29.7.05

hasard ?

Marrant, le jour même où j'éprouve ce besoin d'expliquer des bases pour d'éventuels lecteurs qui seraient un peu paumés, voici un article très documenté sur le maître spirituel à travers l'histoire par Eric Geoffroy, et un rappel sur un blog.

pour les nuls

Une petite pensée pour mes lecteurs... disons non initiés. Je parle de tout ça avec un certain nombre de mots qui sont peut-être obscurs pour qui ne connaît ni l'islam ni le soufisme. Je déjeunais hier avec un vieux pote, j'ai réalisé que s'il lisait ce blog il y a sans doute des trucs qui lui passeraient au dessus de la tête et surtout des mots euh... peu familiers.

Je vais pas faire un lexique, et définir le soufisme demanderait plus de temps et de soin, mais voici quelques termes que j'utilise souvent :

- frères, soeurs : les gens de la voie, mais aussi les musulmans, et aussi le genre humain. En général je l'emploie pour parler des gens de la voie à laquelle j'appartiens.
- dhikr : l'invocation (c'est formé sur une racine qui veut dire se souvenir), c'est la base de la pratique. L'invocation la plus fréquente est "la ilaha illa Llah". Le dhikr n'est pas propre au soufisme, mais c'est une des bases dans toutes les voies.
- sheikh : une voie soufie est dirigée (encore que ça soit pas le terme juste) par un guide spirituel, qui éduque et initie les membres. Il ne s'agit pas d'instructions précises sur la conduite à adopter, mais d'une guidance spirituelle qui passe par le coeur (eh oui...)
- faqir : littéralement "pauvre" (en Dieu), c'est un membre de la voie.
- voie : il y a "la Voie" en général, qui désigne le chemin spirituel, et la voie spécifique à laquelle on est rattaché (il y a des tas de voies soufies différentes). Une voie est aussi appelée confrérie ou tariqa.
- zaouia : c'est un lieu où se passent les réunions d'invocations. La pratique spirituelle dans une voie comprend des invocations seul, et des invocations en réunion.
- mahabba : ça désigne l'amour (divin ?) qui circule entre les gens de la voie, mais aussi entre les êtres humains. Pas facile à décrire.

Hum je trouve ça un peu trop résumé mais bon... si ça peut aider un lecteur à l'occasion tant mieux.

lettre 21

Pas trop le temps de poster aujourd'hui... une lectrice me met gentiment en commentaire la lettre du Sheikh Ad Darqawi dont je parlais, je la reproduis ici :

"Nous avons dit à l'un de nos frères : que celui qui désire être dans un état de perpétuelle concentration retienne sa langue. Et nous vous recommandons : si vous êtes dans un état de perplexité (hayrah) ne vous hâtez pas à vous accrocher à quelque chose, ni en écrivant ni par aucune autre chose, pour que vous ne fermiez pas la porte de la nécessité de votre propre main, car cet état assume pour vous le rôle du Nom suprême, mais Dieu le sait mieux.
Ibn 'Atâ i-Llâh dit dans ses Hikam : "Pour un aspirant, une soudaine détresse est la clé des dons spirituels" ; il a dit également : "Peut-être trouverez-vous dans la détresse un bienfait que vous n'avez pas sû trouver dans le jeûne, ni dans la prière" ; de ce fait, si cet état vous visite, ne vous en défendez pas et ne vous affairez pas à chercher un remède, de peur que vous ne chassiez le bien qui vous visite librement, mais remettez votre volonté entièrement à votre Seigneur, alors vous verrez des merveilles." Notre maître avait l'habitude de dire à celui qui était saisi de perplexité : "Détends ton esprit et apprends à nager!""

C'est écrit vers 1800 je crois. Je suppose que chacun peut y lire ce qu'il veut. Pas facile de suivre ces conseils. Pas que ça ne soit plus d'actualité. Mais l'idée de s'abandonner est assez vertigineuse. Apprendre à nager... hum.

28.7.05

blogs et polémiques

J'ai eu le malheur de donner mon avis sur un blog tenu par un musulman anglais assez "traditionnaliste", sur un post sur le voile (sujet polémique s'il en est). C'est un blog que je lis souvent, même si je ne suis pas toujours d'accord avec l'auteur.

D'ailleurs au passage la voie soufie peut être considérée comme très traditionnaliste dans un certain sens, même si extérieurement ce n'est pas évident pour tout le monde. Mais ça c'est un autre sujet.

Pour revenir au blog, je me suis fait pourrir par un autre commentateur qui me traite de "fumier ignorant" (sic). Marrant. Ca m'énerve un peu ces gens qui jugent la situation en France sans connaître. Même si beaucoup de choses ne vont pas ici. Mais mon point n'est pas là. C'est surtout que j'ai du mal à éviter la polémique.

Et dire que j'ai lu (toujours dans les lettres du sheikh Ad Darqawi) que le premier souci du cheminant devrait être de ne pas s'occuper des affaires des autres. Gargll. Y a du boulot.

lettre

Ca faisait longtemps... un frère m'a conseillé de lire une lettre du sheikh Ad Darqawi. Le recueil de ses lettres est un de mes livres préférés. C'est une lettre très brève (je n'ai pas le livre sous les yeux aussi je ne peux pas citer exactement, c'est la 21 pour ceux qui ont le livre).

Ca traite essentiellement d'une idée : quand une épreuve nous advient, il ne faut pas chercher à l'esquiver. C'est marrant quand j'essaie d'expliquer ça ici ça sonne creux alors que c'est si profond quand on le lit.

Ce n'est pas seulement parce que l'épreuve nous renforce. Ni parce qu'elle nous rapproche de Dieu, nous incitant à nous sentir "tout petits". C'est aussi parce que ça nous montre des choses de nous. Hum j'ai peur d'être assez abstrait.

Cette lettre se conclut par la célèbre phrase "détends toi et apprends à nager". Ca rappelle naturellement la définition du soufisme de Abu Saïd Ibn Abi'l Kair citée par Faouzi Skali : "Ce que tu as en tête, abandonne-le, ce que tu as en main, donne-le, ce qui t'advient ne l'esquive pas."

Bon on me dira que tout ça ce sont des belles phrases, et je suis le premier à trouver ça difficile à avaler, mais ça me parle...

27.7.05

chanson brésilienne

Une chanson m'est revenue, c'est un ami que j'ai perdu de vue qui me l'avait fait découvrir il y a longtemps. Bon c'est en portugais, je vais essayer de traduire mais ça risque d'être très approximatif. C'est de Vinicius de Moraes, ça s'appelle Como dizia o poeta (comme disait le poète). Rien de bien spirituel là dedans mais j'aime beaucoup. Hum faudra aussi que je parle d'une autre chanson qui s'appelle Plastico à l'occasion.

Quem já passou
Por esta vida e não viveu
Pode ser mais, mas sabe menos do que eu
Porque a vida só se dá
Pra quem se deu
Pra quem amou, pra quem chorou
Pra quem sofreu, ai

Quem nunca curtiu uma paixão
Nunca vai ter nada, não

Não há mal pior
Do que a descrença
Mesmo o amor que não compensa
É melhor que a solidão

Abre os teus braços, meu irmão, deixa cair
Pra que somar se a gente pode dividir?
Eu francamente já não quero nem saber
De quem não vai porque tem medo de sofrer

Ai de quem não rasga o coração
Esse não vai ter perdão
Quem nunca curtiu uma paixão
Nunca vai ter nada, não


Ahem... je me lance dans la traduction. "Etre déjà passé" je sais pas faire mieux, c'est disons être blasé, c'est les gens qui croient tout avoir vu.

Qui est déjà passé dans cette vie
N'a rien vécu
Il peut être plus
Mais il en sait moins que moi
Car la vie ne se donne qu'à
Qui s'est donné
A qui a aimé, à qui a pleuré
A qui a souffert

Qui n'a jamais éprouvé une passion
N'aura jamais rien

Il n'y a de pire mal
Que le désespoir (ne plus croire ?)
Même un amour qui n'est pas récompensé
Vaut mieux que la solitude

Ouvre tes bras, mon frère, laisse aller,
Car faire comme tout le monde peut éloigner des autres
Et franchement je ne veux pas entendre parler
De qui ne s'engage pas
Par peur de souffrir

Pauvre celui qui ne risque pas de se déchirer le coeur
Celui qui jamais n'osera être perdant
Qui n'a jamais éprouvé une passion
N'aura jamais rien


Bon c'est pas très soufi tout ça. Mais c'est très beau. Passion, illusion... je vais pas entre là dedans. C'est l'idée qu'il faut prendre le risque d'aimer qui est belle.

déconnection

En ce moment j'ai un peu du mal avec les discours "moralisateurs", même si je les sais bien intentionnés. Par exemple lundi soir on a parlé de la "nécessité" de protéger son regard (ne pas regarder les femmes dans la rue etc...). Il y a énormément de recommandations dans ce sens en particulier dans des hadiths.

