31.10.05

fin du ramadan

Bientôt fini... c'est marrant mon frangin m'a dit "tu vas avoir du mal à te remettre dans le rythme de manger normalement". Hum. On verra bien.

La plupart des musulmans que je connais me disent que ça va plutôt leur manquer, qu'ils sont tristes que ça soit passé si vite. Je ne suis ni triste ni content. Peut-être qu'avec du recul... C'est vrai en revanche que c'est passé vite.

En parlant de nourriture il y a une nana dans mon équipe qui abuse carrément : en gros elle va au resto 4 jours par semaine aux frais de la boîte. Aujourd'hui c'était un sympathique restau italien, 82 euros pour 2. Il faut dire que ça doit être important pour la boîte d'inviter des gens tout le temps au restaurant.

Quand je vois ça comment voulez-vous que je ne m'énerve pas ? Encore une bataille à mener... entre ça et arriver un jour à ce que les gens arrêtent de fumer je sens que je vais avoir plein d'occasions d'augmenter ma popularité.

dans ta face !

Marrant... je tire au hasard un aphorisme de Ibn Ata Allah , et je tombe sur ça :

"Il n'y a pire ignorant que celui qui abandonne la certitude qu'il a de ses défauts pour admettre l'existence des qualités que les gens lui supposent."

Bon c'est sûr que ces aphorismes sont souvent l'illustration d'une assez grande rigueur. Mais c'est drôle que ça arrive un jour où j'ai plutôt reçu des compliments...

insincérité ?

Depuis quelques jours je me pose plein de questions (une fois de plus !) sur la sincérité de mon engagement. Parfois je me demande ce que je fais là, j'ai du mal avec la pratique, etc...

Un truc par exemple : je réprime plein de colère. Peut-être que c'est un autre sujet qui n'a rien à voir, mais je me dis que si j'étais parfaitement en accord avec moi-même il n'y aurait pas cette rage. Je prends le métro, je vois des gens qui restent assis au lieu de se lever pour faire de la place quand le métro est bondé, et d'un seul coup ça me met dans une colère... je ne dis rien mais j'ai vraiment envie de leur crier dessus.

J'en ai parlé samedi à un frère à qui je peux tout dire. Il m'a dit "tu sais ça sera comme ça tout le long" en se marrant. Et lui est dans la voie depuis près de 10 ans. Samedi soir c'était la nuit du destin. J'explique pour les non musulmans : c'est la nuit où, selon la tradition, le prophète a reçu la révélation. Traditionnellement c'est une nuit de prières et d'invocation.

Là en l'occurence on est restés de 7 h du soir jusqu'à 2 heures du matin. Le plus marrant c'est que ça m'a paru durer 1 heure au total... mais je ne me suis pas senti concentré. Bref c'était une soirée étrange.

Et puis ce frère m'a ramené en voiture chez moi. Il a mis une cassette de qasida (des chants sacrés) et je me suis senti apaisé, bien. C'est difficile d'expliquer comment on arrive dans la tariqa. Difficile d'expliquer pourquoi on y reste. Certains en partent.

Pour moi, mais j'en ai déjà parlé, c'est l'amour qui me tient là. Un truc qui fait chaud au coeur. Alors c'est sûr que des doutes j'en ai tout le temps, mais voilà : les frères, cette chaleur, c'est totalement irrationnel mais c'est là.

28.10.05

beauté de la langue

Hier, je ne sais pas trop pourquoi, m'est revenu un souvenir très fort de mon dernier séjour à Madagh. J'assistais à une réunion d'invocation, et le frère (marocain) qui conduisait la réunion avait une voix particulièrement belle.

A un moment je crois bien que j'ai reconnu une sourate qui était répétée plusieurs fois, sans jamais l'avoir entendue en Arabe. C'est la sourate 87 (Le Très-Haut), qui pour certaines raisons disons sentimentales me rend nostalgique. Attention ce n'est pas que pour ces raisons que je la trouve belle.

Elle finit, je crois par ces mots "ceci se trouve, certes, dans les écrits anciens, les écrits d'Abraham et de Moïse". C'est aux noms de ces deux prophètes que j'ai reconnu la sourate. Je précise que je connais très mal le Coran : je l'ai lu une fois en Français, et c'est à peu près tout.

Du coup je ne sais pas trop comment j'avais compris que c'était cette sourate. Mais quoi qu'il en soit le voix de ce frère était d'un déchirant... Peut-être que c'est la beauté de la langue, ou que j'ai été touché sans comprendre les mots.

J'ai déjà eu plein de fois du mal à expliquer à des gens pourquoi le Coran se récite en Arabe. Je vais pas parler de ça aujourd'hui. Mais ce jour là... je ne sais pas comment dire. Je crois que j'avais presque les larmes aux yeux. Il y a cette façon particulière de scander les mots...

C'est bizarre. Ces jours-ci je me sens pas trop concerné par la voie, j'ai du mal à me concentrer, j'ai des doutes, je ne suis pas sûr d'être sincère. Et pourtant il y a ces traces, comme ce petit souvenir. C'est peut-être ça les traces de lumière.

fils de l'instant et désert

Pas facile de ne pas se projeter... Hier soir à l'issue de la réunion on a parlé un peu du fameux adage qui dit que le soufi doit être le "fils de l'instant". Qu'il faut essayer d'être présent là, maintenant, et de ne pas se projeter.

Quand on invoque c'est très difficile de ne pas penser à ce qu'on doit faire le lendemain, à ce qu'on a oublié de faire la veille, et du coup tout ça prend un sens très concret. Attention : de ce que j'en comprends, l'adage ne veut pas dire qu'on doit vivre au jour le jour.

Mais c'est plutôt marrant qu'on ait parlé de ça justement dans une période où j'ai particulièrement du mal à être dans l'instant. Un frère qui était là m'a donné le conseil, quand j'invoque, d'être le plus possible dans les mots que je prononce.

Ca m'a fait penser à ce vieux conseil que m'avait donné mon frère il y a longtemps quand je chantais dans un groupe : être à 100 % dans chaque note. Dès le début de chaque note. Ca m'avait beaucoup marqué. Bon je n'ai jamais été un bon chanteur, mais à l'époque j'avais trouvé ce conseil tout simple en apparence très utile.

Pour revenir à hier soir, il y avait un frère qui a vécu beaucoup de choses. Il a plus ou moins rencontré la voie par un amour de plus en plus grand pour le désert et pour les rencontres qu'il a faites en Algérie il y a longtemps.

Il nous a raconté un épisode génial. Il allait fréquemment en Algérie, où il s'était fait des amis. Et un jour, il a eu la chance d'être invité à partager la vie d'un famille de nomades du désert pendant quelques jours.

L'année suivante il y est retourné, et a amené un certain nombre de petits cadeaux ou de produits de première nécessité (à l'époque, il y avait des pénuries terribles là bas). En particulier il a amené des bonbons pour les enfants de la famille de nomades.

