4.4.05

vendredi soir, doutes

J'ai réalisé que les frères, la pratique en groupe, m'avaient manqué. Vendredi ça m'a fait un bien fou de retrouver tout le monde, d'invoquer, de prier ensemble.

D'autant plus que là depuis mon retour je suis à nouveau plongé dans des doutes ; doutes sur ma foi, sur les raisons qui m'ont amené là, sur l'avenir... je devrais me réjouir, j'ai un travail, les choses se passent plutôt bien, et en fait je me sens un peu moyen.

J'ai lu une très brève lettre du sheikh Ad Darqawi qui dit en substance que dans la détresse il faut parfois ne rien faire, ne pas chercher de réconfort, parce que c'est ainsi qu'on peut recevoir (peut-être) une ouverture, une bénédiction. Difficile d'admettre ça mais bon...

Samedi j'ai lu un témoignage d'un membre de la tariqa. Il raconte la mort d'un frère, et son voyage auprès de la famille pour l'enterrement. Ca m'a bouleversé. C'est à la fois très simple et très touchant.

Le corollaire de mes doutes c'est que dans les pratiques en ce moment j'ai beaucoup de mal à me concentrer. Je ne peux pas m'empêcher de penser à une conversation que j'ai eue récemment avec le responsable du groupe de Paris. On parlait de gens qui ont quitté la voie. Pas que je l'aie pris pour moi, mais par moments j'avoue que je me demande un peu ce que je fais là. Bon c'est arrivé à plein de foqaras avant moi, pas de quoi paniquer.

Et puis si par moments je ne suis pas trop gai, c'est pour des raisons assez faciles à comprendre. Mais ça ça changera si Dieu le veut. J'ai repensé aussi à un autre sujet, très concret : le non jugement.

On dit qu'un des enseignements essentiels de la voie c'est apprendre à magnifier (il y a un mot arabe mais je l'ai oublié). Ca veut dire voir la beauté partout. Ca ne signifie pas qu'on renonce à être lucide, mais apprendre à ne pas juger (les autres et soi-même) c'est vrai que ça doit faire des vacances. On est tellement habitué à juger tout le monde...

Vendredi j'ai vu ce médecin que j'aime bien (celui qui me dit que j'aime le vide). Il m'a parlé de la différence entre le moi et l'ego... j'avais l'impression de parler soufisme ! L'ego c'est (entre autres) tout ce qu'on projette. Je prends un exemple : si devant un nouveau travail je réfléchis à ce qui pourrait ne pas marcher, à l'ennui que j'éprouverai peut-être après quelques temps, je projette. Du coup je n'avance pas, je reste paralysé.

Je pourrais prendre des exemples dans les relations amoureuses, dans les rapports familiaux. Les peurs, les désirs "mauvais" (domination, puissance etc...), l'impression qu'on a déjà vécu ça, l'impression quand on rencontre quelqu'un qu'on peut le cataloguer d'emblée, tout ça ce sont des aspects très concrets de l'ego. De la nafs comme on dit dans la voie. Pas difficile de voir que ce sont des freins.

Il y a quelques années, une nana d'un cabinet de recrutement m'avait comparé à une Ferrari avec le frein à main. Façon de dire que j'étais freiné par des trucs invisibles. Dans ce sens là, j'attends vraiment de la foi qu'elle me libère. Hum les rapports entre soumission et libération c'est un autre sujet.

Quand on explique que la foi libère, certains sourient. Ou ne comprennent pas. Moi-même j'aurais souri il y a quelques temps. C'est seulement depuis peu que je commence à comprendre ce que ça peut vouloir dire. Bon là c'est un très vaste sujet. Encore un sujet sur lequel je reviendrai.

Dîné avec mon frère hier. Il semble beaucoup plus serein qu'au début sur mon choix spirituel. Il m'a demandé si j'étais allé à la mosquée à Gorée. Mais d'une façon très cool, par simple curiosité. Quand on était à Gorée il m'a fait remarquer que je laissais traîner des cailloux comme le petit poucet, comme si j'avais envie d'en parler à la famille.

Tiens une phrase me revient (c'est un peu décousu aujourd'hui) : la foi c'est une course de fond, pas un sprint. Patience. Encore et toujours. J'ai du mal à réaliser que dans deux semaines je serai au Maroc pour le Mawlid.

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