18.4.06

orientation et maître vivant

Il y a deux ou trois semaines, il y avait une petite réunion chez le responsable du groupe de Paris. On avait avec nous un monsieur sénégalais qui découvre la voie. Du coup après les invocations le responsable du groupe lui a un peu parlé de la voie.

Il a insisté sur un point : "un point essentiel, c'est que dans la tariqa on a la chance d'avoir un maître vivant". C'est vrai que pour moi c'est quelque chose que j'ai tendance à tenir pour acquis. On est dans la tariqa. Il y a un sheikh vivant, il est le dépositaire d'un secret spirituel, et a l'autorisation d'enseigner. J'oublie que c'est effectivement plus que rare.

Je ne crois pas que je me sois posé la question du sheikh en entrant dans la voie. Beaucoup cherchent explicitement un "maître spirituel", une guidance. Mais sans le sheikh, la voie telle qu'elle est n'existerait pas. Et je ne suis pas sûr que j'en ferais partie.

On a souvent insisté devant moi sur la chance incroyable que nous avons de cotoyer un homme qui est l'héritier d'un enseignement qui remonte au prophète. Bon certains vont me prendre pour un dingue mais c'est ainsi. Quand je présente en quelques mots ce que c'est que la voie je pense rarement à dire que c'est un point essentiel (peut-être parce que c'est presque une évidence pour moi). Du coup ce rappel m'a été profitable à moi aussi !

Ce qui m'amène à l'orientation. J'ai déjà dû en parler des tas de fois ici (15 d'après Google), mais c'est toujours aussi difficile à décrire.

Samedi il y a eu une réunion où on était presque 25 (!!), avec beaucoup de frères qui revenaient du mawlid. Du coup l'atmosphère était comment dire... chargée. Le temps m'a paru passer très vite, et j'ai éprouvé des sensations que je n'avais pas éprouvées depuis longtemps.

Ca ne m'en apprend pas plus sur l'orientation. Ou alors si : quand je fais mes pratiques seul et que je pense au sheikh, il m'arrive de rire tout seul. Mais est-ce que c'est ça être orienté ? Mystère et boule de gomme.

Parfois pendant les réunions je me demande ce que je fais là. Parfois (souvent !) je me tâte pas mal avant d'y aller. Mais je ne crois pas qu'il me soit déjà arrivé de regretter d'y être allé. Etonnant non ?

Comments:
"Qu'est-ce que l'orientation ?
-C'est penser à ton shaykh au point d'en mourir de rire !
-Ah, euh... okay."

Petit Caillou
 
:o))
Peut-être que c'est aussi simple que ça !
 
"Parfois (souvent !) je me tâte pas mal avant d'y aller. Mais je ne crois pas qu'il me soit déjà arrivé de regretter d'y être allé. Etonnant non ?"
Perso, je trouve cela pas étonnant du tout !
C'est encore est toujours notre ego (nafs) qui à pas envie de se faire mal mener et qui lutte, qui lutte!!!
Pour lutter contre les ruses de notre égo il faudrait suivre cette hikam :
"Lorsque tu hésites entre deux choses, choisis celle que tu considères pénible pour l’âme ; Seul ce qui est vrai est lourd pour elle."
Pas facile comme programme, mais avec la pratique régulière et abondante du dhikr, tout devient facile.
D'ailleurs cela rejoint une des paroles de sidi Hamza lors du dernier Mawlid :
"la chari'a est un lourd fardeau mais avec la pratique régulière du dhikr elle devient légère. L'invocation est la clef du SECRET"
 
Par rapport à la hikam cité précédemment, voici un commentaire de cette hikam que j'ai retrouvé dans mes archives écrite par un faqir:

"Lorsque tu hésites entre deux choses, choisis celle que tu considères pénible pour l’âme ; Seul ce qui est vrai est lourd pour elle."

Cette règle constitue la base dans le cheminement vers Dieu ; c’est une vraie balance qui permet de peser les actions.

Dans le Coran, il est dit : « Aimerez vous quelque chose alors qu’il y a du mal pour vous ; détestez vous quelque chose alors qu’il y a le bien pour vous. Dieu sait et vous ne savez rien ».