Mais à un moment (qu'il me pardonne !) un frère est parti dans un discours où il disait en gros "c'est important de protéger nos regards, car sinon on perd tout le bénéfice de ce qu'on acquiert grâce au dhikr". C'est un frère beaucoup plus expérimenté et "mieux orienté" que moi, mais j'ai trouvé que ça sonnait faux, comme un prêche appris.

Un autre frère a essayé de faire valoir qu'il ne faut pas non plus se rendre dingue à ne regarder nulle part, ce avec quoi je suis assez d'accord. Et puis les "il faut" m'embêtent un peu en ce moment. Rien à faire, le premier frère repartait dans son discours sur "il faut éviter les images dangereuses etc...".

Je me suis vraiment senti déconnecté à ce moment. Je me suis pas demandé ce que je faisais là, et de fait je crois que je suis assez pudique, même s'il m'arrive tout le temps de regarder les jolies filles dans la rue. C'est sans doute en moi qu'est le problème, mais je trouvais que ça sonnait tellement vide ce discours... soit ça ne me parlait pas soit je n'étais pas en état de l'entendre.

Je repense toujours à cet ami du Sénégal, El Hadj, avec qui j'avais eu des discussions très profondes en mars. Il n'est pas parfait (loin de là !), il succombe certainement à la tentation certaines fois, mais il m'a dit un jour "voilà : le bien est à droite, le mal à gauche, et nous on chemine au milieu". J'avais trouvé ça très beau.

Ca me parle plus que les discours que je trouve moralisateurs (mais peut-être est-ce seulement moi qui y vois un côté moralisateur) à base de "il faut faire ceci ou sinon...". Mais je suis loin de la sagesse.

26.7.05

qu'est-ce qui fait qu'on reste

J'ai reparlé avec l'amie à qui j'ai révélé tout ce qui m'arrive ce week end. Apparemment ça l'a pas mal étonnée. Elle m'a dit "à la limite ce qui t'a amené là c'est pas très important, mais ce qui m'étonne c'est..." j'ai complété "c'est qu'est-ce qui me fait rester ?". Elle a acquiescé.

Je ne sais pas trop quoi répondre. Je lui ai dit un truc du genre "c'est la chaleur et la lumière". Par ailleurs je ne sais pas si je serai dans la voie demain, ni dans un an. Samedi je lui avais expliqué que paradoxalement l'islam et le soufisme sont plus proches qu'on ne le pense de notre culture, et plus proches de nous que le bouddhisme par exemple.

Sans parler des prophètes, il y a une familiarité culturelle. Elle m'a répondu que c'est quand même assez éloigné. Mais ce qui me retient... comment savoir ? Je suis là où je dois être il me semble.

soufisme

Marrant j'ai réalisé que je parle de moins en moins de soufisme ici. Ou alors je ne parle que de ça... je ne sais pas trop. Je n'utilise presque plus le mot en tout cas. C'est vrai aussi qu'en ce moment j'ai un peu arrêté les lectures dans tous les sens. Il y a quelques mois je passais plein de temps à lire des livres de grands maîtres. Ca me reprendra certainement.

Je devrais peut être reprendre mes explications du genre "le soufisme pour les nuls"... après tout je peux avoir des lecteurs non musulmans, ou qui ne fréquentent pas une voie, ou qui n'ont jamais rien lu sur le soufisme. Mais ce n'est pas vraiment ma vocation. Je craindrais de dire des bêtises, et il y a des sites très bien faits qui parlent du sujet (je ne parle pas des sites qui descendent le soufisme en flammes...).

Hier soir je suis rentré de la réunion avec quatre frères. On a parlé de pas mal de trucs, de l'Algérie notamment (ils sont tous les quatre soit Algériens soit d'origine algérienne). On parlait du "il faut". Faut-il dire "il faut", est-ce qu'il faut prendre les obligations ou les règles au pied de la lettre... hum je suis pas sûr d'être très concret. Pas grave.

Le rapport à la lettre est un sujet qui revient souvent sous différentes formes. Mais en fait pour résumer on parlait de tout et de rien, comme souvent. Un des frères a alors dit "la seule chose qu'il faut, c'est ne pas oublier son sheikh." Bon c'était en partie pour faire un bon mot, mais on en est restés comme deux ronds de flan.

C'est difficile à faire comprendre, mais c'est vrai qu'une des bases du soufisme c'est ça. Quand on parle d'orientation, d'éducation spirituelle, c'est de ça qu'on parle. C'est aussi ce qui fait que le soufisme est parfois mal vu ou mal compris (je vais pas revenir là dessus). Tout est dans le fait de s'en remettre au sheikh, et dans l'invocation de Dieu.

islam et musulmans

Rien à faire j'arrive pas à retrouver qui est ce converti auteur de la phrase "heureusement que j'ai connu l'islam avant de connaître les musulmans". Google me donne au choix Roger Garaudy ou Yussuf Islam alias Cat Stevens. Hum.

Cette phrase peut être comprise de bien des façons. Elle me fait marrer parce qu'elle résume assez bien le fait qu'il me semble y avoir beaucoup de disputes, de débats, parfois stériles, entre musulmans, ça traduit bien aussi le fait que malheureusement certains musulmans pensent que l'islam les rend supérieurs aux autres gens.

A côté de ça l'islam est si... pur. Je ne trouve pas d'autres mots. Ca va faire marrer les musulmans de longue date, et j'espère ne manquer de respect à personne du haut de mes quelques mois. Je crois en effet que l'islam est quelque chose de pas croyable. Mais pas que ça me rend supérieur à quiconque.

Bon c'est un sujet compliqué. Au départ je voulais juste parler de cette phrase qui me fait marrer. J'y reviendrai forcément. Un frère plus vieux et très sage à qui je racontais ma première visite à la grande mosquée de Paris m'a dit "ce sont tous tes frères, ne l'oublie pas". Les autres hommes aussi.

royal air maroc

Hier j'ai discuté avec un frère qui venait d'acheter son billet pour le Maroc. Il m'a dit "ah c'est marrant je suis passé pas loin de chez toi" ... j'habite en effet pas loin des bureaux de la RAM.

Ce matin en prenant mon bus j'avais ça en tête, je regarde de l'autre côté de l'avenue, là où sont leurs bureaux, et je vois une silhouette qui me semble familière. Marrant. Un autre frère, qui poireautait en attendant l'heure d'ouverture.

C'est un frère que j'aime beaucoup (un de plus !), qui vient toutes les semaines de province pour assister aux réunions. Lors du voyage en avril pour le Mawlid, on faisait partie des "petits nouveaux" donc on avait passé pas mal de temps ensemble.

A chaque fois qu'il vient à Paris pour une réunion à la zaouia (le lieu où se réunit le groupe), il dort sur place. Vu sa tête ce matin, je me suis dit qu'il n'avait pas beaucoup dormi. C'est lui qui m'en a parlé, en me disant avec un grand sourire "je n'ai presque pas dormi, il faut dire que c'est tellement chargé là bas, je ne dors quasiment jamais quand j'y suis...".

Je sais pas pourquoi mais ça m'a ému. Ca paraît si simple parfois.

intrigue

Hier il y a eu une réunion. D'habitude je ne participe pas aux réunions du lundi, j'y suis allé un peu en traînant les pieds. Et de fait j'ai passé une partie de la réunion dans une humeur maussade, pas trop concentré, bref pas dans un état spirituel très euh... pas très élevé disons.

Après la réunion on a lu quelques hadiths comme ça arrive parfois. Et allez savoir pourquoi j'en ai pris un en particulier pour moi. Ca disait (je cite de mémoire) : "l'intrigue dort en tout lieux, ne vous avisez pas de la réveiller". Hum ma citation est approximative.

Mais ce qu'il fallait comprendre, je crois, c'est que quelles que soient les circonstances on peut trouver matière à se chamailler, à voir le mauvais côté des gens, à penser du mal de proches. Quelles que soient les circonstances... y compris lors d'une réunion avec les frères ! Moi qui venais de passer une heure à m'irriter de petits détails de comportement qui ne devraient pas m'ennuyer, je suis resté un peu comme un idiot en entendant ça.

