tariqa là où il vit, et le groupe qu'il rejoint parfois (à 2 heures de route) pour des réunions est essentiellement pakistanais, donc ça doit lui faire drôle.

Attention je trouve ça super chouette qu'on ait des frères pakistanais, j'en ai rencontré au Maroc, et ce frère me dit que malgré la culture si différente il sent la même énergie quand il va dans ce groupe que dans le groupe de Paris. Le goût est un peu différent mais c'est très proche (et c'est ça qui est dingue).

N'empêche que pour lui c'est quand même moins "confortable" que pour moi. Disons que quand les frères commencent à blaguer en Urdu il doit être largué. Tout ça pour dire que mes petits soucis par rapport à la voie c'est de la rigolade.

Je dis pas que j'ai pas d'autres problèmes dans ma vie, Dieu sait que c'est pas simple. Mais au moins pour ce qui est de la pratique c'est vraiment facile.

C'est marrant comme on voit les choses différemment de l'éxtérieur : je me pose tout le temps des questions sur l'orientation, et ce frère me dit que mon blog est "bien orienté". Allez comprendre. Je pense qu'il veut dire que lire ce blog l'aide à s'orienter, à s'accrocher à la voie. Si c'est le cas je suis vraiment content.

la foi c'est quoi ?

Vaste question. Je devrais peut-être pas commencer la semaine comme ça. Mais bon... je viens d'une famille où je n'ai pas du tout reçu d'éducation religieuse, et à part la famille de ma mère on est plutôt athée. J'ai passé toute ma vie en athée. Et depuis quelques mois, je vis dans la voie et dans l'islam.

C'est un peu long et compliqué de raconter comment je suis arrivé là. Ce n'est pas forcément la question la plus importante. Le "pourquoi" et même le "comment" n'ont pas vraiment de sens je crois.

Reste la question du "quoi". Je pourrais répondre par la définition de l'iman qui est dans le fameux hadith de Gabriel. Mais bon... je ne suis pas bien sûr de savoir ce que sont les anges, les djinns etc... sans parler de l'enfer et du paradis. Plus d'un musulman me jugerait mal en lisant ça, mais tant pis.

Les premières fois où j'ai parlé de ça avec euh... avec la personne qui m'a amené à découvrir l'islam, à une époque où je pensais jamais qu'un jour je me convertirais, je disais en gros "je crois en l'amour". D'une certaine manière ça n'a pas vraiment changé.

Je suis incapable de dire ce que c'est que la foi. Je sais juste qu'il y a quelque chose en moi, qui vit. Il m'arrive de m'adresser à Dieu, de l'interpeller, de lui demander des choses.

Dans foi, il y a confiance (j'en ai déjà parlé ici)... un bout de la réponse c'est peut-être ça : avoir confiance en ce qui va advenir, se dire que non seulement c'est écrit mais que Dieu ne nous veut que du bien. Pas toujours facile à admettre. Hum quand je pense à ça c'est un peu vertigineux, mon esprit se met à dériver... je ferais mieux de me concentrer sur du concret.

Un des engagements les plus essentiels de notre sheikh envers nous tient dans cette phrase : "occupez vous de l'extérieur (sous-entendu les pratiques et l'orientation) et je m'occupe de l'intérieur". Je suis incapable de dire si j'ai changé depuis que je me suis converti. On verra avec le temps, ce sont les gens qui me connaissent bien qui pourront répondre.

bataille de la porte

Pfff... la porte du bureau que je croyais avoir réussi à ouvrir est fermée aujourd'hui. Vanitas vanitatis comme dirait l'autre.

Va falloir que je m'y prenne autrement. En attendant je sens la colère monter. Pas bon du tout ça.

orientation et questions

Il y a quelques temps j'ai fait une prière dite de consultation sur un sujet personnel important. En arabe ça s'appelle istikhara. Difficile d'interpréter les réponses, ou les non réponses. Du coup je suis un peu perplexe.

J'ai demandé son avis au responsable du groupe de Paris : il m'a répondu un truc très simple : l'istikhara est tout à fait sunna, c'est à dire que pratiquer cette prière est tout à fait valable et conforme à la tradition prophétique ; mais dans la voie on dispose d'un moyen plus simple et disons plus sûr : l'orientation.

J'ai déjà parlé de ce concept un peu insaisissable. S'orienter vers le sheikh c'est une des conditions du travail spirituel. Mais quand on demande à quelqu'un d'expliquer ce que c'est les mots manquent souvent. Je crois que c'est quelque chose qui se goûte, comme beaucoup de choses dans la voie spirituelle.

S'orienter de ce que j'en comprends c'est se mettre en position de recevoir l'influx spirituel qui transite par le sheikh. Hum je sais c'est pas très concret. Mais pour revenir à mes questions existentielles l'idée c'est que le plus simple c'est que je pose la question mentalement au sheikh. C'est tout.

J'y reviendrai.

24.6.05

choisir ses combats

Un sujet un peu ridicule m'a pas mal préoccupé ces derniers jours au boulot. Voilà : dans mon travail, je dois diriger un certain nombre de personnes (des femmes) dont certaines sont euh... disons ont un caractère pas facile.

Quand je suis arrivé la situation était assez explosive, et une de mes missions (comme on dit) est de ramener un peu de calme et de sérénité. Dieu tout-puissant ! C'est pas facile tous les jours. Il y a de l'égo au mètre carré. Et le problème c'est que quand on se laisse entraîner par quelqu'un sur le terrain de l'ego, on est piégé.

Bon tout ça est destiné à m'éduquer, et dans le fond ce n'est pas si mal. Je pensais il y a quelques mois qu'il me fallait tout sauf un boulot où j'aurais à manager des gens, si possible dans un contexte peu "politique", et paf ! C'est tout le contraire. Du coup je pense que je vais apprendre pas mal, sur moi même et sur les gens.

Cette semaine j'ai mené ce que j'ai appelé "la Bataille de la Porte". Les trois occupantes d'un même bureau s'entendent bien, et sont un peu en guerre contre le reste des gens. Elles ferment la porte de leur bureau sans arrêt. Et moi j'ai décidé que c'était pas des choses à faire.

Du coup j'ai passé du temps à leur expliquer (sans m'énerver... une gageure) que ça envoyait un message négatif à tout le monde. J'aurais pu leur dire "vous laissez la porte ouverte et c'est tout" mais j'ai décidé de faire ça plus en douceur. On me dira "mais qu'as tu besoin de passer autant de temps sur un truc aussi con ?" et dans un sens on aura raison.

C'est que je marche un peu sur des oeufs. Je sais que si je fais le chef ça va mal se passer. Trouver la bonne distance, le ton juste. Pas facile tout ça. Pour revenir à ma bataille on dirait bien que j'ai gagné (provisoirement du moins), elles ont même mis un petit mot (un poil hypocrite à mon avis mais bon...) pour dire à leurs "chers collègues" que quand elles ferment la porte c'est pas pour dire m**** aux gens mais que c'est pour se concentrer. Et la porte est ouverte.

Par moments j'ai l'impression d'être dans un asile de fous. Et surtout je sais pas trop si elles vont pas trouver un moyen de me le faire payer. En quelque sorte il faut que je choisisse mes combats, que je ne me laisse pas aveugler et que je laisse couler sur les trucs pas importants, que je réserve mes cartouches pour les gros enjeux.

On verra bien. Je pense quand même que j'ai eu raison de siffler la fin de la récréation sur cette histoire de porte. Ca n'a l'air de rien, mais ça pourrit vite une ambiance ce genre de trucs. Pas besoin de ça en ce moment.

Hum tout ça n'est pas vraiment spirituel. Mais un frère ou une soeur de la voie me dirait certainement que là dedans c'est la voie qui est à l'oeuvre à travers moi. Notre sheikh dit toujours que c'est par notre comportement qu'on fait changer petit à petit le monde autour de nous.

Je m'attends pas à ce que la chieuse en chef de mon bureau rejoigne la voie. Mais c'est clair que plus je serai serein face à ses provocations et moins elle aura de prise. On verra avec le temps.

intention et prière

Hier soir on m'a rappelé les éléments "de base" de la prière. Parmi les obligations disons "techniques" pour que la prière soit valide, il y a le fait d'émettre l'intention de faire cette prière. Pour les non musulmans je rappellerai que l'intention (niya) est quelque chose de fondamental dans l'islam.

C'est un truc assez subtil en même temps. Le rappel d'hier soir m'a un peu secoué : j'ai réalisé que depuis que je prie j'ai omis ce point (j'avais dû l'apprendre au début puis j'ai oublié). C'est à dire que je ne pense pas à me dire mentalement (on peut aussi le faire à voix haute) un truc du genre "je fais l'intention de faire cette prière". On peut dire par exemple "salat icha insha Allah" c'est à dire "prière icha (celle de la nuit) si Dieu le veut".

Est-ce que ça invalide toutes mes prières passées ? Je ne suis pas bien savant, mais je ne pense pas. L'intention peut se passer de mots. Je ferai plus attention désormais. Mais les prières viennent avant tout du coeur. Si on fait mal quelque chose par ignorance, ça n'entache pas l'intention.

Bon je vais pas m'embarquer sur Ibn Ata Allah ou sur l'histoire de Maïmouna. Ce que je veux dire c'est que si en Droit civil on dit que "nul n'est censé ignorer la loi" en religion le coeur compte avant tout. Ca n'empêche pas de tendre vers plus de science, de faire sa prière le mieux possible.

Un peu de Ibn Ata Allah quand même : "nos oeuvres sont des formes mortes dont la vie réside dans l'intention qui les anime" (citation approximative).

réunions d'invocations

Hier soir on a eu une petite réunion d'invocations. Le jeudi le groupe qui se réunit est très peu nombreux, on commence à bien se connaître. J'étais plutôt fatigué (le boulot en ce moment est assez usant pour les nerfs), et par ailleurs en ce moment je suis dans une phase bizarre pour ce qui est de la foi.

Et la réunion m'a apporté une paix pas croyable. J'ai senti une concentration (je devrais peut-être dire orientation) que je n'avais pas sentie depuis quelques temps. C'est marrant : le nombre ne fait rien à la qualité des réunions. Il m'est arrivé d'invoquer avec juste une autre personne et que ça soit très bien.

On insiste beaucoup dans la voie sur le fait que les réunions sont très importantes. L'assiduité à ces réunions permet de garder le coeur "chaud". D'ailleurs ça fait 2 semaines que je ne suis pas allé aux réunions du week end (où on est beaucoup plus nombreux) et ça me manque. En principe il faudrait suivre une réunion par semaine au minimum.

