26.5.05

simplicité d'expression

Un truc qu'on m'a dit 50 fois au moins à propos de notre sheikh, mais qui s'avère être le cas pour beaucoup de maîtres du passé, c'est la simplicité dans l'expression. Je n'ai rien contre les textes "difficiles" (mis à part que ça peut faire mal à la tête), mais disons que je pense que pour le moment Ibn Arabi par exemple c'est trop compliqué pour moi. Ibn Arabi du peu que j'en sais c'est assez métaphysique disons.

Quand on lit les paroles de Darqawi en revanche (Darqawi est un maître du 19eme siècle, voir les liens à droite pour plus d'infos), on est frappé par la simplicité de ce qu'il dit. Simplicité apparente naturellement. Il y a certaines choses que je ne suis pas sûr de comprendre un jour. Mais il y a ce côté tellement agréable... pas de grands mots, pas de concepts qui demandent une culture préalable du sujet.

Pendant mes études ce genre de considérations ça m'avait clairement fermé les portes de la philo : faute de faire l'effort suffisant pour apprendre les outils de base, je ne comprenais pas les écrits des grands philosophes. Il y a un peu de fainéantise là dedans bien entendu. Je me récitais (et je continue à le faire) cette phrase célèbre qui dit "ce qui se conçoit aisément s'énonce clairement" (je sais plus de qui c'est).

Depuis, je me suis toujours méfié des grands mots, des phrases compliquées. J'ai l'idée un peu simpliste que sur tous les sujets on devrait pouvoir se faire comprendre par quelqu'un de moins savant, et que le recours aux grands mots est en fait un aveu d'impuissance ou une posture de l'ego. Je suis pas le dernier à tomber dans ce panneau d'ailleurs.

Pour ce qui concerne la voie spirituelle je suis bien ignorant... d'une part il y a des sommes incroyables de connaissances (des centaines d'ouvrages !), d'autre part il y a ce fait : l'essentiel de ce qu'on y apprend ne vient pas des livres (enfin, d'après ce qu'on m'a dit... je n'en ai pas fait l'expérience directement).

Je ne rejette pas la science. Au contraire. Et peut-être que c'est encore une fois de la flemme si je ne fais pas l'effort de comprendre certaines choses. Mais bon... prenons l'exemple de René Guénon (pour ceux qui suivent pas, Guénon a amené pas mal de gens vers la voie spirituelle par ses écrits sur l'ésotérisme). Il a écrit des paquets de livres. Mais à ma connaissance il ne parle pas du tout d'islam ni de soufisme. Pourtant c'était un érudit incroyable. Mais je crois savoir qu'il considérait que la voie ne peut pas se mettre dans un livre.

D'ailleurs, je crois que j'ai déjà parlé ici des frères qui arrivent dans la voie en ayant "tout lu" sur le tasawwuf. C'est à la fois un bien et un mal pour eux. Je me mets dans le lot : je ferais plutôt partie des "intellos".

Hum je mélange pas mal de sujets comme d'habitude (si avec ça j'arrive à énoncer clairement... mbref), mais voilà : les mots tout simples ça me parle plus que les grandes phrases savantes. Les leçons les plus importantes que j'ai entendues dans la voie étaient souvent des trucs tout simples : "fais ton dhikr", "l'amour de Dieu c'est ça qui compte", etc...

Comments:
"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément." C'est Pascal.
 
et j'ai été biberonnée à cette phrase, assenée dès que je n'arrivais pas à formuler une idée. Du coup, cette phrase...
I
 
Le problème n'est pas de concevoir mais de bien recevoir. Ne reçoit bien que celui qui adopte un profil bas (faqir)!

La clarté est le qualificatif des signes (ayates) et du livre (kitab). La poitrine (coeur) est le lieu où on reçoit et où tout devient clair.

Ennoncer clairement (bayan) est la fonction du Maître (Cheikh) qui transmet de coeur à coeur.

C'est le coeur ouvert qui reçoit et c'est ce qu'il reçoit qui l'ouvre!
C'est le secret du Maître qui fait entrer dans les cercles fermés où on accède à son propre secret.
 
Merci pour ce commentaire érudit. Je suis quand même un peu étonné : il me semble qu'un membre de la voie serait plus "modeste" et moins "professoral" dans ses commentaires, et je préférerais que vous signiez, quitte à le faire d'un pseudo. Ne dit-on pas qu'un faqir n'a aucun secret pour ses frères ? ;)
 
Il n'y a pas de grandeur en dehors de la voie. On n'entre en sa présence que par modestie et on en sort toujours très grand. Lorsque tu fais ta prière et que tu te prosternes, tu admets la Hauteur de ton seigneur (al a'la) et lui te dit : rapproches toi (ousjoud wa iktarib: prosternes toi et rapproche toi). Prend de la Hauteur!

La modestie est un ticket d'entrée et la grandeur est une tenue de sortie.

En sortant Bayazid Albistami disait "soubhani" qu'on peut traduire par: aucune chose ne peut me ressembler et m'égaler!

C'est vrai qu'un faqir n'a aucun secret pour ses frères. C'est ce que j'essaie de faire dans ces commentaires.

Anonymous!
 
Salam

vous êtes mûr pour avoir votre propre blog ;o)

fraternellement,
 
Tout ce qui est "moi" n'est pas propre alors comment avoir mon propre blog!?

Bayazid Albistami rapporte qu'Allah lui a dit: laisse ton "nefs" derrière toi si tu veux être le bienvenu.

J'avoue aussi ne pas être mûr comme l'était Bayazid pour qui la vue d'une très belle femme n'inspirait pas plus que la vue d'un mur!

C'était mon dernier commentaire alors fraternellement, je te dis bonne route!
 
bonne route aussi cher frère et peut être qu'on se verra à Madagh
 
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