Le moment venu, il a commencé à distribuer les bonbons aux enfants. Puis à un moment leur a dit "ça suffit, il faut en garder pour demain !". Le père lui a alors dit "pourquoi en garder ?". Je raconte mal cette histoire mais ça illustre tellement une façon de penser différente... profitons de ce que la vie nous offre aujourd'hui, et si demain il n'y a plus de bonbons on s'en passera.

Encore une fois ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas être prévoyant ; ces nomades vivent d'un troupeau qu'ils entretiennent tout au long de l'année. Mais là on est dans la survie. Pas sûr que les bonbons soit indispensables à la survie.

Hum je sais pas bien où je veux en venir avec tout ça, et je ne suis pas sûr d'avoir retenu la leçon. Mais hier soir ça m'a énormément plu.

27.10.05

décompression ?

Je ne sais pas si c'est la tension nerveuse, ou autre chose, mais je n'ai pas été aussi fatigué depuis le début du ramadan. Peut-être est-ce toute cette pression qui s'est un peu calmée lundi... je ne sais pas.

Je n'ai qu'une envie : dormir. D'un autre côté ce soir réunion donc je vais me coucher assez tard. Mais si ça c'est pas une bonne raison pour se coucher tard...

glaciation

L'ambiance est toujours sibérienne au bureau... Je sens que les semaines qui viennent vont être un peu compliquées. Mais bon... qui n'a pas de petits soucis au boulot ?

Je dois me réconcilier plusieurs femmes de mon équipe qui (pour des raisons très différentes) ont du mal avec moi. Le pire c'est que je ne crois pas être à la source du problème. Mais bon comme disait je ne sais plus qui, il est temps de décider si je veux faire partie du problème ou de la solution. Et il est temps pour elles aussi.

Au moins j'ai du temps. Mais je vais devoir être fin psychologue, et ça c'est pas mon point fort.

J'ai eu un nouveau coup de fil du frère que j'aime beaucoup qui travaille en Angleterre. Il se débat dans un choix très important, qui pourrait l'amener à changer de pays, et certainement de style de vie. Je lui ai dit d'écouter son coeur, mais je crois qu'il n'a pas besoin de moi pour ça !

Quelque part je crois que sa décision est déjà plus ou moins prise, mais qu'il ne le sait pas encore. Bon ça n'est que mon avis. On verra.

coups de fil et mahabba

Hier soir j'ai parlé rapidement avec un frère qui est en train de changer de boulot. Il m'a donné des nouvelles encourageantes, même si rien n'est fait. Mais ça m'a fait super plaisir... ça m'a donné le sourire pendant tout mon trajet en métro.

Nous ne sommes pas pour grand chose dans ce genre de choses... il y a un amour qui circule dans la voie et qui fait qu'on se sent concerné par tout ce qui arrive aux autres. Je me fais peut-être des illusions. Mais quand je vois à quel point plusieurs personnes m'ont aidé quand ça n'allait pas trop fort...

Soirée tranquille seul chez moi hier. Et là nouveau coup de fil : un frère qui n'est pas dans la voie mais qui s'y intéresse beaucoup, qui habite en province et n'a donc pas la possibilité d'assister à des réunions alors qu'il en aurait envie.

On a passé une heure à discuter, ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas parlé. On a parlé de la mahabba, cet amour qui circule. Il y a quelques jours il est allé dans une mosquée pour la rupture du jeûne. Je ne juge pas du tout, mais il s'est retrouvé à discuter avec des gens qui visiblement lui ont surtout parlé de règles, d'obligations, et pas trop d'amour.

Attention. Je n'entre pas ici dans un débat sur la charia et son respect, ni sur les récompenses et les punitions. J'en ai déjà parlé, j'en reparlerai, mais c'est pas le sujet ici. Le sujet c'est ça : que ça soit dans la voie ou pas, il y a des gens dont on sent qu'ils parlent avec le coeur, et d'autres dont on a l'impression qu'ils récitent une leçon. Je sais bien que je ne suis pas dans le secret des coeurs et que je ne devrais pas préjuger, mais bon...

On a parlé aussi du détachement. Je fais mon malin, je répète ce que j'ai entendu sur le fait qu'il faut progressivement se détacher intérieurement du monde, c'est à dire ne pas accorder aux choses plus d'importance qu'elles n'en ont.

En même temps le détachement c'est pas facile à saisir : si je perds un de mes parents, ou que je suis proche de la mort, qui sait comment je réagirai ? J'aurai mal, j'aurai peur, comme tout le monde j'imagine.

Je suppose que le vrai détachement n'appartient qu'à des grands sages. Pour moi qui ai encore des doutes sur ma foi, sur plein de choses, c'est compliqué. Hum. Je mélange peut-être les idées. La certitude dans la foi et le détachement sont peut-être des sujets un peu différents...

Encore une journée chargée en perspective au bureau. Heureusement qu'il y a une réunion chez moi ce soir, ça va me faire du bien.

26.10.05

signes

Ca fait longtemps que j'ai pas parlé de ça. A une époque je voyais des signes partout, ou peut-être est-ce mon égo qui en voyait partout... quoi qu'il en soit j'ai fini par me dire à un moment que les signes, on peut à la rigueur les reconnaître quand ils arrivent, mais que ça ne va pas forcément plus loin.

Quand une feuille d'un arbre était tombée dans mon assiette au moment précis où je disais doctement "rien ne tombe des arbres", c'était clairement un signe ou un clin d'oeil, appelez ça comme vous voulez. Mais un signe de quoi ?

Au moment où j'étais le plus découragé au boulot il y a 2 semaines, j'ai reçu une lettre avec des bonnes nouvelles disons financières... était-ce un signe ? Je n'en sais rien.

Un de mes amis dont je me sens le plus proche voit des signes partout. On en a souvent parlé ensemble... on voit un nom sur un journal, un chiffre, on entend un mot, et ça nous semble adressé personnellement à nous.

Hum je ne sais pas trop où je veux en venir avec tout ça. Il faut dire que 8 heures sur Excel à compiler des budgets n'aident pas à avoir l'esprit clair.

Il y a un type que je connais très peu et que je voudrais recontacter. Mais pour tout un tas de raisons je n'arrive pas à me décider à lui envoyer un mail. Je n'entre pas dans les détails mais j'y pensais justement hier soir. Et paf aujourd'hui le type en question m'écrit, sur un sujet banal. Est-ce un signe ? Allez savoir.

Tiens ce matin j'ai revu (ça ne fera rire que mes lecteurs fidèles) la super Mercedes de luxe garée pas loin du pressing avec un écriteau imprimé qui dit "en dépannage informatique au pressing". J'y peux rien ça m'a à nouveau fait marrer.

grosse journée

Je suis depuis 9 h ce matin en train de faire des budgets et des tableaux de chiffres. Pas de pause à midi. Du coup j'ai bien bossé mais j'ai un peu la tête comme une citrouille.