Je sais que dans certains groupes il y a des réunions très souvent. Au Maroc il y a des frères qui font une wadhifa (réunion) chaque soir. Mais bon une fois par semaine c'est déjà pas mal.

C'est ce qui construit le groupe, et comment dire... le fait d'invoquer ensemble nous rapproche. J'ai déjà expliqué que le groupe de Paris c'est un peu united colors of the tariqa : tous âges, tous milieux et toutes origines. Comment expliquer que tout ça tienne ensemble ? Je vous laisse deviner...

23.6.05

enfin la pluie

Ca y est enfin un gros orage sur Paris. Naturellement toutes les fenêtres sont restées ouvertes chez moi mais bon... ça fait du bien. Si ça pouvait faire baisser la température de quelques degrés...

Je suis épaté par la capacité de certains à donner (dans la voie ou ailleurs). Hier soir j'ai fait part à une soeur de la voie de mes petits tracas de boulot, notamment des tensions avec des gens qui bossent avec moi. Comment dire ça... elle a pris ça à coeur d'une façon incroyable. Elle m'a conseillé... de faire du dhikr, de penser à notre sheikh quand j'ai des moments de tension.

Mais c'est sa façon de donner qui m'a épaté. Pour moi c'est dans mes petits soucis de boulot, j'en parle comme ça, et elle me répond en y mettant le meilleur d'elle même et plus encore. Alors bien sûr elle doit recevoir également. Mais je suis super admiratif. Et très ému.

Un phrase de notre sheikh dit que si on vient le voir avec un dé à coudre il nous remplit un dé à coudre, et que si on vient avec de quoi contenir l'océan il nous remplit avec l'océan. Hum je m'embrouille un peu... c'est à la fois si simple et si compliqué !

Par moments j'ai l'impression de sortir des trucs d'une grande banalité à des gens, et ça leur parle. Parfois c'est moi qui donne beaucoup de sens à une phrase qu'on me dit. Hier j'ai parlé avec un frère, on discutait du fait que c'est plus difficile de recevoir que de donner... en particulier de l'amour. Ca lui a parlé, parce que ça a fait résonner des trucs en lui.

Je ne sais pas si c'est la voie qui fait ça, mais je continue à voir des signes partout. Un signe marrant qui fera sourire mon lecteur qui signe "oiseaux" : ce matin en commençant mes invocations, au moment où j'ai prononcé la première phrase, un oiseau s'est mis à chanter dehors. Puis un autre s'est joint à lui. C'était pas la conférence des oiseaux, mais c'était chouette... ça n'a pas duré longtemps mais c'est pas grave.

Dans ma série "le soufisme pour les nuls" la Conférence des oiseaux c'est un livre très célèbre de Attar, un maître perse. Je ne l'ai pas lu mais j'ai lu quelque part que Rumi lui même a dit d'Attar "il fut l'âme du soufisme, je ne fais que suivre sa trace".

histoire sur la colère

La colère... les gens qui me connaissent un peu ont du mal à le croire, mais j'ai une nature assez colérique. Ca retombe assez vite mais parfois je me mets dans des rages pas possibles. En surface les gens me trouvent très placide, très calme... mais parfois s'ils savaient.

C'est en partie de famille. Mon frère est comme ça, mon père aussi, etc... Je regrette presque toujours quand je me fâche. Récemment j'ai dû attendre d'être "refroidi" avant de parler à quelqu'un de mon boulot d'un sujet qui m'avait mis en fureur. Si je lui en avais parlé à chaud je sens qu'il y aurait eu du sang partout.

Avec la voie ça va peut être s'éloigner de moi... j'espère en tout cas. Hier un frère m'a parlé de la colère, en m'expliquant tout le mal que ça fait au coeur. Dans le Coran il y a un verset fameux qui dit en gros qu'il y a un organe qui, s'il est malade, rend l'homme malade en entier : le coeur (hum ma citation est plus qu'approximative). Et une des maladies du coeur c'est naturellement la colère.

Le prophète se promenait un jour avec un de ses compagnons. Un homme s'approcha d'eux et se mit à leur débiter les pires insultes. Le prophète ne répondait rien, le compagnon s'en étonnait un peu. L'homme continua à les insulter copieusement, tant et si bien qu'à un moment le compagnon se fâcha et lui répondit. Immédiatement, le prophète partit.

Quelques temps après, le compagnon, un peu perplexe, interrogea le prophète sur cette scène. La réponse fut "c'est simple : en te fâchant à ton tour, tu as invité le diable à nous rejoindre. Et là où se trouve le diable, je ne peux pas me trouver, et réciproquement".

On peut prendre le diable dans le sens littéral ou dans un sens figuré, mais cette histoire reste dans les deux cas aussi forte. Tiens ça me fait penser à une parabole dans le livre d'Amadou Hampâté Bâ sur Tierno Bokar. Faudra que j'en parle un jour, c'est une belle histoire d'oiseaux blancs et d'oiseaux noirs sur les bonnes et les mauvaises pensées.

Pour revenir à l'histoire du prophète, inviter le diable c'est très concret : si je me mets en colère contre un collègue qui m'énerve ou qui me "cherche", j'entre dans son jeu. Et je joue son jeu sur son terrain, avec ses règles. Autant dire que je ne maîtrise plus rien. C'est moi qui suis dominé.

Bon on est des pauvres êtres humains... personne n'est parfait et se mettre en colère ça arrive. Mais ce que ce frère cherchait à me dire c'est qu'en faisant ça on se fait du tort à soi-même.

Dernier truc sur la colère : le fait de se mettre en colère est un motif de rupture des ablutions... c'est sans doute pas pour rien. A ce compte là on est pas souvent en état de pureté, et il y a colère et colère, mais bon...

22.6.05

réveils

Ca fait 3 nuits de suite que je me réveille en pleine nuit. Peut-être la chaleur. Normalement je dors bien. A chaque fois je me suis réveillé au milieu de rêves (que je vais pas raconter ici)... mais là où c'est vraiment étrange, c'est que deux fois sur les trois j'ai regardé l'heure et les deux fois il était 3h47. Et j'ai pas regardé la troisième fois mais je suis prêt à parier qu'il était la même heure.

Bon ça c'est les mystères de l'horloge biologique peut-être. Il m'est arrivé plein de fois lors de réveils "importants" (avion à prendre par exemple) de me réveiller tout seul 2 minutes avant le réveil.

Là ça correspond pas à l'horaire d'une prière (ce serait carrément dingue), fajr est plus tôt en ce moment... alors je ne sais pas.

traces de lumière... suite

Un lecteur généreux me donne la citation que je cherchais, le début du livre de Faouzi Skali. Je la reproduis ici :

"Souviens-toi, ô ami, du récit d'un long voyage que tant d'hommes endormis ont depuis longtemps oublié,
Un voyage qui ne se fait ni sur terre, ni dans le ciel, ni dans les océans,
Un voyage dont la distance est l'illusion..."

puis :

"Tu dois pourtant te souvenir de ces rêves diaphanes où tu croyais entendre un appel, où tu voyais poindre une lumière.
Tu dois te souvenir de ces moments de l'enfance où le vent semblait te dire que la vie était ailleurs.
Souviens-toi de ces larmes sans raison, de cette tristesse indéfinie. Sans doute ne le savais-tu pas, mais ton âme aspirait déjà à son image originelle.
Qui donc, ô ami, derrière tant de voiles t'appelle?"

Glurps. Ca met presque les larmes aux yeux.

21.6.05

déjeuner

Déjeuner aujourd'hui avec le responsable du groupe de Paris. Comme toujours ça fait chaud au coeur. Je lui ai parlé de mes difficultés actuelles... il m'a dit un truc très intéressant : c'est souvent dans les périodes où on a du mal avec la pratique qu'on recueille le plus de fruits.

Je me dis qu'il faut juste que je patiente. Après tout ça ne fait que 6 mois que je suis dans la tariqa. Et le fait d'être moins "à fond" en ce moment est peut être un bien : on mesure mieux ce qu'on a quand on s'en éloigne ou quand on en est privé (c'est dans les hikam mais cette idée traîne partout).

Le fait est que les frères me manquent. De ce point de vue on peut dire que la voie m'appelle toujours autant. Après l'objectif, ce en quoi on croit, ce pourquoi on est là, on ne peut pas forcément nommer tout ça. J'ai discuté il y a quelques jours avec un frère qui me disait "on a tous le même objectif : cheminer vers Dieu".

Je l'ai contredit, pas par esprit de contradiction, mais parce que ça ne me paraît pas si simple. Je serais bien en peine de dire si j'ai un objectif. Je suis là et c'est tout. Au cours du déjeuner le responsable du groupe m'a cité un verset très beau concernant le prophète, qui dit (je crois) que Dieu ne l'a chargé que de transmettre le message.

Ca répond à un épisode où le prophète veut à tout prix convertir un de ses oncles qu'il chérit particulièrement. Et ça veut dire naturellement que c'est Dieu qui nous guide, personne d'autre. Si je suis là aujourd'hui, c'est que c'est sa volonté. Et si demain je ne suis plus dans la voie, ce sera sa volonté ; en quelque sorte je n'y peux rien (je sais que l'idée est choquante pour un non croyant mais bref...).

Au cours du déjeuner il m'a aussi rappelé que le sirr (le secret spirituel) de notre voie est si puissant que très peu de gens la quittent. Ou alors ils la quittent mais reviennent. On verra. A la grâce de Dieu.

encore un hasard

Dimanche j'ai reçu un coup de fil d'un jeune homme qui a assisté à une petite réunion pour les gens intéressés par la voie ; c'est marrant il a appelé au moment où je parlais de lui à un ami qui n'est pas du tout dans mes histoires.

Ca doit être le hasard.

traces de lumière

Marrant les coïncidences. Traces de lumière est un livre de Faouzi Skali dans lequel il commente un certain nombre de hikam de Ibn Ata Allah. Je ne l'ai pas lu. C'est un livre que j'avais acheté pour l'offrir, puis je l'ai rendu. Bref.

Hier un frère m'en a parlé, en me le conseillant chaudement. Il m'a dit que le livre commence à peu près par une phrase qui dit "ô ami toi qui cherches à retrouver ce que tu as perdu" (hum si ça se trouve c'est pas ça du tout mais c'est pas grave). Il m'a donné envie de le lire... j'ai déjà souvent évoqué cette idée de paradis perdu, et de retour à quelque chose d'enfoui.

Par ailleurs ce frère me disait que Faouzi Skali parle rarement de Dieu. Il parle d'une réalité, ou utilise d'autres mots, mais sans forcément nommer. C'était intéressant on a dérivé sur Dieu... pour la culture chrétienne Dieu c'est un homme barbu et tout puissant, un peu dérivé de Zeus j'imagine. Pour les musulmans, Dieu est inconnaissable, presque innommable. Pas que ça soit une entité abstraite. Mais ça ne correspond pas à une représentation comme dans la culture occidentale.

