Cahin Caha

J'ai reçu un mail du responsable du groupe de Paris. Normalement il y a une réunion tous les samedis. Là c'est un mail pour prévenir que la réunion est avancée à ce soir.

Je ne pourrai pas y aller, mais ça m'a fait super marrer : vous ne devinez pas pourquoi la réunion est avancée ?

Je vous aide : et un, et deux, et trois zéro. Toujours pas ? Encore un indice : l'été dernier, j'étais à Madagh quand il est arrivé là bas. C'est par lui que j'ai appris le retour de Zidane en équipe de France. J'ai refusé de le croire pendant toute une soirée.

Toujours pas deviné ? De quel pays viennent les instruments appelés agogo, cuica, berimbau ? Si vous ne trouvez toujours pas c'est désespéré !

Dans le mail (j'espère qu'il me pardonnera de le citer), il ne fait aucune allusion au match de samedi. Il dit juste un truc du genre "afin de réunir toutes les conditions pour une assiduité maximale". J'ai éclaté de rire quand j'ai lu ça. C'est aussi ça l'adab je pense.

Bon actualité oblige, un petit mot sur le mondial. Pour jouer le Brésil on a l'arbitre espagnol qui a offert la qualification aux Italiens. Incroyable. Mais bon même avec les éléments contre nous ça va bien se passer.

Un petit retour sur Zidane. Interviewé après le match contre l'Espagne, il a gentiment réglé leur compte aux Espagnols (qui, rappelons le, ont parlé de le mettre à la retraite pendant toute la semaine).

Puis il a regardé la caméra, et a juste ajouté "je voudrais passer un bonjour à ma maman, et lui dire que je l'aime".

Ce type est pas croyable.

On m'a récemment rappelé des éléments sur la vie d'Al Ghazali, lors d'une conversation après une réunion. Il a été considéré comme le plus grand savant de son temps. Il était à la fois un maître des sciences dites extérieures, et un penseur et philosophe influent, bien en cour, etc...

Arrivé au faîte de sa gloire, il a vécu une profonde crise spirituelle. Voilà quelqu'un qui maîtrisait tous les savoirs de son temps, et qui s'est posé la simple question : "de quoi suis-je certain ?".

Patatras. Toutes ses certitudes se sont alors (semble-t-il) effondrées. C'est là qu'il s'est mis en quête d'un maître, et qu'il a embrassé la voie intérieure. Il a abandonné ses fonctions, ses richesses et sa position pour chercher.

Bon je sais c'est résumé à très grands traits. Mais ça a résonné dans ma tête par rapport à une phrase qu'on m'avait dite, qui était en gros "va vers ce dont tu es certain". Facile à dire. Avec tous mes doutes, je serais bien en peine de savoir où aller.

Et pourtant il y a un chemin. Si je cite Al Ghazali c'est pour montrer que les certitudes appuyées sur le savoir intellectuel le plus élevé ne sont pas grand chose. Je pourrais aussi citer une phrase de Faouzi Skali qui dit en substance qu'une religion sans doute se dessèche et devient morte.

Par moments, on a l'impression que le coeur sait. Qu'il entrevoit des choses. Mais c'est si fugace... Allez savoir pourquoi, mais hier en faisant mes invocations je me suis marré quasiment de bout en bout. Et c'était avant le match de foot hein !

Hum on va encore me prendre pour un illuminé. Pas grave.

Je l'avais pas dit ? Trop bon... la pub Toyota que voilà résume assez bien mon état d'esprit !

A force d'enchaîner les week-ends, les tensions du boulot, etc, j'ai fini dimanche soir super fatigué. Pour ne rien arranger j'ai regardé une émission de foot jusqu'à 1h, puis un super film sur Canal. Bref lundi matin c'était le désastre.

Compte tenu de mes week-ends travaillés, de mon état général et de la situation, j'ai donc décidé de me voter une journée de repos. C'est la première fois depuis que je suis dans ce job. Du coup j'ai dormi jusqu'à 4 h de l'après midi. Quel bonheur...

Le soir, je suis allé à l'église Saint-Eugène Sainte-Cécile, où la chorale dans laquelle chante mon frère donnait un concert. J'en ai eu des frissons, c'était carrément magnifique. Il y a là-bas un orgue monumental. Du coup je me suis demandé comment c'est alimenté en énergie. La réponse complète est ici, mais faut au moins un bac+3 pour tout comprendre !