Je ne sais pas trop pourquoi j'étais de cette humeur un peu querelleuse. Peut-être un effet du dhikr (on dit que le dhikr nous montre tout, y compris le mauvais qu'on a en nous). Peut-être un effet de ma journée de boulot. Au lieu de goûter le bonheur simple d'être avec les frères, j'ai passé un début de soirée moyen.

Après cette lecture, je ne sais pas trop pourquoi, mais d'un seul coup ça allait beaucoup, beaucoup mieux. Je vais passer pour un dingue. Et ce n'est pas le côté "moral" ou "beni oui-oui", ce n'est pas parce que je me suis dit "que c'est merveilleux tout cet amour"... non : je me suis senti mieux, point.

25.7.05

preuves d'amour

Une des phrases favorites de mon frère c'est "il n'y a pas d'amour, que des preuves d'amour". Il m'a déjà sorti ça pas mal de fois. Je ne sais pas trop pourquoi mais je ne suis pas d'accord avec lui. Je trouve ça hyper pessimiste comme façon de voir les choses.

Mais peut-être est-ce lui qui a raison. Ou peut-être que je comprends mal ce qu'il veut dire. Il m'a dit un truc chouette l'autre jour : "sois gentil avec toi même, fais toi des petits plaisirs". Puis "c'est pas si facile faut se battre tous les jours pour ça".

C'est marrant ça me fait penser au travail spirituel. On n'a pas toujours envie d'aller aux réunions. Pas toujours envie d'invoquer. Mais le fait d'être régulier apporte vraiment quelque chose (enfin il me semble). Pas de l'ordre du "devoir accompli". Autre chose.

Pour une raison qui m'échappe cette histoire de preuves d'amour me fait aussi penser à mes longues réflexions récurrentes sur les "preuves de Dieu". Hum ce sont sans doute des sujets différents.

allégresse

Hier en fin de journée le frère avec qui je pars la semaine prochaine au Maroc m'a appelé. J'étais dans un de ces dimanches un peu cotonneux... son coup de fil m'a fait incroyablement chaud au coeur.

Je me rends compte que même si je suis travaillé par plein de doutes, sur moi, sur la voie, sur le sens de tout ça, la simple idée de partir avec lui me rend heureux comme un gosse. Du coup j'ai passé une soirée super agréable après.

Je sais depuis des semaines qu'on part ensemble, mais c'est devenu réel en en parlant hier au téléphone.

Et puis il y a des petits gestes comme ça qui font tellement plaisir. Un coup de fil. Ou ce frère qui m'a fait la surprise de me prêter une guitare pour l'été parce qu'il sait que j'ai joué il y a des années. D'ailleurs à cette occasion je me suis rendu compte que j'avais jeté tous les livres (j'en avais au moins une dizaine) de chansons avec tablatures que j'avais dans le temps. Je pensais pas avoir jeté tout ça. Mais bon en fait ça fait 7 ou 8 ans (au bas mot) que j'ai pas joué...

glurps

Déjeuner chez ma mère hier. Au menu melon au jambon de Parme. C'est pas la choucroute du dîner chez mon père il y a quelques mois, mais bon... j'ai mangé une tranche. Déjà que ma mère me trouve "de plus en plus ascétique", si en plus je refusais son jambon...

Je n'ai toujours pas parlé aux gens de ma famille (à part mon frère bien sûr) de l'islam. Je crois que ça attendra encore un peu. Du coup ben dans ce genre de cas je dois faire une entorse à l'interdiction de manger du porc. J'assume : entre ça et blesser ma famille j'ai choisi. Mais c'est sûr que ça sera plus facile quand je pourrai simplement leur expliquer tout ça.

Peut-être que ça sera beaucoup plus simple que je ne l'imagine... on verra bien. J'ai expliqué à mon père et à ma belle-mère (sa deuxième femme) que j'étais "en recherche de spiritualité" sans entrer dans les détails. Ca doit les faire flipper en fait.

D'ailleurs samedi j'ai déjeuné avec une amie, je lui ai parlé de spiritualité, et très vite elle m'a demandé "euh... quand tu parles de spiritualité c'est dans le cadre d'une religion précise ?". C'est la question qui vient tout de suite à l'esprit.

J'ai répondu "oui" et elle a énuméré tout (bouddhisme, christianisme, judaïsme) avant de dire "ben il reste quoi... pas l'islam quand même ?". Me suis marré. Et du coup on s'est mis à parler de Dieu.

C'est très étrange. Je réalise que ça donne une profondeur... je sais pas trop comment dire ça. C'est pas que c'est un sujet de conversation, c'est juste que c'est une dimension assez intime des gens à laquelle je n'avais jamais eu accès.

Là c'était vraiment chouette de parler de tout ça. Ca n'enlève rien au fait que j'ai toujours autant de doutes, que je ne sais toujours pas dire ce que c'est que la foi. Mais il y a cette chaleur... J'y reviendrai je suis pas trop clair là dessus.

la ilaha illa Llah

M'est revenu hier un drôle de souvenir. Avant la voie, à un moment où je m'intéressais à l'islam mais d'une façon encore très distante, j'avais cherché sur internet cette phrase. Il me semblait l'avoir entendue, mais je ne la "savais" pas bien.

La ilaha illa Llah (il n'y a pas de Dieu sinon Dieu). C'est une phrase que j'ai prononcé des milliers de fois depuis. Mais ça m'a fait drôle de me rappeler cette première fois où je me l'étais "mise en bouche" un peu maladroitement.

Je voudrais retrouver cette sensation, ça me fait penser à un frère qui disait que lorsqu'on fait du dhikr il faudrait le faire comme la première fois qu'on en a fait.

Je parlais de ça à un frère hier au téléphone, ça l'a fait marrer. Lui même a pensé à ça à un moment où sa fille, déguisée en princesse, disait "abracadabra". Il y a quelque chose de magique dans cette phrase.

22.7.05

histoires de bureau

Dans mon bureau, il y a mon bureau (le meuble), là où j'ai tous mes papiers, mon ordinateur, etc... et à côté, il y a une petite table que j'utilise depuis que je suis arrivé pour recevoir les gens. Cette table est vide, donc je me dis que c'est plus pratique, il n'y a pas tout mon bordel et pour prendre des notes ou travailler à deux ou trois je trouve ça pratique.

Mbref. Il m'est revenu aux oreilles que certaines personnes qui viennent dans mon bureau détestent ce petit "coin réunion". Ca fait "confessionnal" m'a-t-on dit. Certaines voient ça comme humiliant, ne comprennent pas que je ne les fasse pas asseoir devant mon bureau (!).

C'est marrant parce que je crois que je n'avais pas du tout l'intention d'installer un malaise avec cette petite table. Mais c'est comme ça que les gens le perçoivent il faut croire. Si ça se trouve il s'est passé des semaines, il y a eu des conversations là dessus... subhan allah déjà que je passais pour un dictateur si en plus je suis un tortionnaire sadique...

La façon dont les gens interprètent les moindres signaux... il faut faire hyper gaffe à ça. J'ai déjà expliqué que dans ce nouveau boulot je marche un peu sur des oeufs : je suis chargé de faire marcher une équipe de 9 femmes, avec des tas de conflits, de rivalités et de rancoeurs. Et je dois en quelque sorte ramener un semblant d'harmonie là dedans.

Jusqu'ici tout se passe plutôt bien. J'ai commencé par être très distant avec tout le monde, afin de prendre le temps de connaître les gens. Mais cette histoire de confessionnal !!! Bon si j'avais que des problèmes aussi simples à régler tout irait bien.

On va dire que ça fait une digne suite à la bataille de la porte.

réunion en petit comité

Hier s'est tenue chez moi une réunion à... deux ! Le nombre ne fait rien à l'affaire, c'est parfois en petit comité qu'on sent le plus de concentration.

Comme me l'a dit le frère qui était avec moi, il y a un hadith (je crois) qui dit que si deux croyants sont réunis pour invoquer Dieu, Dieu "fait" le troisième, et ainsi de suite. Hum pardon d'avance si je me trompe complètement sur celui-ci.

Ce frère, qui est converti depuis quelques années à présent, m'a dit que sa première année en islam a été à la fois la plus dure et la plus riche. La plus dure parce qu'il a remis en cause plein de choses dans sa vie, et que comme par hasard cette année là il a eu des problèmes de boulot et personnels. La plus riche parce qu'avec le recul il se rend compte de tout ce qui a avancé.

C'est marrant ; ce frère me dit qu'il voudrait lire plus, qu'il a des progrès à faire dans plein de domaines, mais je le trouve très sincère. J'ai déjà parlé ici 200 fois de l'orientation. C'est très difficile de comprendre ce que c'est, mais j'ai le sentiment que ça passe par la sincérité.

