30.6.05

lecture

Hier soir j'ai entamé la lecture de Traces de Lumière. Etrange. C'est rédigé sous la forme suivante : chaque chapitre, très bref, démarre par un paragraphe d'interrogations, puis vient la réponse, sous forme souvent très allusive. Une sorte de dialogue s'installe.

Au passage, l'auteur (Faouzi Skali) cite des hikam de Ibn Ata Allah, et d'autres paroles de sagesses issues de la tradition. Et chaque chapitre devient l'illustration d'un thème.

Ce qui est étrange c'est ce qu'on ressent en lisant. D'une part j'ai le sentiment que ça se lit à petites doses. D'autre part je suis incapable de me souvenir de ce que j'ai lu, mais l'intention de l'auteur doit être de parler au coeur, pas à l'intellect.

En même temps, compte tenu de ma "culture" sur l'islam et sur la spiritualité, c'est à dire les connaissances que j'ai acquises dans ces quelques mois, je ne lis pas ce livre avec l'oeil d'un "débutant". Il y a plein d'idées (sur la relation avec un sheikh, par exemple) qui me sont familières.

Un truc qui m'a particulièrement parlé hier, sans doute parce que c'est un sujet qui à tort ou à raison me tient à coeur, c'est l'idée que Dieu ne se prouve pas. Il y a une sagesse de Ibn Ata Allah très bien à ce sujet, dont j'ai oublié le texte exact. Faudra que je retrouve ça. J'en ai déjà parlé il y a longtemps ici.

Je suis vraiment super mal à l'aise avec l'idée que des gens passent par la raison pour prouver l'existence de Dieu. Des sages ont beaucoup mieux parlé de ça que moi, mais il me semble qu'on est loin de Dieu si on essaie de trouver des preuves rationnelles.

Un autre passage qui m'a beaucoup ému c'est la citation d'un hadith qûdsi (c'est à dire un dit du Prophète où c'est Dieu qui parle par sa bouche), qui dit "Je suis avec ceux dont le coeur est brisé". Je crois que ça illustre le fait que c'est parfois dans la détresse et dans le dénuement qu'on peut avancer sur le chemin. Mais je n'en sais trop rien.

Tout ça pour dire que la lecture de ce livre est un peu spéciale... comme si on était dans une sorte de rêverie. Ca doit être ça qu'on appelle l'état contemplatif. Ou l'amour du vide comme dirait mon ami médecin.

Comments:
Ce que tu évoques m'est très familier. Les paroles de sagesse, prononcées par Faouzi Skali notamment mais par d'autres peronnes tout aussi bien inspirées, ont chez moi aussi la particularité de résonner très profondément en moi. Elles nourrissent le coeur tout en laissant la raison complètement sur sa faim.
Ce sentiment d'être incapable de mémoriser ce qui avait été dit m'a longtemps laissé dans un état de frustration.
Puis j'ai compris que je devais laisser le petit intellect à sa frustration et j'ai appris à savourer pleinement le goût procuré par ces paroles de sagesse. Avec le coeur.
Je me contente donc de l'apaisement du coeur à l'écoute de ces paroles. Et la raison retient ce qu'elle veut, ou ce qu'elle peut!
Dieu sait mieux tout cela.
 
Merci :o)
C'est très étrange comme sensation. Du coup on peut revenir encore et encore sur certains livres qu'on a déjà lus.
J'espère parvenir à savourer pleinement, ça viendra avec le travail de la voie.

Fraternellement,
 
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S’il est vrai que Dieu ne « Se prouve pas », il ne faut peut-être pas pour autant rejeter à la légère les preuves de Son existence. La question des « preuves de Dieu » a suscité, en Islam et ailleurs, de nombreux ouvrages d’illustres prédécesseurs dont la foi n’était certainement pas moins solide que la nôtre (pour dire le moins !).