Hum je saute du coq à l'âne... un autre sujet dont on a parlé concerne justement l'occident... musulman. C'est à dire le Maghreb (maghreb veut dire le couchant en Arabe je crois bien). Ce frère m'expliquait que dans les premiers temps de l'islam il y a eu beaucoup de luttes de pouvoir, et d'autant plus intenses qu'on était près du coeur c'est à dire la Mecque et Médine.

Du coup selon cette idée c'est plutôt dans les marges de l'empire naissant que s'est en quelque sorte réfugiée la sainteté. La sainteté s'entendant comme le spirituel et s'opposant à l'appétit de pouvoir. Bon on va me dire que c'est une idée simpliste. Mais ça expliquerait qu'il y ait eu autant de saints au Maghreb (et en Asie centrale d'ailleurs).

Tout ça m'éloigne des traces de lumière. Aujourd'hui un lecteur m'a parlé de ce livre en me le recommandant. Marrant. Je me sens désormais quasiment obligé de le lire à court terme. Et dire que ces derniers temps je lisais beaucoup moins.

20.6.05

cours de charia

Dans la voie, on a des cours (c'est pas très formel, il n'y a pas de salle de classe). Notamment sur la charia, c'est à dire la loi, dans plein d'aspects disons très pratiques. Ca peut paraître un peu secondaire par rapport à d'autres aspects élevés, mais c'est important. Je ne sais pas trop dire pourquoi, mais ça compte énormément.

Pour moi qui ai des hauts et des bas, du mal à me concentrer, j'ai l'impression que le rituel est à la fois une routine et un bienfait. Hum je sais pas trop bien expliquer ce que je ressens par rapport à ça.

Toujours est-il que j'ai découvert ce matin que depuis ma conversion j'oublie de dire la shahada à la fin de mes ablutions. J'ai appris à faire les ablutions dans un petit livre très bien, mais pour une raison ou pour une autre j'ai pas percuté là dessus. A la fin des ablutions on récite la profession de foi. Ca prend 10 secondes.

En termes d'intention, je n'ai rien fait de mal. Et je ne pense pas que ça rende invalides toutes mes prières depuis que je suis musulman. Mais ça illustre le fait qu'il y a des petits points qu'on ne perd rien à rappeler. On se dit "bon ça c'est un détail", parfois on n'ose pas demander et c'est bête.

Hier par exemple j'ai appelé un frère pour une question "idiote", il m'a dit très justement "il n'y a pas de question idiote". Pour revenir à mes ablutions, l'intention est le plus important (voir l'histoire célèbre de Maïmouna), mais maintenant que je sais, je n'oublierai pas.

rêve étrange et jardin

Il y a près de 10 jours j'ai fait un rêve étrange. J'habitais dans une maison, le jardin ressemblait à un terrain vague, avec des plantes sauvages un peu partout. Je me promenais dans le jardin, et je mangeais des racines, des plantes un peu bizarres, le goût n'était pas terrible.

Depuis, j'ai pensé à cette phrase de notre sheikh qui dit que l'eau est une mais que les fleurs sont multiples. Et aussi à cette idée que le travail spirituel consiste à retourner la terre, à préparer, à désherber, à semer, bref à tout faire pour que quand la pluie viendra les fruits et les fleurs puissent pousser.

Dans mon rêve on ne peut pas dire que mon jardin était bien préparé pour recevoir la pluie. Il est toujours difficile d'interpréter les rêves, mais peut être que ça voulait dire qu'il faut que je cultive mon jardin, à la fois sur le plan spirituel (le dhikr, l'orientation, la pratique) et sur les autres plans.

17.6.05

pêche à la ligne

Hier soir j'ai discuté avec quelques frères et l'un d'entre eux a commencé à raconter des vieux souvenirs de voyages aux USA dans des régions indiennes, des histoires de chamanes etc... Assez poilant. Le contexte c'est qu'on parlait des autres traditions (on a parlé également des moines orthodoxes du mont Athos par exemple).

Pour revenir à nos indiens, le frère qui racontait ça a été témoin d'un drôle de truc. Il était avec un vieil indien, ils se sont arrêtés devant une rivière. L'indien a mis une ligne à l'eau et a planté sa canne à pêche dans le sol, puis est allé se mettre à l'ombre d'un arbre avec mon ami.

Il s'est "concentré" (je cite les termes de cet ami), et au bout de 10 minutes il a dit "ah il y en a un mais moins gros que ce que j'espérais". Rien n'avait bougé, aucun signe ne montrait quoi que ce soit. Il a relevé sa ligne et a remonté un poisson chat de taille moyenne.

Bon ça ne prouve rien, sinon qu'il y a des choses, des savoirs qui nous dépassent. Mais c'est marrant. En fait c'est cette histoire qui m'a rappelé l'émotion que j'ai eue à lire Cormac Mc Carthy. Pas que ça parle de chamanisme. Mais à cause du côté caché de l'univers. Un rapport avec l'intérieur et l'extérieur dont parle le Coran ?

identité toujours

Dans mes questions actuelles sur qui je suis, d'où je viens et où je vais (oula quel programme) , je me rends compte que j'ai souvent envie de dire salam à des musulmans quand j'en vois... Il y avait ce vieux monsieur malien avec qui j'ai discuté le matin pendant des mois. Et là je me surprends souvent à avoir envie de parler avec des gens.

Peut-être parce que j'ai envie d'être reconnu comme musulman... je ne sais pas trop. Il y a ce post qui parle justement de ça c'est une coïncidence... Moi je ne suis pas barbu, je me balade en costard et rien ne me distingue des autres. Je n'ai ni raison ni intention de me distinguer par l'extérieur d'ailleurs.

Par ailleurs quand je discute avec un autre musulman le fait qu'on soit "frères" n'implique pas forcément qu'on va être d'accord... Dieu sait à quel point la communauté (pour autant qu'elle existe) est diverse et désunie.

Hum dans quoi je m'embarque moi... je voulais juste parler du fait que je suis tenté de dire salam à des gens, comme un clin d'oeil, ou comme le salut entre motards sur la route, et me voilà à parler de sujets plus vastes.

D'ailleurs l'extérieur des gens nous en dit si peu sur leur intérieur... mais ça c'est encore un autre sujet.

un livre oublié

Marrant... quand j'ai répondu au questionnaire et notamment les 5 livres qui signifient beaucoup pour moi, je n'ai pas pensé à un livre qui est pourtant un des plus beaux que j'aie jamais lus. Mystères de la mémoire.

Ce livre c'est Le grand passage de Cormac Mc Carthy. C'est un peu tragique, mais c'est d'une beauté... Ca fait partie d'une trilogie joliment appelée Trilogie des confins.

Un jeune homme de 17 ans qui vit avec son frère et ses parents dans les montagnes du Nouveau Mexique pose des pièges dans la neige en plein hiver pour attrapper un loup qui s'attaque aux animaux de la famille. En relevant ses pièges un matin, il découvre une louve prise au piège. Il la délivre et sur un coup de tête décide le la laisser partir et de la suivre, tournant le dos à sa vie.

Elle l'entraîne vers le Mexique, un Mexique à la fois magique, cruel, hors du temps, sauvage. Je ne vais pas raconter tout le livre ici, mais c'est bouleversant. Le héros va petit à petit vivre des épreuves initiatiques (tiens tiens...), certaines très douloureuses.

Son voyage est autant extérieur qu'intérieur. Il y a par exemple une rencontre extraordinaire avec un vieil indien qui lui parle pendant toute une soirée du monde caché, des esprits, et de la matière dans laquelle est tissée l'univers... Le tout est intemporel ; on ne comprend qu'à la fin à quelle époque ça se passe (je laisse la surprise aux lecteurs).

Je ne sais pas trop comment parler de ce livre, mais en y repensant je suis bouleversé. J'ai lu ça bien avant de rencontrer la voie. Mais en y repensant hier soir j'ai vu tout ça d'un oeil nouveau. C'est un livre évidemment spirituel, sur la quête, les rêves, l'amour, ce que la vie fait de nous et qui nous dépasse. Ce livre a tout pour émouvoir n'importe qui, mais peut-être que pour moi il a été une des choses qui ont balisé mon chemin vers la voie (mon chemin vers la voie... hum je sors de ces trucs parfois... pourquoi pas le chemin de la route pendant que j'y suis).

oubli dans ma liste de liens

Dans les livres à droite, j'ai oublié un livre très beau que j'ai lu il y a un certain temps, sur les conseils d'un frère qui depuis est parti vivre en Angleterre : Vie et enseignement de Tierno Bokar, par Amadou Hampâté Bâ.

C'est un livre qui dit de façon très simple des tas de choses sur l'amour, Dieu, la vie. J'en ai parlé ici déjà, c'est d'une sagesse pas croyable.

Je le rajoute dans la colonne de lectures conseillées.

16.6.05

Iran sur Arte

Mardi soir je suis tombé sur un truc sur l'Iran sur Arte. Ca m'a intéressé, et ce d'autant plus que j'y suis allé récemment. Un reportage très bien sur un journal de Téhéran, puis un débat.

Miracle : pour une fois (c'est peut-être parce que c'est à moitié allemand) le débat était intéressant, avec plein d'informations, et les deux personnes qui parlaient avaient des idées à la fois nuancées et riches sur la situation.

Ca change des stratèges de salon qu'on voit en général sur les sujets disons de géopolitique. Un chercheur français et une journaliste allemande, le tout animé par un allemand. Aucun ne donnait l'impression d'avoir quelque chose à vendre, et ils paraissaient sérieux et bien informés.

Quand je pense que dans le quotidien que je lis j'ai vu successivement ces derniers temps que 75 % des iraniens ont moins de 30 ans, puis que 75 % ont moins de 25 ans, puis que 50 % ont moins de 25 ans, ça fait plaisir de voir des gens qui ont l'air d'avoir un peu potassé leur sujet. Et les deux aiment l'Iran. On les comprend.

Sans faire dans l'angélisme, ils ont tous les deux conclu sur le fait qu'il faut de la confiance entre l'Europe et l'Iran. De la confiance. Tout bêtement. Hum je suis loin de mes sujets habituels.

clin d'oeil

Ce matin dans le métro un truc marrant. Il y a des pubs pour un truc qui s'appelle Empruntis. Les lettres sont en blanc sur un fond bleu nuit. Une affichette juste devant moi dans la rame avait été modifiée par quelqu'un au marker. Plusieurs lettres ont été "masquées", de sorte qu'on ne lit plus que UN IS.