Je sens qu'en ce moment mes seules "armes" sont ça : la sincérité et l'amour des frères. Bien sûr la sincérité c'est subtil aussi... c'est un peu comme essayer de dire ce que c'est que croire en Dieu. Pour certains c'est une évidence, pas pour moi.

On dit qu'on ne voit les défauts des gens que si on les a aussi. Je crois que c'est vrai aussi pour les qualités. Si on voit de la générosité ou de la sincérité chez quelqu'un, c'est qu'on tend vers ça.

21.7.05

à quoi tiennent les choses

Je reçois aujourd'hui des nouvelles d'une amie qui a frôlé la mort récemment. Que ça soulage. Pas parce que ça me rappelle que mes petites histoires ne sont pas si importantes par rapport à la vie et à la mort. Non, simplement parce que c'est quelqu'un que j'aime, et qu'on ne réalise pas toujours qu'on aime les gens.

Voilà quelqu'un qui n'est pas vraiment "intime", c'est une amie que je vois de loin en loin. Mais je découvre que je tiens vraiment à elle.

A quoi tiennent les choses... sans entrer dans les détails elle a été sauvée par un "hasard" quasiment miraculeux. Ca donne à réfléchir.

chanson de Curtis Mayfield

L'autre soir mon frère m'a fait écouter une chanson de Curtis Mayfield. J'ai dû arrêter d'écouter après 20 secondes, j'avais les larmes aux yeux.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Curtis est un chanteur soul qui a écrit certaines des plus belles chansons que j'aie jamais écoutées. Il chante avec une voix de falsetto, et ses chansons parlent presque toujours d'amour, de l'universel.

Je n'avais jamais entendu cette chanson, et je pense qu'en temps ordinaire elle m'aurait déjà ému, mais là c'était trop. Ca s'appelle "the makings of you". Je traduirais par "ce qui fait que tu es toi" mais c'est une traduction approximative. Si un lecteur anglophone peut m'aider...

Voici les paroles :

A little sugar, honey suckle lamb
Great expression of happiness
Boy, you could not miss with a dozen roses
Such would astound you
The joy of children laughing around you
These are the makings of you
It is true, the makings of you, oh

It's been a miracle for what you've done
Please stay right by my side
Two can be one for the righteous way to go
Anyone would know
I believe I thought I told you so
You're second to none

Love of all mankind should reflect some sign
Of the words I'm trying to recite
They're close, but not quite
Almost impossible to do
Describing the makings of you


A l'occasion je vais essayer de traduire. Qu'est-ce qui fait que j'ai l'impression que c'est inspiré par Dieu ?

Pendant que j'y suis, une parole tirée d'une chanson de Marvin Gaye qui s'appelle "God is love". Je reproduis pas ici les paroles en entier, juste une phrase.

Ca dit ça : "He made this world for us to live in, and gave us everything, and all He asks from us is we give each other love, oh yeah"

Tout ce qu'Il nous demande c'est nous aimer les uns les autres. Je sais c'est un peu naïf mais ça aussi c'est très beau.

20.7.05

surdité

Depuis quelques jours j'ai un mal fou à écouter ce qu'on me dit. Les gens m'énervent assez facilement. J'ai cédé à la tentation de lire le blog d'un type que je trouve débile et limite facho (les néo-fachos de gauche... faudra que je fasse un billet là dessus un de ces quatre)... je dois avoir besoin de confrontation comme quelqu'un me l'a fait remarquer. Bon je vais pas me battre avec quelqu'un mais j'ai un peu du mal par moments.

Peut-être que malgré tout des messages s'impriment dans mon esprit et dans mon coeur à mon insu. Il y a des moments où les mots sont pas très importants. Mais où des gestes tout bêtes peuvent faire beaucoup de bien.

Hier soir le seul fait de prier avec un frère qui était chez moi m'a soulagé. Je sais ça peut paraître bête mais c'était un instant de grâce. A ce sujet je suis toujours un peu embourbé dans le problème sprint/course de fond sur la foi, sur la pratique.

Je m'explique : par moments c'est comme si je me disais qu'une prière va changer toute ma vie, et en même temps je sais bien que l'important c'est la régularité, le long terme. Et pourtant il faudrait faire chaque prière comme si c'était la dernière. Pas simple tout ça. Ou alors c'est moi qui complique.

J'ai appris une petite chose sur la prière hier. Je demandais à ce frère pourquoi sur la dernière prosternation il restait plus longtemps, il m'a répondu que c'est tout simplement parce qu'à ce moment on peut faire des du'as (des voeux en quelque sorte). Par exemple demander que la prière soit agréée. Au moins j'ai appris quelque chose. On dit souvent qu'il faudrait apprendre même une petite chose chaque jour. Hum je vagabonde aujourd'hui.

19.7.05

commentaire

Pour les lecteurs qui lisent pas les commentaires (ça arrive) je me permets de conseiller la lecture d'un commentaire très riche d'un de mes lecteurs anonymes, sur les vertus de l'Arabe. L'Arabe langue sacrée... tout un programme.

C'est ici.

18.7.05

pour les polyglottes

Je signale ce très beau site du seul membre roumain de la voie à laquelle j'appartiens. Je l'ai rencontré il y a peu. Pas facile de faire des réunions quand on est seul ! Et il m'a dit qu'il a découvert des gens intéressés, mais pour le moment le plus intéressé est à 10 heures de train.

Peut-être que dans quelques années il y aura un groupe actif à Bucarest. Je ne sais pas si quelqu'un a pensé à recenser les groupes qui esxistent dans le monde, mais c'est marrant ça s'étend. Je crois qu'il y en a un à Miami, à New York, à Santiago du Chili, et certainement dans plein d'endroits. Je ne sais pas trop s'il y en a en Australie. Ni en Asie.

alphabétisation

Ca y est la semaine dernière j'ai pris mon premier cours d'alphabet arabe. Le frère qui me l'a donné est d'une patience rare. Je sais pas trop quand on pourra faire le deuxième cours, et dans l'intervalle faut que je me botte les fesses pour écrire les lettres tout seul.

Puis va falloir que je me mette à lire. J'ai toujours eu du mal à travailler tout seul. A l'école, au boulot quand j'ai commencé à travailler. Ce week end j'ai eu beaucoup de temps et je n'ai pas travaillé du tout. Bon c'est pas une obligation. Ca n'est que si j'en ai envie que je vais apprendre.

parabole

Un frère avec qui j'ai discuté ce week end m'a raconté cette jolie histoire sur disons ... l'intérieur et l'extérieur.

Deux moines bouddhistes se rendent à leur monastère. Ils doivent traverser une rivière. Au bord de la rivière, une très jolie femme peu vêtue leur demande de l'aide pour traverser. L'un des deux moines la prend dans ses bras et la dépose de l'autre côté de la rivière.

Ils reprennent la route et arrivent après une longue marche au monastère. Le deuxième moine dit alors à l'autre "je vais te dénoncer ! Tu as porté cette femme presque nue dans tes bras, collée à toi, alors que tu sais que ça nous est interdit !".

Le premier moine lui répond "je l'ai peut-être portée pendant 5 minutes dans mes bras, mais toi ça fait deux heures que tu la portes dans ta tête".

voyage à Alger

J'ai eu la confirmation que je vais partir à Alger quelques jours pour le boulot en septembre.

Un frère m'a conseillé d'aller visiter le tombeau d'un grand saint, Abder Rahman, mais je n'en sais pas plus. Je ne sais pas trop si j'aurai le temps de faire beaucoup de tourisme, mais on verra bien. J'imagine qu'il y a plein de choses à visiter... mais je risque d'être plutôt pris.

Enfin au moins je serai seul, pas comme à Téhéran. Je pourrai décider de mon emploi du temps. Alger la blanche... la casbah... tout ça fait rêver. Hum réveillons nous mon voyage ce sera plutôt hôtel moderne et longues journées de travail. Mais bon on peut quand même rêvasser non ?

que dire...

A ce rythme je vais perdre des lecteurs en pagaille, mais pas grand chose à dire. Le week end a été long, très long même. La réunion de samedi m'a réchauffé le coeur. J'ai même ressenti une énergie et des sensations que j'avais pas senties depuis très longtemps.

Peut-être que c'est la conséquence des moments très difficiles que je traverse. J'ai eu un "hâl" assez violent dès le début de la réunion.