Je posterai un billet plus tard...

25.10.05

café

Pour la première fois depuis le début du ramadan (la deuxième fois en fait, mais la première fois c'était un dimanche donc ça allait), j'ai oublié de mettre mon réveil pour me lever à 6 h. Résultat : je n'ai pas une goutte de café dans le sang.

J'espère que je ne vais pas passer une journée difficile. Tous les addicts au café me comprendront.

PS à 11 h : je confirme, c'était pas une bonne idée de rater l'heure pour le café. J'ai mal à la tête et je me sens tout mou.

24.10.05

à mes lecteurs fidèles

Ouf. Ma période d'essai est finie, et je suis (pour un temps) "sécurisé" au niveau du boulot. C'est pas trop tôt !

L'ambiance est toujours assez lourde, mais ça m'enlève un de ces poids !!

Merci à tous ceux qui m'ont encouragé ces derniers jours. Je ne parle que de moi ici, de mes petits ennuis, de mes petites peines,... c'est sûr qu'il y a pire ailleurs. Mais bon c'est une bonne nouvelle ! Champomy !

le génie du management

La crise continue, et il va y avoir des moments difficiles dans les semaines qui viennent. Là pour le moment ce n'est plus une porte qui est fermée mais il y en a 3 !! Quand on a le management dans le sang, c'est un don, pas besoin de le travailler.

Je me demande si je ne devrais pas changer de métier. Pêcheur par exemple. Ou jardinier.

PS à 18h : il s'avère que je n'y suis pour rien ; il y a une nouvelle standardiste qui est allergique au tabac. Du coup les fumeurs (fumeuses en l'occurence) s'enferment dans leurs bureaux. Ca m'arrange pas des masses au niveau euh... esprit d'équipe tout ça.

nerfs

Mon patron ne m'a toujours pas dit s'il compte me garder... c'est vraiment très étrange. Il fait comme si c'était bon, mais en même temps il ne me dit rien. Résultat avant mercredi matin je n'aurai pas de certitude.

Si ça c'est pas jouer avec mes nerfs. Je sais bien que lui-même est sur les nerfs et sans doute un peu paumé, mais c'est quand même pas des choses qui se font. On dirait qu'il s'enterre la tête dans le sable comme une autruche en espérant que le problème va disparaître...

Hum. En attendant je vais faire de mon mieux pour patienter. Après tout j'ai fait tout ce que je pouvais, je ne pense pas pouvoir faire plus.

concentration et effort

Samedi j'ai eu l'heureuse surprise d'avoir un coup de fil du frère qui est parti s'installer en Angleterre. Ca m'a fait un plaisir pas possible de parler avec lui, du Ramadan, de la vie, de tout.

A un moment on a parlé de la concentration lors du dhikr. C'est très difficile de se concentrer, c'est à dire de faire le vide dans son esprit. Je suppose que les gens qui font de la méditation zen sont confrontés au même apprentissage.

Dans l'impression que j'en ai, il faut à la fois faire un effort (pour chasser les pensées parasites) mais sans "forcer". Je ne sais pas trop comment expliquer ça. Il y a une part d'abandon de soi. C'est là que c'est difficile. Hum je me sens si peu concentré... je vois pas comment je pourrais donner des leçons.

Mais mon impression demeure. C'est un équilibre entre volonté et abandon de la volonté. Bon dit comme ça on dirait que c'est super compliqué, alors qu'en même temps c'est quelque chose qu'on ressent intérieurement (ou pas !). Je suis incapable de m'expliquer pourquoi à certains moments je suis "dedans" et à d'autres complètement distrait.

J'imagine que c'est avec les années qu'on progresse là dessus... on verra.

cours

Samedi lors de la réunion on a eu en guise de cours un commentaire sur l'aphorisme de Ibn Ata Allah qui dit ça :

"Décharge-toi (en ce qui concerne ta subsistance) de la direction de tes actes ; ce dont s'occupe pour toi un Autre, ne t'en occupe pas."

Les commentaires des hikam ont été faits par un grand maître, Ibn Ajiba. Là en l'occurrence le commentaire explique (je cite de mémoire) un truc comme ça : "entre deux partis, ne choisis pas, et le choix de ne pas choisir, renonces-y également".

Il faut comprendre ça comme quelque chose d'intérieur : dans la vie de tous les jours, il nous faut faire des choix, les assumer, les maintenir ou au contraire les modifier si on le peut. Mais intérieurement, si on n'y prête pas une importance démesurée, on se protège contre les déceptions.

Du moins c'est ce que je crois comprendre. J'ai trouvé marrant qu'on évoque le sujet de la subsistance juste au moment où je traverse cette zone de turbulences et d'incertitudes quand à mon travail, et donc à ma survie économique.

L'aphorisme ne doit pas se comprendre comme un appel à être passif, au contraire. C'est là toute la difficulté de la chose. Se décharger de la direction de ses actes ne veut pas dire attendre que les fruits tombent des arbres. Hum tout ça est un peu flou, et difficile à comprendre concrètement.

21.10.05

vacances

Mardi je saurai si c'est bon au niveau période d'essai et tout ça... si ça s'avère positif, je crois bien que je vais me programmer des vacances au Sénégal en famille pour Noël.

J'ai déjà raconté ici un séjour en mars (j'ai la chance d'avoir une mère qui a une maison là bas...), où j'avais assisté de loin à une réunion de tidjanes à l'extérieur d'une maison qui m'avait beaucoup touché.

On a les attaches dont on hérite, et qu'on se constitue petit à petit. Je suis parti pour la première fois au Sénégal à 16 ans (ma mère et mon beau-père étaient en poste là bas pour quelques années), et depuis j'y retourne chaque fois avec le sentiment d'être un peu chez moi. Bon chez moi c'est ici, mais je me sens bien là bas.

Avoir connu le pays comme jeune blanc-bec intéressé surtout par la plage, la fête et le yamba ça fait drôle a posteriori. Je serais incapable de dire si mes nombreux séjours là bas ont préparé le terrain pour l'islam... j'en sais vraiment rien. Mais quel bonheur rien qu'à l'idée d'y aller...

sollicitude

Ces derniers jours j'ai eu plusieurs témoignages de sollicitude de la part de gens qui m'ont énormément touché. Bon je ne suis pas en train de traverser une épreuve terrible comme la mort d'un proche ou une grave maladie.

Mais ça m'a fait chaud au coeur.

intention et ramadan

Hier soir j'ai assisté à une petite réunion chez le responsable du groupe de Paris. C'était bien, comme toujours si j'ose dire. A la fin, on parle toujours de sujets divers et variés, ça constitue une sorte de cours.