Et ce soir on va battre les Espagnols. Elle est pas belle la vie ?

Hier soir il y avait une petite réunion chez moi. Vraiment petite : au début j'ai cru qu'on ne serait que deux. Puis après qu'on a commencé un troisième est arrivé.

Je n'avais pas trop la forme dans la journée, sans doute à cause de mes histoires de boulot (ça ne s'arrange toujours pas !). Du coup j'étais un peu à 2 de tension au début de la réunion.

Et puis se mettre à lire Yasin (la sourate par laquelle on commence toujours une réunion) m'a paru d'une grande douceur. Un peu comme de manger du miel. Je ne sais pas trop comment expliquer ça.

Les mots s'enchaînent, sans difficulté, et une sorte de paix s'installe. Hum. Une heure avant la réunion je me demandais un peu ce que je faisais là. Et dès que ça a commencé les doutes sont partis.

Après la réunion j'ai eu des nouvelles d'un frère assez spécial. C'est quelqu'un qui est presque transparent tant il est angélique (je ne trouve pas d'autre mot). Il rayonne de bonté, on a l'impression qu'il ne ferait pas de mal à une demi-mouche.

Il a eu un accident il y a deux jours : la balustrade de son balcon a cédé, et il est tombé du 2ème étage dans sa cour. 8 mètres quand même. Eh bien figurez-vous qu'il est tombé sur des vélos (je crois), en tout cas pas directement sur le sol. Il a des bleus partout, mais rien de cassé !

Les pompiers n'en revenaient pas paraît-il. Ca m'a fait sourire. Je n'en tire aucune conclusion. Bon dans la voie il y a des histoires difficiles à croire, mais je ne mets pas celle-ci dans cette catégorie. Après tout la chance existe.

Je me demande juste ce qu'il a éprouvé quand il était en train de tomber. Il dit qu'il s'en est remis à Dieu, puisqu'il ne pouvait plus rien faire. Je ne sais pas comment je réagirais... Drôle d'histoire non ?

On m'a rapporté récemment une citation de Picasso. Je ne me rappelle que l'esprit général, mais en gros ça dit "il m'a fallu 10 ans pour apprendre à peindre, et le reste de ma vie pour apprendre à dessiner comme les enfants."

Il y a longtemps, j'avais vu une oeuvre de jeunesse de Picasso (une oeuvre faite à 15 ou 16 ans je crois). J'avais été très surpris : c'était une peinture très "académique", d'un grand classicisme.

Je n'ai compris qu'après ça qu'il avait commencé par être un élève très brillant, capable de dessiner et de peindre dans le goût des peintres du 16eme ou du 18eme.

Zut qu'est-ce que je suis nul en peinture et en histoire de l'art. Dans Le Greco, dans Velasquez, il y a déjà des côtés très modernes. Mais mon point c'est ça : Picasso a d'abord maîtrisé les bases, très tôt. Je crois que c'était une sorte de prodige, capable de briller dans tous les styles. Ici je reproduis grâce à ce site pas croyable une peinture datant de ses 16 ans.

Puis il s'est mis à chercher. C'est un lieu commun de dire qu'on ne retrouve jamais la beauté des dessins qu'on fait enfant. J'ai récemment revu des dessins que j'avais faits à 6 ans, ça m'a vraiment surpris.

Pour revenir à Picasso, sachant qu'il a commencé à apprendre la peinture à 6 ou 7 ans sous la férule de son père, il n'a peut-être pas eu cette période où le dessin est insouciant. Hum je fais des hypothèses hasardeuses.

Toujours est-il que le fait qu'il ait passé ensuite sa vie entière à chercher le trait, le dessin de l'enfant, ça m'émeut beaucoup. Et c'est vrai qu'avant de comprendre qu'il maîtrisait parfaitement toutes les techniques, il me manquait une clé pour comprendre sa peinture (pour autant qu'on puisse "comprendre" un truc pareil).

La deuxième reproduction date de l'année de ses 90 ans... marrant non ?

Sans doute mon ego qui me guide... je me mets facilement en colère (bon ça c'est une constante depuis longtemps).

Tant pis pour l'adab, un truc qui m'a mis en rogne récemment, c'est un lecteur qui m'a écrit un mail, qui "ne cherche que mon avantage", et qui me met en garde contre le fait de m'exposer, de parler de mes fautes, des mes doutes.