J'ai l'impression que toute cette sagesse, tout ce "savoir" que j'exprime, ces phrases que je répète, tout ça s'est brisé comme une vague sur un rocher. Je suis pas en train de me flageller. J'ai juste l'impression que l'épreuve dénude. Et que les mots dont on se berce parfois dans la voie n'ont pas toujours de sens face à la réalité.

Il y a longtemps j'avais vécu une période difficile. J'avais l'impression que mon coeur était comme un oignon dont on aurait pelé toutes les couches l'une après l'autre, laissant le centre à vif. On parle souvent dans la voie de cette métaphore de l'oignon, mais pour parler (je suppose) des différents voiles qu'on enlève l'un après l'autre.

Quand au goût... un frère m'a dit récemment que le goût pouvait aussi être très amer. Je n'y avais jamais pensé. On parle toujours de miel ou d'autres douceurs, on parle volontiers de la douceur de la foi, etc... mais je n'avais pas en tête le fait que ça pouvait aussi être très douloureux. Et que ça reste une saveur. Peut-être que mon chemin c'est d'apprendre le goût de cette manière, je n'en sais rien.

Je ressens un tel sentiment d'injustice... par moments c'est vraiment impossible de se dire que Dieu nous veut du bien. Je m'accrochais à la phrase qui dit "Dieu est avec les patients"... je me disais qu'en étant patient ça finirait par aller.

Alors bien sûr en patientant je vais aller mieux. Je ne sais pas si dans le texte arabe patient a le même sens que l'étymologie latine. C'est à dire pas seulement "attendre" mais supporter la souffrance, la douleur.

Je vais m'accrocher au dhikr. On verra bien. Et puis dans 15 jours je pars au Maroc, ça me fera certainement du bien. Là tout de suite je ne suis même pas certain que je serai encore dans la voie d'ici une semaine mais bon... Peut-être qu'il faudrait que j'essaie d'arrêter : je verrais vite si ça me manque ou pas.

Un frère m'a dit que la voie est comme un bateau, parfois la mer est d'huile et parfois il y a des tempêtes. Il faut alors s'accrocher pour ne pas passer par dessus bord. Ca n'empêche pas de prendre les vagues dans la figure. Hum. On verra, j'ai l'impression de raconter n'importe quoi aujourd'hui.

15.7.05

amené à Dieu

On peut en discuter des heures mais c'est compliqué de savoir comment les gens sont amenés à Dieu. Je vais pas revenir sur mon cas personnel, c'est déjà assez embrouillé comme ça. L'autre jour je discutais avec un ami qui est assez érudit sur les religions, et on parlait de la propension des croyants à faire des décomptes.

J'ai déjà dit à quel point je comprenais pas ça. Mais je suis mal placé pour juger des gens qui ont la foi dans l'espoir d'une récompense ou dans la crainte d'un châtiment. Dans la voie on apprend plutôt qu'il faudrait se tourner vers Dieu pour lui et non pas dans l'espoir de quelque chose. Et c'est vrai que les gens qui font des comptes sont un peu décourageants.

Comme me l'a dit un frère, les gens qui comptent (leurs péchés, leurs oeuvres) sont comme quelqu'un qui voudrait discuter de physique avec Einstein... le jour du jugement dernier, appelé jour de la reddition des comptes en Islam, c'est Dieu et Dieu seul qui comptera.

En fait ça me fait penser au commentaire d'un de mes lecteurs qui réagissait au fait que je suis pas à l'aise avec les gens qui veulent prouver Dieu. Ce lecteur faisait très justement remarquer qu'il ne faut pas ressentir de malaise à ce propos. Dieu guide les gens comme Il le veut. Et si ça doit passer par l'apparence de la raison raisonnante, qu'il en soit ainsi. Si ça doit passer par la crainte de l'enfer ou par l'espoir du paradis aussi.

Je sais pas trop bien où je veux en venir avec tout ça... sinon que même des choses qui nous paraissent naïves sont des aspects de la foi. Sans parler des gens qui croient sans le savoir.

Pour la foi, qu'est-ce que j'y comprends moi-même, qu'est-ce que j'en connais ? On a bien raison de parler de mystère.

coeur brisé et nudité

On dit que Dieu est avec les coeurs brisés. J'ai appris des nouvelles pas faciles à avaler hier. La personne qui m'a amené à l'Islam, et que je gardais dans mon coeur même si ça fait longtemps que je n'ai plus de nouvelles, est disons... enfin faut que je passe à autre chose quoi.

Quand j'ai appris ça j'ai eu des picotements partout sur le corps, l'impression d'être engourdi. Plein de gens me diront, et ils auront raison "c'est un mal pour un bien, c'est mieux ainsi, etc...". N'empêche que ça me laisse dans un drôle d'état.

Ca me laisse aussi tout nu. Nu face à mon engagement. Si c'était juste pour cette personne que je me suis converti je vais le savoir assez vite. Encore que ça ne soit sans doute pas la question : c'est l'amour qui m'a amené là, et c'est peut-être une autre forme d'amour qui va me permettre de continuer à avancer.

Quand je pense que je juge les gens qui attendent une récompense de leurs oeuvres (le Paradis par exemple), alors que moi c'est peut-être une récompense terrestre que j'attendais. Ce sera le sujet d'un autre billet ce qui amène les gens à Dieu.

Je ne sais pas c'est tout brouillé dans ma tête. Le dhikr va certainement m'aider. On se fait des idées, on croit qu'on maîtrise les choses, on fait des plans, des rêves, et puis... mbref. Peut-être que j'en sourirai d'ici quelques mois, quelques années. Que je comprendrai le sens de tout ça.

J'ai ouvert au hasard un petit livre qui s'appelle "les sagesses de Loqman". Ca disait en gros que Dieu éprouve ceux qu'il aime. Pas la première fois que je lis ça. Lu aussi chez Ibn Ata Allah hier soir un passage qui disait que les épreuves sont une miséricorde même si on a du mal à le voir.

Tout ça me ramène au sens de ma vie. Rien de moins. J'ai vécu pendant pas mal de temps pour quelqu'un. A présent il faut que je fasse sans. Je sais qu'on va me dire "comme ça tu découvriras que le seul amour est pour Dieu" etc... pardon si j'ai du mal pour le moment à écouter ce genre de choses.

13.7.05

volonté politique

Rien à voir avec la spiritualité mais bon... ce matin j'ai entendu à la radio un monsieur qui faisait la promotion de la conquête spatiale. Ca aurait pu être un autre sujet. C'est alors qu'il a utilisé le mot magique : "si on veut aller sur Mars, développer les programmes spatiaux, il faut une volonté politique."

Ce qui me fait rire c'est qu'en fait volonté politique = sous, pognon, brouzouf, artiche, pèze, thune, blé, pépètes, en bref argent. Sauf que dire "il nous faut de l'argent" c'est pas beau. Alors on parle de volonté politique.

Faites le test. Je garantis à 100 % que quand ces deux mots sont utilisés c'est toujours pour réclamer de l'argent. Pas de jugement sur le fait qu'il s'agit en l'occurence d'argent public (d'où le côté politique), c'est juste que ça me fait marrer.

12.7.05

y a des jours

Tout va bien... j'ai un truc super à la bourre pour le travail, je vais pas réussir à tout faire à temps. Et à part ça j'ai un coup de barre genre moral à zéro virgule cinq.

Ca va passer ; serrons les dents.

rencontre et hasard

Hier en fin de journée j'avais rendez vous chez un médecin. Accident dans le métro, péripéties diverses : je suis arrivé avec 20 minutes de retard à mon rendez-vous. Donc je ne suis pas sorti à l'heure où j'aurais dû sortir.

Je sors dans la rue, je me dirige vers la station de métro, et vlan : mon frère, arrêté au coin de la rue sur son scooter, en train de parler au téléphone. Je me trompe peut-être mais il me semble bien que c'est la première fois de ma vie que je tombe "par hasard" sur lui. Incroyable. Naturellement j'avais beaucoup pensé à lui pendant la journée, ce qui ne gâche rien.

Je suppose que c'est un signe. Mais de quoi ? Impossible de le dire. On est jumeaux. C'est pas ce que les gens imaginent : pas de télépathie, rien de tout ça. Mais bon disons que je pense pas mal à lui ces temps ci. C'est aussi la seule personne de ma famille qui "sait".

Subhan allah... quel étonnement. Il doit y avoir un sens à tout ça pour les gens qui réfléchissent comme dit le verset du Coran.

accroche toi à ton chapelet

C'est quelque chose qu'on m'a dit plusieurs fois. Manière de dire, je suppose, "ne lâche pas le dhikr, quoi qu'il arrive". Hier soir j'ai compris un peu mieux le sens de cette phrase. Je suis rentré assez tard chez moi. Un dîner avec d'anciens collègues d'il y a plusieurs années. Quelques réflexions sur le fait que j'ai arrêté de boire. La routine quoi.