Dans son essence, l'intelligence humaine a, de façon innée, la certitude de l'Absolu. Le Coran le certifie en disant que Dieu « tira des reins des fils d’Adam leur descendance et les fit témoigner à propos d’eux-mêmes : Ne suis-Je pas votre Seigneur? -- Que si, répondirent-ils [tous], nous l’attestons... » (7:172) Ceci est donc valable pour le croyant comme pour le mécréant. Mais chez la majorité des hommes, les « accidents » de la création étouffent cette intuition innée et les voilent en les maintenant dans une réalité partielle et appelée à disparaître, de gré ou de force, maintenant ou demain. Seuls certains perçoivent une vague lumière et se mettent à la recherche de sa source. Voilà où nous en sommes…

Maintenant, affirmer de façon péremptoire que Dieu ne « Se prouve pas » indique peut-être (à moins d’un niveau spirituel élevé ?) une confiance, sincère mais excessive, dans la solidité de sa foi. Qui peut affirmer que celle-ci est vraiment à l'abri des tentations ? Le Prophète a dit : « N’espérez jamais rencontrer l’ennemi. Mais si vous le rencontrez, faites preuve de constance et de fermeté. »

Evidement, ce ne sont pas les « preuves de Dieu » -- des arguments doctrinaux de type exotérique -- qui vont susciter ou augmenter la foi, de façon garantie... Mais ils peuvent être une aide possible et non négligeable à quiconque est « de bonne volonté » Celui qui désire comprendre, la preuve pourra l'aider, ne serait-ce que temporairement (car ce désir lui-même montre qu'il a « déjà » compris quelque chose…). Quant à ceux qui ne veulent pas comprendre… les religions, avec ou sans preuves, ne peuvent sauver ceux qui s'y refusent.
 
L'idée « que des gens passent par la raison pour prouver l'existence de Dieu », ne doit pas mettre mal à l’aise. D’abord parce que la preuve est précisément du domaine de la raison, ensuite parce cette raison est une partie de soi, et qu’en tant que telle elle a ses droits ; mieux vaut lui donner ce qu’elle attend, et tenter de la laisser à sa place, certes modeste.

Il arrive qu’un croyant soit confronté à un incroyant qui met en doute les éléments de sa foi et lui pose des questions qui le laissent proprement sans voix. C’est alors, selon moi, une indication qu’il y a une « poche » de doute chez ce croyant ; pour pouvoir répondre à autrui il faut d’abord avoir répondu à soi-même…

A ce propos, un truc éprouvé : lorsqu’un incroyant vous dit tout à trac : « Prouve-moi seulement que Dieu existe ! » demandez-lui de prouver d’abord que Dieu n’existe pas, et ensuite de vous expliquer pourquoi ce serait à vous, qui affirmez que "Dieu existe", de le prouver, et non à lui qui le nie… Effet de surprise garanti. Le temps qu’il mettra à vous fournir une réponse cohérente vous laisse largement celui de préparer vos arguments (et même de préparer un petit café).

Et pour finir une anecdote : Dans une ville orientale, débarque un grand savant qui a trouvé mille preuves de Dieu. Tout le monde se précipite à la mosquée pour lui embrasser la main ou lui poser une question. Sauf une petite vieille qui balaye le devant de son humble chaumière…
-- Eh toi la vieille, lui lance un passant, que fais-tu là à balayer alors que le grand savant Untel est dans notre mosquée ?
-- Et qu’a-t-il donc ce savant, demande la vieille ?
-- Il a trouvé MILLE preuves de Dieu !
-- S’il n’avait pas mille doutes, il n’aurait pas éprouvé le besoin de rechercher mille preuves, répond la vieille en continuant de balayer.
 
:o)))
Très belle anecdote. Faudra que je revienne sur cette histoire de preuves, j'ai pas l'esprit très clair à vrai dire (entre preuves et signes notamment). Je connais quelqu'un qui passait des soirées à convaincre des gens de l'existence de Dieu en passant par la raison... je crois juste que cette approche ne marche pas avec tout le monde. Mais c'est vrai que si ça peut aider certains c'est très bien. Merci pour ces longs commentaires... à quand un blog ? ;o))
Bien fraternellement,
 
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