On a parlé du Ramadan. De l'aspect extérieur (s'abstenir d'un certain nombre de choses) mais aussi de l'aspect intérieur. Le Ramadan symbolise le fait qu'on cherche à combattre les désirs de la nafs (l'ego), pour avancer vers le détachement.

Hum que ça soit clair le détachement ne veut pas dire qu'on vit hors du monde, au contraire. Mais il nous a cité un adage soufi que je ne connaissais pas, et qui est vraiment bien : "porte le monde dans ta main, pas dans ton coeur".

Pour revenir aux aspects extérieurs il nous a rappelé que par exemple insulter quelqu'un, médire, se battre ou se mettre en colère gravement invalide le jeûne. Pour bien préciser je lui ai demandé si parler avec un pote d'un abruti qu'on connaît tous les deux (comme ça m'était arrivé dans la journée) et se marrer fait partie des choses qui invalident. Il s'est marré et m'a dit que ça allait. Il faut que ça soit plus grave que ça.

On a parlé aussi de la nuit du destin, mais ça j'y reviendrai. Et puis il a rappelé une chose : dans les conditions de validité du jeûne, il y a au premier plan l'intention. Comme pour tout ce qu'on accomplit en islam, l'intention est essentielle. Mais j'ai eu l'impression à l'entendre qu'on ne le rappelle jamais assez.

Ca ne veut pas dire que mon jeûne ne vaut rien sous prétexte que je ne me suis pas dit avant le début du Ramadan une phrase du genre "je fais le voeu de jeûner pour Dieu"... Mais c'est vrai qu'on fait plein de choses de façon presque automatique, et que je ne suis pas sûr d'y mettre toujours l'intention du coeur. Ce n'est pas grand chose : juste me recueillir un instant avant de faire mes ablutions par exemple.

Naturellement ça m'a rappelé le fameux aphorisme de Ibn Ata Allah qui dit (je cite de mémoire) "nos oeuvres sont des formes mortes dont le secret de la vie réside dans l'intention qui les anime".

Je ne sais pas trop bien où je veux en venir... mais disons que ça m'a fait comme un rappel. Pas culpabilisant. Mais juste rappeler que ce qu'on fait extérieurement et ce qu'on y met comme intention intérieurement sont étroitement liés.

En même temps, j'ai la chance d'être dans une voie, c'est à dire d'être guidé. J'ai posé une autre question hier soir : comment, pendant le Ramadan, ne pas céder aux petites nourritures de l'orgueil ? Parce qu'à côté des nourritures matérielles il y a plein d'occasions de se vanter, etc...

Je ne vais pas jouer les saints ni les hypocrites. Je sais très bien que c'est une question difficile, et que je ne vais pas du jour au lendemain me transformer en soufi détaché des compliments, des plaisirs du pouvoir, etc...

La réponse que m'a faite le responsable du groupe a été pleine de sagesse : en substance, il m'a dit "on est dans une voie, avec un guide spirituel. Il nous demande de nous occuper de l'extérieur, et lui s'occupe de notre intérieur."

En d'autres termes, faut pas que je me pose trop de questions sur l'ego, l'orgueil, et toute cette sorte de choses. Me concentrer, faire mon dhikr, et m'en remettre au sheikh, ce serait déjà pas mal.

ouverture du coeur

J'ai vu ce matin mon ami médecin (médecin ami ?) qui comprend bien le spirituel. C'est lui qui m'avait dit il y a longtemps que j'étais amoureux du vide.

On a parlé de mes histoires de boulot, de la mauvaise semaine que j'avais passée, et du fait que je me sens beaucoup mieux. Et je lui ai parlé de la réunion de samedi qui m'a fait tant de bien, qui m'a comme lavé.

Il m'a dit "oui c'est simple vous avez eu une ouverture au niveau du coeur". Les habitués du soufisme apprécieront. Et je jure que je ne lui ai pas soufflé les mots ! Bon les ouvertures dans le vocabulaire de la voie ça peut désigner plein de choses. Je n'aurais pas la prétention de dire que j'ai des ouvertures au sens d'illuminations.

Mais ça m'a fait sourire. Il a trouvé ça tout à fait naturel qu'une réunion comme ça me nettoie le coeur. Ca fait partie des raisons pour lesquelles c'est si agréable de discuter avec lui : il comprend tout ça. Et il en parle comme si ça allait de soi.

20.10.05

anniversaire

Il y a un an jour pour jour j'ai passé deux heures sur un banc à discuter avec le responsable du groupe de Paris. On a parlé de tout : de la foi, du soufisme, de ma vie, de la sienne, de plein de choses. J'en étais sorti avec une sorte de chaleur.

Et aussi avec un petit exercice à faire. Un peu de "la ilaha illa Llah" tous les matins et tous les soirs. Je rappelle que ça veut dire "Il n'est de Dieu que Dieu". C'est la phrase qui résume l'islam. La pratique spirituelle dans une voie (mais pas que dans les voies) repose en partie sur le dhikr, qui consiste en général à répéter un certain nombre de fois cette phrase, en se concentrant pour faire le vide autant que possible.

Assez vite par la suite, j'avais assisté à des réunions. Puis quelques mois plus tard je me suis converti. Le soufisme, pour ce que j'en comprends, repose essentiellement sur la pratique. Il y a des tas de livres, de grandes théories, mais c'est la pratique qui compte le plus.

C'est marrant... un an c'est à la fois beaucoup et si peu. J'avais assisté quelques jours auparavant à un atelier de présentation de la voie, et j'avais été touché par ce que dégageaient les gens... je ne vais pas dire une lumière, mais une sorte de sérénité, de chaleur.

C'est certainement lors de cet atelier puis lors de la rencontre sur le banc que la petite graine a été plantée. Sur les raisons qui m'ont amené là j'ai déjà parlé à tort et à travers ici. L'important c'est que je suis là. Je crois bien que je m'enracine dans la voie.

On verra : je m'étais donné un an à partir de ma conversion pour voir. Ca sera donc en janvier. Il s'est passé tant de choses dans ma vie pendant cette année... par moments je trouve ça pas croyable. Et le pire c'est que j'ai l'impression que je n'y suis pour rien. Ca s'est fait, c'est tout.

Peut être que dans ce qui me tient au chaud dans la voie il y a de l'affectif. Le coeur parle. Mais il y a autre chose. Je me suis demandé plein de fois si je goûtais. Peut-être bien que c'est le cas. Et quand on a goûté...

Il y a quelques mois, j'ai revu une amie de très longue date, avec une de ses cousines que je connais vaguement. Cette cousine a disons... pas mal de trucs dans sa vie, et s'intéresse à la spiritualité (mais pas du tout au soufisme que je sache).

Peu de temps après ce dîner, mon amie m'avait dit que sa cousine m'avait trouvé très serein et très lumineux. Hum. Je précise qu'aucune des deux n'était au courant de mon chemin. Je ne sais pas trop... ce ne sont que des mots. Mais c'est clair que je trouve que des gens sont lumineux, dans la voie et ailleurs.

