5.7.05
fruits de la voie
Un résultat que j'attends de la voie, c'est que je voudrais devenir moins rancunier. On dit souvent que la voie nous montre nos défauts, ou plutôt les défauts de notre âme passionnelle. Samedi je discutais avec des gens que je n'ai pas vus depuis des années.
On a parlé d'un type qui a été un grand ami pendant plusieurs années quand j'étais étudiant. Je l'ai eu ensuite comme patron dans mon premier boulot (au passage, je ne recommande pas trop de bosser pour/avec un ami mais c'est un autre sujet). Cet ami m'a menti au moment où il m'a embauché. Je ne l'ai appris que plus tard, et c'est une des raisons qui m'ont fait quitter ce job.
J'ai réalisé que des années et des années après, alors que je n'y pense plus jamais, je lui en veux toujours. Pas croyable. Je suis sûr que lui même a tout oublié de cet incident. En quelque sorte, en gardant cette rancune en moi, je ne fais du tort qu'à moi-même (comme le dit un verset du Coran sur un autre sujet).
Il y a quelque semaines, j'avais eu un sentiment de bien-être et de pardon le soir après mon dhikr. L'ami (un autre) avec qui je me suis engueulé l'année dernière et à qui j'en veux pour pas mal de raisons m'apparaissait dans un flot de bienveillance.
Peut-être que je vais avancer dans ce sens, que je vais pouvoir laisser ça derrière moi. C'était un tel soulagement. Dommage que ça n'ait duré que le temps de m'endormir. Enfin... je pense que ce moment de grâce a laissé des traces plus durables. Mais je n'en mesurerai sans doute les fruits que plus tard.
On a parlé d'un type qui a été un grand ami pendant plusieurs années quand j'étais étudiant. Je l'ai eu ensuite comme patron dans mon premier boulot (au passage, je ne recommande pas trop de bosser pour/avec un ami mais c'est un autre sujet). Cet ami m'a menti au moment où il m'a embauché. Je ne l'ai appris que plus tard, et c'est une des raisons qui m'ont fait quitter ce job.
J'ai réalisé que des années et des années après, alors que je n'y pense plus jamais, je lui en veux toujours. Pas croyable. Je suis sûr que lui même a tout oublié de cet incident. En quelque sorte, en gardant cette rancune en moi, je ne fais du tort qu'à moi-même (comme le dit un verset du Coran sur un autre sujet).
Il y a quelque semaines, j'avais eu un sentiment de bien-être et de pardon le soir après mon dhikr. L'ami (un autre) avec qui je me suis engueulé l'année dernière et à qui j'en veux pour pas mal de raisons m'apparaissait dans un flot de bienveillance.
Peut-être que je vais avancer dans ce sens, que je vais pouvoir laisser ça derrière moi. C'était un tel soulagement. Dommage que ça n'ait duré que le temps de m'endormir. Enfin... je pense que ce moment de grâce a laissé des traces plus durables. Mais je n'en mesurerai sans doute les fruits que plus tard.
# Mis en ligne par cahincaha : 1:14 PM
Comments:
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On lit dans votre post une phrase intéressante où vous dites d’une même personne, tout d'une traite : «L'ami (…) à qui j'en veux (…) m'apparaissait dans un flot de bienveillance.» C'est presque une illustration de la tradition du Prophète – que Dieu prie sur lui et le salue : « Le cœur [de l’homme] est entre deux doigts de la Main du Tout-Miséricordieux, et Il le tourne comme il Lui plaît. » (cité de mémoire)
Le ressentiment (ou l’antipathie) et l’amitié (ou l’amour) sont deux passions venant d’une seule source, la nafs. Comme telles, il convient de s’en méfier et de leur réserver un traitement similaire, à savoir une certaine distance et de la retenue («observe ton âme....») Cela est évident pour le ressentiment mais beaucoup moins pour l’amour (aimer un ami, ou une femme, avec distance et retenue ??) Pourtant, si l’on y réfléchit, on peut tout aussi bien oublier Dieu dans la haine que dans l’amour fou, et c’est dans l’oubli de Dieu que réside le «danger».