C'est bête mais ça m'a fait sourire. L'unité le grand tout etc...

15.6.05

identité

Je suis confronté à quelque chose qui concerne tous les convertis j'imagine. Et qui concerne certainement beaucoup d'autres gens. Le fait de se convertir, de s'engager dans une voie spirituelle, n'est pas vraiment un choix. J'ai l'impression que ça s'est fait presque indépendamment de ma volonté.

Mais dans la conversion, il y a pas mal de changements pratiques. Sans parler de l'alcool, du porc ou d'autres détails, il y a le fait que j'ai un prénom musulman en plus de mon prénom de naissance. Et le fait que pour le moment je n'ai pas parlé de tout ça à mes parents. Un frère que je connais a attendu 8 ou 9 ans avant de parler de son entrée dans la voie à sa famille. Je ne sais pas comment il a "tenu" aussi longtemps. Mais bon les choses viennent quand elles doivent venir.

Il va me falloir du temps pour en quelque sorte intégrer tout ça dans mon identité, dans ce que je suis. Ca ne veut pas dire que je renie ma vie passée, au contraire. Mais il y a de nouveaux éléments. J'ai déjà parlé ici du prénom et du reste. Même les gens de la tariqa m'appellent indifféremment par les deux prénoms. Pour les parents je suis persuadé que quand mon engagement sera vraiment enraciné ça se fera tout seul. Et tout se passera bien je crois.

Mais tout ça reste un peu délicat. Ces derniers jours j'ai fait plusieurs rencontres "par hasard". Deux personnes que j'ai connues dans ma vie "d'avant", que je reverrai d'ailleurs avec plaisir. Mais c'est marrant que je les aie rencontrés tous les deux en l'espace de si peu de temps, comme un rappel.

Et puis hier soir dans le métro j'ai discuté avec un type habillé en prophète rasta, qui lisait... le Code Noir de Louis XIV. Il m'a fait tout un speech sur... l'identité. En me disant des trucs du genre "on ne m'a pas demandé mon avis avant de me vendre", ou encore "je ne suis pas libre puisque je ne peux pas reprendre mon ancien nom", ou bien "je ne peux pas revenir chez moi".

Ce monsieur est antillais, et par delà le fait qu'il mélange (à mon humble avis) le passé et le présent, il y avait énormément de sincérité dans ce qu'il m'a dit. La partie sur le patronyme notamment m'a beaucoup touché. Qui sommes nous si nous ne "possédons" pas notre nom ? Je lui ai demandé où serait son "chez lui"... il m'a regardé et m'a dit "ah mais monsieur c'est bien là toute la question".

Je ne suis pas sûr qu'il avait des idées très sympathiques, il m'a paru un peu vindicatif, et puis bon je trouve qu'il ne faut pas tout mélanger. N'empêche que ça m'a touché. Je crois que ces questions sur l'identité, sur les racines, sont partagées par tant de gens... un frère m'a encore dit l'autre jour que son entrée dans la voie lui avait semblé un retour à la maison.

Et je repense naturellement à ce hadith (tradition prophétique) tellement beau qui dit que l'amour de ses racines est une des bases de l'iman (la foi). C'est un hasard que je sois tombé sur ce monsieur justement en ce moment ? Allez savoir.

témoignage

Un témoignage d'un frère du groupe de Paris. Bon il se trouve que j'ai énormément d'affection pour lui, donc je dois pas être impartial, mais c'est pas grave. Son texte lui ressemble : à la fois sincère et pudique.

Il parle d'un truc très important : dans la voie, on a l'impression par moments qu'on connaît les autres membres depuis très longtemps. Il y a un amour tout simple entre les gens qui est vraiment bluffant.

L'autre jour j'ai assisté à une scène géniale. Discussion (animée) entre un frère et une soeur de la voie, qui ont des idées opposées sur plein de sujets disons de société. Et pourtant la discussion se passait dans un respect de l'autre pas croyable. Je crois bien que c'est un des trucs les plus beaux : la diversité des gens et en même temps cet amour commun qui nous unit. Hum je deviens lyrique mais franchement cette discussion c'était beau à voir.

instant de sérénité

Je me plains sans arrêt en ce moment de ne pas réussir à me concentrer, d'être tendu (ça ce n'est pas une vue de l'esprit plusieurs personnes m'en ont fait la remarque). Hier soir pour la première fois depuis quelques temps j'ai passé la soirée tout seul. Je ne sais pas si c'est pour ça mais j'ai eu un sentiment assez agréable en faisant mon dhikr.

L'orientation, ce fameux état de concentration qu'on cherche à atteindre quand on invoque, c'est très difficile à saisir. Etrangement, j'ai l'impression qu'hier j'ai ressenti quelque chose... hum je ne suis pas très concret.

Toujours est il qu'après coup, quand je me suis couché, j'ai éprouvé un état vraiment étonnant. Je me sentais bienveillant envers tout le monde, y compris des gens à qui j'en veux ou qui m'énervent pour une raison ou pour une autre. Je me suis endormi très vite, comme bercé par cette sérénité. C'est pas que d'habitude je sois plein de rage ou de haine, non. Mais c'était vraiment un bref moment de grâce, je ne trouve pas d'autre mot.

Ce matin c'était parti. Ca reviendra sans doute.

14.6.05

fils de l'instant

Dimanche j'ai assisté à un atelier de la voie. Ces ateliers servent à faire connaître la tariqa à l'extérieur, à travers des témoignages, des réponses aux questions qu'on se pose fréquemment, etc...

Le frère qui animait l'atelier a parlé longuement à un moment de la célèbre formule sur le soufi, fils de l'instant (j'ai oublié de qui c'est mais ça me reviendra). Pour lui il y a deux sens : le fait que le formes s'adaptent aux circonstances, au siècle, à la société dans laquelle on se trouve. Ce qui ne veut pas dire qu'on laisse tomber l'essentiel, au contraire. Et le deuxième sens c'est qu'on doit s'attacher à vivre l'instant présent.

Ca m'a rappelé une conversation sur l'ego avec le médecin que j'aime bien. Ce médecin me disait que l'ego c'est tout ce qui fait qu'on se projette, mais aussi tout ce qu'on peut traîner avec soi du passé. Hum j'ai du mal à m'exprimer mais tout ça résonne.

C'est pas juste "il faut profiter du moment présent". C'est plutôt que la voie nous apprend (enfin j'espère, concrètement je le vis pas encore comme ça) à ne pas se noyer dans les choses bonnes ou mauvaises du passé, ni dans des projections plus ou moins réalistes sur l'avenir.

A l'appui de ça, il y a cette idée que comme tout est écrit, ça ne sert à rien de se dire "ah si j'avais fait ça, les choses se seraient passées autrement". Il y a cent phrases sur le sujet, comme le hikma de Ibn Ata Allah qui dit "qu'il est ignorant celui qui voudrait qu'en ce moment advienne autre chose que ce qui advient" (citation très approximative).

Mais bon tout ça c'est des phrases. Peut-être que ce qu'apporte le travail concret de la voie (le dhikr, le compagnonnage), c'est la possibilité de ressentir ça de l'intérieur. Pas facile.

J'en fais l'expérience très concrètement dans mes difficultés de concentration. Quand j'invoque, j'ai un mal fou à ne pas penser à ce que j'ai fait la veille, ou à des souvenirs, ou à ce que je vais faire dans la journée, ou même à comment je vais m'habiller. J'ai du mal à être dans l'instant, c'est à dire pleinement à ce que je fais.

Retour sur le médecin que j'aime bien. Il y a longtemps, il m'avait justement demandé si je me souvenais de moments où j'aurais été pleinement à ce que je fais. J'ai connu ça par exemple en faisant du sport... on est alors complètement absorbé par la seconde qu'on vit.

Bon ça part un peu dans tous les sens mes réflexions... mais je repense aussi à un frère qui m'avait dit que tout ce qu'on fait est prière... et que même dans la tâche la plus bête il faudrait la faire au mieux. C'est un peu la même idée.

Hum. J'écris plein de "il faut" ou de "il faudrait". Comment faire comprendre que tout ça ce ne sont pas des obligations, mais des choses que je ressens... ça doit être le fameux goût si difficile à "rendre". Peut-être que je goûte après tout.

13.6.05

livres

Je réponds au questionnaire de DP. Pas facile mais bon... Du coup, je vais "tagger" mon ami pipopipo, qui a sans doute le blog le plus confidentiel du web.

Nombre de livres possédés : à vue de nez, plusieurs centaines, pas des milliers. J'ai beaucoup de livres dont je ne sais pas comment ils sont arrivés chez moi, et que je n'ai pas lus. Il y a aussi beaucoup de livres que j'ai lus puis prêtés et que je n'ai jamais revus. C'est bien je trouve : à part certains livres, quel intérêt de garder des livres qu'on ne va pas relire ?

Dernier livre acheté : un recueil de hadiths. Depuis quelques mois je crois bien que je n'ai pas acheté un seul livre qui ne soit pas lié à la religion ou à la spiritualité. Ma mère me fournit abondamment en livres (souvent en anglais) de divers genres, ce qui me suffit pour assouvir ma soif de lecture.

Dernier livre lu : hors spirituel, un Grisham vraiment nul. Dans le cadre spirituel, je lis et relis certains livres, de façon désordonnée. Difficile de répondre du coup... je dirais les lettres du sheikh Ad Darqawi.

5 livres qui signifient beaucoup pour moi. Arghh là ça se corse. C'est quoi des livres qui signifient beaucoup ? Les livres que j'ai aimés ? Ceux qui me rappellent des gens en particulier ? Pas grave y a pas mort d'homme comme on dit. Allons-y. Je réalise que j'ai jamais eu de livres "fétiches".

- Les liaisons dangereuses. Pour la langue, la plus belle que j'ai jamais lue en français, pour la finesse (parfois il faut relire plusieurs fois pour comprendre des sous-entendus perfides), je sais pas trop bien en parler mais c'est un livre qu'on m'a fait lire sur le tard. J'avais pas lu ça à l'école. Et j'ai pas regretté d'avoir autant attendu avant de le lire.

- Qu'Allah bénisse la France d'Abd el Malik. Hum. Pas le livre du siècle sur le plan de l'écriture, y a des trucs qui m'ont pas trop parlé, ça se lit en 2 heures... mais, et il y a un gros mais : c'est par ce livre que j'ai entendu parler pour la première fois de la tariqa à laquelle j'appartiens désormais. Donc ça signifie beaucoup.

- le monde des non-A d'A.E. Van Vogt. Un vieux truc de SF (j'adore la SF). Pour une raison qui m'échappe, j'ai dû le lire au moins 6 ou 7 fois (voire 10) quand j'étais plus jeune. Depuis, j'ai lu des tas de livres de SF qui "surpassent" ce livre, mais je garde un faible pour lui.