Bon pour la sérénité Dieu sait que j'en suis loin. Et s'il y a une lumière en moi je n'y suis pas pour grand chose. Je ne sais pas où je serai dans un an. Mais j'espère que ce sera toujours dans la voie.

19.10.05

meteo et lit

Ce matin on annonçait de la pluie de partout. Résultat : pour le moment il y a un grand ciel bleu sur Paris. Est-ce un signe que les choses s'arrangent ? Trop tôt pour le dire.

Au tout début du Ramadan, je me levais pour manger, puis je me recouchais et je me rendormais jusqu'à l'heure à laquelle je me lève habituellement. Il y a eu la phase de très grande angoisse où je n'arrivais pas à me rendormir, toutes mes histoires tournaient dans ma tête.

Et puis là depuis quelques jours c'est plutôt agréable. Je ne me rendors pas vraiment, mais je somnole dans mon lit dans une semi-rêverie... je ne sais pas pourquoi mais ça me ramène à l'enfance. Faudra que je réfléchisse à ça.

18.10.05

ignorant et lecture

Que je me sens ignorant... je poursuis la lecture, petite dose par petite dose, du Kitab al Ibriz (Paroles d'Or). Le narrateur, disciple d'un grand sheikh du XVIIIeme siècle, raconte ce que lui enseigne son maître.

Il lui pose une question sur le sens du hadith qui dit que Dieu a révélé le Coran en 7 lettres (je cite approximativement). Et c'est parti. Le sheikh lui parle pendant 3 jours et trois nuits. Et décrit le sens profond de ce hadith, qui fait référence à un certain nombre de stations spirituelles.

Hum j'ai peur de mal expliquer ce que j'ai lu... tant pis. Chaque lettre symbolise une modalité de la présence ou de la lumière prophétique. Ces modalités sont des qualités, mais aussi des stations, c'est à dire qu'elles manifestent une progression. Et elles sont portées à la perfection dans la personne du prophète.

Bon j'en connais qui doivent plus trop suivre là... moi-même je suis pas bien sûr de comprendre. Mais c'est pas grave. Le truc pas croyable c'est qu'après avoir expliqué ça le sheikh montre comme si ça allait de soi que chaque verset peut se classer dans une des 7 catégories.

Ca m'a fait penser à cette histoire autre histoire sur le sheikh Ad Dabbagh : il est illettré, et les plus grands savants de son temps l'interrogent sur des hadiths. Pour les non-musulmans, les hadiths ou traditions prophétiques sont rapportés selon des chaînes de transmission diverses, et sont classés selon leur authenticité plus ou moins incontestable.

On cite devant le sheikh des hadiths, en lui demandant de se prononcer. Il reconnaît sans difficulté tous les hadiths authentiques et écarte ceux qui sont faibles, ce qu'attestent les savants qui, eux, ont étudié le sujet pendant des années.

Les savants l'interrogent sur le mystère de cette infaillibilité... il répond simplement "quand tu dis un hadith vrai, je vois une lumière sortir de ta bouche". Aussi simple que ça. Bon tout ça c'est des sujets que je comprends pas bien, et je m'attache peut-être à un côté "spectaculaire" en passant à côté de l'essentiel, mais c'est assez bluffant.

Je sens que je vais devoir le lire et le relire ce livre. Un frère que j'aime énormément m'a dit à quel point ce livre lui a permis d'y voir plus clair sur des questions qu'il se posait sur les rapports entre Dieu, son prophète, et le sheikh. Pour lui tout est devenu limpide. J'y reviendrai.

the firm

Un frère m'a dit l'autre jour que je devrais écrire un livre ou un feuilleton façon "The Firm" avec mes histoires de bureau... "il ne manque plus qu'un meurtre !". Je ne relis presque jamais ce que j'ai écrit, mais si je relisais les dernières semaines, je parie que 3 billets sur 4 parlent de ces histoires.

Heureusement, le climat semble en voie d'amélioration. Je ne suis toujours sûr de rien, mais on dirait que mon patron a décidé de me garder quelques temps. Ca ne veut pas dire qu'il ne va pas y avoir plein de problèmes humains à régler. Mais au moins ça va me donner un petit peu de sécurité, et ça c'est pas si mal par les temps qui courent. Disons qu'on est passé d'alerte rouge à alerte jaune. On est pas dans le vert, loin s'en faut.

J'aurai une certitude là dessus dans... une semaine. Encore 7 jours à me demander si ça va pencher dans le bon sens. Il doit certainement y avoir une leçon dans tout ça. A moi de la comprendre. Et de travailler du mieux que je peux.

Pour le reste, comme on me l'a déjà dit plein de fois, "tout est dans La ilaha illa Llah".

17.10.05

réunion et tapis volant

Dans la nuit de vendredi à samedi j'ai très mal dormi. Mes histoires de boulot, les angoisses, tout ça est même venu dans mes rêves. Du coup j'ai passé une journée vraiment bizarre, dans une sorte d'état de grande fatigue, et plutôt de mauvaise humeur.

Et puis samedi soir je suis allé à la réunion à la zaouia. Fouyaya. Ca faisait 2 samedis de suite que je n'y étais pas allé. J'ai passé un moment extraordinaire. Je ne sais pas si c'est le ramadan, ou bien une énergie spirituelle particulière qui circulait, mais il y avait une grande chaleur.

J'ai eu l'impression que ça durait 10 minutes. A la fin on conclut en lisant la sourate Yasin. Mon voisin a commencé à se marrer. Je lui ai demandé après pourquoi il s'était marré : c'est ma façon de prononcer. Pas qu'il la trouve ridicule. Au contraire, il m'a complimenté. C'était un rire de joie. Ca a été la cerise sur le gateau.

Je n'en tire pas de fierté, mais c'est vrai qu'on essaie de prononcer le mieux possible. Et il y a le rythme aussi. Sentir quand on récite qu'on est "en rythme" avec les autres, ça fait un effet...

Avant de partir j'ai demandé à un jeune frère que j'avais amené pour la première fois à la zaouia (il avait déjà assisté à des réunions en petit comité mais jamais là bas) comment il avait vécu la réunion. Il m'a fait un grand sourire et a juste répondu "c'est énorme !". Le sentiment d'ivresse qu'on peut éprouver... hum c'est difficile d'en parler.

Toujours est-il que dimanche j'ai passé une journée très tranquille. Je n'ai rien fait, mais j'étais très paisible. Dieu soit loué. Quel contraste avec la veille.

dîner cochon

Vendredi soir j'étais invité à dîner chez mon père. Ca fait longtemps que je ne l'avais pas vu. J'avais déjà échappé miraculeusement à l'entorse au jeûne dans la journée, mais je savais pas à quoi m'attendre en allant chez lui.