Il s’agit là d'amour plus ou moins passionnel ; non de l’amour de Dieu et de Son Envoyé (ou du représentant de celui-ci), qui eux ont une action salutaire sur l’âme passionnelle -- en lui demandant d’ailleurs rapidement des sacrifices : «Vous n’atteindrez pas à la piété [véritable] aussi longtemps que vous n’aurez pas fait don de ce que vous aimez» (Coran, 3:92).
Le Prophète – que Dieu prie sur lui et le salue – donne donc ce conseil : «Aime ton ami d’un amour modéré, car il se peut bien qu’il devienne un jour ton ennemi ; et déteste ton ennemi de façon modérée, car il se peut bien qu’il devienne un jour ton ami.»
Un grand Shaykh a dit également (de mémoire) : «L’homme n’est véritablement devenu un homme que lorsque son pire ennemi lui est venu en aide.»
En réalité, Celui qui est profitable (al-Nâfi’), c’est Dieu. Celui qui «nuit» (al-Dârr), c’est Dieu. Et l’Ami intime qui prête assistance (al-Walî), c’est encore Dieu.
Le ressentiment (ou l’antipathie) et l’amitié (ou l’amour) sont deux passions venant d’une seule source, la nafs. Comme telles, il convient de s’en méfier et de leur réserver un traitement similaire, à savoir une certaine distance et de la retenue («observe ton âme....») Cela est évident pour le ressentiment mais beaucoup moins pour l’amour (aimer un ami, ou une femme, avec distance et retenue ??) Pourtant, si l’on y réfléchit, on peut tout aussi bien oublier Dieu dans la haine que dans l’amour fou, et c’est dans l’oubli de Dieu que réside le «danger».
Il s’agit là d'amour plus ou moins passionnel ; non de l’amour de Dieu et de Son Envoyé (ou du représentant de celui-ci), qui eux ont une action salutaire sur l’âme passionnelle -- en lui demandant d’ailleurs rapidement des sacrifices : «Vous n’atteindrez pas à la piété [véritable] aussi longtemps que vous n’aurez pas fait don de ce que vous aimez» (Coran, 3:92).
Le Prophète – que Dieu prie sur lui et le salue – donne donc ce conseil : «Aime ton ami d’un amour modéré, car il se peut bien qu’il devienne un jour ton ennemi ; et déteste ton ennemi de façon modérée, car il se peut bien qu’il devienne un jour ton ami.»
Un grand Shaykh a dit également (de mémoire) : «L’homme n’est véritablement devenu un homme que lorsque son pire ennemi lui est venu en aide.»
En réalité, Celui qui est profitable (al-Nâfi’), c’est Dieu. Celui qui «nuit» (al-Dârr), c’est Dieu. Et l’Ami intime qui prête assistance (al-Walî), c’est encore Dieu.
# écrit par 
: 11:55 AM
: 11:55 AM
Merci, merci... que dire ? C'est un sujet si riche ! Dieu tourne le coeur de l'homme comme il Lui plaît, donc quand on aime, même d'un amour fou, c'est aussi Sa volonté n'est-ce pas ? Tout ça est si subtil à comprendre... lutter contre les tendances passionnelles de son âme tout en sachant que c'est Dieu qui les a placées dans notre coeur... pas simple, et je suis bien placé pour l'éprouver. Aimer sans jamais oublier Dieu... beau programme.
Votre commentaire me fait songer à Abd el Kader et à son explication sur le "Dieu a décrété que vous n'adoreriez que Lui" (Coran 17:23)... où qu'on tourne son amour (mais on pourrait en dire autant du ressentiment), c'est vers Sa face qu'on se tourne.
Hum je suis bien ignorant de tout ça, merci encore de vos éclairages.
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Votre commentaire me fait songer à Abd el Kader et à son explication sur le "Dieu a décrété que vous n'adoreriez que Lui" (Coran 17:23)... où qu'on tourne son amour (mais on pourrait en dire autant du ressentiment), c'est vers Sa face qu'on se tourne.
Hum je suis bien ignorant de tout ça, merci encore de vos éclairages.
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