Tout ça avec à l'appui des hadith et des versets naturellement. Il faudrait que je ne parle que de mes expériences positives, peut-être (mais je fais sans doute un procès d'intention) que je ne parle que de choses "édifiantes". Naturellement ce lecteur ne me juge pas (dit-il...), ce n'est que pour mon bien, et ce ne sont que des rappels, parole divine à l'appui, de ce que doit ou ne doit pas être un cheminant.

Mais j'ai envie de demander à ce lecteur de s'occuper de son propre ego, et de ne pas me juger. Après tout, si ce que j'écris le choque, il peut passer son chemin. Il m'a répondu "être choqué ou pas n'est pas la question". Sous entendu ce n'est pas lui qui est choqué, c'est juste un avis incontestable pour m'éviter de m'égarer.

Pfff. Je sais que ça part certainement d'un bon sentiment, mais je suis ce que je suis, et sur ce blog je parle de ce qui m'arrive en essayant d'être sincère. Tant pis si c'est mon ego qui commande. Ce site n'est ni un site officiel sur le soufisme, ni un site éducatif. C'est juste mon témoignage, avec mes faiblesses, mes bonheurs, mes hauts et mes bas. Je ne suis pas un modèle. Je fais ce que je peux.

J'ai certainement un problème avec les critiques, j'ai du mal à entendre certaines choses. Mais je suis en accord avec moi-même dans ce que je raconte ici.

Par ailleurs, j'ai toujours du mal avec les gens qui s'abritent derrière des hadith ou des versets plutôt que d'admettre qu'ils donnent leur opinion personnelle. Ca m'énerve un peu à vrai dire. Ca me rappelle une colère que j'avais piquée parce qu'un frère disait devant moi "je déteste ce que Dieu déteste" en parlant de certaines personnes. No comment.

Hum. Voilà c'est dit. Le lecteur en question se reconnaîtra certainement.

Je suis épuisé. Pas par le boulot, par mon week end. Petit voyage à Madrid chez un ami de toujours. On a comment dire... fêté ça assez fort : pas beaucoup de sommeil, et beaucoup de rigolade.

Le retour à Paris est un peu difficile du coup : entre le match nul piteux de la France et la tête d'enterrement de mon patron ce matin, c'est pas la grande fête.

Heureusement non loin de mon bureau il y a le jardin du Luxembourg. J'ai passé une heure assis sur un banc à profiter des chants des oiseaux en lisant le journal. J'aurais bien fait une petite sieste, mais j'ai eu peur de ne pas me réveiller à l'heure.

La réunion de jeudi était géniale ; ce jeudi il y a à nouveau une réunion. Je suis impatient. Ce week end j'ai discuté un peu de la voie avec la femme de mon ami, qui est aussi une amie proche. Elle trouve que depuis 2 ans je suis "plus serein". Je ne sais pas trop quoi dire là dessus, il y a des hauts et des bas.

Je ne sais pas si c'est la tariqa qui me rend plus "zen" face aux vicissitudes du boulot par exemple. D'ailleurs jeudi lors de la réunion de la mort qui tue je n'ai pas du tout pensé à m'orienter. Tiens faudra que je pense à raconter tout ça aussi...

Hum pas les idées claires moi aujourd'hui. Ca ira mieux demain !

Je suis repassé de 1% de chances de rester ici à 1,5 %. Youpi. Réunion surréaliste cet après-midi, où j'ai cherché à provoquer un "choc psychologique" comme disent les présidents de club de foot qui nomment un nouvel entraîneur.

Je ne sais pas si je dois tout raconter, mais c'était hallucinant. Au moins j'ai dit en partie ce que j'ai sur le coeur.

Tiens j'ai tiré au sort une sapience de Ibn Ata Allah. Ca dit ça :

"Ne t'exagère pas l'énormité d'un péché au point que cela te fasse douter de la miséricorde de Dieu à ton égard. En effet, qui connaît le Seigneur considérera son péché comme petit en face de la générosité de Dieu."

Je ne sais pas s'il y a un lien avec ma situation. Mais le rappel de la générosité est important. Comme me l'a dit une lectrice récemment, c'est Lui qui prend, Lui qui donne. Après tout je suis en bonne santé, pas si malheureux que ça, et je vais voir des frères ce soir et des amis proches demain !

Peut-être que le moment est venu que je rencontre une femme ? Après tout dans ce marasme ce serait pas mal. Mais bon je ne sais pas quand ça arrivera ! En tout cas ça m'étonnerait que ça soit une des femmes de mon équipe...

