24.6.05

intention et prière

Hier soir on m'a rappelé les éléments "de base" de la prière. Parmi les obligations disons "techniques" pour que la prière soit valide, il y a le fait d'émettre l'intention de faire cette prière. Pour les non musulmans je rappellerai que l'intention (niya) est quelque chose de fondamental dans l'islam.

C'est un truc assez subtil en même temps. Le rappel d'hier soir m'a un peu secoué : j'ai réalisé que depuis que je prie j'ai omis ce point (j'avais dû l'apprendre au début puis j'ai oublié). C'est à dire que je ne pense pas à me dire mentalement (on peut aussi le faire à voix haute) un truc du genre "je fais l'intention de faire cette prière". On peut dire par exemple "salat icha insha Allah" c'est à dire "prière icha (celle de la nuit) si Dieu le veut".

Est-ce que ça invalide toutes mes prières passées ? Je ne suis pas bien savant, mais je ne pense pas. L'intention peut se passer de mots. Je ferai plus attention désormais. Mais les prières viennent avant tout du coeur. Si on fait mal quelque chose par ignorance, ça n'entache pas l'intention.

Bon je vais pas m'embarquer sur Ibn Ata Allah ou sur l'histoire de Maïmouna. Ce que je veux dire c'est que si en Droit civil on dit que "nul n'est censé ignorer la loi" en religion le coeur compte avant tout. Ca n'empêche pas de tendre vers plus de science, de faire sa prière le mieux possible.

Un peu de Ibn Ata Allah quand même : "nos oeuvres sont des formes mortes dont la vie réside dans l'intention qui les anime" (citation approximative).

Comments:
Salam
MOn frere je suis tout a fait d'accord avec toi en ce qui concerne le NIYA. D'ailleurs c'est la deuxieme des conditions de validite suivant les savants apres celle d'etre musulman. Mais je ne m'avancerai pas sur le fait que le coeur peut tout efface. L'imam el Bayhaqi a dit 'Tala oul 'ilmi faridatan 'ala kouli muslimin' OU la recherche de la science de la religion est une obligation pour chaque musulman. En d'autre termes l'ignorance n'est en aucun cas une excuse. Car si la NiYA rest primordiale, Allah ta'ala par le biait du prophete nous a donne des regles. A nous de les apprendre (possibles avec tous les moyens de nos jours) et de mettre en oeuvre ses regles. Dieu n'aime pas l'ignorance car elle est cousine de l'arrogance. Se contenter de ce que l'on sait n'est pas une attitude agreee par notre seigneur. A nous de faire tous notre possible pour arriver a plaire a notre createur par la foi et par les actes qui confiment la foie et d'atteindre la perfection dans ces actes. Car meme si Allah Arrahman, rien nous dit que nos actes seront agrees...
Salam
SZ
 
Salam

Tu as tout à fait raison. Il ne faut en aucun cas se contenter de ce qu'on sait. Et Dieu est plus savant ; peut être que toutes mes prières précédentes étaient invalides. Au moins hier j'ai appris quelque chose, et j'essaie d'apprendre un peu petit à petit. Le coeur ne peut pas tout effacer mais tu connais certainement l'histoire de Maïmouna ?

Fraternellement,
 
Il y a peut-être un moyen terme ?

1. pour ce qui est de savoir si vos ablutions (et donc les prières qui s’ensuivaient) étaient valables du fait que vous n’en aviez pas pris la niyya, la réponse diffère suivant l’école juridique. Vous savez certainement que les sunnites se répartissent en quatre écoles ou rites juridiques (madhhab), lesquelles permettent des nuances d’interprétations et d’applications des règles de la Sharî‘a qui représentent une miséricorde pour la Communauté, ainsi que l’a dit le Prophète.

Je présume (en raison de l’origine géographique de votre shaykh et de votre tariqa) que vous suivez le rite malékite -- qui est aussi celui de la majorité des musulmans "de souche" vivant en France. Selon cette école l’intention de se purifier au moyen de l’eau est une condition de validité des ablutions (idem pour les écoles shâfi‘ites et hanbalites).

Par contre, l’école hanafite considère que l’eau est purifiante "en elle-même" et que par conséquent elle purifie les membres corporels sans intention nécessaire (celle-ci demeurant une "sunna", un point d’imitation prophétique). Ce point de vue ne peut être écarté, les quatre écoles étant considérées comme également orthodoxes par la Communauté.

