14.6.05

fils de l'instant

Dimanche j'ai assisté à un atelier de la voie. Ces ateliers servent à faire connaître la tariqa à l'extérieur, à travers des témoignages, des réponses aux questions qu'on se pose fréquemment, etc...

Le frère qui animait l'atelier a parlé longuement à un moment de la célèbre formule sur le soufi, fils de l'instant (j'ai oublié de qui c'est mais ça me reviendra). Pour lui il y a deux sens : le fait que le formes s'adaptent aux circonstances, au siècle, à la société dans laquelle on se trouve. Ce qui ne veut pas dire qu'on laisse tomber l'essentiel, au contraire. Et le deuxième sens c'est qu'on doit s'attacher à vivre l'instant présent.

Ca m'a rappelé une conversation sur l'ego avec le médecin que j'aime bien. Ce médecin me disait que l'ego c'est tout ce qui fait qu'on se projette, mais aussi tout ce qu'on peut traîner avec soi du passé. Hum j'ai du mal à m'exprimer mais tout ça résonne.

C'est pas juste "il faut profiter du moment présent". C'est plutôt que la voie nous apprend (enfin j'espère, concrètement je le vis pas encore comme ça) à ne pas se noyer dans les choses bonnes ou mauvaises du passé, ni dans des projections plus ou moins réalistes sur l'avenir.

A l'appui de ça, il y a cette idée que comme tout est écrit, ça ne sert à rien de se dire "ah si j'avais fait ça, les choses se seraient passées autrement". Il y a cent phrases sur le sujet, comme le hikma de Ibn Ata Allah qui dit "qu'il est ignorant celui qui voudrait qu'en ce moment advienne autre chose que ce qui advient" (citation très approximative).

Mais bon tout ça c'est des phrases. Peut-être que ce qu'apporte le travail concret de la voie (le dhikr, le compagnonnage), c'est la possibilité de ressentir ça de l'intérieur. Pas facile.

J'en fais l'expérience très concrètement dans mes difficultés de concentration. Quand j'invoque, j'ai un mal fou à ne pas penser à ce que j'ai fait la veille, ou à des souvenirs, ou à ce que je vais faire dans la journée, ou même à comment je vais m'habiller. J'ai du mal à être dans l'instant, c'est à dire pleinement à ce que je fais.

Retour sur le médecin que j'aime bien. Il y a longtemps, il m'avait justement demandé si je me souvenais de moments où j'aurais été pleinement à ce que je fais. J'ai connu ça par exemple en faisant du sport... on est alors complètement absorbé par la seconde qu'on vit.

Bon ça part un peu dans tous les sens mes réflexions... mais je repense aussi à un frère qui m'avait dit que tout ce qu'on fait est prière... et que même dans la tâche la plus bête il faudrait la faire au mieux. C'est un peu la même idée.

Hum. J'écris plein de "il faut" ou de "il faudrait". Comment faire comprendre que tout ça ce ne sont pas des obligations, mais des choses que je ressens... ça doit être le fameux goût si difficile à "rendre". Peut-être que je goûte après tout.

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