Au menu, en entrée : rillettes, saucisson. Hum. J'ai pris de la salade. Puis... rôti de porc. Re-hum. J'ai réussi à ne pas en manger sans que ça se voie trop. Et j'ai passé un très bonne soirée. Bon mon père c'est pas l'homme le plus serein du monde. Il a un peu tendance à voir les choses en noir.

Mais c'était chouette de le voir, de passer du temps avec lui et ma belle-mère. J'ai senti à quel point ils étaient contents de m'avoir. Et ça ça n'a pas de prix. Je ne sais pas combien de temps ça prendra avant que je puisse leur parler de l'islam, mais on verra bien. Chaque chose en son temps.

J'en reparlerai à l'occasion, mais une des choses les plus difficiles à faire comprendre aux non-musulmans c'est cette histoire de porc. S'il suffisait de dire "c'est comme ça c'est la règle"... Mais j'y reviendrai, j'ai pas les idées assez claires en ce moment pour ça.

sourds-muets

Ca doit être mon côté romantique. Vendredi soir dans le métro j'ai vu un truc qui m'a à la fois beaucoup ému et donné le sourire : deux amoureux sourds-muets se disaient au revoir. Lui montait dans le métro, elle restait sur le quai. Je ne sais pas s'ils se séparaient pour une heure ou pour une semaine, mais c'était... beau.

Ils se regardaient, et se parlaient. Je suppose qu'ils se disaient ce que se disent les amoureux : "pense à moi", ou "je t'aime". Peut-être même "n'oublie pas d'appeler ta mère" ou "passe faire les courses".

Est-ce parce qu'ils sont sourds-muets ? Il y avait une intensité dans leurs regards qui était très touchante. Je n'ai regardé qu'un bref moment, mais Dieu sait pourquoi ça m'a réchauffé le coeur.

14.10.05

faim

Et voilà j'ai fait le malin tout à l'heure parce que j'avais pu miraculeusement jeûner alors que je croyais qu'aujourd'hui ça ne serait pas possible. Et paf : on est à 3 heures de la rupture, et j'ai du mal comme ça ne m'était pas encore arrivé depuis le début du ramadan.

Ca m'apprendra.

Ibn Ata Allah

Et hop ça faisait longtemps que j'avais pas tiré un hikma (aphorisme) au sort. Ca donne ça :

"Il est rare que les inspirations divines (wârid) se produisent autrement qu'à l'improviste ; et cela afin d'empêcher les adorateurs de prétendre qu'elles sont la conséquence nécessaire de leur préparation spirituelle (isti'dâd)."

Hum. Je suis pas assez savant pour commenter ça. Je ne sais pas trop si les états qu'on peut éprouver peuvent être considérés comme des inspirations divines. Probablement pas. On dit souvent en revanche que ces états (ou hâls) ne doivent pas être recherchés pour eux-mêmes. En gros il ne faut pas y faire attention, même si ça fait drôle à voir. Et à éprouver j'imagine.

Le sens de cet aphorisme est sans doute plutôt à rapprocher de l'idée que nous ne contrôlons rien. Ca vaut pour le reste comme pour les inspirations ou les dévoilements. Il y a aussi l'idée que ce serait un piège pour l'orgueil de laisser croire au disciple que ce qu'il reçoit est la conséquence directe de ce qu'il fait comme travail spirituel.

Je sais pas si c'est bien clair tout ça. Ca donne à réfléchir.

pas croyable

Mon patron a annulé le déjeuner que je devais avoir avec lui, puisque j'avais rendez-vous "de crise" avec un type à l'extérieur. Et avec ce type, je me suis contenté de prendre un café que je n'ai pas bu.

J'ai donc réussi à jeûner, sans que ça se voie ! Si ça c'est pas de la protection...

Pour mon avenir professionnel ça reste un peu trouble, mais au moins j'ai eu cette petite grâce.

lecture et lumières

Je lis un petit peu le soir de "Paroles d'Or", un livre dont j'ai déjà parlé ici. Un lettré disciple d'un très grand sheikh au XVIIIe siècle raconte certains dévoilements qu'il a reçus.

Là je suis dans une partie qui peut paraître très absconse, avec des considérations sur le sens "intérieur" des lettres du Coran pour le prophète... intellectuellement, j'ai du mal à suivre. Mais pour une raison qui m'échappe je suis comme aspiré par la lecture. Je n'arrive pas à lire plus de 10 pages de suite, mais il y a quelque chose qui m'imprègne.

Ce matin c'était presque la conférence des oiseaux ! Pas moins de 3 chants d'oiseaux différents pendant mon dhikr. Pourtant j'étais peu concentré, mais c'est peut-être l'augure d'une journée lumineuse.

Quand à la soirée d'hier... il y avait une petite réunion chez moi. Est-ce la grâce du ramadan ? J'ai eu l'impression d'être sur un tapis volant par moments. Ca fait longtemps que je n'ai pas parlé ici des hâls, ces états un peu incontrôlables qu'on peut éprouver quand on invoque. Hier soir j'ai éprouvé des choses que je n'avais pas éprouvées depuis longtemps.

Après, on a parlé un peu du ramadan. Un frère a expliqué que le jeûne occupe une place spéciale : au contraire de tous les autres éléments qui impliquent une action, il s'agit de s'abstenir. Et ça c'est parfois plus difficile pour la nafs (l'ego). Du coup il nous a dit que le jeûne constitue un quart de la foi.

Je me suis marré et je lui ai demandé pourquoi un quart. Le jeûne, c'est la moitié de la patience, et la patience, c'est la moitié de la foi. CQFD. Je lui ai demandé alors qu'est-ce qui est l'autre moitié de la foi, il a rigolé et m'a dit "tout le reste !".

Tout ça ce sont des images, mais il y a un sens profond, j'en suis sûr. Un côté génial de nos réunions ce sont ces "cours" (même si le mot n'est pas adapté) sous forme de lectures et de questions.

Tout ça n'a pas encore réglé mes histoires de boulot, mais après tout on verra bien.

13.10.05

déjeuner

Demain mon patron m'a demandé de déjeuner avec lui. Je sais pas encore ce que je vais dire pour ne pas manger... je lui ai dit que j'avais des petits soucis gastriques, on verra bien.

En même temps si ça se trouve une intervention providentielle m'évitera les choix. Comme me le disait un frère marocain, c'est plus difficile pour nous les "français" pendant le ramadan. Plus difficile parce qu'on ne peut pas tout simplement dire aux gens "non merci je jeûne". Mais par ailleurs je peux vraiment pas me plaindre. C'est quand même pas bien grave.

Déjà avant-hier j'avais rendez-vous pour le boulot avec quelqu'un dans un café, il a fallu que je dise que j'étais un peu malade pour éviter de prendre un café... Et demain je recommence (j'ai un rendez-vous le matin également dans un café). Rhalala tous ces gens qui donnent des rendez-vous dans des cafés... et les jardins publics alors ?

double tentation et calme

Ce matin longue réunion avec une quinzaine de personnes. Ca s'est passé dans un café assez chic, avec plein de croissants, pains au chocolat etc... et en plus il y avait pas mal de jolies femmes à cette réunion. Hum. Tout s'est bien passé.