Et puis quand j'ai fait mon dhikr (mes invocations quotidiennes), j'ai eu un mal fou. J'avais jamais éprouvé ça. J'ai cru que je n'arriverais pas au bout. C'est la première fois que ça me fait ça. Sans doute pas la dernière. Hum. La voie n'est pas facile tous les jours je suppose.

Bon faut voir le bon côté : si j'ai du mal à faire le dhikr, c'est que mon égo se rebelle peut-être. Et on dit que c'est quand on a le plus de mal que le dhikr est le plus utile.

Assez étrangement, ce matin ça a été le contraire : j'ai pas vu passer le temps, et j'ai senti une concentration ou plutôt un abandon assez profond.

11.7.05

excellent titre

Toujours en surfant (je sais je ferais mieux de travailler...), je tombe sur un blog soufi, vide (quasiment pas de contenu) mais qui a un excellent titre : "going nowhere slowly". Ca me plaît beaucoup comme idée.

Faut dire que samedi j'ai eu un déjeuner un peu spécial. J'ai mangé chez ma mère, avec ma petite soeur et une amie d'enfance de ma mère qui est pathologiquement speed. Elle en est presque inquiétante, elle ne tient pas en place, a toujours trois mille projets en route etc... Du coup c'est difficile de parler avec elle.

Pas que je sois particulièrement lent, mais bon faut voir le spécimen. C'est quelqu'un de très charmant, mais disons qu'elle est l'opposée absolue des "amoureux du vide" dont j'ai souvent parlé ici.

Du coup cette idée de non seulement aller nulle part mais encore d'y aller lentement ça suffit à mon bonheur. Même dans des moments un peu maussades il y a parfois des raisons de se dire "alhamdoulillah".

lundi vagations

Pff et un mauvais calembour comme titre. Ca va pas mieux moi. Le lundi j'ai un mal fou au boulot, du coup je suis pas trop content de moi. En surfant je tombe sur un blog qui cite Ibn Ata Allah, avec aussi une très belle citation d'un certain Ali ben al Husayn que je me permets de reproduire ici :

"C'est grâce à nous les guides initiés
que le ciel ne s'écrase pas sur la terre,
que l'ondée bienfaitrice descend du ciel,
que la miséricorde se répand...
La terre engloutira ses habitants
si l'un de nous ne se trouve pas sur elle".

Je suis bien ignorant, mais ça m'a fait penser à un hadith (mes lecteurs érudits me corrigeront peut-être si je me trompe) qui dit, je crois, que tant qu'il restera un homme sur terre qui invoquera le nom de Dieu, la fin du monde sera différée.

Coïncidence ou pas je parlais de ce hadith avec un frère samedi. Je vais pas parler aujourd'hui du rôle du guide spirituel, de sa nécessité, des débats que ça suscite. Je trouve juste cette citation très belle.

lecture de Traces de Lumière

Je poursuis ma lecture. C'est hyper troublant : sur le moment je me dis "retiens cette phrase c'est trop beau", puis j'oublie. Je me répète un peu mais ce livre me donne vraiment le sentiment que je ne lis pas mais que je m'imprègne.

Les mots semblent s'inscrire quelque part dans ma tête (dans mon coeur ?) sans que la raison participe, ou très peu.

On m'a raconté que l'auteur était parti pour faire une traduction des hikam de Ibn Ata Allah. Et puis en quelque sorte ça a dérapé. Il est parti dans ce long songe éveillé, où il cite des hikam, et d'autres paroles de sagesse. Je crois (mais je ne suis pas sûr) qu'il a écrit ça très vite, comme sous l'effet d'une inspiration.

Ibn Ata Allah lui même avait écrit ses paroles de sagesse très jeune (à 23 ans je crois). Mais c'est une autre histoire.

Pour revenir au livre, une seule chose est certaine : je vais l'acheter.

réunion de samedi

Samedi j'étais un peu grognon. Déjeuner assez frustrant chez ma mère, après-midi un peu morne. Du coup je ne voyais pas venir la réunion du soir avec beaucoup d'enthousiasme.

Et puis deux heures avant la réunion, j'ai pensé à un frère qui vient de Dijon (!) pour les réunions, qui dort à la zaouia... et que je n'avais pas vu depuis longtemps. De penser à lui m'a mis du baume au coeur. Je ne sais pas trop dire pourquoi mais ça m'a donné une bonne raison pour aller à la réunion avec le sourire.

Et la réunion a été pas croyable. Parfois, sans qu'on comprenne pourquoi, il y a une énergie qui circule... je sais que je vais passer pour un dingue à parler de réunions où on invoque Dieu pendant des heures. Tant pis.

Il y a une partie où on invoque en silence, pendant euh... disons pendant pas mal de temps. Parfois ça paraît long. Et là samedi ça m'a semblé passer très vite. En rentrant après la réunion avec un autre faqir, on a parlé de ce phénomène étrange. Le temps semble changer de nature par moments. D'après ce frère c'est un fruit du dhikr (de l'invocation de Dieu).

Ce n'est pas seulement le temps immédiat, le fait que ça nous fait vivre dans l'instant. Il y a aussi je crois une perception du temps à plus long terme qui change. Mais tout ça est très flou pour moi. Faudra que j'y revienne (une fois de plus).

8.7.05

attentats

J'aborde presque jamais l'actualité. Et puis ça se bouscule dans ma tête. J'ai déjà parlé d'un billet sur l'islam traditionnel d'un blogueur américain que je trouvais très bien. Avec une définition de bon sens : l'islam traditionnel sunnite c'est celui qui a été pratiqué pendant la majeure partie des 14 siècles depuis la mort du prophète par la majeure partie des musulmans (je laisse de côté les chiites pour pas compliquer le propos).

Les 4 écoles juridiques tout ça. Bref des sujets que je connais pas assez bien mais qu'il vaut parfois la peine de rappeler en ces temps où beaucoup de gens font dire un peu ce qu'ils veulent aux hadiths, sans forcément tenir compte de tout le legs des savants du passé. Bon l'auteur n'est pas un rigolo disons. Et sa définition de la tradition peut se discuter.

Pour revenir à Londres il écrit un texte vraiment bien sur tout ça. C'est en anglais.

Au passage si un jour on m'avait dit que je comprendrais qu'on puisse discuter des mérites comparés de l'étude du fiqh (la jurisprudence) et de l'étude des hadiths... moi qui savais pas ce qu'est un sunnite il y a 2 ans...

ni moche ni jolie

C'est pas très charitable mais bon ça m'a fait marrer. J'ai parlé de cette histoire d'annonce dans libé. Mon frère m'a raconté la suite, je lui ai demandé comment s'était passée la rencontre.

Il m'a dit "boaf c'est une nana genre ni moche ni jolie...". Puis il a ajouté "enfin... surtout ni jolie en fait". C'est pas très marrant pour cette jeune femme qui a flashé sur lui, qui a mis une annonce dans libé, et Dieu sait que j'aurais aimé que ça se passe bien (mon côté romantique).

Mais c'est la phrase pince sans rire et le "surtout ni jolie" qui m'a fait rire.

la voie droite

Marrant... hier soir on a fait une mini réunion à 3, on a invoqué puis en guise de cours on a lu un pasage d'un document qui est une traduction commentée de certaines sourates. J'ai souvent l'impression que la voie qui mène à Dieu, ou le chemin spirituel, ou le retour à soi, quelle que soit la manière dont on l'appelle, que cette voie donc est très tortueuse. Plutôt chemin de montagne qu'autoroute.

Et hier dans ce commentaire il y avait un passage sur un verset que tous les musulmans connaissent par coeur puisqu'il fait partie de la fatiha (l'ouvrante, première sourate du Coran). C'est le verset qui dit "ihdina ssirata lmustaqima" soit "guide moi sur la voie droite".

Dans le commentaire qu'on a lu hier la voie droite symbolise le fait qu'on doit s'efforcer de tendre vers Dieu sans s'occuper de son ego. Ce qui ne veut pas dire qu'on vit hors du monde. Pour certains frères la voie droite symbolise la tariqa.

C'est un peu flou pour moi mais voilà : quand on prie ensemble à la zaouia, c'est souvent sous la conduite d'un frère ivoirien qui a une voix magnifique. J'ai presque les larmes aux yeux à chaque fois. Et, Dieu sait pourquoi, c'est au moment où il récite ces mots que mon coeur se serre le plus.