Selon cette sagesse l’âme fuit ce qui est pénible, c’est pourtant dans ce qui est lourd pour elle que se trouve tout le bien. Elle cherche à satisfaire ses passions et ses désirs et rejette tout ce qui ne correspond pas à ses penchants naturels.

Le cheminement spirituel n’est autre que la recherche de la face de Dieu, un but noble et si élevé que son prix en est le sacrifice de l’âme charnelle. Cette dernière est le grand voile entre l’homme et son créateur. Pour déchirer ce voile (l’âme, ses vices et ses défauts), l’auteur des sagesses nous indique ce remède efficace qui consiste à contrarier l’âme charnelle dans ses penchants naturels. Il faut l’entraîner à faire tout ce qui est lourd et pénible pour elle.

Sachant ce que l’âme charnelle désire et recherche, on peut identifier ce qui est lourd pour elle c’est à dire ce qu’elle ne désire, ni ne recherche naturellement.

A titre d’exemple, l’âme aime se livrer à des bavardages sans aucune visée noble dont le seul but est de rapporter les histoires et les malheurs des gens, suivre leurs défauts et juger leurs actions et leur comportement. A l’opposé, faire silence est un exercice difficile pour l’âme. C’est d’ailleurs pour cela, que le soufisme, science de la purification de l’âme, est appelé la science du silence.
La parole n’est considérée comme utile et profitable que pour l’invocation de Dieu ou pour donner le bon conseil et transmettre la bonne parole. L’usage de la parole est aussi bénéfique pour relater les histoires vivantes des saints dans lesquelles s’exprime leur expérience spirituelle, ces récits ont pour effet d’illuminer le cheminement du disciple. Le soufi tient les rênes de sa langue pour contrarier son âme charnelle et ne parler que par nécessité. Ce pilier se fonde sur la parole prophétique : « Toute parole peut être contre soi même sauf celle pour appeler à faire le bien, rejeter le mal ou enfin pour invoquer Dieu ».

Autre exemple, la soumission à la volonté de Dieu que l’âme charnelle rejette fortement. Elle prend ses penchants et ses désirs pour seuls arbitres et maîtres sans aucune considération pour toute autre autorité ou référence. Pourtant l’islam par étymologie est la soumission à Dieu, se traduisant par le respect de la charia qui découle de l’enseignement du Prophète (SAW) et des prescriptions coraniques. Le respect de ces prescriptions s’acquiert progressivement à mesure que le disciple met en application les principes de base de la voie spirituelle (invocation abondante de Dieu exalté, examen de conscience etc.…) et bénéficier de la compagnie de ceux qui cherchent Sa Face. La soumission par amour remplace ainsi la soumission contraignante. Le maître, guide réalisé et médecin des cœurs, éduque son disciple jusqu’à ce qu’il arrive à être en harmonie avec les prescriptions de sa religion.

Le penchant de l’âme charnelle pour le pouvoir, la recherche de la notoriété et le contentement des gens constituent d’autres exemples de ce que l’âme charnelle recherche naturellement. Il en résulte que l’âme rejette les positions humbles, la discrétion, le bon conseil et regarde avec mépris les opinions divergentes. Elle peut même s’opposer à Dieu dans Ses attributs de seigneurie et de Ses Noms divins (le Plus Grand…).

Il est possible de multiplier les exemples relatifs à de tout ce qui est lourd pour l’âme, on ne peut tout citer tellement ses défauts sont nombreux.

Chercher à combattre l’âme charnelle seul même avec une bonne intention et une ferme volonté relève de la gageure car ses ruses et ses vices ne sont difficilement décelables. D’où l’intérêt de la compagnie des gens sincères et pieux qui ont traversé le chemin de la purification de leur cœur pour aider et guider ceux qui veulent prendre le même chemin. Dieu dit dans le Coran : « Craignez Dieu et soyez avec les véridiques ».

En effet, la compagnie d’un maître réalisé et des serviteurs pieux ne recherchant que l’agrément divin facilite le travail sur soi. C’est dans cette compagnie bénie que réside tout l’intérêt de la voie spirituelle qui permet au disciple sincère, par le respect des bases de l’éducation et par l’invocation de Dieu exalté de corriger les défauts et les vices apparents et cachés de l’âme charnelle.
 
Merci pour ce beau commentaire !
 
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