On m'avait prévenu, mais j'ai du mal à y croire : j'ai l'impression que le ramadan rend vraiment plus "zen". Avec tout ce qui se passe en ce moment je suis d'un calme qui m'étonne vraiment. Bon je ne sais pas vraiment si c'est un effet du ramadan, du dhikr ou d'autres raisons... mais si on met à part le fait que je suis un peu fatigué physiquement, je trouve cette période super agréable.

Si seulement je travaillais pas dans un asile de fous ! Et moi même je dois être fou puisque j'ai vraiment envie d'y rester et de faire avancer les choses.

12.10.05

cabale

De plus en plus fort. Bon je suis désolé je parle presque que de mon travail en ce moment mais après tout le cheminement est partout.

Hier il y a eu (en mon absence) une réunion convoquée par certains de mes collègues et subordonnés, où mon patron a plus ou moins été sommé de me virer ! Quelle ambiance. Mais j'ai l'intention de me battre.

J'ai vu mon patron ce matin. Il est partagé. Il m'annonce qu'à 70% il pense me garder. Bizarre de dire un chiffre comme ça, mais je suppose que c'est mieux que s'il me disait "c'est du 50 50". Il m'a embauché pour prendre les coups à sa place. Mais ni lui ni moi n'imaginions qu'il y aurait une crise comme ça.

En même temps si j'en sors indemne peut-être que ça m'aura appris des choses. J'ai certainement fait des erreurs d'appréciation. Et si ça se passe mal c'est sûr que ça va être très difficile, mais je m'en sortirai. Hum. Pas simple. Et dire que tout ça est déjà écrit... si seulement j'arrivais à ne pas m'en faire !

11.10.05

oiseau

Ce matin, comme je finissais ma prière, pendant la dernière prosternation, j'ai entendu un oiseau qui s'est mis à chanter. Tchip, tchip... J'ai commencé mon dhikr, et l'oiseau a continué à m'accompagner.

J'ai dû rêver mais il m'a semblé qu'il se manifestait dans les moments où j'étais le plus concentré.

On dit que Dieu est Celui qui prend et Celui qui donne... hier soir je suis rentré chez moi plutôt pas en forme, à cause de mes inquiétudes de travail. En plus un avis de passage du facteur pour un courrier recommandé m'attendait. En général c'est des mauvaises nouvelles. Bref c'était pas trop la joie, et j'ai eu du mal à trouver le sommeil.

Et puis ce matin ce petit moment de grâce avec l'oiseau (ça faisait très très longtemps que je n'en avais pas entendu le matin chez moi). Et je suis allé à la poste récupérer mon courrier : c'est une (très) bonne nouvelle finalement.

Je ne fais pas le malin. Mais peut-être que tout ça est là pour m'apprendre à accepter les petits bonheurs et les petits malheurs qui arrivent chaque jour. Mes soucis de boulot viennent autant de moi que des autres. A moi de réparer de mon mieux, mais de toute façon le résultat n'est pas entre mes mains. Hum j'ai du mal à croire que c'est moi qui suis en train d'écrire ça. Pourtant je crois être sincère.

Faites des du'as pour que ça s'arrange à mon bureau.

10.10.05

petite grâce

C'est la méga-crise à mon boulot. Je ne sais même pas si je vais y rester ou si je vais être obligé de le quitter... j'ai même eu mon patron qui m'a proposé qu'on se voie ce week end (!!) pour "parler hors du contexte du bureau". Hum.

Au départ on devait se voir pour prendre un café hier (dimanche) vers 18h. Pas trop le choix. Du coup j'étais super embêté par rapport au jeûne. Et paf il a été pris dans les embouteillages, de sorte qu'on s'est vus à 19h10. Pile poil. Dieu soit loué, même si ce n'est qu'une petite chose par rapport à mes ennuis.

Mais sur le moment j'ai vu ça comme un petit coup de pouce.

7.10.05

délice

Au lieu d'aller déjeuner aujourd'hui (et pour cause !), j'ai passé un bon moment avec un frère que je retrouve toujours avec un plaisir immense. On s'est baladés un peu dans un parc. Le temps est froid et brumeux mais c'était vraiment agréable.

Je lui ai raconté mes mésaventures du travail, mes inquiétudes aussi (je suis toujours en période d'essai...). Il s'est marré sur les côtés cocasses, et m'a surtout donné un vrai conseil. Pas facile à appliquer. Lui-même, quand il est en conflit avec quelqu'un (ça lui est arrivé récemment), fait du dhikr en souhaitant du bien à cette personne.

Je ne sais pas si j'en suis capable, mais je vais tenter de faire ça en pensant à la nana qui m'embête et aussi au Vil Informaticien Psychopathe.

Ce moment à deux était un délice. Il m'a parlé de sa fille de 9 ans qui pose des questions sur l'islam et sur la différence avec le christianisme... les enfants sont incroyables pour ça. Sa fille lui a demandé "mais toi tu crois que Jésus est le fils de Dieu ?". Direct. Elle a mis le doigt sur la différence essentielle de doctrine...

Je suis rentré au bureau avec la tête lavée. Mes problèmes sont toujours là, mais bon, après tout, si jamais ça se finit mal ici, ce n'est qu'un travail. On verra bien.

fatigué

Ca doit être l'effet ramadan. Je commence à être un peu fatigué. Bon hier il y avait une mini-réunion donc je me suis couché tard, mais c'est plutôt marrant en fait. Je suis dans un état un peu cotonneux, c'est pas désagréable.

Par ailleurs, je me dis que tout ce qui m'arrive au boulot en ce moment cache peut-être des bienfaits. Pour commencer ça m'évite de penser à mes histoires de coeur, Dieu soit loué. Et puis même si je ne suis pas toujours content de la façon dont ça se passe, je crois que j'apprends plein de choses sur la nature humaine.

La prière est très agréable ces jours ci. Je n'y suis pas plus concentré que d'habitude, c'est simplement une sensation. Peut-être un résultat du ramadan là encore...

6.10.05

tentation

Je sors d'une réunion de deux heures qui s'est tenue dans un café assez chic. Du coup il y avait des plateaux avec des macarons, des salades de fruits, des madeleines, des biscuits tous plus attirants les uns que les autres.

A un moment le parfum d'un biscuit m'est arrivé aux narines... mmm pas facile... tout ça était littéralement sous mon nez ! Ma récompense c'est que je vais peut-être récupérer des gateaux que je pourrai partager ce soir avec les frères.