Bon y a aussi le mondial en ce moment... j'ai décidé de remettre mon footix sur ma télé, et d'adopter l'esprit footix : on n'aura pas d'autres joueurs ni d'autre sélectionneur, donc autant faire avec.

Mais qu'il est dur de ne pas critiquer ! Je ne sais pas si je vais pouvoir tenir comme ça. A chaque fois qu'on joue mal, je me dis "esprit footix", façon de me rappeler que je dois soutenir l'équipe de France quoi qu'il arrive.

Il faut dire que j'ai un long historique de supporter râleur, tout le temps en train de grogner devant les matches. Sauf en 2000, et encore...

Là cette année j'ai plus ou moins décidé d'avoir "bon esprit". Pourvu que ça dure. Déjà l'autre a pris Ribéry, c'est pas si mal. OK on est la "grosse équipe" qui joue le plus mal, OK on est les seuls à pas avoir gagné, OK on voit pas trop l'esprit d'équipe et certaines phases font dangereusement penser à 2004, l'année où toute l'équipe courait comme des poulets à qui on aurait coupé la tête.

Mais cette année on y croit. Esprit footix je vous dis !

Sur un autre sujet, j'ai cru comprendre qu'en Algérie et (je crois) en Tunisie ainsi qu'en Palestine le mondial ne passe pas sur des chaînes gratuites. Les bras m'en sont tombés, je trouve que c'est carrément honteux. Et encore je reste poli. Adab tout ça.

A 99 %, il va falloir que je me cherche un nouveau boulot. Ca semble vraiment parti pour se finir. Demain j'ai une réunion qui va certainement tourner à la boucherie, et je pense que mon patron a déjà pris sa décision.

Bon je sais que je devrais être dans le non-jugement mais mon boss est franc comme un âne qui recule. Du coup je suis pas mal en colère contre lui. Espérons qu'au moins je vais partir de là la tête haute.

Je vais essayer de m'orienter pendant la réunion ; ça pourra servir !

Je crois bien que ça fait presque 3 semaines que je n'ai pas assisté à une réunion. Eh bien ça me manque. Beaucoup.

Le fait de revenir chez moi est déjà très bien : pour mes invocations, je m'y sens mieux que dans une chambre d'hôtel dans un pays étranger. Mais le fait de se réunir avec des frères apporte tellement...

Vivement jeudi !

Pour ceux de mes lecteurs qui seraient à Paris le 17 juin, je conseille un atelier de présentation de la voie qui promet d'être particulièrement intéressant. Le frère qui l'anime est... comment dire... il est tout à la fois très érudit, très modeste, et captivant.

L'an dernier, j'avais assisté à un atelier sur un thème assez "pointu" : la descente du Coran (comment le Coran est-il "descendu" vers le prophète, comment a-t-il été recensé). Thème pointu ou pas, j'avais été littéralement ébloui. Bref allez-y si vous le pouvez !

Moi-même, hum... je ne serai pas là ! Je pars voir des amis très chers pour le week end.

Attention hein, les autres ateliers aussi sont très intéressants ! C'est juste que ce frère (un des plus anciens foqaras occidentaux) est vraiment impressionnant.

Mystères de l'édition... ce week end j'ai lu un livre carrément génial, Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes Russes. Je rigolais tout seul dans l'avion, dans le train, et même dans mon lit.

C'est l'histoire abracadabrante d'un jeune russe émigré aux USA qui retourne en Europe de l'Est pour faire fortune dans les années 90, dans un univers loufoque.

Pour une raison qui m'échappe totalement, la photo utilisée pour l'édition française (très belle photo, très jolie jeune femme, très beau regard... peut-être est-ce pour ça que j'ai choisi ce livre, allez savoir), bref cette photo (ici à gauche) est la même que dans l'édition américaine, sauf que dans l'édition U.S. la jeune femme porte des lunettes de soleil !

Je dois dire que ça me laisse perplexe. Au jeu des 7 erreurs, le tableau au fond est également différent, et il manque un ventilateur par terre dans la version française. Pourtant c'est bien la même photo au départ, pas de doute. Hum. Bizarre autant qu'étrange comme dirait l'autre.

On dit dans les prospectus que Rome est la Ville Eternelle. Je vais pas faire de grandes phrases, mais quelle ville ! J'ai retrouvé ma petite soeur là-bas, elle a trouvé que j'avais un sourire béat en la retrouvant. Le sourire en question ne m'a pas quitté du week end !