S’il est préférable de suivre "son" rite, il est également permis de rechercher un allègement dans les autres rites -- en cas de nécessité réelle, non en vue de viser la facilité (et là aussi intervient la niyya…). Vous ne saviez pas, à propos de cette prise d’intention, et ne recherchiez pas la facilité ; mais maintenant vous savez.

2. qque part dans un post précédent, vous mentionnez votre oubli de la shahâda à la fin des ablutions. Il s’agit chez les Malékites d’une sunna -- un acte recommandable, mais sans qu’il y ait obligation, ni reproche pour celui qui ne l’observe pas.
 
Merci beaucoup pour ce commentaire très précis. Pour être tout à fait précis de mon côté je ne me suis sans doute pas bien exprimé : mes doutes sur les ablutions concernaient la shahada (je formule toujours la niyya avant les ablutions), mais mon doute sur la formulation de l'intention concernait uniquement la prière. J'espère que je suis plus clair. Je suis heureux d'apprendre grâce à vous que mes ablutions étaient donc valides.

Pour la prière, je m'attache désormais à formuler la niyya à chaque fois. Je fais un aparté mais je commence à comprendre ce qu'on m'a dit au début de la voie sur le fait que la sharia est une protection. J'y reviendrai dans un post.

Je suis effectivement le rite malékite, mais j'avoue humblement que même si je suis au courant de l'existence des 4 écoles je n'en sais pas beaucoup plus.

Merci encore

Fraternellement,
 
…commentaire très précis mais totalement "hors sujet" puisque j’avais mal lu votre post et mélangé vos interrogations sur la prière (intention d’effectuer la prière + shahada après les ablutions…).

Pour ce qui est de intention d’effectuer la prière, elle est requise dans les 4 rites (avec un statut légèrement différent selon les écoles mais bref…).

Toutefois les Hanafites ont une interprétation "basique" de cette intention (si j’ai bien compris parce que c’est un peu subtil ; à vérifier) :

dans la mesure où celui qui prie a une connaissance suffisante des prières requises (qu'elles soient cinq, qu'elles correspondent à tel et tel moment de la journée, etc…), lorsqu’il s’apprête à prier il a inévitablement la niyya "en lui" ; en effet, sa conduite l’indique et on ne peut prétendre qu’il agit de la sorte en ignorant ce qu'il fait exactement (genre « tiens, j’entends l’adhân ? Ca doit être l’heure de prier quelque chose… »).

Ceci n’empêchant pas la formulation intérieure de cette intention, en précisant la prière qu’on s’apprête à effectuer et son statut (obligatoire, surérogatoire…)

Fraternellement,
 
Merci beaucoup. Pendant que j'y suis (je profite de votre science !!), comment précise-t-on le statut de la prière ? (c'est vraiment pour info, je ne fais pas de prières surérogatoires pour le moment).

En parlant d'adhân, le seul moment dans mon voyage à Téhéran où j'ai senti un peu de spiritualité c'était dans un taxi en entendant un très bel appel à la radio. Mais c'est une autre histoire.

Fraternellement,
 
Purement livresque, "ma" science se trouve en fait être celle des autres puisqu’elle réside dans leurs livres.

Quant à savoir comment préciser le statut de la prière, je ne connais pas de formule bien définie. Je pense qu’il faut préciser si elle obligatoire, surérogatoire, éventuellement accomplie en dehors du temps prescrit (en retard) ; et le faire en arabe est meilleur qu’en français, si cela est possible bien sûr (mais quelle est exactement la langue du cœur ?)

Pour finir avec ces points de détail, j’ai lu que le fait d’exprimer cette intention en paroles n’est véritablement requis chez aucun des 4 rites, tout le monde étant d’accord pour dire que le lieu de l’intention véritable est le cœur et non la langue.

Les Shafi’ites et les Hanbalites considèrent semble-t-il le fait d’exprimer l’intention en paroles comme une "concrétisation" de celle du cœur ; les Malékites estiment qu’il n’y a que le muwaswas -- l’homme en proie au doute continuel dans l’accomplissement des rites -- qui doive joindre l’intention par la langue à celle du cœur parce que celle-ci est défaillante. Sinon ils jugent que quelqu’un qui prononcerait en paroles une intention différente de celle qu’il a prise en son cœur (par ex. si sa langue fourche et qu’il dit "je veux prier le ‘asr" alors qu’il veut accomplir le dhuhr), eh bien c’est l’intention du cœur qui prime. Sic. Vérifié 2 fois.
 
Merci pour cette conclusion qui ramène au coeur :o)

A bientôt sur un autre sujet ?

Fraternellement,
 
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