10.8.05

cours de fiqh

Parmi les activités à Madagh, on a eu des "cours". Je mets les guillemets parce que ça ne ressemble pas à l'idée qu'on peut se faire d'un cours, même si les sujets sont très sérieux. On a eu des cours qui étaient plus sous la forme de discussions à bâtons rompus, et un autre où l'orateur était dans un tel état spirituel que je n'ai quasiment aucun souvenir de ce qui s'est dit, juste une chaleur dans la poitrine.

Le premier cours qui nous a été donné portait sur le fiqh, c'est à dire la jurisprudence islamique. Je renvoie à wikipedia pour une définition plus savante. Un domaine plutôt aride donc, qui concerne en grande partie la manière de vivre. Il y a quatre grandes écoles de fiqh (pardon d'avance si je dis des bêtises), dont l'école malékite que suivent les gens de la tariqa.

Le cours en question portait sur les ablutions et sur l'état de pureté rituelle. Je ne vais pas le retranscrire ici, d'une part parce que je n'ai pas pris de notes et d'autre part parce que je crois bien que l'enseignement, quelque soit le sujet, ne passe pas que par le cerveau.

Attention je ne dis pas qu'il ne fait pas apprendre les règles, savoir quoi faire ou quoi dire, ce qui est licite, obligatoire, recommandé. Disons simplement que les cours à Madagh baignent dans une telle atmosphère qu'on a plus l'impression de s'imprégner que d'apprendre une leçon.

Pour revenir au cours, j'ai retenu (entre autres) que dans le domaine du fiqh on a vite fait de couper les cheveux en quatre. Si on cherche vraiment la petite bête on peut n'en plus sortir. Par exemple en principe il ne faudrait pas porter de ceinture en cuir si la vache n'a pas été tuée dans les règles... je n'incite pas à ne pas suivre les règles bien entendu.

Je dis juste qu'on peut vite se perdre. D'ailleurs dans le livre d'Abd el Malik qui tout compte fait est le premier petit caillou de la piste qui m'a mené à la tariqa, il parle de sa période euh "littéraliste" disons, avec des soirées entières passées à discuter de ce qui est halal et de ce qui est haram. Hum. Bon courage.

Le soir même, visite chez le sheikh. Apprenant qu'on avait eu un cours de fiqh, il s'est franchement marré et nous a dit (en substance) : "attention à ne pas vous faire piéger". Soit exactement l'idée qu'il ne faut pas trop creuser, pas trop se compliquer la vie. Il a ajouté "marchez au bord du fossé mais ne tombez pas dedans".

Je suppose que ça veut dire qu'il faut éviter de devenir l'esclave de cette tendance à couper les cheveux en quatre, ou a épiler les chenilles comme dit notre ministre. Après tout c'est peut-être encore une autre forme d'esclavage de l'ego que de vouloir tout savoir. Hum. Je ne sais pas trop quoi dire.

Je reviens à ce que j'avais fait quand mon père m'avait servi de la choucroute. J'avait mangé un peu, même si ça ne m'avait pas fait plaisir, mais j'assume. Je vais sonner un peu bateau mais je crois que c'est la niyah (l'intention) qui compte avant tout. Bien sûr une bonne intention n'empêche pas de chuter mais bon.

Fouya je m'aperçois que je me suis embarqué dans des trucs bien compliqués. Il y a un équilibre à trouver entre la rigueur et la simplicité.

Je parlais de ça avec un frère lundi soir, il m'a dit un truc assez marrant : chacun de nous est comme une corde de guitare qu'il faut accorder. Avant de trouver la note juste il faut tourner la petite poignée qui tend ou détend la corde. Pour l'un ce sera un certain niveau de rigueur dans la pratique, pour un autre ce sera différent. Et tout ça change avec le temps. Les guitaristes savent qu'il faut réaccorder tout le temps son instrument. Hum j'ai peur que ça parle qu'à moi cette image de la guitare.

D'ailleurs la rigueur n'est pas forcément là où on le croit. Un des musulmans les plus observants que je connaisse ne se lève pas la nuit pour faire la prière de l'aube par exemple. Pour certains, ce serait vu comme un manque. Pour moi ce frère est l'exemple même de la rigueur (je parle de pratique ; par ailleurs c'est un bon vivant). Mais bon tout ça n'est que mon avis.

Comments:
Salam aleikoum

Courage Sidi Cahin Caha, ce sont les premiers pas qui coûtent !!!

N'oublions pas que Sidi Hamza (que Dieu l'agrée) fixe comme objectif dans sa dernière lettre, pour chaque faqir et faqirat, d'apprendre un maximum du Coran par coeur, de connaître au moins les 40 hadiths de Nawawi par coeur, de retenir, en jurisprudence, le Guide de Ibn Asir (par coeur lui aussi), de connaître la Sira de al-Khoudri et de Ibn Hisham, d'apprendre un max des Hikam de Ibn Ata Allah, d'apprendre les Jardins de la Piété de Nawawi, de lire et relire les Lettres du Shaykh Darqawi etc...

Et surtout d'appliquer toute cette science.

Les chemins de la science sont très longs et il est nécessaire de toujours avancer.

En sachant qu'avec l'aide du dhikr, tout devient de plus en plus facile...

Bon courage et bonne continuation
 
salam

Fouyaya quel programme ! Tu as raison de me souhaiter bon courage :)
Je vais me contenter de faire mon dhikr et d'apprendre les bases peu à peu ;)
 
Salam aleikoum,

peu à peu mais en avançant...

C'est trop bête de ne pas apprendre les règles de base alors qu'il suffit de prendre qq heures pour savoir faire les prières, les ablutions correctement et connaître les bases de la religion...

et ne plus avoir à se demander si on peut porter une ceinture en cuir...
 
wa aleikum salam

tt à fait d'accord. C'est le sens de ce que nous a dit le sheikh quand il s'est marré en nous disant de ne pas tomber dans le piège :)
 
Au fait, selon ta connaissance, on peut porter une ceinture en cuir (provenant d'un corps non-halal) ou pas ?
 
:o)
justement pendant le cours on a parlé de ça. En principe, il ne faudrait pas, mais c'est typiquement l'exemple (si j'ai bien compris) de sujet sur lequel il ne faut pas couper les cheveux en quatre.
 
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