Encore un sujet sur lequel il faudra que je revienne.

compagnonnage

J'ai reçu un mail d'un frère qui est en vacances pour un mois aux Etats-Unis. Il me souhaitait plein de bonnes choses, me dit que les frères lui manquent... ça m'a beaucoup ému. J'en parlais avec un autre frère (pour les lecteurs non-musulmans, tous les musulmans sont mes frères et quand je parle de frères c'est presque toujours de gens de la tariqa qu'il s'agit... sauf quand c'est mon "vrai" frère bien sûr). J'en parlais donc avec un autre frère, qui m'a dit "tu sais, la voie c'est en grande partie les frères".

Il y a dans le compagnonnage, dans le fait de fréquenter les frères, énormément de choses. Sur le plan affectif bien sûr. Mais aussi sur le plan spirituel. On apprend plein de choses. Il y a tant de différences entre nous, et pourtant chacun écoute l'autre, et on apprend les uns des autres.

Je ne fais pas un tableau idyllique. Ca ne marche pas toujours bien, il peut y avoir des tensions, mais c'est quand même si étonnant. On prend soin les uns des autres. Difficile à croire mais par exemple il y a un frère qui a un peu disparu sans donner de nouvelles récemment. Eh bien alors que la plupart des membres du groupe ne l'ont vu qu'une dizaine de fois j'ai l'impression que presque tout le monde a essayé de savoir ce qu'il devient.

Je ne sais pas si c'est un bon exemple. Mais c'est quand même très touchant.

7.7.05

ouf

Petite réunion ce soir. On va probablement être 3 ou 4. Ca me va très bien. Il y a un repos qui s'installe quand on invoque comme ça en petit groupe. C'est très agréable. Bien sûr il y a moins d'énergie que lors des réunions à 20 ou 25.

Mais dans le fond c'est la même chose. Il y a un frère que je connais et qui est particulièrement "sensible", à qui il suffit d'être en présence d'un autre membre de la voie pour avoir des "hâls".

En parlant de ça il me semblait en éprouver parfois au début, et puis ça m'a quitté. Mais bon les manifestations un peu bizarres qu'on peut éprouver n'ont pas beaucoup d'importance. Certains frères m'ont dit que je leur semble "orienté", alors que j'ai l'impression du contraire. C'est que c'est subtil cette idée d'orientation. Hum en parlant de ça je m'aperçois que pour le lecteur lambda ça doit être désorientant tous ces termes.

Faudra que je reprenne ma série "le soufisme pour les nuls" un de ces quatre. Faudra aussi que je parle de ce que j'ai lu hier soir dans Traces de Lumière sur les oeuvres. Nos oeuvres c'est-à dire ce qu'on fait pour Dieu. Comme souvent avec ce livre je suis incapable de me rappeler ce que ça disait, mais c'était magnifique.

dure journée

Ca part fort... plein de petits problèmes à régler au bureau, et pour tout arranger il y a des travaux à l'étage en dessous, incluant un bruit de perceuse 50 % du temps. Peut-être qu'en pensant au sheikh ça va aller.

Pas trop le temps de poster ce matin du coup.

6.7.05

commencer à goûter

Un truc qu'on entend très souvent, je l'ai encore entendu dimanche dans la bouche d'un membre de la tariqa, c'est "quand on commence à goûter ça change tout". Ce n'est pas une révélation qui vous tombe dessus un beau jour j'imagine.

On dit que la voie est affaire de saveur, on parle de goût car les mots n'expriment pas ce qui s'y ressent. La question à 1 euro naturellement c'est "est-ce que je goûte moi aussi ?".

Impossible de répondre. On m'a dit plusieurs fois à propos du dhikr que le goût du dhikr s'installe et qu'on ne peut plus s'en passer. Peut-être qu'il faudrait que j'arrête d'en faire pour vérifier... le fait est que depuis qu'on m'a donné pour la première fois du dhikr à faire, avant mon entrée dans la voie, alors que je ne connaissais personne, je n'ai jamais "séché" une seule fois.

Même samedi soir (je suis rentré à 4 heures chez moi), j'ai fait mes invocations avant de me coucher. Peut-être que ça démontre que c'est en train de s'enraciner en moi, je ne sais pas trop. Les doutes sont toujours là.

A vrai dire quand quelqu'un me dit "quand on commence à goûter etc..." ça m'effraie un peu... je me demande à chaque fois si je goûte ou pas. Question idiote peut-être. Si ça se trouve je n'aurai pas la réponse tout de suite.

A ce genre de doutes une réponse est de dire "je n'en serais pas là, je ne ferais pas du dhikr matin et soir s'il n'y avait rien". Mais qui suis-je pour savoir.

5.7.05

protection

Je tourne autour d'un sujet je sais pas trop encore comment en parler. C'est la mise en place de la charia dans ma vie. Les prières, les pratiques, tout ça. Ca va faire rire les musulmans "d'origine" et les "anciens" mais bon. Pour les non musulmans faudrait que je définisse ce que c'est que la charia mais je suis si ignorant...

Faudra que j'y revienne. L'idée c'est que la mise en place de tout ça se fait graduellement, et comme par un besoin intérieur. Ca c'est la théorie, c'est ce qu'on entend. On entend aussi (ce sont des paroles de notre sheikh) que la charia, le fait d'être rigoureux et de respecter les prescriptions "extérieures" de l'islam permet de protéger ce qu'on acquiert intérieurement.

Je me méfie sur ce sujet parce que je ne sais pas si j'applique la théorie, les conseils qu'on me donne ou si c'est justement quelque chose d'intérieur. Eternelle question. Un peu comme quand mon frère me disait à mes débuts dans la voie que je semblais répéter des choses bien apprises quand je lui parlais de ce que je vivais.

Mais ces derniers temps j'ai comme senti cet aspect de protection. Comme si j'avais une tenue qui s'ajuste de mieux en mieux à moi chez un tailleur sur mesure. Enfin... je sais pas trop comment parler de tout ça à vrai dire. Selon la formule consacrée, j'y reviendrai.

fruits de la voie

Un résultat que j'attends de la voie, c'est que je voudrais devenir moins rancunier. On dit souvent que la voie nous montre nos défauts, ou plutôt les défauts de notre âme passionnelle. Samedi je discutais avec des gens que je n'ai pas vus depuis des années.

On a parlé d'un type qui a été un grand ami pendant plusieurs années quand j'étais étudiant. Je l'ai eu ensuite comme patron dans mon premier boulot (au passage, je ne recommande pas trop de bosser pour/avec un ami mais c'est un autre sujet). Cet ami m'a menti au moment où il m'a embauché. Je ne l'ai appris que plus tard, et c'est une des raisons qui m'ont fait quitter ce job.

J'ai réalisé que des années et des années après, alors que je n'y pense plus jamais, je lui en veux toujours. Pas croyable. Je suis sûr que lui même a tout oublié de cet incident. En quelque sorte, en gardant cette rancune en moi, je ne fais du tort qu'à moi-même (comme le dit un verset du Coran sur un autre sujet).

Il y a quelque semaines, j'avais eu un sentiment de bien-être et de pardon le soir après mon dhikr. L'ami (un autre) avec qui je me suis engueulé l'année dernière et à qui j'en veux pour pas mal de raisons m'apparaissait dans un flot de bienveillance.

Peut-être que je vais avancer dans ce sens, que je vais pouvoir laisser ça derrière moi. C'était un tel soulagement. Dommage que ça n'ait duré que le temps de m'endormir. Enfin... je pense que ce moment de grâce a laissé des traces plus durables. Mais je n'en mesurerai sans doute les fruits que plus tard.

librairie

Samedi je cherchais un livre pour le frère qui devait fêter son anniversaire le lendemain. J'ai hésité devant une anthologie de l'humour arabe, un livre qui a l'air très chouette avec des petits textes drôles et sages. Et finalement j'ai préféré prendre un livre que j'ai déjà lu, Austerlitz (rien à voir avec la bataille napoléonienne).

C'est un livre sur le souvenir, sur la recherche de ses origines. J'en ai déjà parlé ici. A la caisse je me trouvais à côté d'un monsieur qui semblait hésiter. Je sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai commencé à lui faire l'article sur des livres. Je suis comme ça : quand j'aime un livre je tanne les gens pour qu'ils le lisent. J'ai souvent offert des livres que j'avais adorés.

Là en l'occurence il y avait sur le comptoir Testament à l'anglaise et L'histoire de Pi. Le monsieur, un allemand très sympathique, est reparti avec les deux. Et avec la promesse de lire Austerlitz (en allemand).