- La trilogie du jardin d'hiver, d'Alice Thomas Ellis. Une histoire pas gaie gaie, mais une narration super intéressante : la même histoire vue par trois personnes dans trois livres séparés. Plus on avance, mieux on comprend les motivations, le caractère des personnages. Bon et puis c'est un livre qui rappelle des souvenirs personnels qui me sont très chers.

- Life of Pi de Yann Martel. Je l'ai lu à un moment où ça n'allait pas fort fort et ça m'a vraiment beaucoup touché. Ca parle de la vie, de la mort, de Dieu, mais d'une façon tellement rocambolesque... Je l'ai offert à ma petite soeur mais je sais pas trop si elle a aimé.

Pfff ... trop dur de se limiter à 5. Mais bon c'est qu'un jeu.

j'apprends l'arabe (suite)

Ca fait quelques temps que je me dis qu'il faut que j'apprenne les lettres de l'alphabet arabe. Ca va faire sourire, mais bon... je voudrais lire des passages du Coran dans le texte. J'ai déjà expliqué ici que même si 80 % des musulmans dans le monde ne sont pas arabophones, le fait de lire (ou d'entendre) le texte en arabe a comment dire... un effet.

Mbref toujours est-il que si je m'en remettais à moi j'en resterais là pour des mois. Et là hop : il y a justement un petit groupe de la voie qui organise une sorte de petit cours pour archi débutants. Ca tombe assez bien je trouve.

C'est pas pour ça que je vais me mettre à lire régulièrement, mais bon... Tiens encore un truc sur le texte sacré : en principe on ne doit pas toucher le Coran si on n'est pas en état de pureté (comme pour la prière). Mais ça ne s'applique qu'au Coran en Arabe... même le Coran bilingue n'est pas concerné. C'est peut-être un détail me direz vous.

Et donc, dans la série "je suis un illuminé", je vais prochainement me mettre à lire des versets en Arabe, sans les comprendre naturellement. Comprendre l'Arabe, le parler, c'est une autre paire de manches.

tag

Dictator Princess m'a "taggé" c'est à dire qu'elle m'a transmis des questions auxquelles je vais répondre ici. Elle même avait été "taggée" par quelqu'un qui a un autre blog. Faites passer en quelque sorte.

C'est sur les livres, donc je vais prendre mon temps pour répondre.

histoire de fou

On m'a raconté une histoire pas croyable. Je sais qu'on va me prendre pour un maboul, mais tant pis. Ah oui une précision : moi j'y ai cru quand on me l'a racontée.

C'est un homme, de culture musulmane mais qui n'était pas pratiquant. Il n'était pas allé à l'école coranique, ne lisait jamais le Coran, etc... Un beau jour il a eu une sorte d'illumination. Il a ouvert un Coran et s'est mis à le lire, alors qu'il n'avait jamais appris à lire l'Arabe !!! Brrrr...

Naturellement il s'est dit qu'il était "élu", s'est mis à faire du dhikr des nuits entières sans même réaliser qu'il ne dormait pas. Il a pensé qu'il devait trouver des disciples, s'est cru choisi pour transmettre aux autres. Mais personne ne voulait le croire. Au bout de quelques temps, il a compris qu'il devait chercher un guide spirituel.

L'histoire ne dit pas s'il l'a trouvé. Mais avoir une "ouverture" pareille et ensuite retomber sur terre, prendre conscience du fait qu'on a besoin d'un sheikh, j'imagine que ça ne doit pas être facile pour l'ego.

paradis et enfer

Un frère avec qui j'ai passé la fin de soirée à discuter vendredi (jusque très tard dans la nuit en fait) m'a raconté une histoire pas mal, c'est japonais.

Un grand samouraï, qui a combattu pour l'empereur, gagné cent batailles, massacré des tas d'ennemis, se met en quête un jour de la porte du paradis et de la porte de l'enfer. Il passe des mois à chercher, sans succès. Un jour enfin on lui dit qu'il trouvera peut-être un vieux sage en haut d'une certaine montagne qui pourra lui répondre.

Il arrive au sommet de la montagne, il y a juste une modeste cabane. Il entre et voit un petit vieux tout noueux, habillé pauvrement, en train de manger dans un plat. Il lui demande "ohla vieil homme, on m'a dit que tu pourrais m'indiquer la porte du paradis et celle de l'enfer...". Pas de réponse. Le samouraï redemande, en disant "je suis le grand samouraï connu de l'orient à l'occident, j'ai combattu pour l'empereur etc...". Toujours pas de réponse. Il s'impatiente et demande "vieil homme es-tu sourd ? Je t'ordonne de me répondre". Le vieil homme se tourne enfin vers lui et lui dit d'un air dédaigneux : "toi, un samouraï ? Mais tu n'es qu'un gueux ! Je ne voudrais pas de toi pour balayer ma cabane !".

Là le samouraï pète un cable, personne ne lui a jamais parlé comme ça. Il voit rouge, sort son sabre du fourreau et fait le mouvement de décapiter le petit vieux. Au moment où le sabre va toucher son cou, le vieux dit "voilà, ça c'est la porte de l'enfer". Le samouraï arrête son geste. Il réalise ce qu'il est en train de faire. Il remet son sabre dans le fourreau. Le petit vieux lui dit : "et ça c'est la porte du paradis".

Cette histoire en vaut d'autres. Ce que cherchait à m'expliquer le frère qui me l'a racontée, c'est que le paradis et l'enfer, c'est en chacun d'entre nous. J'ai déjà expliqué ici que pour moi tout ce qui est vie après la mort, paradis, etc... même si je sais que ça fait partie des bases de l'Iman (la foi) eh bien j'ai du mal à me représenter ce que ça peut être. Je suis peut-être pas assez avancé dans la foi, j'en sais rien.

En revanche l'idée d'un enfer et d'un paradis intérieurs, qui sont là à chaque seconde, ça me parle. Tiens faudra que je revienne sur l'instant, sur le temps etc...

10.6.05

sympathisant ?

Ce midi j'ai déjeuné avec mon ami "spirituel". C'est con : il va arrêter son blog je crois. Après le déjeuner on allait repartir quand un type nous a proposé des invitations pour "prendre l'apéritif chez Nicolas". On a décliné. Mon ami a arrêté de boire (temporairement), et moi, ben... je bois plus.

Du coup en plaisantant j'ai dit (pas devant le type, seulement pour vanner mon pote) : "non merci, on est musulmans". Mon pote s'est marré il a répondu "euh moi seulement sympathisant". Qu'on s'entende bien, je n'ai aucune intention de le pousser ou de le tirer vers l'islam.

Ce qui m'a frappé en revanche c'est que depuis que je suis sur une voie spirituelle c'est pas que je me sente plus proche de lui mais comment dire... il y a une dimension nouvelle dans nos relations. C'était déjà là chez lui. C'est chez moi que ça n'était pas là, ou plutôt c'était là mais je ne le savais pas.

Bon on parle très peu de Dieu, de choses comme ça. Mais par moments j'ai le sentiment qu'on communique de coeur à coeur... comme dans la voie.

orientation

Toujours la lecture de l'Emir Abd el Kader... c'est marrant je suis à la fois scotché et incapable de citer les passages ou les idées de mémoire. Hier dans le métro j'ai lu un passage où il cite un verset qui parle d'orienter sa face vers la Mosquée sacrée...

Naturellement il part dans une grande explication sur cette face... qui n'est autre (si j'ai bien compris, ce qui reste à prouver) que la face de Dieu qui se trouve en nous. C'est difficile à saisir, mais en gros l'orientation n'est pas regarder dans une direction ni même penser à Dieu, ou à la Mecque. Rhha j'enrage de ne pas être capable d'expliquer ce que j'ai reçu de ce texte.

Ca m'a fait penser à ce que m'avait dit un frère un jour : quand on fait du dhikr, ce n'est pas nous qui invoquons, c'est Lui qui S'invoque par nous. Hum je suis de moins en moins clair. Selon la formule consacrée, j'y reviendrai.

marrant

Rien à voir avec mes posts habituels mais bon ce film m'a vraiment fait marrer.

faire tomber la pression

Je reconnais un piège très familier que j'ai déjà vécu : l'adrénaline du boulot, quand on se met sous pression. Je pensais qu'avec ce nouveau travail je serais plus détaché, que je mettrais ça à bonne distance. Macache. Plus j'entre dans les dossiers, plus je me rends compte qu'on se prend au jeu.

Me revient à l'esprit une conversation avec un frère qui exerce un métier avec pas mal de stress, de pressions, de luttes de pouvoir. Il me disait qu'il avait vraiment un problème à rendre compatibles l'engagement dans la voie, le non jugement, le fait de chercher à éduquer son ego d'une part et le côté "struggle" d'autre part.

Sur le moment je lui avais dit "c'est pas un problème, on ne doit pas juger ni trop écouter nos egos mais ça ne veut pas dire qu'on doit être angéliques" et autres bonnes paroles. Facile à dire. Je me rends compte aujourd'hui de ce qu'il voulait dire.

C'est toujours la même chose : la route est très longue, ce n'est pas un sprint mais une course de fond, ne pas céder à ses passions (par exemple la colère contre certaine euh collaboratrice de mon entreprise) c'est tout un boulot. Une éducation.

Je repense à un commentaire qui me conseillait des "baby steps" sur un autre sujet. C'est exactement ça. Un bébé fait de tout petits pas, peut se casser la figure. Et pour moi eh bien il faut que je fasse attention, que je ne pense pas trop au boulot en dehors (et notamment pendant mon dhikr !).

Je sens que la réunion de ce soir à la zouia va me faire du bien.

boulot boulot

Beaucoup de boulot aujourd'hui. Insha allah j'aurai le temps de poster en fin de journée.

9.6.05

temps et patience

Un petit paradoxe : le temps file à toute vitesse. Notre existence est un battement d'aile (je crois que c'est dans un hadith ça mais je suis pas sûr). Et pourtant dans beaucoup de domaines, et pas seulement dans la foi, il nous faut apprendre la patience. D'un côté pas de temps à perdre, et de l'autre il faut savoir attendre.

Pas facile de comprendre tout ça. Par ailleurs je pensais à un sujet connexe : par moments Dieu nous facilite les choses et parfois non, mais quand Il ne les facilite pas ça ne veut pas dire forcément qu'on ne les obtiendra pas ; juste qu'il faut patienter, que ce n'est pas le moment.