Je n'ai visité aucun musée, aucune église, sans parler des monuments comme le Colisée, le Panthéon, le Forum, etc... La dernière fois que j'étais venu j'avais pas mal fait de visites.

Là on s'est contentés de petites promenades au hasard des rues, le nez en l'air pour admirer les terrasses ou les détails des immeubles. Et les cours. Et les peintures vieillies sur certains murs. Et j'en passe ! C'est tellement hallucinant...

Et le mieux, c'est la douceur de vivre, cette impression que les gens ont le temps, qu'ils sont civilisés. Une visite quand même (c'est rare de pouvoir y pénétrer) : le Palais Farnèse, autrement dit l'ambassade de France. Fouyaya.

Samedi, on s'est promenés le long de la Via Giulia (photo) : une rue parallèle au Tibre, qui regroupe des tas de palais du XVIe et du XVIIe, où l'on chemine à l'ombre, dans un calme qui fait oublier les cars de touristes et les endroits bondés.

Bon tout a été dit et écrit sur Rome. Sur le fait qu'à chaque instant 2000 ans d'histoire se superposent dans ce qu'on voit. Dans une petite rue un boulanger voisine avec un antiquaire, lui-même voisin d'un garage à scooters... Mbref je m'y sens comme chez moi ! Il faut dire que j'ai la chance d'être hébergé là-bas, ce qui aide beaucoup. J'ai juste envie de dire merci.

Je crois bien que c'est un verset qui dit que la nature de l'homme est d'oublier. Mais je ne suis pas tout à fait sûr. Le dhikr c'est invoquer Dieu, mais c'est formé sur une racine qui veut dire se souvenir.

Dans l'idée de rappel, il y a quelque chose qui me fait me sentir pas très bien. Peut-être à cause de l'idée de rappel à l'ordre, comme lorsqu'on a fait un écart. Hum je sais pas trop où je veux en venir. Mais quand j'entends rappeler que la nature de l'homme est l'oubli, qu'il lui faut sans cesse se rappeler d'où il vient, j'ai l'impression que ça me fait culpabiliser.

Vous me direz, si je culpabilise, c'est mon problème. Pas celui de Dieu. Peut-être que je me sens coupable quand je constate que j'ai passé une journée entière sans penser à Dieu. Je ne devrais pas me sentir coupable pour ça, mais je sens un malaise.

Hum. Faut juste que je fasse mon dhikr je suppose. Et même si je le fais la tête ailleurs, c'est mieux que ne pas le faire.

Pour revenir à la culpabilité, je suis comme tout le monde : sans même se placer sur le plan du péché, ou de l'interdit, il m'arrive souvent de faire des choses qui ne sont pas bien, ou de me dire après coup que ce que j'ai fait est moche.

Je crois qu'au fond je mélange tout : la culpabilité et l'oubli ne sont pas la même chose. Je ne vais pas repartir sur des digressions sur la chute d'Adam, mais je pense que je devrais plus prendre les choses comme elles viennent.

Récemment j'ai laissé croire à une femme qu'il pouvait arriver quelque chose entre nous, parce que je voulais qu'elle me donne de la tendresse. Alors qu'en fait je n'éprouvais que de l'attirance pour elle. Du coup je me suis trouvé moche. Et je me suis dit "oublie" !

Hum. De plus en plus embrouillé. C'est certainement le jet lag.

Tiens en ce moment j'apprends une nouvelle sourate pour les prières. C'est la 110, An Nasr (le Secours). Je l'ai choisie parce qu'elle est courte, et sans regarder ce qu'elle dit (je me sers d'un document avec les translittérations du texte arabe). Là je viens de vérifier, ça parle de repentir et de pardon. Ca pour une coïncidence...

Pendant mon séjour à Séoul j'ai très peu eu de temps (ou d'énergie) pour visiter des endroits "touristiques". Mais le lendemain de mon arrivée, des charmants confrères allemands m'ont proposé de les accompagner pour visiter un temple non loin de là où nous étions.

Je pensais que ce serait une visite d'une demi-heure. En fait ça a duré deux heures, et c'était génial. Rien que le fait de sortir un petit peu de l'environnement urbain très speed et ultra-moderne fait un bien fou.