La libraire m'a dit quand ça a été mon tour de payer "si vous avez du temps n'hésitez pas à repasser" avec un grand sourire. Elle m'avait entendu parler des livres à ce monsieur, et il faut croire que j'étais convaincant.

Je ne parle pas aux inconnus d'habitude. Mais là ça m'a pris. Marrant. C'était peut-être une façon de faire du dhikr.

chanson

Les paroles d'une chanson de Jimi Hendrix me sont revenues ces jours ci. Un peu mélancolique, mais bon. Ca dit ça :

"Drifting
On a sea of forgotten teardrops
On a lifeboat
Sailing for
Your love
Saling home..."

Me souviens plus de la suite. C'est une chanson qui m'a toujours beaucoup touché. Aller à la dérive sur une mer de larmes oubliées... c'est pas joli ça ? Pour les pros je signale "teardrop" au lieu du plus courant "tear", je trouve ça beau aussi.

Mbref la poésie c'est une question de goût j'imagine. Un autre truc que je trouve très beau en anglais c'est ce verbe "to sail for". Littéralement "faire voile vers". Ca a disparu du français. Je sais pas trop comment le traduire du coup.

séjour en août

Je me posais pas mal de questions sur ce mois d'août. Il y a des "retraites" organisées à Madagh, là où bat le coeur de la tariqa. Vu que je viens de commencer mon job, j'ai presque pas de vacances, et pour tout dire je n'arrivais pas à me décider... y aller, ne pas y aller... ça fait un mois que ça tournait dans ma tête.

J'en venais à me demander où j'en étais par rapport à la voie, à tout ça... je me disais "pfff au mois d'août il va faire une chaleur de bête, peut-être que tu devrais prendre un peu de distance".

Et puis comme souvent les choses se sont réglées d'elles mêmes. Le frère dont j'ai souvent parlé qui vit en Angleterre m'a écrit pour me dire qu'il y allait pendant 5 jours. Vendredi soir ça m'a frappé comme une évidence : il fallait que je lui dise que je voulais y aller aux mêmes dates.

On en a parlé hier. Et devinez quoi : de son côté il se demandait comment me proposer de partir en même temps que lui.

Du coup ben voilà les billets sont achetés. Si tout va bien on part du 2 au 7 août.

livre dans le métro

Hier soir je suis rentré chez moi après minuit. Dans le métro face à moi il y avait une femme sans doute africaine (mais peut-être antillaise) d'à peu près 50 ans, avec un air de sagesse. Elle lisait un livre. Il m'a semblé reconnaître le personnage sur la couverture.

J'ai regardé de plus près : c'était un livre sur l'Emir Abd el Kader. Marrant. Bon il est connu beaucoup plus pour son rôle dans la résistance à l'armée française que pour son rayonnement spirituel. Je ne sais pas trop sous quel angle ce bouquin en parlait. Mais j'ai trouvé que c'était un petit signe sympathique.

4.7.05

grande mosquée de Paris

Samedi comme j'étais dans le coin en fin d'après midi je me suis décidé à aller prier à la grande mosquée. C'est la première fois que j'y allais. Première fois que je vais dans une mosquée en France à vrai dire.

Lors des réunions de la tariqa, on est souvent 25 ou 30. Du coup on fait les prières ensemble. Et j'ai déjà raconté ce que j'avais éprouvé lors des prières en commun à Madagh. Pour revenir à la mosquée de Paris, comment dire... ça fait longtemps que l'idée me trottait dans la tête, je pense que je voyais ça comme un "dépucelage".

Bon ben voilà, ça c'est fait. Rien de particulier à signaler. La mosquée est très belle. Samedi soir je dînais avec un ami qui est loin de tout ça et je lui ai dit que je n'avais pas éprouvé le même bien être à la mosquée que quand on prie à la zaouia (la salle où se réunit le groupe de la tariqa). Il m'a demandé pourquoi.

J'ai pas su lui répondre autre chose que "c'est intérieur". Pas sûr que ça lui suffise comme réponse. Mais c'est la stricte vérité. Il y a le fait qu'à la zaouia je connais tout le monde. Mais à Madagh je ne connaissais presque personne et j'avais senti ce transport, cet envol... que je n'ai pas senti samedi.

Mais tout ça ne prouve rien dans un sens ni dans l'autre. Je retournerai à la mosquée à l'occasion. Mais je n'irai pas "spécialement". C'est pas tout près de chez moi. Et j'ai les prières avec les frères qui me suffisent bien.

vieux faqir ?

Hier il y avait l'anniversaire d'un membre de la tariqa. Une des personnes présentes est une soeur qui doit avoir pas loin de soixante ans, que je connais mal mais qui est très gentille. Elle avait fêté le mariage d'un de ses fils il y a quelques temps, et ce jour là elle m'avait demandé de parler un peu avec son fils et l'épouse de celui-ci pour qu'ils se sentent moins "perdus" (c'était un déjeuner dans le cadre de la tariqa, et les mariés ne connaissaient pour ainsi dire personne).

Hier elle m'a dit qu'elle a l'impression que je suis dans la voie depuis 10 ans... Je pense que c'est un très beau compliment. Mais en même temps (peut-être que j'ai du mal à accepter les compliments...) ça m'a fait un peu bizarre. Je me suis senti comme un imposteur. Je connais si peu de choses, je me sens encore si peu enraciné dans la voie, dans la foi...

Le mieux c'est que ce n'est pas la première fois... d'autres gens m'ont déjà dit qu'ils ont l'impression que je suis là depuis longtemps (comme si je faisais partie des meubles ?). Ca doit être mon côté "rassurant" ; j'ai déjà vu ça à l'oeuvre dans le cadre professionnel. Et j'aime bien faire des belles phrases, les gens doivent me trouver sage. S'ils savaient...

L'autre explication ce serait que je suis dans la voie depuis longtemps mais que ça ne fait que quelques mois que je le sais. J'aime bien cette idée même si elle est carrément vertigineuse.

1.7.05

chant, intention et instant

Un truc m'est revenu, un conseil que mon frère m'avait donné il y a très longtemps. A l'époque il m'arrivait de chanter dans un groupe avec des copains. Il m'avait dit la chose suivante : "quand tu chantes, mets toute ton intention, toute ton énergie dans chaque note, comme si c'était la seule que tu devais chanter".

Ca m'est revenu à cause du mot intention. J'ai réalisé qu'on pourrait suivre le même conseil pour le dhikr. Mettre toute son intention dans chaque mot, dans chaque "la ilaha illa Llah"... pas facile (j'ai testé), mais il y a de ça : être dans l'instant, ne pas penser au moment d'avant ni à celui d'après.

On peut généraliser : on dit ainsi qu'il faut faire chaque prière comme si c'était la dernière, et dans tous les domaines c'est la même chose ; mettre le meilleur de soi dans l'instant. Vaste programme.

Pour revenir au chant, c'est plus facile. Le chant a ceci de magnifique qu'on s'y absorbe très facilement. C'est un peu comme le sport : l'esprit, le coeur et le corps sont instantanément mobilisés. Et à l'époque ce conseil de mon frère m'avait fait beaucoup de bien. Pas que je sois un bon chanteur, loin de là. Mais c'est un très bon conseil.

histoire spirituelle ?

Marrant : une histoire que j'avais déjà entendue dans un contexte spirituel me revient par un biais inattendu : l'amie avec qui j'ai déjeuné hier et qui avait un peu le moral dans les chaussettes me l'adresse par mail aujourd'hui.

C'est l'histoire de ces deux amis qui se promènent dans le désert, ils se disputent et l'un des deux colle une gifle à l'autre. Celui-ci écrit dans le sable "aujourd'hui mon meilleur ami m'a collé une gifle". Ils arrivent à un oasis et décident de se baigné. Le "giflé" manque de se noyer et est sauvé par son ami. Il grave dans la pierre "aujourd'hui mon meilleur ami m'a sauvé la vie".

L'autre s'en étonne, et le giflé/sauvé lui répond : "quand quelqu'un nous blesse, nous devons l'écrire dans le sable, où les vents du pardon peuvent l'effacer ; mais quand quelqu'un nous fait du bien, nous devons le graver dans la pierre où aucun vent ne peut l'effacer".

La conclusion est qu'il nous faut apprendre à graver nos blessures dans le sable et nos joies dans la pierre. Facile à dire, mais c'est un autre sujet.

Ce qui m'a frappé c'est que ça vienne de cette amie, qui n'est pas du tout "spirituelle" à ma connaissance. Bon cette histoire est universelle, mais ça m'a paru un clin d'oeil quand même.

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