7.6.06

temple bouddhiste

Pendant mon séjour à Séoul j'ai très peu eu de temps (ou d'énergie) pour visiter des endroits "touristiques". Mais le lendemain de mon arrivée, des charmants confrères allemands m'ont proposé de les accompagner pour visiter un temple non loin de là où nous étions.

Je pensais que ce serait une visite d'une demi-heure. En fait ça a duré deux heures, et c'était génial. Rien que le fait de sortir un petit peu de l'environnement urbain très speed et ultra-moderne fait un bien fou.

Le temple s'appelle Bongeun je crois. C'est un ensemble d'au moins 10 bâtiments, sur le flanc d'une colline, dans un parc avec plein d'arbres. Une dame charmante qui parlait un anglais vraiment difficile à comprendre nous a fait visiter les lieux. Chaque bâtiment a une fonction précise. Un simple visiteur peut entrer et se joindre aux gens qui font leurs pratiques (je ne sais pas comment les appeler).

Pour un ignare comme moi, c'était assez marrant : les génuflexions rappellent carrément la prière musulmane. Mais ce n'est pas tout. Sur les murs d'un des bâtiments, il y avait des peintures magnifiques qui représentent les différentes étapes du cheminement d'un jeune homme qui suit la voie bouddhiste.

Au début, il est représenté sur une montagne, un torrent coule non loin, et il ramasse une corde. Puis il quitte son lieu de départ, et la guide a attiré notre attention sur le fait que le peintre a dessiné les empreintes de pas qu'il laisse en partant. Ca a une signification symbolique. Allez savoir pourquoi, mais ça m'a fait penser au titre d'un livre de Faouzi Skali : Traces de lumière. Ces petites traces qui font qu'on se met à chercher...

Le cheminement continue : le jeune homme aperçoit une vache. Il essaie de l'attraper, puis de la dompter avec sa corde, non sans mal. Il la domine enfin, puis la vache change de couleur : de marron, elle se change en blanc progressivement. La vache symbolise (je crois) les désirs, l'ego. Toute ressemblance avec un cheminement que je connais un peu est sans doute fortuite !

Une fois la vache blanchie, elle disparaît. La guide nous a alors expliqué que le fait de dominer ses désirs, de dompter la vache, puis de la "purifier", est un voile : l'étape suivante n'a plus besoin de ce "support" en quelque sorte. Hum je me demande si tout le monde suit. Pour moi ça résonne à mort, mais c'est parce que c'est si proche du soufisme...

Ensuite, c'est le jeune aspirant lui-même qui disparaît, et l'univers tend vers l'unité (si si, il y a tout ça dans ces tableaux !). Disparition, ou extinction... On parlerait probablement du fana chez nous.

Enfin dans le dernier stade, l'homme "accompli" revient dans un village. Il peut désormais enseigner. Là aussi il y a une correspondance (je ne me souviens plus du nom de la station dans le soufisme mais c'est frappant).

Effet du décalage horaire ? De la spiritualité dégagée par cet endroit ? Je me sentais vraiment très léger, très loin de mes petites préoccupations. La visite s'est conclue par une demi-heure avec un moine (qui parlait anglais), qui nous a proposé de méditer pendant 10 minutes. Pui il s'est entretenu avec nous.

La question qu'il nous a demandé de nous poser est la suivante : "de quoi ai-je besoin". Il a successivement demandé aux uns et aux autres (nous étions une petite dizaine) ce à quoi nous avions répondu en notre for intérieur pendant que nous méditions.

J'ai répondu "je crois que j'ai besoin d'amour". Il m'a alors demandé "qu'est-ce que l'amour ?". Hum. Pas assez rapide, petit scarabée. Je n'ai pas su quoi répondre. Puis il a insisté sur le fait de se connaître soi-même. Rien de bien "génial", me direz vous. De fait, un de mes amis allemands a trouvé que tout ça ne lui parlait pas du tout. L'autre, au contraire, était un peu comme moi : très touchée. Je me suis senti vraiment lavé par ces deux heures. Bon ça ne vaut pas une réunion de dhikr, mais c'était chouette.

Bon ça ne m'a pas empêché de me fâcher tout rouge deux heures après parce que mon accès internet ne marchait pas et que l'informaticien m'expliquait que c'était à cause de mon ordinateur. Mais ce moment de grâce, inattendu, m'a vraiment plu.

La guide m'a demandé si je m'intéressais au bouddhisme, si je souhaitais aller plus loin. J'ai dit que je trouvais ça intéressant, mais je m'en suis tenu là. Je n'ai pas précisé que j'ai déjà mon chemin !

Comments:
Peut-être cherches-tu le terme de "baqa", ou la subsistence en Dieu qui suit le "fana", l'anéantissement du soi en Dieu.

Bon retour, et bon départ !
 
oui ! C'est exactement ça. Insensé le parallèle non ?
 
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