Pour être plus concret : hier soir, j'ai reçu chez moi avec un frère deux personnes qui sont intéressées par la voie. On a discuté, fait un tout petit peu d'invocations pour leur montrer le "goût". A la fin on a encore discuté, et là j'ai demandé à l'un d'où il venait, et l'autre a découvert qu'il vient de la ville d'à côté (en lointaine banlieue), de sorte que l'un a pu ramener l'autre en voiture (hum je sais pas si c'est clair). Là on peut dire que le "hasard" a bien fait les choses. Ou que Dieu a facilité les choses.

J'ai aussi remarqué que quand je sors tard d'une réunion de la voie, j'ai presque toujours le train ou le métro qui arrive tout de suite. Bon ça veut pas dire grand chose mais quand même.

D'autres fois eh bien Dieu nous fait patienter. Pour nous éprouver ? Pour nous éduquer ? Pour nous détourner de ce qui est mauvais pour nous ? Allez savoir. Lui est plus savant.

rester zen

Ce matin j'ai failli exploser. Y a une des nanas qui bossent pour moi qui cumule plein de trucs qui m'énervent : elle parle pour ne rien dire, elle réclame sans arrêt plus de moyens, elle utilise des mots qu'elle connaît pas, elle n'a aucun sens des priorités, et en plus elle se prend pour une star. Et elle vient me dire qu'elle est débordée alors qu'hier elle a passé la journée à faire un truc amusant mais sans aucune utilité.

J'étais loin d'être zen, mais j'ai failli lui parler mal en réunion. Respirer. Pfffouuuiii. A priori je suis dans ce job pour quelques temps, donc je me répète qu'il ne faut à aucun prix que je mette du sang sur les murs. Difficile de contrôler son humeur. En plus je suis un peu tendu en ce moment. Mbref tout ça doit être un enseignement, et c'est à moi de faire avec.

Après tout sur le plan du boulot je peux difficilement me plaindre : j'en ai un, pas mal payé, dans un quartier plutôt agréable, etc... Faut croire que la nature humaine est ainsi. Peut-être aussi que si cette jeune femme m'énerve autant c'est parce que certains de ses défauts sont les miens.

J'ai tendance à être psychotique sur l'orthographe ou sur le bon usage des mots par ailleurs... mais est-ce si important ? Hum. Va falloir que je réfléchisse à tout ça. D'ici à ce qu'elle me poursuive pour harcèlement moral...

8.6.05

re-glurps

J'ai relu des trucs que j'ai écrits ici en décembre. 6 mois... ça passe si vite. Bon dans un sens j'ai fait énormément de chemin depuis, dans mes connaissances, dans la pratique, dans la foi aussi. Dans un autre sens j'ai l'impression de faire du surplace : les doutes, les questions, etc...

Faut croire que je vais pas arrêter comme ça de me poser des questions. Et puis 6 mois c'est très peu de temps. Je n'ai guère qu'une certitude : j'ai bien choisi le nom cahin caha. J'ai dû avoir une inspiration ce jour là. Par moments je voudrais aller plus vite, me concentrer mieux, etc... et je n'arrive toujours pas à ce fameux "lâcher prise".

Bon le "lâcher prise" il faut dire que c'est peut-être ce qu'il y a de plus difficile dans la voie (dans la vie ?). Ca viendra.

cacher et halal

Hier soir dîner avec mon ami très proche qui n'est euh disons pas trop sensible à la spiritualité. On a fait les courses ensemble. A un moment je lui ai expliqué que les musulmans pouvaient manger de la viande cachère mais que l'inverse n'est pas vrai.

Bon je suis pas sûr de moi à 100 %. Y a des tas de gens beaucoup plus savants que moi dans le domaine, et en cherchant bien il doit bien y avoir des musulmans qui seraient pas d'accord avec ça. Là n'est pas le sujet.

Disons que dans la tariqa, des frères qui connaissent très bien la sharia m'ont dit ça, et que (je crois) notre sheikh lui-même a conseillé d'aller dans une boucherie cachère si on a un doute sur les boucheries halal (ce qui apparemment peut arriver à Paris).

Bon tout ça n'est pas trop spirituel, et en plus je suis d'autant moins concerné que pour le moment je ne mange pas encore halal. Ca viendra insha allah. Là où c'est intéressant, c'est que mon ami a réagi assez vivement.

Je n'y avais pas du tout mis cette intention, ou ce sous-entendu, mais ce qu'il a compris de ce que je lui disais, c'est qu'en quelque sorte les musulmans seraient plus tolérants que les juifs. Hum. Les interprétations... Je crois pas du tout ça. Je crois pas qu'on puisse faire de généralisations d'ailleurs.

Je voulais simplement dire que c'était une commodité qui nous est offerte si on ne trouve pas de boucherie halal. Rien de plus. Mbref je rase la moquette aujourd'hui.

miséricorde

Je sais que je vais passer pour un malade mais bon... je suis infiniment touché par la phrase qui démarre presque toutes les sourates du Coran, et qu'on prononce aussi avant les ablutions (entre autres occasions) : "bismillahi rahmani rahim".

Il y a plusieurs traductions de ça en Français. Dans la première édition du Coran que j'ai achetée ça disait "Au nom de Dieu le clément le miséricordieux" (je crois). Depuis j'ai trouvé une traduction (je crois d'ailleurs que c'est aujourd'hui la plus commune) qui me plaît beaucoup plus : "Au nom de Dieu le tout miséricordieux le très miséricordieux". C'est ça qui m'émeut. Je sais pas dire pourquoi.

C'est peut-être cette idée de degrés dans la miséricorde. Hum. Je sais pas trop. C'est juste beau.

rêve et agneau

Une soeur m'a raconté une histoire de rêve assez marrante. Il y a quelques temps, elle a rêvé qu'on lui offrait un agneau. Elle en a parlé autour d'elle, et toutes les interprétations y sont passées : présage d'enfants, de bonne fortune, de réussite, etc...

Une semaine après (c'était l'Aïd), quelqu'un lui a offert... un agneau. Tout bêtement. Bon c'est dingue qu'elle ait eu un rêve prémonitoire là dessus. Mais ça montre que les interprétations c'est difficile. Faudrait laisser ça aux pros.

L'autre jour j'étais à la librairie Al Ghazali, une cliente demandait conseil pour des livres sur l'interprétation des rêves en Islam (il y en a pas mal). Apparemment elle voulait quelque chose de très concret, qui réponde à des questions qu'elle se posait.

Le frère qui tient la librairie lui a conseillé un livre plutôt récent, "actuel" disons. Tout en lui disant que l'interprétation c'est pas facile. Je n'y connais pas grand chose, mais je crois bien que même les "grands textes" sur le sujet ne sont pas des guides pratiques, du genre une vache = présage d'argent ou que sais-je encore.

Pour moi la difficulté c'est que dans un rêve on peut tenir tous les rôles, que ce qu'on voit peut symboliser à peu près n'importe quoi. D'où l'idée à laquelle je reviens : faut laisser ça aux pros.

7.6.05

charge spirituelle

On dit que les pratiques "chargent" l'endroit où on les fait. Ainsi la zaouia (l'endroit où se réunit le groupe de Paris) est très chargée. Bon j'avoue que c'est pas un truc que je ressens. Mais plusieurs personnes me l'ont dit.

Il y a un frère par exemple qui vient de Dijon. Du coup il dort sur place. A chaque fois il me fait marrer (je rigole mais je me moque pas hein) parce qu'il m'explique que comme c'est très chargé, il dort peu mais ça lui donne une super pêche. Je sais que je passe pour un illuminé à raconter ça, mais c'est très sérieux cette histoire de charge spirituelle.

Je ne saurais dire si j'ai ressenti ça à Madagh. C'est un endroit tellement à part que c'est difficile de faire la part des choses.

Par contre un truc que je devrais finir par sentir à la longue : il arrive qu'il y ait des réunions en petit comité chez moi. A force ça doit charger mon appartement. Donc je dois baigner dans la baraka quand je dors. C'est plutôt chouette.

blogomania

Marrant. Il y a un type qui a un blog, je pense qu'il est anglais. Il a posté des commentaires ici en me demandant de mettre un lien vers son blog. Ce que j'ai fait volontiers. Je me rends compte qu'il a du passer des heures à surfer sur des blogs plus ou moins liés à l'islam, en demandant à chaque fois qu'on fasse des liens vers son blog.

J'imagine que du coup il doit y avoir des dizaines de blogs qui renvoient chez lui. Je n'ai aucun jugement sur son intention. Si c'est de devenir une star de la "blogosphère" (j'aime pas ce mot mais bon) tant mieux pour lui. Si c'est de diffuser sa vision sur la religion tant mieux aussi.

C'est tellement personnel un blog... ça m'a fait rigoler cette démarche mais après tout chacun fait comme il veut. Parmi mes rares lecteurs on m'a conseillé de mettre des images, ou de citer plus souvent notre sheikh. Naturellement je n'en fais qu'à ma tête.

Ce site n'est pas un site d'information sur la tariqa à laquelle j'appartiens, ni sur la Voie au sens large, c'est tout au plus un compte rendu de mes hauts et bas dans la vie et dans la foi. Pas de cours, pas (ou pas trop) de longues citations, et pas de conseils : je ne suis pas un savant.

abd el kader

Toujours en cours de (re)lecture. Faut lire à petites doses, c'est assez dense. Un truc génial dans sa façon d'exposer se pensée ou ses "dévoilements" c'est qu'il part en général d'un verset qui est en exergue d'un petit texte. Il explique ensuite le ou les sens cachés de ce verset.

Encore une fois, ces sens cachés ne contredisent pas le sens premier. C'est un complément. Je dois être un peu maboul, mais cette façon de présenter sa pensée me touche beaucoup. Je lis l'exergue, par exemple "Certes Dieu a créé toutes choses selon une mesure" (je cite de mémoire) et c'est tout juste si ça me file pas des frissons.

Ca me plonge dans un état un peu méditatif. Et quand je lis le texte qui suit, même si je ne retiens pas grand chose (je serais incapable de reformuler ce que j'ai lu ces derniers jours), je sens bien que je m'imprègne en profondeur.

private joke

Je sais qu'on est pas censé plaisanter avec ça, mais bon... avec un frère de la voie j'ai un private joke : dès qu'on parle d'un truc un peu étonnant, ou en fait un peu à tout propos, je sors "il y a dans tout ceci des signes pour les hommes qui réfléchissent", avec l'air pénétré. Ca nous faire rire en général. Hum pour les non musulmans c'est une phrase qui revient plusieurs fois à des nuances près dans des versets du Coran.

Ce qui me fait marrer c'est que c'est aussi une phrase un peu passe-partout. Un peu comme ces phrases qu'on utilise dans le milieu professionnel pour donner l'impression qu'on suit en réunion. J'ai toujours aimé les proverbes... c'est peut-être pour ça que j'aime bien utiliser ce genre de phrases, je sais pas trop.