Le temple s'appelle Bongeun je crois. C'est un ensemble d'au moins 10 bâtiments, sur le flanc d'une colline, dans un parc avec plein d'arbres. Une dame charmante qui parlait un anglais vraiment difficile à comprendre nous a fait visiter les lieux. Chaque bâtiment a une fonction précise. Un simple visiteur peut entrer et se joindre aux gens qui font leurs pratiques (je ne sais pas comment les appeler).

Pour un ignare comme moi, c'était assez marrant : les génuflexions rappellent carrément la prière musulmane. Mais ce n'est pas tout. Sur les murs d'un des bâtiments, il y avait des peintures magnifiques qui représentent les différentes étapes du cheminement d'un jeune homme qui suit la voie bouddhiste.

Au début, il est représenté sur une montagne, un torrent coule non loin, et il ramasse une corde. Puis il quitte son lieu de départ, et la guide a attiré notre attention sur le fait que le peintre a dessiné les empreintes de pas qu'il laisse en partant. Ca a une signification symbolique. Allez savoir pourquoi, mais ça m'a fait penser au titre d'un livre de Faouzi Skali : Traces de lumière. Ces petites traces qui font qu'on se met à chercher...

Le cheminement continue : le jeune homme aperçoit une vache. Il essaie de l'attraper, puis de la dompter avec sa corde, non sans mal. Il la domine enfin, puis la vache change de couleur : de marron, elle se change en blanc progressivement. La vache symbolise (je crois) les désirs, l'ego. Toute ressemblance avec un cheminement que je connais un peu est sans doute fortuite !

Une fois la vache blanchie, elle disparaît. La guide nous a alors expliqué que le fait de dominer ses désirs, de dompter la vache, puis de la "purifier", est un voile : l'étape suivante n'a plus besoin de ce "support" en quelque sorte. Hum je me demande si tout le monde suit. Pour moi ça résonne à mort, mais c'est parce que c'est si proche du soufisme...

Ensuite, c'est le jeune aspirant lui-même qui disparaît, et l'univers tend vers l'unité (si si, il y a tout ça dans ces tableaux !). Disparition, ou extinction... On parlerait probablement du fana chez nous.

Enfin dans le dernier stade, l'homme "accompli" revient dans un village. Il peut désormais enseigner. Là aussi il y a une correspondance (je ne me souviens plus du nom de la station dans le soufisme mais c'est frappant).

Effet du décalage horaire ? De la spiritualité dégagée par cet endroit ? Je me sentais vraiment très léger, très loin de mes petites préoccupations. La visite s'est conclue par une demi-heure avec un moine (qui parlait anglais), qui nous a proposé de méditer pendant 10 minutes. Pui il s'est entretenu avec nous.

La question qu'il nous a demandé de nous poser est la suivante : "de quoi ai-je besoin". Il a successivement demandé aux uns et aux autres (nous étions une petite dizaine) ce à quoi nous avions répondu en notre for intérieur pendant que nous méditions.

J'ai répondu "je crois que j'ai besoin d'amour". Il m'a alors demandé "qu'est-ce que l'amour ?". Hum. Pas assez rapide, petit scarabée. Je n'ai pas su quoi répondre. Puis il a insisté sur le fait de se connaître soi-même. Rien de bien "génial", me direz vous. De fait, un de mes amis allemands a trouvé que tout ça ne lui parlait pas du tout. L'autre, au contraire, était un peu comme moi : très touchée. Je me suis senti vraiment lavé par ces deux heures. Bon ça ne vaut pas une réunion de dhikr, mais c'était chouette.

Bon ça ne m'a pas empêché de me fâcher tout rouge deux heures après parce que mon accès internet ne marchait pas et que l'informaticien m'expliquait que c'était à cause de mon ordinateur. Mais ce moment de grâce, inattendu, m'a vraiment plu.

La guide m'a demandé si je m'intéressais au bouddhisme, si je souhaitais aller plus loin. J'ai dit que je trouvais ça intéressant, mais je m'en suis tenu là. Je n'ai pas précisé que j'ai déjà mon chemin !

Je pars demain passer le week end à Rome ! Je suis super content. Même si les nuages s'accumulent au bureau, l'idée de partir là bas me fait super plaisir. Je vais retrouver ma petite soeur là bas, et c'est son anniversaire. Faut que je lui trouve un petit cadeau...

Pendant mon absence, il y a eu des attaques contre moi à mon bureau. Courageux. Mais bon on verra ça la semaine prochaine.

Faudra que je parle de la visite d'un temple bouddhiste qui m'a vraiment beaucoup plu à Séoul. Là j'ai plein de trucs à faire.