29.11.05

déjeuner et foi

Hier j'ai déjeuné avec un frère dont j'apprécie la vision et la pudeur qu'il a par rapport à la tariqa. Je lui ai fait part des questions que je me pose, de cette question "est-ce que je crois en Dieu" que je me pose parfois.

Sa réponse m'a pas mal fait réfléchir. Il m'a dit en substance qu'il ne se pose jamais cette question. Il a ajouté (je cite de mémoire) "je ne crois absolument pas en l'individu en tant que tel, donc ça répond à la question". Hum c'est un peu métaphysique tout ça.

En gros (si je comprends), il n'y a pas de place pour la volonté propre. Donc il y a forcément quelque chose qui nous dépasse. J'espère que je ne trahis pas ce qu'il m'a dit.

J'imagine qu'il y a des gens pour qui tout ça est beaucoup plus simple. Ce frère a une approche presque orientale si j'ose dire. On en revient à l'amour du vide dont j'ai beaucoup parlé ici.

On a parlé aussi de l'islam. Pour certains dans la tariqa, l'islam est venu en second en quelque sorte : ils ont trouvé c'était là qu'ils devaient être, et le fait d'être dans une voie soufie ça veut dire l'islam.

C'est marrant : autant c'est "bien vu" de s'intéresser au bouddhisme, au zen, à toutes les spiritualités orientales, autant l'islam est souvent mal vu en occident. Bon je vais pas m'embarquer dans de grandes considérations historiques.

Mais je crois que dans la conversion il y a pas mal de dimensions. Il y a des gens en France qui se convertissent en quelque sorte "contre". Contre leurs parents, contre le système, que sais-je encore. Bon je suis pas dans la tête des gens. Et la plupart des gens qui se convertissent à l'islam n'ont certainement pas ça en tête. Ni dans le coeur.

Mais comment dire... c'est pas forcément facile à porter, ou à assumer. Et encore, dans la tariqa, j'ai la chance d'être presque totalement à l'abri d'un autre sujet qui fâche dans la conversion : les rapports parfois compliqués avec les musulmans "de naissance".

Un lecteur m'a dit un jour en commentaire ici que je devrais afficher ma pratique à mon boulot (c'était pendant le jeûne de Ramadan). Chacun voit ça comme il veut. Mais pour moi je préfère être discret.

Quand à la famille, j'en ai déjà parlé. Ca viendra en son temps.

Comments:
J'aimerais bien que tu explicites un peu ces "rapports compliqués" avec les musulmans de naissance... Pour ma part, ils me semblent tous réjouis de toute conversion... Ils peuvent juste se soucier de temps en temps de nos difficultés (par trop dur le ramadan ?). Ils demandent même souvent des prières puisque comme tous les péchés seraient absous par une conversion, un nouveau converti en aurait moins et ses prières auraient théoriquement plus de chance d’être acceptés…
 
oui c'est la plupart du temps comme ça. Et c'est vrai que plein de gens m'ont souhaité du bien pour mon premier ramadan. En fait c'est un sujet un peu compliqué y compris dans ma tête :o)
je te renvoie à un billet que j'avais écrit là dessus :
http://cahincaha.blogspot.com/2005/08/musulmans-et-convertis.html

fraternellement,
 
la famille nous voit toujours dans une certaine manière c'est dure de leur dire qu'on va changer un jour et devenir quelqu'un d'autre , et je suis sur que après InchAllah ils vont s'habituer...
l'important c'est que nous sommes certains d'avoir choisit un chemin (ou un choix personnele volontaire) ou Allah soit satisfait .
 
:o))
J'ai l'impression de rester le même. C'est sûr que la famille aura peut-être pas le même avis. Mon frère, de qui je suis très proche, est au courant.
Pour la certitude j'en suis loin, mais ce n'est pas grave ;o)
 
Il est étrange de parler de "croire en Dieu" à ta place. Pourquoi donc être allé dans une tariqâ si tu prends les choses comme cela ?
Je ne suis pas certain que ton coeur soit ouvert à Dieu sinon même le mot "croire" serait pour toi erroné. Allah est là, Il est partout, Sa présence est partout comme un fluide et une énergie. Drôle d'histoire intellectuelle que celle du "vide". Dieu est tout, c'est le contraire du vide. Le vide est une représentation intellectuelle tandis que Dieu est amour, un sentiment qui se ressent et non qui se questionne.
Parfois, à te lire, je me demande si tu ne t'évertues pas dans un système qui est plus religieux qu'autre chose, c'est-à-dire qui laisse moins la place à Dieu qu'à la démonstration de la foi à Dieu. Le dikr est un état de méditation, d'absence intellectuelle, de recherche de contact sensible avec Dieu. Je suis courbé devant Dieu, je n'ai qu'un seul maître c'est Dieu ; le reste est très intellectuel.
Comment peux-tu être en questionnement intellectuel sur Dieu comme un athée alors que tu t'engages dans le soufisme ? Je ne comprends pas ta démarche. Que cherches-tu dans la voie ? N'est-ce pas l'orgueil de vouloir être spirituellement accompli ? Si c'est cela, ton but même t'égare de la vérité de Dieu. Pourquoi ne pas commencer par le début et attendrir ton coeur pour "sentir" Dieu ? Qu'est-ce qui te pousse vers l'adoption de règles dont tu ne ressens pas la nécessité ?
Comme dit Al-Ghazali, cesse avec les cinq pilliers pour un temps, retrouve ta joie de vivre et Dieu viendra à toi autrement.
Tu cherches Dieu avec ton intellect, avec ta persévérance, mais Dieu se dérobe à ceux qui prennent ton chemin.
AZ
 
:o)
Que de questions !
Je suis allé dans une tariqa parce que mon coeur m'y a poussé. Je ne sais pas très bien ce que je cherche dans la voie, mais j'y trouve beaucoup de récompenses. Je ne suis qu'au tout début de mon chemin, et je chemine comme je peux.
Les pièges de l'orgueil... je me sens si petit par rapport à tout ça, il y a tellement de façons de s'égarer... je crois qu'il n'y a pas que l'intellect qui me guide : je serais parti depuis longtemps sinon !
Merci en tout cas pour ces commentaires
Fraternellement,
 
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