De façon stupide, ça me fait penser aussi à une phrase de La Vie de Brian des Monty Python : à chaque fois que les juifs "révolutionnaires" se réunissent pour planifier des actions, il y en a un qui dit "let's create a sub-comittee for action !". Bon je m'éloigne de ma phrase sur les signes.

Une chose est sûre : je ne me serais jamais engagé dans la voie si je n'avais pas rencontré des gens qui ont de l'humour. C'est peut-être secondaire par rapport à la foi, à la dimension spirituelle, à la recherche. Mais c'est important. J'ai du mal avec les gens qui se prennent trop au sérieux.

Pour revenir aux versets en question, c'est en même temps d'une grande profondeur. Et c'est pas parce que je l'utilise pour me marrer que je blasphème.

6.6.05

manque ?

Hébé. Il y a quelques frères que j'ai pas vus depuis 10 ou 15 jours. C'est peu. Et pourtant c'est beaucoup. J'ai raté la "grosse" réunion (celle du week end) à la zaouia pour la première fois depuis longtemps, et je dois bien dire que ça me fait un vide là.

Plus ça va et plus j'ai de la tendresse pour les frères du groupe. Et ils me manquent. Je l'ai sans doute déjà dit, mais c'est si précieux et si rare ces gens. Hum on va encore me prendre pour un dingue. Pas grave. Ca ne me fait pas aimer moins les gens que j'aimais avant (ma famille, mes amis proches). Mais c'est très fort.

Qui a dit que la voie c'est quelque chose qui passe de coeur à coeur ? C'est peut-être ça que je ressens.

polémique

Bon... toujours mon goût pour la polémique. Mais là en l'occurence c'est pas de ma faute. Je commence à me rendre compte que je ne peux pas parler de spiritualité ou de religion avec n'importe qui. Dans la voie ça paraît si facile... j'ai discuté l'autre jour avec un frère qui n'est pas dans la voie. Disons qu'il s'y intéresse mais il reste à distance pour le moment.

C'est quelqu'un de très gentil, je suis toujours très content de discuter avec lui. Mais là il y a eu un bug : je lui racontais que le frère que j'aime beaucoup qui vit en Angleterre va prier le midi ... à l'église. Il ne veut pas qu'on sache qu'il est musulman dans sa boîte pour le moment, et il trouve du calme et un endroit pour se recueillir dans cette église anglicane.

La réaction du frère à qui je racontais ça m'a carrément surpris : il m'a dit "oui mais bon les églises... il y a des représentations, c'est pas très bien, autant aller dans un parc". J'ai failli lui dire "de quoi tu te mêles" ou "qui es tu pour juger ?". Zut alors. Une église c'est la maison de Dieu. Et le coup des représentations... pfff (en Islam on ne doit pas utiliser de représentations, du Prophète par exemple).

C'est très bizarre : le même qui me dit "on est tous frères, on est nés d'Adam" me sort des trucs comme ça. Alors bien sûr dans ces cas là je devrais même pas discuter, mais c'est plus fort que moi. Et il m'a même dit "tu sais, ton ami ferait mieux de dire à tout le monde qu'il est musulman, de crever l'abcès (sic !)". Subhan Allah, que puis-je répondre ? Mieux vaut éviter la discussion dans ces cas là.

C'est con : c'est vraiment, je le répète, quelqu'un d'adorable. Mais il juge les gens (hum en racontant ça je le juge moi aussi donc je suis pas très clair là...). Un autre truc qui m'a mis dans le rouge c'est qu'il m'a dit "je déteste ce que Dieu déteste". Fouyaya. S'il sait ce que Dieu déteste, faut me le dire. Là ça nous entraîne dans des terrains compliqués : comment Dieu pourrait-il détester quoi que ce soit de sa création ? Hum je vais pas parler théologie, je suis bien trop ignorant pour ça.

Juste une leçon pour moi : on ne peut pas toujours parler de religion avec tout le monde. Et malheureusement, pas avec tous les musulmans. Je peux continuer à parler de tout ça avec ce frère, mais faudra que je le laisse parler quand il sort ce genre de trucs. Ou que je change de sujet. La route est longue.

théâtre

Une image qu'un frère m'a donnée la semaine dernière : la vie est une pièce de théâtre (ou un film), on a un rôle à y jouer, à nous de le jouer le mieux possible. Bon c'est un peu austère vu comme ça mais c'est euh... à méditer on va dire.

L'image ne s'arrête pas là : les saints, eux, ont déjà vu la fin ! Voilà pourquoi ils ne s'en font pas.

appel spirituel et gitane

Décidément mon frère m'étonnera toujours. Il garde des trucs pour lui et les lâche comme ça l'air de rien un beau jour. J'ai déjà expliqué que sa réaction à ma conversion m'a beaucoup apporté : il ne me juge pas et même si quelque part il ne doit pas tout comprendre il accepte.

Samedi on a discuté un peu, et à un moment (ce n'est pas moi qui ai mis le sujet sur le tapis) il commence à me parler de religion. Bon il se pose des questions, notamment sur le fait que la religion ou la spiritualité c'est quelque part apprendre à renoncer, alors que c'est déjà assez difficile de savoir ce qu'on veut dans la vie. Mais là n'est pas le sujet.

A un moment il me dit qu'à une époque il s'est posé beaucoup de questions spirituelles (quand on avait genre 20 ans). Glurps. Je m'en suis jamais douté. Et puis moi de mon côté je m'en suis jamais vraiment posé (des questions). On croit connaître les gens et on apprend des trucs comme ça sur eux...

On continue à parler de ça, et là il me raconte un épisode qui lui est arrivé vers 25 ans (il avait plus ou moins cessé de se poser des questions sur Dieu) ; il était en Andalousie (à Grenade je crois). Il se fait alpaguer par une gitane qui attrape les touristes pour leur lire les lignes de la main.

La gitane prend sa main, le regarde et lui dit "porque no te haces cura ?"... "pourquoi tu ne deviens pas curé ?". Et rien d'autre. Apparemment ça ne l'a pas bouleversé plus que ça, mais c'est un épisode assez fort disons. Bon devenir curé c'est encore un autre délire : l'abstinence, etc... C'est aussi servir Dieu et les hommes.

Je ne sais pas si ça a un lien, mais pour ma part j'ai souvent eu la tentation de me retirer du monde pour un temps, ce que j'appelle la tentation de l'ermite. Pour revenir à mon frère, c'est assez étonnant cet épisode. La gitane n'a rien dit d'autre.

patience et justice

Ce matin j'ai eu une audience pour un vieux dossier de prud'hommes au tribunal. 4ème audience, ça fait plus de 3 ans que ça dure. Ca pour être patient faut être patient. Ca doit être une leçon pour moi je suppose.

Les avocats (j'ai failli écrire les baveux) plaident, puis le président dit juste : "délibéré le 5 septembre" et c'est fini. Encore 3 mois. Et après y aura peut-être appel, etc...

C'est un peu bizarre : d'une part je n'attends plus grand chose de cette procédure, et puis grâce à Dieu je n'ai pas vraiment besoin de l'argent que le tribunal condamnera peut-être la boîte à me payer. Mais bon il y a la justice. Et puis je voudrais bien que tout ça soit derrière moi. Je m'aperçois que ces derniers jours ça me stressait un peu même si je ne voulais pas me l'avouer.

Assez enervé du coup. Entre autres contre mon avocate. Mbref soyons patient. C'est long mais je n'y peux pas grand chose.

3.6.05

petite pub

J'en fais pas souvent mais je signale que la traduction (très très bonne) du Coran par A. Penot que j'ai chez moi est sortie dans un format moins "lourd" (couverture souple et plus petit). C'est ici.

Cette traduction est géniale parce qu'elle est simple et accessible et qu'il y a plein de commentaires au fil du texte. Et puis (c'est pas une raison mais bon...) je crois bien qu'Abdallah Penot est dans une voie. Pour autant que je puisse en juger je la trouve plus vivante et mieux écrite que la traduction Casimirski. Hum encore des sujets que je connais pas trop. Mais des frères arabophones m'ont confirmé que la version Penot est très bien. Ca me suffit.

réunion hier soir

Hier soir petite réunion chez moi. On était 7 (nettement plus que d'habitude dans ces petites réunions de la semaine), c'était... génial. C'est bête à dire mais voir des frères c'est toujours un moment qui fait du bien.

Bon là en plus certains ne se connaissaient pas encore, je suis content qu'ils se soient rencontrés. Après les invocations, on a eu un petit topo ou plutôt une discussion à propos de l'histoire (tirée du Coran) où Moïse rencontre le fameux Khidr qui fait des trucs en apparences choquants et insensés devant lui. Je reviendrai en détail sur cette histoire. En gros c'est une leçon de modestie que prend Moïse, et ça illustre le fait qu'il y a souvent un sens aux choses qu'on ne voit pas au premier abord.

Un des frères présent a même fait un parallèle entre les 3 actes que commet ce Khidr (il coule une barque, tue un enfant et remonte un mur écroulé) avec les étapes de la voie. Hum ça doit pas être facile à comprendre promis j'y reviendrai. Mon point c'est que très souvent il y a des interprétations très profondes aux histoires en apparence les plus simples.

Un exemple : on a parlé du verset archi connu qui dit "nulle contrainte en religion". On peut passer des heures à en parler si on y réfléchit. Une seule piste parmi plein : si on considère que tout homme est un croyant "potentiel", alors ce verset s'éclaire : pas la peine de contraindre les gens puisqu'ils sont naturellement croyants ! Bon je m'emmêle je veux parler de plein de trucs... il faut dire que la soirée d'hier était particulièrement dense, j'ai l'impression d'avoir baigné dans plein de belles choses.

Ou une autre histoire très connue qu'on a évoquée hier, une histoire de Nasruddin (c'est un personnage mi-sage mi-fou qui est le sujet de plein d'histoires drôles qui sont autant de leçons spirituelles). Un jour Nasruddin arrive dans un village précédé d'une réputation de savant (qu'il n'est pas vraiment). Les villageois le pressent de monter en chaire et de faire un prêche.

Bien embêté, il leur dit "Savez-vous ce que je vais vous enseigner ?". Les gens crient "Non !". Et lui répond "alors pas la peine que je perde mon temps avec des ignorants" et commence à s'en aller. Les villageois le retiennent, le conjurent de reprendre sa place. Il repose la même question : "Savez-vous ce que je vais vous enseigner ?". Là la réponse est unanime : "Oui !!". Du coup il répond "Bon si vous savez déjà pas la peine que je perde mon temps", et repart.