échos, raison et coeur

Un commentaire plein de bonté et de sagesse de notre soeur mexicaine me rappelle que la voie est un miracle. On ne peut pas expliquer avec le cerveau ce qui nous y amène, ni ce qui nous y retient. On est là, tout simplement.

Lire ce commentaire m'a beaucoup ému, et ça a éveillé un écho en moi. Il y a des siècles, à l'époque de ma conversion, j'avais interrogé un vieux monsieur qui était assis dans la librairie où j'allais souvent. Je lui avais demandé (je n'osais pas parler de la tariqa) de façon un peu générale ce qu'il pensait du soufisme, compte tenu des critiques qu'on entend dans la communauté musulmane.

Il m'avait regardé en souriant, et m'avait dit, en pointant son doigt d'abord sur sa poitrine puis en l'air "Nous n'avons qu'un seul coeur, pas deux. Ce coeur est relié à Dieu. Il vous suffit de l'écouter". Il n'avait rien dit d'autre, mais ça m'avait réchauffé à l'intérieur.

Lalla Safiyya (la soeur du Mexique) dit dans son commentaire que mon coeur est plein de passion. Elle ne parle pas des passions qui nous font du tort (bon les passions c'est un autre sujet pour un autre jour). Elle parle, je pense, de la mahabba, l'amour au sens divin. Ce sentiment inexplicable qui fait qu'on se sent réchauffé dans la voie.

Hum. Qu'on ne croie pas que j'idéalise. Tout compte fait le vieux monsieur n'avait pas dit que ça. Ca me revient maintenant. Il avait ajouté "Les enfants se tournent d'eux mêmes vers ce qui est bon pour eux. C'est la même chose avec votre coeur, à vous de l'écouter."

5.10.05

distance à la voie

Je ne sais pas trop comment parler de ça. Extérieurement, je suis moins engagé dans la voie qu'il y a quelques mois. Je vais à moins de réunions (même si je demeure assez régulier), je fais mon dhikr le matin et le soir sans trop y prêter attention, et j'ai l'impression de ne pas faire beaucoup pour la voie. D'ailleurs je n'y pense pas trop pendant la journée.

Peut-être que je suis dans une période de "sécheresse" spirituelle. Je ne sais pas trop. J'ai un peu l'impression de n'avoir jamais été aussi éloigné du "goût" qu'en ce moment. Mais ce goût est si difficile à reconnaître que je n'en jurerais pas. Il y a sans doute un peu de routine.

Et pourtant, la voie fait partie de ma vie. Je ne me pose même pas la question. Je suis certain que si je parlais de ces doutes ou de ce que je ressens à un "ancien", il me dirait que la phase que je traverse est très normale. Il y a toujours l'amour... même si on le ressent plus ou moins selon les moments.

Coïncidence ? Je me sens très proche de mon frère en ce moment. Lui n'est pas dans la voie, mais (peut être parce qu'on est jumeaux) je suis content d'être juste avec lui. Même quand on n'a rien à se dire.

Amour toujours... un frère que je vois le jeudi soir, qui va bientôt déménager dans le sud, m'a appelé pour me souhaiter un bon ramadan. Il sait que c'est mon premier, il m'a appelé en rigolant et en me demandant si ça allait pas être trop dur, mais ça m'a beaucoup touché qu'il m'appelle.

zen

Il paraît qu'après quelques jours de ramadan on se sent de plus en plus zen. Je demande à voir. Là en ce moment au boulot c'est disons euh... assez tendu. Je serais pas contre un peu d'effet "zen". Dieu m'entende !

Bon en ce moment je parle presque que du boulot ici... c'est une phase. Et puis toutes ces difficultés sont là pour une bonne raison je pense. Dans 20 minutes j'ai une réunion qui s'annonce explosive. Va y avoir du sang sur les murs.

Peut-être qu'en pensant à notre sheikh, ou qu'en faisant discrètement du dhikr, je vais réussir à rester cool. On verra.

Hier j'ai raconté à mon patron l'histoire de Nasruddin et de son âne, dont la morale est qu'on ne peut pas contenter tout le monde. Il m'a regardé comme si j'avais fumé. Mais je m'accroche à ça : c'est clair que dans ma position je ne peux pas faire plaisir à toutes les personnes de mon service. Va y avoir des grognements.

Mais bon ça devrait aller. A moi de rester moi-même, d'être calme et surtout d'essayer d'être comme le roi Salomon. Hum en voilà un vaste programme.

4.10.05

ramadan et saucisse

Marrant. Dans deux semaines, soit au beau milieu du ramadan, je pars pour quelques jours (pour le boulot) au pays de la saucisse. A Francfort pour être précis. Je sens que ça va être compliqué là bas. Pas à cause du cochon, mais plutôt à cause du boulot. A suivre.

ben voilà c'est le ramadan

Premier jour de mon premier ramadan... je sais pas si c'est l'anticipation mais je me suis réveillé à 3 h 30 cette nuit. Rendormi, puis réveillé à temps pour manger un peu. Pour tous les musulmans c'est une période de fête. Je réalise qu'un côté difficile ça va être d'être seul la plupart du temps. Normalement il y a un côté "communautaire" : rompre le jeûne ensemble, etc...

Là certains soirs je vais juste rentrer chez moi. Et c'est tout. Mais bon je suis sûr que ça va bien se passer. J'ai eu un un petit sursaut en réalisant qu'avec l'heure d'hiver vers la fin du ramadan il va falloir se lever une heure plus tôt si je veux manger. Glurps. On verra bien, prenons ça petit à petit. En même temps du coup la rupture du jeûne aura aussi lieu une heure plus tôt du jour au lendemain.

Ce matin j'en ai même rêvé. Après avoir mangé je me suis rendormi. Et j'ai rêvé que sans faire attention je buvais un verre d'eau et je mangeais un biscuit !

Quand au sens profond du jeûne, je me sens pas de disserter là dessus pour le moment.

3.10.05

hasards et grâces

Samedi soir il y avait réunion à la zaouia. Au lieu de prendre la ligne de métro habituelle, j'ai pris l'autre ligne (il y en a deux qui arrivent plus ou moins au même endroit). A une station, quelqu'un monte et passe à 30 cm de moi : un frère qui se rendait lui aussi à la réunion !

Naturellement lui aussi prenait ce jour là cette ligne de façon tout à fait inhabituelle. Et je ne parle pas du fait qu'il soit monté exactement par la porte où je me tenais. Il m'a alors dit qu'il venait de tomber "par hasard" sur une soeur qui habite à l'étranger, et qui passait par Paris. Encore un hasard.

Et avant cela, il avait retrouvé comme par enchantement son chapelet perdu depuis plusieurs jours, en sortant de chez lui. Ca lui a fait 3 "hasards" d'affilée en moins de 20 minutes. A ce niveau de hasard j'ai l'impression que ça devient plutôt des grâces. Mais bon... il y a peut-être une explication rationnelle à tout ça.

This page is powered by Blogger. Isn't yours?