A nouveau les villageois le pressent de reprendre, jurent qu'ils ont compris. Il repose la même question : "Savez-vous ce que je vais vous enseigner ?". La moitié répond oui, l'autre moitié non. Nasruddin dit alors "Que ceux qui ont répondu oui expliquent aux autres" et s'en va.

C'est un peu bêbête, mais on peut y vois pas mal de choses. Sur le besoin qu'ont les gens de demander à une supposée sommité, même inconnue, un avis alors que la réponse est en eux-mêmes. Sur le fait que tout savoir est très relatif. Sur la perplexité que le guide spirituel provoque chez ses élèves, etc...

Ca m'a fait aussi penser à ce hikma cité hier sur l'ignorant et le savant.

Hum les gens doivent me prendre pour un dingue : je suis hyper content d'une soirée où j'ai passé mon temps à parler de Dieu et de spiritualité et à invoquer.

2.6.05

points à pas cher

Parmi les gens que j'encadre (j'aime pas ce mot mais bon) dans mon nouveau taf il y a une femme originaire du Maghreb (elle est marocaine je crois).

Je l'ai vue en entretien cet après midi pour parler de son boulot, et à un moment je lui ai demandé si elle fait le ramadan. Elle m'a dit que oui. Et du coup je lui ai demandé si elle a des horaires aménagés pendant le ramadan. La réponse est plus ou moins oui.

Naturellement elle ignore que je suis musulman. Du coup je crois qu'elle a du se dire que je suis très prévenant, que je pense à tout etc... Attention : je me serais posé la même question avant ma conversion. Mais là disons que j'ai marqué des gros points avec elle. Pour pas cher. Mais bon Dieu me pardonnera.

vision

Je viens de discuter avec un de mes amis proches. Celui qui est "spirituel" sans être pratiquant d'aucune religion. Il est dans une histoire compliquée, dont je parlerai pas ici. Mais là il m'a raconté un truc pas croyable.

Il se trouvait avec quelqu'un, et a eu une vision. Un autre visage est venu à la place. Il fermait les yeux, les rouvrait en se disant que ça allait partir mais rien à faire. Je crois pas du tout qu'il soit dingue. Il a eu une vision, c'est tout. C'est peut-être son ego qui fabrique ça, je n'en sais rien. Mais c'est quand même assez impressionnant.

Ca ne m'est jamais arrivé. Ou disons pas comme ça. Mais je crois aux visions. Aux rêves prémonitoires. Quand à les interpréter en revanche...

terreur

Dans mon nouveau job j'ai l'impression que je passe pour une terreur. Bon déjà tout le monde se tutoie, sauf moi. J'ai du mal à m'y mettre, et à vrai dire je préfère garder un peu de distance avec les gens.

En plus c'est plutôt féminin comme environnement, et moi j'arrive là dedans disons plutôt froid, je ne copine avec personne (je suis censé euh ramener l'ordre en quelque sorte), et du coup je dois passer pour quelqu'un de brutal et limite sans coeur. S'ils savaient...

Mais bon c'est certainement mieux ainsi. Un avantage pratique évident par exemple c'est que je déjeune seul la plupart du temps. Ca pourra servir pendant le ramadan. C'est plutôt nouveau pour moi le fait d'être dans un boulot où je n'ai pas vraiment d'amis ou de "potes". Là encore c'est certainement mieux.

Bon je suis pas là non plus pour me faire détester. Mais disons que je ne mets pas autant d'affectif dans ce job que ce que j'ai pu faire dans le passé. Un effet d'un détachement que j'aurais peu à peu par rapport au monde ? Je ne sais pas trop. Mais peut-être qu'à mon insu je mets pour une fois les choses à bonne distance. Bien faire mon boulot. Mais pas en attendre je ne sais quoi.

Hum. Faut quand même que je fasse attention à ne pas terroriser les gens.

pause déjeuner

J'ai mangé avec un frère que j'aime beaucoup (je sais je dis ça à propos de presque tout le monde dans la voie mais bon...). Faire une pause dans une journée de boulot avec quelqu'un de la voie ça coupe vraiment. Comme il me l'a dit "on est dans des mondes parallèles".

On a parlé d'un de mes sujets favoris : mes doutes, la sincérité etc... Il m'a dit un truc qui m'a pas mal marqué : le fait même d'avoir des doutes fait partie du chemin. Quand on se lance dans ce chemin spirituel, un des premiers effets est qu'on a des certitudes, des béquilles qui vacillent, qui sont remises en cause.

Alors bien sûr ça c'est des mots, il me faudra du recul pour me rendre compte de tout ça. L'ego se rebelle (concrètement : on n'est pas trop content), mais derrière tout ça il y a une grâce, même si on a du mal à le voir.

On a parlé aussi de patience. Il m'a expliqué qu'attendre en étant négatif, en tournant et en retournant les choses dans sa tête ça n'amène à rien, et que ce n'est que quand on attend en étant confiant que les grâces arrivent. Hum. Facile à dire. Mais c'est bien d'avoir ce genre de rappels. Ca aide beaucoup.

Un autre sujet : la chance qu'on a d'être là. J'ai déjà parlé du groupe de Paris... mais bon j'en reparle. Il y a quelque chose de miraculeux. Ca "marche" au sens où il y a beaucoup d'harmonie, alors qu'il y a des gens de tous les âges, de tous les milieux, d'au moins 10 pays différents... et tout ça forme un groupe uni.

On a tendance à trouver ça normal au bout d'un moment mais quand on y réfléchit c'est littéralement incroyable. Et la seule chose qui nous unit c'est cette voie. Faut croire qu'on est pas là par hasard.

1.6.05

distance

Un autre sujet sur lequel il faudra que je revienne (mes idées sont pas claires là dessus, je sors d'une journée de boulot avec pas mal de trucs, etc...), c'est la distance entre ce que je lis et ce que j'éprouve. Je m'explique : je lis des trucs de grands maîtres du passé, des hadiths, ... et je ne peux m'empêcher par moments de me dire que "c'est pas pour moi".

En quelque sorte j'ai l'impression que ces leçons ou ces textes s'adressent à des gens qui sont à un tel niveau spirituel que j'en suis très très loin. Quand Ibn Ata Allah parle du délai avant que Dieu nous accorde ce pourquoi nous le supplions, il parle de gens qui réclament Dieu, qui demandent à s'élever, etc... j'ai l'impression qu'à côté mes "demandes" sont si terre à terre...

Et pourtant ces textes me parlent profondément. Allez comprendre.

une jolie sur le renoncement

Encore une phrase de Ibn "magic" Ata Allah (je certifie pas que la citation est pas dans l'ordre inverse, mais ça change pas grand chose) :
"Qu'a-t-il perdu, celui qui T'a trouvé ?
Qu'a-t-il trouvé, celui qui T'a perdu ?"

Au delà du côté belle phrase, c'est, une fois de plus, une invitation à accepter ce qui nous échoit. Hum. Comme souvent je cite des belles phrases mais ça veut pas dire que je me les applique, loin de là. Mais ça reste une très belle phrase. Reste à savoir comment faire pour que ça ne soit pas qu'une phrase, mais pour que la leçon porte. La route est droite mais la pente est rude comme disait un premier ministre que l'Histoire a déjà enterré.

Bizarrement tout ça me fait penser à une autre phrase de Ibn Ata Allah qui dit (là c'est très approximatif) : "une désobéissance qui mène à se tourner vers Dieu vaut mieux qu'une obéissance qui nourrit l'ego". Il y en a tellement... j'ai du mal à résister au plaisir de citer aussi (même si c'est sur un sujet un peu différent) "un ignorant qui n'est pas satisfait de lui vaut mieux qu'un savant qui se satisfait de son savoir". Hum. On va croire que je suis dans un fan club ou quelque chose du même genre. Va falloir que j'y revienne.

je relis...

Les écrits spirituels d'Abd el Kader. J'avais prêté ce livre à un frère, du coup ça fait quelques mois que je l'avais lu et je le redécouvre. C'est très particulier. D'une part, il est dans des considérations très élevées, assez métaphysiques (pour les pros, il s'inscrit dans la continuité d'Ibn Arabi). Par moments je ne comprends pas du tout ce à quoi il fait allusion. Mais en même temps, sa façon d'expliquer les choses est si vivante.

Il y a un côté génial. Il part souvent d'un verset, ou d'un hadith. Puis il explique le sens caché de ce verset. Ce sens caché ne vient jamais contredire le sens premier. Mais il le complète. Et là où ça donne des frissons, c'est qu'en général le sens caché lui est "dévoilé" par une vision qu'il expose très simplement. En quelque sorte Dieu s'adresse à lui directement.

J'en ai déjà parlé ici il y a longtemps, mais l'emir est l'auteur notamment de l'interprétation célèbre d'un verset (interprétation qui lui vaudrait d'être violemment critiqué par certains aujourd'hui). C'est le verset (je crois que c'est 17:23) qui dit "Dieu a décrété que vous n'adoreriez que Lui". Il en tire l'idée si audacieuse que quelque soit l'objet de notre adoration c'est Dieu qu'on adore, même si on ne s'en rend pas compte.

Ca ne veut pas dire qu'il met sur le même plan les musulmans et les autres, croyants ou pas. Mais qu'il affirme que tous aiment Dieu. En gros en tout homme il y a un musulman. Pas un musulman au sens des commandements de l'islam (les 5 piliers etc...), mais au sens de l'amour de Dieu. Hum je deviens lyrique faut que je me calme.

Quand j'avais parlé de ça au frère qui tient la librairie que j'aime bien (je venais de lire ce passage et j'étais tout enthousiaste) il s'était marré : il voyait très bien de quoi je parlais. Il faut croire que cette interprétation de ce verset est "célèbre" parmi les gens de la voie. Vu ce qu'on doit en conclure ce n'est pas étonnant.

Pour revenir à ma lecture d'hier soir, j'ai lu un passage où il explique pourquoi la prière se fait en partie à voix haute et en partie à voie basse (dans le détail, l'aube c'est à voie haute, la journée à voie basse et le soir un mix des deux). Ca l'entraîne dans une explication sur l'Essence, le monde manifesté et le monde non-manifesté, bref des trucs pas faciles à saisir. Et pourtant à la lecture on "sent" qu'on comprend quelque chose de profond. Désolé de ne pouvoir le retranscrire ici.

Par ailleurs sur le sujet il commence par dire qu'on lui a posé la question, et qu'il a répondu ce qui (je cite) "constitue la moitié du savoir", à savoir "je ne sais pas". Ce n'est que par la suite qu'il a reçu une inspiration qui lui a révélé le sens du fait qu'on prie tantôt à haute voix, tantôt silencieusement.

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